Texte intégral
Didier Migaud et Pierre-Alain Muet ont maladroitement qualifié le plan de relance d'"unijambiste", au motif qu'il méconnaîtrait le pouvoir d'achat et l'emploi (Le Monde du 12 décembre). C'étaient les mêmes qui disaient le contraire lors du vote de la loi sur le travail, l'emploi et le pouvoir d'achat (TEPA). A l'époque, nous privilégiions trop la demande au détriment de l'offre ! La boussole économique du PS est décidément désorientée.
Je me suis souvent félicité de la façon dont Didier Migaud assure la présidence de la commission des finances. Je peux donc dire que je l'ai connu plus inspiré. La politique économique et budgétaire du gouvernement marche bien sûr sur ses deux jambes. C'est l'analyse de MM. Migaud et qui souffre d'une certaine myopie. Comment prétendre, en effet, que la politique de soutien du revenu est inexistante, quand l'ensemble des transferts sociaux - retraites, famille, logement, chômage - croît de l'ordre de 4,5 % en 2009, au moins 3 % plus vite que l'inflation ? Quand la création du revenu de solidarité active (RSA), anticipée par la prime de solidarité active, ajoute de surcroît 1,5 milliard d'euros de revenu ciblé sur les plus modestes ? Quand les engagements du président de la République de forte revalorisation de l'allocation adulte handicapé (AAH) et du minimum vieillesse sont mis en oeuvre avec ténacité ? Quand la création d'un tarif social du gaz complète la prime à la cuve ?
Quand la participation de l'employeur aux abonnements aux transports publics cesse d'être réservée à l'Ile-de-France ? Quand l'indemnisation du chômage partiel est améliorée ? Quand les politiques actives de l'emploi sont renforcées par la création de Pôlemploi et par l'extension du contrat de transition professionnelle aux vingt-cinq bassins d'emploi les plus affectés par la crise ?
Toutes ces mesures, nous les avons prises bien avant la réunion à Madrid des Partis socialistes et sociaux-démocrates européens, dont Didier Migaud et Pierre-Alain Muet font grand cas. La réponse à la crise, ce n'est pas une question d'idéologie, mais d'efficacité et de réactivité.
La vérité, c'est en tous les cas que les prestations versées par la Sécurité sociale s'accroîtront de 17 milliards d'euros en 2009, autant de milliards qui viendront soutenir le revenu et la consommation. Laisser jouer les stabilisateurs automatiques - c'est-à-dire ne pas chercher à compenser les moins-values d'impôts et de cotisations par des coupes dans les dépenses -, c'est la première mesure de soutien à l'économie, surtout dans un pays où le système social est aussi développé. C'est le moyen d'arrêter la contagion de la crise financière à l'ensemble des revenus. Qu'on pense simplement à la protection qu'offre le système de retraites par répartition dans une telle phase de dérèglements boursiers !
Si nous nous étions contentés de ce soutien au pouvoir d'achat, et si nous n'avions rien fait pour relancer l'investissement, là, en effet, nous n'aurions marché que sur une seule jambe. Et c'est bien cette analyse globale qui pousse le président de la République et le gouvernement à privilégier l'investissement dans le plan de relance. Privilégier l'investissement pour préparer l'avenir, construire les emplois de demain et contribuer au développement durable. Privilégier l'investissement parce qu'il serait irresponsable d'alourdir la dette léguée à nos enfants par un nouveau surcroît de dépenses courantes.
Didier Migaud et Pierre-Alain Muet font preuve d'une certaine mauvaise foi en jugeant cet effort sur l'investissement insuffisant. Alors même que le plan de relance actionne tous les leviers, en accélérant les investissements de l'Etat, en appelant les entreprises publiques à rénover leurs réseaux, en amplifiant les moyens pour l'entretien et la rénovation thermique des bâtiments publics, des logements sociaux et de l'habitat, en permettant enfin aux collectivités locales d'accélérer leurs projets. J'insiste sur ce dernier point, puisque MM. Migaud et Muet reprennent la rengaine des collectivités "étouffées financièrement" par l'Etat. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : les dotations que l'Etat leur verse, déjà votées en hausse de 1,1 milliard d'euros dans la loi de finances pour 2009, seront accrues de 2,5 milliards d'euros supplémentaires par le plan de relance.
Ils laissent également entendre qu'une relance de l'investissement porterait préjudice à notre commerce extérieur. Le raisonnement est spécieux ! Faudrait-il cesser d'investir plutôt que d'importer les équipements nécessaires ? Il est de surcroît sans objet, puisque les investissements accélérés relèvent surtout de la construction d'infrastructures, aux contenus en importations peu élevés et fortement créateurs d'emplois locaux.
Au-delà des postures d'opposition et des pétitions de principe, il faut bien convenir que la politique budgétaire marche sur deux jambes, qu'elle soutient la demande tout en développant l'offre, qu'elle accélère des projets suffisamment prêts pour soutenir l'activité immédiatement, qu'elle prépare l'avenir. La crise des subprimes sanctionne un modèle de croissance artificielle à crédit ; qu'on y réponde en investissant pour nos enfants, c'est bien le moindre de nos devoirs.
