Texte intégral
Madame la Ministre de la Défense, Carme Chacon
Monsieur le Ministre Narcis SERRA, Président de la Fondation CIDOB
MM. les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
MM. les Officiers Généraux,
Mesdames et Messieurs,
Cette nouvelle édition du séminaire annuel sur la sécurité et la défense dans la Méditerranée me permet de témoigner, au nom du ministre de la défense, Hervé Morin, de l'importance accordée par la Présidence française de l'Union européenne aux enjeux de sécurité et de défense dans la région.
Ces thèmes le seront à nouveau, très certainement, dans le cadre de la présidence semestrielle du Conseil européen que va assumer l'Espagne en 2010.
Mes remerciements vont tout d'abord au ministère de la défense espagnol et à la Fondation CIDOB pour leur invitation à ce forum international, ici à Barcelone.
Le choix de cette ville comme siège du Secrétariat général de « l'Union pour la Méditerranée » témoigne de cette volonté de réunir l'Europe et l'Afrique autour des pays riverains de la Méditerranée, afin d'instituer un nouveau partenariat entre des pays du pourtour méditerranéen placés sur un pied d'égalité.
Car ce dernier est redevenu, après les élargissements orientaux de l'UE, une aire géographique d'intérêts stratégiques et un enjeu géopolitique de toute première importance.
C'est pourquoi l'UE a traditionnellement choisi de mener une politique d'intégration régionale vis-à-vis des pays du sud de la Méditerranée qui, par leur proximité géographique, les affinités historiques et culturelles, les flux migratoires existants et potentiels, représentent des partenaires de premier ordre.
C'est ainsi la sauvegarde de la stabilité et de la paix globale, les conditions d'existence de la sécurité des échanges des biens et des personnes, le développement des intérêts économiques croisés, la sécurisation des approvisionnements stratégiques ainsi que la gestion des flux migratoires de part et d'autres du bassin qui sont principalement en jeu.
La stratégie européenne de sécurité (SES) préparée par Javier Solana, présentée en décembre 2003 à Thessalonique, et que la France a cherché, au cours de sa présidence à rénover, identifie d'ailleurs les menaces principales auxquelles la Méditerranée est confrontée.
Parmi ceux-ci deux revêtent une résonance particulière en Méditerranée : ·
- le terrorisme qui a frappé aveuglement New York, Madrid, Londres, tout comme Istanbul, Casablanca, Alger ou tout récemment Bombay. Il est clair que, face à cette menace qui nous concerne tous, seule une réponse collective est adaptée ; ·
- les conflits régionaux ayant un impact direct ou indirect sur les intérêts européens, tels que ceux au Moyen-Orient. Car, au-delà du drame que représente ce seul conflit, celui ci est aujourd'hui utilisé comme véhicule en direction des opinions publiques par les mouvances terroristes afin de justifier leur recours à la violence...
C'est pour cela que la France et l'Europe se sont également donné pour ambition de s'engager avec vigueur dans la résolution des conflits et zones de tension : ·
- Chypre, le Sahara-occidental, la question kurde, les instabilités dans les Balkans occidentaux, le conflit israélo-palestinien qui paralysent le développement harmonieux et partagé de l'espace méditerranéen.
Trop souvent, la Méditerranée se définit par le constat d'un ensemble de problèmes communs auxquels doivent faire face tous ses riverains que par l'espace géographique qu'elle est censée décrire.
L'instabilité que le développement de ce phénomène peut susciter appelle une prise en compte collective à un double niveau : sur chacune des rives de la Méditerranée d'une part, et entre les deux rives d'autre part.
Je voudrais rappeler, à cet effet, combien le Processus de Barcelone, adossé à la Politique Européenne de Voisinage, qui rend possible l'Union pour la Méditerranée, réconcilie deux notions déterminantes pour la sécurité méditerranéenne :
En premier lieu, celle du « lien transméditerranéen », auquel l'on fait référence lorsqu'il s'agit de constater que la mer Méditerranée est un « carrefour » de peuples, de cultures partagées, de religions imbriquées ; ·
Ensuite, celle du « partenariat euroméditerranéen », assis sur la légitimité de la passerelle entre continents voisins - à laquelle se rattachent les questions de coopérations intergouvernementales.
Ces deux logiques complémentaires ne doivent ni s'opposer ni se confondre, même si elles passent par des projets de même nature ou si leurs objectifs se complètent.
