Texte intégral
J.-J. Bourdin.- Notre invitée ce matin, R. Yade. Bonjour R. Yade.
Bonjour.
Ca va ce matin ?
Ca va, merci.
Bien. « N. Sarkozy, c'est un fourbe, c'est un homme politique arrogant », c'est la presse chinoise - presse chinoise contrôlée par l'Etat - qui dit cela ce matin. Est-ce que la Chine pratique une diplomatie de l'intimidation ?
Ces propos ne sont pas normaux, tout simplement.
Ils ne sont pas comment ?
Ils ne sont pas normaux, c'est-à-dire que moi je fais une différence entre ce que disent les autorités chinoises et ce qui dit la presse qui...
...enfin, la presse qui est contrôlée par l'Etat, quoi.
Peut-être...
... mais sûrement même !
Mais il y a aussi les internautes, etc.
...qui sont aussi souvent contrôlés par l'Etat.
De toutes les façons, le président de la République a vu, comme il s'y était engagé, le Dalaï Lama. Il n'a pas cédé à une quelconque intimidation, à un quelconque chantage.
Mais c'est une diplomatie de l'intimidation la diplomatie chinoise ?
Mais, ils ont une manière de s'adresser aux autres Nations, et notamment à la France, qui me semble un peu spéciale. Je n'ai jamais vu de tels rapports entre des Etats qui sont censés être des partenaires. Et c'est très étonnant. Donc, moi, je pense qu'il faut revenir à un peu plus de raison, et établir un partenariat clair, net, traditionnel, et où l'on se dit les choses franchement. De la même manière que les Chinois nous parlent franchement, nous aussi nous menons une politique franche, et cela on peut le faire d'autant mieux que le président de la République a donné des preuves de la considération qu'il portait aux Chinois et à l'Etat chinois, notamment en se rendant en Chine en visite d'Etat, en se rendant à l'ouverture des Jeux Olympiques de Pékin, en évitant avec son accord de voir le Dalaï Lama pendant les Jeux Olympiques de Pékin...
Mais la Chine nous en veut ou quoi, parce que je n'ai pas l'impression qu'elle ait le même discours avec l'Allemagne, par exemple, ou d'autres pays ?
C'est très étonnant, je me suis faite la réflexion, croyez-moi.
Oui !
Les principaux dirigeants de la planète, que ce soit A. Merkel, que ce soit G. Bush ou encore le Premier ministre britannique...
...ont reçu le Dalaï Lama, ont rencontré le Dalaï Lama.
... ont rencontré le Dalaï Lama. Oui. Et ils n'ont pas eu ce traitement.
Alors, c'est un pouvoir - le Dalaï Lama qui dit du pouvoir chinois - : « C'est un pouvoir rongé par le stress, la méfiance et la soif de réussite ». Même analyse chez vous ?
Ah, je ne connais pas le pouvoir chinois de l'intérieur. Alors, peut-être que le Dalaï Lama le connaît mieux que moi, mais de ce...enfin, du point de vue diplomatique, nous on n'a cessé de dire, et on continue à le dire, que nous tenons un partenariat stratégique avec la Chine, que par ailleurs nous avons cette tradition qu'on appelle l'indépendance nationale qui fait qu'on fait ce que l'on veut.
Alors, parlons d'indépendance, tiens.
Est-ce qu'aujourd'hui, le peuple tibétain est un peuple indépendant ?
Non, le peuple tibétain n'est pas un peuple indépendant.
Est-ce que le Tibet doit demander son indépendance ?
Ca, c'est aux Tibétains de le dire, mais en tout cas la position de la France est très claire, c'est la même depuis que le Général de Gaulle, en 1964, s'est prononcé, le Tibet, nous considérons aujourd'hui fait partie intégrante de la Chine.
Est-ce que le peuple tibétain est sous la domination chinoise et est-ce qu'on est en train de tuer la civilisation tibétaine ?
Moi, j'ai la crainte que l'identité spirituelle et religieuse des Tibétains soit remise en cause par un processus de sinisation qui a cours depuis de nombreuses années. Pensez, par exemple, que les populations Han ont augmenté, c'est-à-dire chinoises au sens strict...
... oui, chinoises, oui.
... ont augmenté de 60 % au Tibet depuis 2006, depuis juillet 2006, depuis que un chemin de fer Pékin-Lhassa a été mis en place, depuis que la Chine est entrée dans un processus de sinisation du Tibet de telle sorte que les Tibétains ont le sentiment que leur identité spirituelle et religieuse ne peut pas s'épanouir correctement dans ces conditions.