Source http://www.u-m-p.org, le 19 décembre 2008
Je me suis souvent félicité de la façon dont Didier Migaud assure la présidence de la commission des finances. Je peux donc dire que je l'ai connu plus inspiré. La politique économique et budgétaire du gouvernement marche bien sûr sur ses deux jambes. C'est l'analyse de MM. Migaud et qui souffre d'une certaine myopie. Comment prétendre, en effet, que la politique de soutien du revenu est inexistante, quand l'ensemble des transferts sociaux - retraites, famille, logement, chômage - croît de l'ordre de 4,5 % en 2009, au moins 3 % plus vite que l'inflation ? Quand la création du revenu de solidarité active (RSA), anticipée par la prime de solidarité active, ajoute de surcroît 1,5 milliard d'euros de revenu ciblé sur les plus modestes ? Quand les engagements du président de la République de forte revalorisation de l'allocation adulte handicapé (AAH) et du minimum vieillesse sont mis en oeuvre avec ténacité ? Quand la création d'un tarif social du gaz complète la prime à la cuve ?
Quand la participation de l'employeur aux abonnements aux transports publics cesse d'être réservée à l'Ile-de-France ? Quand l'indemnisation du chômage partiel est améliorée ? Quand les politiques actives de l'emploi sont renforcées par la création de Pôlemploi et par l'extension du contrat de transition professionnelle aux vingt-cinq bassins d'emploi les plus affectés par la crise ?
Toutes ces mesures, nous les avons prises bien avant la réunion à Madrid des Partis socialistes et sociaux-démocrates européens, dont Didier Migaud et Pierre-Alain Muet font grand cas. La réponse à la crise, ce n'est pas une question d'idéologie, mais d'efficacité et de réactivité.
La vérité, c'est en tous les cas que les prestations versées par la Sécurité sociale s'accroîtront de 17 milliards d'euros en 2009, autant de milliards qui viendront soutenir le revenu et la consommation. Laisser jouer les stabilisateurs automatiques - c'est-à-dire ne pas chercher à compenser les moins-values d'impôts et de cotisations par des coupes dans les dépenses -, c'est la première mesure de soutien à l'économie, surtout dans un pays où le système social est aussi développé. C'est le moyen d'arrêter la contagion de la crise financière à l'ensemble des revenus. Qu'on pense simplement à la protection qu'offre le système de retraites par répartition dans une telle phase de dérèglements boursiers !
Si nous nous étions contentés de ce soutien au pouvoir d'achat, et si nous n'avions rien fait pour relancer l'investissement, là, en effet, nous n'aurions marché que sur une seule jambe. Et c'est bien cette analyse globale qui pousse le président de la République et le gouvernement à privilégier l'investissement dans le plan de relance. Privilégier l'investissement pour préparer l'avenir, construire les emplois de demain et contribuer au développement durable. Privilégier l'investissement parce qu'il serait irresponsable d'alourdir la dette léguée à nos enfants par un nouveau surcroît de dépenses courantes.
Didier Migaud et Pierre-Alain Muet font preuve d'une certaine mauvaise foi en jugeant cet effort sur l'investissement insuffisant. Alors même que le plan de relance actionne tous les leviers, en accélérant les investissements de l'Etat, en appelant les entreprises publiques à rénover leurs réseaux, en amplifiant les moyens pour l'entretien et la rénovation thermique des bâtiments publics, des logements sociaux et de l'habitat, en permettant enfin aux collectivités locales d'accélérer leurs projets. J'insiste sur ce dernier point, puisque MM. Migaud et Muet reprennent la rengaine des collectivités "étouffées financièrement" par l'Etat. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : les dotations que l'Etat leur verse, déjà votées en hausse de 1,1 milliard d'euros dans la loi de finances pour 2009, seront accrues de 2,5 milliards d'euros supplémentaires par le plan de relance.
Ils laissent également entendre qu'une relance de l'investissement porterait préjudice à notre commerce extérieur. Le raisonnement est spécieux ! Faudrait-il cesser d'investir plutôt que d'importer les équipements nécessaires ? Il est de surcroît sans objet, puisque les investissements accélérés relèvent surtout de la construction d'infrastructures, aux contenus en importations peu élevés et fortement créateurs d'emplois locaux.
Au-delà des postures d'opposition et des pétitions de principe, il faut bien convenir que la politique budgétaire marche sur deux jambes, qu'elle soutient la demande tout en développant l'offre, qu'elle accélère des projets suffisamment prêts pour soutenir l'activité immédiatement, qu'elle prépare l'avenir. La crise des subprimes sanctionne un modèle de croissance artificielle à crédit ; qu'on y réponde en investissant pour nos enfants, c'est bien le moindre de nos devoirs.
Source http://www.u-m-p.org, le 19 décembre 2008