Tous ces éléments semblent ainsi légitimer le concept de « sécurisation du développement », propre à rappeler qu'il existe de part et d'autres du bassin de nombreux facteurs communs d'insécurité.
Parmi ceux-ci, quelques unes constituent pour la France des priorités auxquelles il convient de trouver des solutions solidaires :
- le développement asymétrique des économies occasionnant frustrations, fragilisation des Etats et revendications quant à l'égale répartition des richesses au sein de l'espace méditerranéen ;
- les menaces environnementales (montée des eaux- fragilité des zones deltaïques, avancée des dunes, pollutions des eaux, atteintes à la biodiversité, épuisement des ressources vitales : à l'instar des graves menaces de déstabilisation dans l'immense région du Sahel...) ;
- les épidémies et pandémies (à l'instar de la grippe aviaire) ;
- la pression démographique et la criminalisation des migrations qui l'accompagne ;
- la multiplication des trafics illicites (armes, drogue) ;
- la menace du fondamentalisme religieux en lien avec celle du terrorisme ;
- la sécurité des approvisionnements énergétiques et la raréfaction des énergies fossiles (20 % de l'approvisionnement en gaz de l'Union européenne provient du Maghreb, alors qu'une partie importante des importations de pétrole transite par la Méditerranée) ;
- et enfin, tout simplement, la sécurité alimentaire... (émeutes récentes contre la vie chère dans les rues du Caire ou de Tunis).
Ces facteurs « crisogènes » peuvent entraîner instabilité politique et appauvrissement de sociétés encore largement rurales, créant ainsi les conditions du développement de flux migratoires incontrôlés, tant à l'intérieur de l'Afrique, que du Sud vers le Nord de la Méditerranée.
Ces dénominateurs communs, face à des inquiétudes partagées, doivent permettre de proposer un « Objectif global de sécurité » pour la Méditerranée sur la base d'une perspective stratégique commune.
Dans cette optique, le premier objectif doit résolument être de sécuriser le cadre de vie au quotidien des riverains, tout en tenant compte de la spécificité de chacun des pays concernés.
Les enjeux de stabilité et de sécurité en Méditerranée ne peuvent désormais reposer exclusivement sur les seuls formats de coopération bilatérale.
Ils rendent nécessaire une coopération renforcée des pays riverains de la Méditerranée, afin de créer les conditions d'un climat nouveau et pérenne de solidarités humaines au profit des riverains des 25 Etats méditerranéens concernés.
Plusieurs initiatives régionales, qui feront l'objet de présentations au cours de ce forum, apportent, avec des approches différentes, des réponses à ces enjeux.
Permettez-moi d'en évoquer quelques unes.
L'Union européenne a donné un cadre institutionnel aux relations entre l'Europe et la Méditerranée, en lançant en novembre 1995, l'initiative EUROMED, inaugurée ici à Barcelone.
La plus value de l'EUROMED est indéniable mais nous devons aujourd'hui dépasser les blocages auxquelles EUROMED est confronté.
Le Président Sarkozy a ainsi souhaité franchir un pas supplémentaire, pour que les 43 Etats concernés (du Nord comme du Sud) se réunissent autour de projets concrets d'intérêt commun.
C'est tout le sens de « l'Union pour la Méditerranée », lancée sous la présidence française de l'UE. Cette initiative témoigne de l'intérêt que la France et l'UE portent à la Méditerranée.
C'est le fruit d'un véritable volontarisme politique et diplomatique, réaffirmé dans le cadre de la PFUE ; et c'est avant tout le résultat d'un formidable pari : celui de mettre à nouveau en exergue la « centralité » géopolitique de la Méditerranée.
C'est cette volonté collective, qui s'est exprimée le 13 juillet dernier à Paris, puis à Marseille, au début de ce mois.
Cette « approche globale » étendue aux différents volets de la coopération, impliquant public-privé, société civile et institutions, devrait permettre de bâtir un partenariat renforcé.
Ainsi, il ne s'agit nullement de dupliquer ce qui existe déjà sous d'autres formules : les partenariats conduits sous l'égide de l'UEO ou de l'OSCE, le « Forum méditerranéen », les actions du dialogue méditerranéen de l'OTAN, ou celles de la coopération de défense du « dialogue 5+5 ».