Bien ! On va parler de l'avenir de R. Yade. Vous voulez bien, R. Yade ?
Si vous voulez, la presse est libre en France.
Est-ce que vous aimeriez devenir secrétaire d'Etat aux Affaires européennes ?
Moi, je ne demande rien.
Non, mais, vous aimeriez ce poste ?
Moi, j'irai là où le Président me demandera d'aller parce que sur ce genre de décision, je n'ai aucune prise, comme vous pouvez l'imaginer.
Dans tous les cas, vous n'irez pas aux européennes sous les couleurs de l'UMP.
Les européennes, il y a un petit peu plus de marge de décision personnelle parce que c'est un engagement...
Pourtant, le Président y tenait.
Qu'est-ce que vous en savez ?
Je ne sais pas, non, il l'avait déclaré, non.
Moi, je me suis expliquée là-dessus par rapport aux raisons pour lesquelles je ne souhaitais pas être candidate aux élections européennes, voilà, j'ai rien d'autre à ajouter.
Bon, mais enfin secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, c'est un joli poste à pourvoir, à pourvoir.
A pourvoir, mais c'est le Président et le Premier ministre qui décident de ça. Moi, ça m'est très difficile de dire « je veux ceci ou cela ».
Bon, alors R. Yade j'ai une autre question et je vais être très franc et très direct. Un ministre de la Relance économique est-il utile ? Et j'ajoute une précision : nous sommes dans un pays qui doit faire des économies, un ministre ça veut dire une administration, ça veut dire des dépenses supplémentaires, vous le savez bien, ça veut dire de l'argent dépensé par l'Etat alors qu'il y a tant de hauts fonctionnaires à Bercy, au Ministère des Finances, qui pourraient remplir ce rôle. Nous sommes le seul pays au monde à nommer un ministre de la Relance économique. Franchement ?
Moi, je trouve que c'est une bonne idée.
Ah bon !
Parce que le président de la République et le Premier ministre qu'est-ce qu'ils ont voulu faire à travers la création de ce ministère ? Ils ont voulu dire : voilà, nous avons un plan de relance qui a été annoncé à Douai par le président de la République de 26 milliards d'euros, qui vient s'ajouter au plan précédent face à la crise financière. Nous avons donc une relance de nature interministérielle...
... on va oublier les 26 milliards parce que dedans il y a des milliards qui étaient déjà prévus, ça, oublions.
C'est Bercy, mais ce n'est pas que Bercy, il y a aussi des mesures sociales, sur l'emploi notamment.
Mais oui !
Il y a aussi des mesures pour aider les personnes les plus défavorisées.
Et le Premier ministre, non... A quoi sert le Premier ministre dans ce pays ?
Mais, justement, le ministre de la Relance est rattaché au Premier ministre. L'objectif du ministre de la Relance c'et quoi ? C'est, en fait, d'éviter que chaque ministre...
... c'est de donner un poste à P. Devedjian.
Pas du tout, non !
Qui quittera l'UMP.
Non, il aurait pu lui donner...
...l'UMP, non ?
Oui, il quitte l'UMP mais il aurait pu lui donner tout à fait un autre poste, là n'est pas le problème.
Ah bon ?
Mais simplement, il a voulu éviter que chaque ministre ou chaque ministère qui pourrait être impliqué de près ou de loin par le plan de relance garde finalement son budget pour lui-même, par souveraineté ministérielle tout simplement, et évite, comment dire, ou n'arrive pas à participer à cet effort collectif.
Il y a un ministre du Budget, non, qui s'occupe de ça ?
Il a un ministre du Budget mais il n'y a pas que le ministre du Budget, il y a aussi le ministre des Affaires sociales qui devra en mettre d'oeuvre les exonérations sociales sur les emplois qui seront nouvellement créés...
... je croyais quand même que l'Etat devait être modeste dans ses dépenses, R. Yade.
Mais, l'Etat... l'objectif de baisse des frais de l'administration se poursuivra en 2009, ça c'est un engagement qu'ont pris le président de la République et le Premier ministre, ils ont même dit que l'effort budgétaire supplémentaire ne sera que de 0,8 %, il sera concentré sur l'année 2009 de telle sorte que l'objectif de rationalisation budgétaire sera tenu en 2012, voire même amélioré. Donc, de ce point de vue, je crois qu'il faut leur faire confiance. Et j'ajouterais en plus que ce plan de relance a pour objet de faire gagner quasiment un point de croissance, ce qui n'est pas rien, et de préserver ou de faire gagner 100 000 emplois à peu près. Ce n'est pas rien dans une économie bousculée par la crise financière.