Elle doit être complétée d'une coopération s'exerçant plus spécifiquement dans les domaines de la sécurité et de la défense.
Je voudrais, à cet égard, souligner deux initiatives auxquelles nous devons apporter tout notre soutien :
* Le Dialogue méditerranéen (DM), lancé par l'OTAN en 1994 (qui regroupe 7 pays de la région méditerranéenne - l'Algérie, l'Egypte, Israël, la Jordanie, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie) autour d'une approche politico-militaire de la coopération.
Quatre objectifs lui ont été fixés :
- encourager le dialogue politique ;
- poursuivre la réforme de la défense ;
- contribuer à la lutte contre le terrorisme ;
- réaliser l'interopérabilité des forces.
C'est principalement ce dernier objectif qui a fait l'objet de réels progrès. La France soutient un développement de cette initiative qui doit trouver son application concrète, notamment en matière d'entraînement et de formation.
A cet égard, je félicite le gouvernement espagnol qui organisera la prochaine réunion des ministres du Dialogue méditerranéen au printemps 2009.
Complémentaire des initiatives en Méditerranée que je viens de citer, et avec une approche sécuritaire :
* le "5 + 5 Défense" a été lancé en 2004 entre dix pays méditerranéens (l'Algérie, l'Espagne, la France, l'Italie, la Libye, Malte, le Maroc, la Mauritanie, le Portugal et la Tunisie).
En faisant la promotion d'une coopération pratique dans les domaines d'intérêt commun de défense et de sécurité, le « 5+5 Défense » favorise l'émergence d'un lieu unique de partage d'expériences et de connaissances. Il optimise ainsi la contribution des forces armées au renforcement global de la sécurité dans la Méditerranée occidentale.
Les domaines retenus pour la coopération au sein du 5+5 s'inscrivent parfaitement dans cette logique :
1. la sécurité maritime ;
2. la formation aux enjeux de sécurité en Méditerranée occidentale,
3. la contribution des ministères de la Défense à la sûreté aérienne et à la protection civile.
De ce point de vue, la Création d'un centre méditerranéen de protection civile, proposé dans le cadre de l'UPM, visant à la prévention, la réduction et la gestion des catastrophes naturelles d'origine humaine y contribuera également.
Il convient, dans ce cadre, d'approfondir les liens existants entre la Sécurité civile française, l'Unité militaire d'Intervention d'urgence (UME), créé à l'initiative de José-Luis Zapatero) et les structures équivalentes dans le bassin méditerranéen.
Il nous faut donc maintenir notre engagement en faveur de ce « 5+5 Défense », notamment en lui garantissant son caractère informel qui permet de participer et d'agir avec la liberté d'action nécessaire, et en préservant le caractère pragmatique qui lui est associé, à travers la tenue des réunions des 10 ministres de la défense, une fois par an et ce, alternativement au Maghreb et en Europe.
Notre objectif est ici de répondre, projet après projet, par des activités concrètes, à des besoins réels de coopération et de sécurité.
A cet égard, nous ne pouvons que nous féliciter du nombre croissant d'activités que nous avons conduites ensemble, et qui ont doublé depuis 2006, preuve du succès de cette initiative informelle.
La France entend aussi poursuivre le travail mené avec l'Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l'Union européenne (Frontex).
La récente conférence euro-africaine sur la migration et le développement qui s'est tenue à Paris il y a quelques jours ainsi que le Pacte européen sur l'immigration et l'asile confirment également ce souci légitime de gérer en commun cette question.
Je suis persuadé que vos travaux vont confirmer l'importance des coopérations multilatérales en Méditerranée, gages de cohésion et de stabilité, qui demeurent consubstantielles de la réussite du projet européen.
La France qui a souhaité le réaffirmer, au cours de sa Présidence du Conseil européen, aux côtés de ses partenaires européens et méridionaux, entend poursuivre dans ce sens.
La France, par conséquent, entend pleinement profiter de la co-présidence qu'elle partage aux côtés de l'Egypte, partenaire d'autant plus légitime au regard de son rôle de pivot régional, pour réaffirmer l'importance pour l'Union européenne d'investir dans une politique méridionale ambitieuse, gage de paix, de sécurité et de développement dans notre espace commun.
Comme l'a répété encore tout récemment le Président de la République français, « La Méditerranée n'est pas notre passé, elle est notre futur ».