Bon, R. Yade, vous êtes secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, est-ce que vous partagez les remarques de C. Boutin qui veut forcer les sans abri à dormir dans des centres d'hébergement ? Comment avez-vous reçu cette déclaration ?
D'abord, on part d'un constat qui est difficile, qui est que chaque année s'égrène le nombre, la litanie macabre des SDF morts de froid en hiver comme à une époque...
... alors qu'il en meure autant, malheureusement, en été qu'en hiver.
...comme à une époque on égrenait les morts de la route. Et face à cette situation, on oscille entre incrédulité et emballement. Les associations se trouvent démunies, l'Etat de son côté a le sentiment de faire, d'injecter des crédits, de construire de nouvelles places d'hébergement, et puis on a toujours ce sentiment que le "sans abrisme", comme disent certains sociologues, se poursuit dans des conditions dramatiques. Alors, qu'est-ce qu'elle a dit C. Boutin ? Elle n'a pas dit que demain elle allait mettre en place un système d'hébergement obligatoire pour les sans domicile fixe, elle a dit on va peut-être lancer une réflexion pour savoir s'il serait possible de contraindre un SDF à aller dans un abris d'urgence pour éviter de mourir. Évidemment, certaines associations n'ont pas apprécié cette atteinte à la liberté, bon. Mais la question, le débat c'est entre la liberté d'un côté des sans abri de faire ce qu'ils souhaitent, de refuser un hébergement d'urgence, et puis la question de non assistance à personne en danger. La nuit dernière encore, un SDF de 31 ans, qui a mon âge, est mort dans la rue de froid. Alors, moi, je crois aujourd'hui qu'il faudrait s'interroger de cette manière-ci : quand on rencontre un SDF qui risque de mourir de froid, pourquoi ne pas lui proposer un bain, à manger, à boire, et une fois qu'il a retrouvé cette lucidité qui lui permet de prendre sa décision, eh bien il prend sa décision. S'il ne veut pas rester, d'accord, il ne reste pas, et s'il veut rester un hébergement d'urgence lui est proposé.
R. Yade est notre invitée, on va parler des droits de l'Homme dans un instant, et notamment des dernières déclarations de S. Hessel, qui parle des droits de l'Homme en France : est-ce que la France est restée la patrie des droits de l'Homme ? [...]
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 8 décembre 2008
Bonjour.
Ca va ce matin ?
Ca va, merci.
Bien. « N. Sarkozy, c'est un fourbe, c'est un homme politique arrogant », c'est la presse chinoise - presse chinoise contrôlée par l'Etat - qui dit cela ce matin. Est-ce que la Chine pratique une diplomatie de l'intimidation ?
Ces propos ne sont pas normaux, tout simplement.
Ils ne sont pas comment ?
Ils ne sont pas normaux, c'est-à-dire que moi je fais une différence entre ce que disent les autorités chinoises et ce qui dit la presse qui...
...enfin, la presse qui est contrôlée par l'Etat, quoi.
Peut-être...
... mais sûrement même !
Mais il y a aussi les internautes, etc.
...qui sont aussi souvent contrôlés par l'Etat.
De toutes les façons, le président de la République a vu, comme il s'y était engagé, le Dalaï Lama. Il n'a pas cédé à une quelconque intimidation, à un quelconque chantage.
Mais c'est une diplomatie de l'intimidation la diplomatie chinoise ?
Mais, ils ont une manière de s'adresser aux autres Nations, et notamment à la France, qui me semble un peu spéciale. Je n'ai jamais vu de tels rapports entre des Etats qui sont censés être des partenaires. Et c'est très étonnant. Donc, moi, je pense qu'il faut revenir à un peu plus de raison, et établir un partenariat clair, net, traditionnel, et où l'on se dit les choses franchement. De la même manière que les Chinois nous parlent franchement, nous aussi nous menons une politique franche, et cela on peut le faire d'autant mieux que le président de la République a donné des preuves de la considération qu'il portait aux Chinois et à l'Etat chinois, notamment en se rendant en Chine en visite d'Etat, en se rendant à l'ouverture des Jeux Olympiques de Pékin, en évitant avec son accord de voir le Dalaï Lama pendant les Jeux Olympiques de Pékin...
Mais la Chine nous en veut ou quoi, parce que je n'ai pas l'impression qu'elle ait le même discours avec l'Allemagne, par exemple, ou d'autres pays ?
C'est très étonnant, je me suis faite la réflexion, croyez-moi.
Oui !
Les principaux dirigeants de la planète, que ce soit A. Merkel, que ce soit G. Bush ou encore le Premier ministre britannique...
...ont reçu le Dalaï Lama, ont rencontré le Dalaï Lama.
... ont rencontré le Dalaï Lama. Oui. Et ils n'ont pas eu ce traitement.
Alors, c'est un pouvoir - le Dalaï Lama qui dit du pouvoir chinois - : « C'est un pouvoir rongé par le stress, la méfiance et la soif de réussite ». Même analyse chez vous ?
Ah, je ne connais pas le pouvoir chinois de l'intérieur. Alors, peut-être que le Dalaï Lama le connaît mieux que moi, mais de ce...enfin, du point de vue diplomatique, nous on n'a cessé de dire, et on continue à le dire, que nous tenons un partenariat stratégique avec la Chine, que par ailleurs nous avons cette tradition qu'on appelle l'indépendance nationale qui fait qu'on fait ce que l'on veut.
Alors, parlons d'indépendance, tiens.
Est-ce qu'aujourd'hui, le peuple tibétain est un peuple indépendant ?
Non, le peuple tibétain n'est pas un peuple indépendant.
Est-ce que le Tibet doit demander son indépendance ?
Ca, c'est aux Tibétains de le dire, mais en tout cas la position de la France est très claire, c'est la même depuis que le Général de Gaulle, en 1964, s'est prononcé, le Tibet, nous considérons aujourd'hui fait partie intégrante de la Chine.
Est-ce que le peuple tibétain est sous la domination chinoise et est-ce qu'on est en train de tuer la civilisation tibétaine ?
Moi, j'ai la crainte que l'identité spirituelle et religieuse des Tibétains soit remise en cause par un processus de sinisation qui a cours depuis de nombreuses années. Pensez, par exemple, que les populations Han ont augmenté, c'est-à-dire chinoises au sens strict...
... oui, chinoises, oui.
... ont augmenté de 60 % au Tibet depuis 2006, depuis juillet 2006, depuis que un chemin de fer Pékin-Lhassa a été mis en place, depuis que la Chine est entrée dans un processus de sinisation du Tibet de telle sorte que les Tibétains ont le sentiment que leur identité spirituelle et religieuse ne peut pas s'épanouir correctement dans ces conditions.
Bien ! On va parler de l'avenir de R. Yade. Vous voulez bien, R. Yade ?
Si vous voulez, la presse est libre en France.
Est-ce que vous aimeriez devenir secrétaire d'Etat aux Affaires européennes ?
Moi, je ne demande rien.
Non, mais, vous aimeriez ce poste ?
Moi, j'irai là où le Président me demandera d'aller parce que sur ce genre de décision, je n'ai aucune prise, comme vous pouvez l'imaginer.
Dans tous les cas, vous n'irez pas aux européennes sous les couleurs de l'UMP.
Les européennes, il y a un petit peu plus de marge de décision personnelle parce que c'est un engagement...
Pourtant, le Président y tenait.
Qu'est-ce que vous en savez ?
Je ne sais pas, non, il l'avait déclaré, non.
Moi, je me suis expliquée là-dessus par rapport aux raisons pour lesquelles je ne souhaitais pas être candidate aux élections européennes, voilà, j'ai rien d'autre à ajouter.
Bon, mais enfin secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, c'est un joli poste à pourvoir, à pourvoir.
A pourvoir, mais c'est le Président et le Premier ministre qui décident de ça. Moi, ça m'est très difficile de dire « je veux ceci ou cela ».
Bon, alors R. Yade j'ai une autre question et je vais être très franc et très direct. Un ministre de la Relance économique est-il utile ? Et j'ajoute une précision : nous sommes dans un pays qui doit faire des économies, un ministre ça veut dire une administration, ça veut dire des dépenses supplémentaires, vous le savez bien, ça veut dire de l'argent dépensé par l'Etat alors qu'il y a tant de hauts fonctionnaires à Bercy, au Ministère des Finances, qui pourraient remplir ce rôle. Nous sommes le seul pays au monde à nommer un ministre de la Relance économique. Franchement ?
Moi, je trouve que c'est une bonne idée.
Ah bon !
Parce que le président de la République et le Premier ministre qu'est-ce qu'ils ont voulu faire à travers la création de ce ministère ? Ils ont voulu dire : voilà, nous avons un plan de relance qui a été annoncé à Douai par le président de la République de 26 milliards d'euros, qui vient s'ajouter au plan précédent face à la crise financière. Nous avons donc une relance de nature interministérielle...
... on va oublier les 26 milliards parce que dedans il y a des milliards qui étaient déjà prévus, ça, oublions.