Je vous remercie pour votre attention.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 8 décembre 2008
Monsieur le Ministre Narcis SERRA, Président de la Fondation CIDOB
MM. les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
MM. les Officiers Généraux,
Mesdames et Messieurs,
Cette nouvelle édition du séminaire annuel sur la sécurité et la défense dans la Méditerranée me permet de témoigner, au nom du ministre de la défense, Hervé Morin, de l'importance accordée par la Présidence française de l'Union européenne aux enjeux de sécurité et de défense dans la région.
Ces thèmes le seront à nouveau, très certainement, dans le cadre de la présidence semestrielle du Conseil européen que va assumer l'Espagne en 2010.
Mes remerciements vont tout d'abord au ministère de la défense espagnol et à la Fondation CIDOB pour leur invitation à ce forum international, ici à Barcelone.
Le choix de cette ville comme siège du Secrétariat général de « l'Union pour la Méditerranée » témoigne de cette volonté de réunir l'Europe et l'Afrique autour des pays riverains de la Méditerranée, afin d'instituer un nouveau partenariat entre des pays du pourtour méditerranéen placés sur un pied d'égalité.
Car ce dernier est redevenu, après les élargissements orientaux de l'UE, une aire géographique d'intérêts stratégiques et un enjeu géopolitique de toute première importance.
C'est pourquoi l'UE a traditionnellement choisi de mener une politique d'intégration régionale vis-à-vis des pays du sud de la Méditerranée qui, par leur proximité géographique, les affinités historiques et culturelles, les flux migratoires existants et potentiels, représentent des partenaires de premier ordre.
C'est ainsi la sauvegarde de la stabilité et de la paix globale, les conditions d'existence de la sécurité des échanges des biens et des personnes, le développement des intérêts économiques croisés, la sécurisation des approvisionnements stratégiques ainsi que la gestion des flux migratoires de part et d'autres du bassin qui sont principalement en jeu.
La stratégie européenne de sécurité (SES) préparée par Javier Solana, présentée en décembre 2003 à Thessalonique, et que la France a cherché, au cours de sa présidence à rénover, identifie d'ailleurs les menaces principales auxquelles la Méditerranée est confrontée.
Parmi ceux-ci deux revêtent une résonance particulière en Méditerranée : ·
- le terrorisme qui a frappé aveuglement New York, Madrid, Londres, tout comme Istanbul, Casablanca, Alger ou tout récemment Bombay. Il est clair que, face à cette menace qui nous concerne tous, seule une réponse collective est adaptée ; ·
- les conflits régionaux ayant un impact direct ou indirect sur les intérêts européens, tels que ceux au Moyen-Orient. Car, au-delà du drame que représente ce seul conflit, celui ci est aujourd'hui utilisé comme véhicule en direction des opinions publiques par les mouvances terroristes afin de justifier leur recours à la violence...
C'est pour cela que la France et l'Europe se sont également donné pour ambition de s'engager avec vigueur dans la résolution des conflits et zones de tension : ·
- Chypre, le Sahara-occidental, la question kurde, les instabilités dans les Balkans occidentaux, le conflit israélo-palestinien qui paralysent le développement harmonieux et partagé de l'espace méditerranéen.
Trop souvent, la Méditerranée se définit par le constat d'un ensemble de problèmes communs auxquels doivent faire face tous ses riverains que par l'espace géographique qu'elle est censée décrire.
L'instabilité que le développement de ce phénomène peut susciter appelle une prise en compte collective à un double niveau : sur chacune des rives de la Méditerranée d'une part, et entre les deux rives d'autre part.
Je voudrais rappeler, à cet effet, combien le Processus de Barcelone, adossé à la Politique Européenne de Voisinage, qui rend possible l'Union pour la Méditerranée, réconcilie deux notions déterminantes pour la sécurité méditerranéenne :
En premier lieu, celle du « lien transméditerranéen », auquel l'on fait référence lorsqu'il s'agit de constater que la mer Méditerranée est un « carrefour » de peuples, de cultures partagées, de religions imbriquées ; ·
Ensuite, celle du « partenariat euroméditerranéen », assis sur la légitimité de la passerelle entre continents voisins - à laquelle se rattachent les questions de coopérations intergouvernementales.
Ces deux logiques complémentaires ne doivent ni s'opposer ni se confondre, même si elles passent par des projets de même nature ou si leurs objectifs se complètent.