C'est Bercy, mais ce n'est pas que Bercy, il y a aussi des mesures sociales, sur l'emploi notamment.
Mais oui !
Il y a aussi des mesures pour aider les personnes les plus défavorisées.
Et le Premier ministre, non... A quoi sert le Premier ministre dans ce pays ?
Mais, justement, le ministre de la Relance est rattaché au Premier ministre. L'objectif du ministre de la Relance c'et quoi ? C'est, en fait, d'éviter que chaque ministre...
... c'est de donner un poste à P. Devedjian.
Pas du tout, non !
Qui quittera l'UMP.
Non, il aurait pu lui donner...
...l'UMP, non ?
Oui, il quitte l'UMP mais il aurait pu lui donner tout à fait un autre poste, là n'est pas le problème.
Ah bon ?
Mais simplement, il a voulu éviter que chaque ministre ou chaque ministère qui pourrait être impliqué de près ou de loin par le plan de relance garde finalement son budget pour lui-même, par souveraineté ministérielle tout simplement, et évite, comment dire, ou n'arrive pas à participer à cet effort collectif.
Il y a un ministre du Budget, non, qui s'occupe de ça ?
Il a un ministre du Budget mais il n'y a pas que le ministre du Budget, il y a aussi le ministre des Affaires sociales qui devra en mettre d'oeuvre les exonérations sociales sur les emplois qui seront nouvellement créés...
... je croyais quand même que l'Etat devait être modeste dans ses dépenses, R. Yade.
Mais, l'Etat... l'objectif de baisse des frais de l'administration se poursuivra en 2009, ça c'est un engagement qu'ont pris le président de la République et le Premier ministre, ils ont même dit que l'effort budgétaire supplémentaire ne sera que de 0,8 %, il sera concentré sur l'année 2009 de telle sorte que l'objectif de rationalisation budgétaire sera tenu en 2012, voire même amélioré. Donc, de ce point de vue, je crois qu'il faut leur faire confiance. Et j'ajouterais en plus que ce plan de relance a pour objet de faire gagner quasiment un point de croissance, ce qui n'est pas rien, et de préserver ou de faire gagner 100 000 emplois à peu près. Ce n'est pas rien dans une économie bousculée par la crise financière.
Bon, R. Yade, vous êtes secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, est-ce que vous partagez les remarques de C. Boutin qui veut forcer les sans abri à dormir dans des centres d'hébergement ? Comment avez-vous reçu cette déclaration ?
D'abord, on part d'un constat qui est difficile, qui est que chaque année s'égrène le nombre, la litanie macabre des SDF morts de froid en hiver comme à une époque...
... alors qu'il en meure autant, malheureusement, en été qu'en hiver.
...comme à une époque on égrenait les morts de la route. Et face à cette situation, on oscille entre incrédulité et emballement. Les associations se trouvent démunies, l'Etat de son côté a le sentiment de faire, d'injecter des crédits, de construire de nouvelles places d'hébergement, et puis on a toujours ce sentiment que le "sans abrisme", comme disent certains sociologues, se poursuit dans des conditions dramatiques. Alors, qu'est-ce qu'elle a dit C. Boutin ? Elle n'a pas dit que demain elle allait mettre en place un système d'hébergement obligatoire pour les sans domicile fixe, elle a dit on va peut-être lancer une réflexion pour savoir s'il serait possible de contraindre un SDF à aller dans un abris d'urgence pour éviter de mourir. Évidemment, certaines associations n'ont pas apprécié cette atteinte à la liberté, bon. Mais la question, le débat c'est entre la liberté d'un côté des sans abri de faire ce qu'ils souhaitent, de refuser un hébergement d'urgence, et puis la question de non assistance à personne en danger. La nuit dernière encore, un SDF de 31 ans, qui a mon âge, est mort dans la rue de froid. Alors, moi, je crois aujourd'hui qu'il faudrait s'interroger de cette manière-ci : quand on rencontre un SDF qui risque de mourir de froid, pourquoi ne pas lui proposer un bain, à manger, à boire, et une fois qu'il a retrouvé cette lucidité qui lui permet de prendre sa décision, eh bien il prend sa décision. S'il ne veut pas rester, d'accord, il ne reste pas, et s'il veut rester un hébergement d'urgence lui est proposé.
R. Yade est notre invitée, on va parler des droits de l'Homme dans un instant, et notamment des dernières déclarations de S. Hessel, qui parle des droits de l'Homme en France : est-ce que la France est restée la patrie des droits de l'Homme ? [...]
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 8 décembre 2008