Tous ces éléments semblent ainsi légitimer le concept de « sécurisation du développement », propre à rappeler qu'il existe de part et d'autres du bassin de nombreux facteurs communs d'insécurité.
Parmi ceux-ci, quelques unes constituent pour la France des priorités auxquelles il convient de trouver des solutions solidaires :
- le développement asymétrique des économies occasionnant frustrations, fragilisation des Etats et revendications quant à l'égale répartition des richesses au sein de l'espace méditerranéen ;
- les menaces environnementales (montée des eaux- fragilité des zones deltaïques, avancée des dunes, pollutions des eaux, atteintes à la biodiversité, épuisement des ressources vitales : à l'instar des graves menaces de déstabilisation dans l'immense région du Sahel...) ;
- les épidémies et pandémies (à l'instar de la grippe aviaire) ;
- la pression démographique et la criminalisation des migrations qui l'accompagne ;
- la multiplication des trafics illicites (armes, drogue) ;
- la menace du fondamentalisme religieux en lien avec celle du terrorisme ;
- la sécurité des approvisionnements énergétiques et la raréfaction des énergies fossiles (20 % de l'approvisionnement en gaz de l'Union européenne provient du Maghreb, alors qu'une partie importante des importations de pétrole transite par la Méditerranée) ;
- et enfin, tout simplement, la sécurité alimentaire... (émeutes récentes contre la vie chère dans les rues du Caire ou de Tunis).
Ces facteurs « crisogènes » peuvent entraîner instabilité politique et appauvrissement de sociétés encore largement rurales, créant ainsi les conditions du développement de flux migratoires incontrôlés, tant à l'intérieur de l'Afrique, que du Sud vers le Nord de la Méditerranée.
Ces dénominateurs communs, face à des inquiétudes partagées, doivent permettre de proposer un « Objectif global de sécurité » pour la Méditerranée sur la base d'une perspective stratégique commune.
Dans cette optique, le premier objectif doit résolument être de sécuriser le cadre de vie au quotidien des riverains, tout en tenant compte de la spécificité de chacun des pays concernés.
Les enjeux de stabilité et de sécurité en Méditerranée ne peuvent désormais reposer exclusivement sur les seuls formats de coopération bilatérale.
Ils rendent nécessaire une coopération renforcée des pays riverains de la Méditerranée, afin de créer les conditions d'un climat nouveau et pérenne de solidarités humaines au profit des riverains des 25 Etats méditerranéens concernés.
Plusieurs initiatives régionales, qui feront l'objet de présentations au cours de ce forum, apportent, avec des approches différentes, des réponses à ces enjeux.
Permettez-moi d'en évoquer quelques unes.
L'Union européenne a donné un cadre institutionnel aux relations entre l'Europe et la Méditerranée, en lançant en novembre 1995, l'initiative EUROMED, inaugurée ici à Barcelone.
La plus value de l'EUROMED est indéniable mais nous devons aujourd'hui dépasser les blocages auxquelles EUROMED est confronté.
Le Président Sarkozy a ainsi souhaité franchir un pas supplémentaire, pour que les 43 Etats concernés (du Nord comme du Sud) se réunissent autour de projets concrets d'intérêt commun.
C'est tout le sens de « l'Union pour la Méditerranée », lancée sous la présidence française de l'UE. Cette initiative témoigne de l'intérêt que la France et l'UE portent à la Méditerranée.
C'est le fruit d'un véritable volontarisme politique et diplomatique, réaffirmé dans le cadre de la PFUE ; et c'est avant tout le résultat d'un formidable pari : celui de mettre à nouveau en exergue la « centralité » géopolitique de la Méditerranée.
C'est cette volonté collective, qui s'est exprimée le 13 juillet dernier à Paris, puis à Marseille, au début de ce mois.
Cette « approche globale » étendue aux différents volets de la coopération, impliquant public-privé, société civile et institutions, devrait permettre de bâtir un partenariat renforcé.
Ainsi, il ne s'agit nullement de dupliquer ce qui existe déjà sous d'autres formules : les partenariats conduits sous l'égide de l'UEO ou de l'OSCE, le « Forum méditerranéen », les actions du dialogue méditerranéen de l'OTAN, ou celles de la coopération de défense du « dialogue 5+5 ».
Elle doit être complétée d'une coopération s'exerçant plus spécifiquement dans les domaines de la sécurité et de la défense.
Je voudrais, à cet égard, souligner deux initiatives auxquelles nous devons apporter tout notre soutien :
* Le Dialogue méditerranéen (DM), lancé par l'OTAN en 1994 (qui regroupe 7 pays de la région méditerranéenne - l'Algérie, l'Egypte, Israël, la Jordanie, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie) autour d'une approche politico-militaire de la coopération.
Quatre objectifs lui ont été fixés :
- encourager le dialogue politique ;
- poursuivre la réforme de la défense ;
- contribuer à la lutte contre le terrorisme ;
- réaliser l'interopérabilité des forces.
C'est principalement ce dernier objectif qui a fait l'objet de réels progrès. La France soutient un développement de cette initiative qui doit trouver son application concrète, notamment en matière d'entraînement et de formation.
A cet égard, je félicite le gouvernement espagnol qui organisera la prochaine réunion des ministres du Dialogue méditerranéen au printemps 2009.
Complémentaire des initiatives en Méditerranée que je viens de citer, et avec une approche sécuritaire :
* le "5 + 5 Défense" a été lancé en 2004 entre dix pays méditerranéens (l'Algérie, l'Espagne, la France, l'Italie, la Libye, Malte, le Maroc, la Mauritanie, le Portugal et la Tunisie).
En faisant la promotion d'une coopération pratique dans les domaines d'intérêt commun de défense et de sécurité, le « 5+5 Défense » favorise l'émergence d'un lieu unique de partage d'expériences et de connaissances. Il optimise ainsi la contribution des forces armées au renforcement global de la sécurité dans la Méditerranée occidentale.
Les domaines retenus pour la coopération au sein du 5+5 s'inscrivent parfaitement dans cette logique :
1. la sécurité maritime ;
2. la formation aux enjeux de sécurité en Méditerranée occidentale,
3. la contribution des ministères de la Défense à la sûreté aérienne et à la protection civile.
De ce point de vue, la Création d'un centre méditerranéen de protection civile, proposé dans le cadre de l'UPM, visant à la prévention, la réduction et la gestion des catastrophes naturelles d'origine humaine y contribuera également.
Il convient, dans ce cadre, d'approfondir les liens existants entre la Sécurité civile française, l'Unité militaire d'Intervention d'urgence (UME), créé à l'initiative de José-Luis Zapatero) et les structures équivalentes dans le bassin méditerranéen.
Il nous faut donc maintenir notre engagement en faveur de ce « 5+5 Défense », notamment en lui garantissant son caractère informel qui permet de participer et d'agir avec la liberté d'action nécessaire, et en préservant le caractère pragmatique qui lui est associé, à travers la tenue des réunions des 10 ministres de la défense, une fois par an et ce, alternativement au Maghreb et en Europe.
Notre objectif est ici de répondre, projet après projet, par des activités concrètes, à des besoins réels de coopération et de sécurité.
A cet égard, nous ne pouvons que nous féliciter du nombre croissant d'activités que nous avons conduites ensemble, et qui ont doublé depuis 2006, preuve du succès de cette initiative informelle.
La France entend aussi poursuivre le travail mené avec l'Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l'Union européenne (Frontex).
La récente conférence euro-africaine sur la migration et le développement qui s'est tenue à Paris il y a quelques jours ainsi que le Pacte européen sur l'immigration et l'asile confirment également ce souci légitime de gérer en commun cette question.
Je suis persuadé que vos travaux vont confirmer l'importance des coopérations multilatérales en Méditerranée, gages de cohésion et de stabilité, qui demeurent consubstantielles de la réussite du projet européen.
La France qui a souhaité le réaffirmer, au cours de sa Présidence du Conseil européen, aux côtés de ses partenaires européens et méridionaux, entend poursuivre dans ce sens.
La France, par conséquent, entend pleinement profiter de la co-présidence qu'elle partage aux côtés de l'Egypte, partenaire d'autant plus légitime au regard de son rôle de pivot régional, pour réaffirmer l'importance pour l'Union européenne d'investir dans une politique méridionale ambitieuse, gage de paix, de sécurité et de développement dans notre espace commun.
Comme l'a répété encore tout récemment le Président de la République français, « La Méditerranée n'est pas notre passé, elle est notre futur ».
Je vous remercie pour votre attention.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 8 décembre 2008