Déclaration de Mme Roselyne Bachelot, ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative, sur la réorganisation du traitement de radiothérapie et de la radiophysique, dans la lutte contre le cancer, Paris le 15 décembre 2008.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Comité national de suivi de la radiothérapie à Paris le 15 décembre 2008

Texte intégral


La semaine dernière, j'installais, sous la présidence de Jean-Pierre Grünfeld, la commission chargée d'élaborer un nouveau plan cancer.
J'ai rappelé, à cette occasion, la nécessité de poursuivre sans relâche la lutte contre le cancer, première cause de mortalité en France et maladie la plus redoutée des Français.
Vous le savez, la radiothérapie est une étape essentielle du traitement de nombreux cancers. Elle est, pour les malades et leurs familles, facteur d'espoir.
L'idée que l'on puisse voir son état aggravé ou mourir des suites d'un traitement de radiothérapie est tout simplement insupportable.
Après les tragédies d'Epinal et de Toulouse, j'ai annoncé, en novembre 2007, 33 mesures nationales, destinées à garantir la sécurité et la qualité des actes de radiothérapie.
Je me suis appuyée, pour ce faire, sur les travaux menés en six mois par les services et agences de l'Etat, dont l'Institut national du cancer, en partenariat avec les sociétés savantes et les syndicats professionnels.
Ces mesures ont été formulées dans une feuille de route définissant les actions, le calendrier et les responsabilités des différents partenaires institutionnels et professionnels.
Parce que la crise de la radiothérapie est une crise grave et inacceptable, nous devons nous assurer que ces mesures sont bien appliquées.
Parce que l'efficacité des politiques s'évalue aux réalisations, non aux déclarations, il a paru indispensable de mettre en place un comité national de suivi ad hoc, instauré par arrêté le 8 juillet 2008.
J'aimerais d'ores et déjà vous remercier, cher Dominique Maraninchi, d'en avoir accepté la présidence.
Je tiens à saluer votre engagement, à vous comme à tous les membres de ce comité, en faveur d'un accès à des soins sécurisés.
Cependant, je veux aussi souligner les responsabilités qui sont les vôtres.
Un an après l'annonce des mesures nationales, il était essentiel de faire aujourd'hui un premier point.
Toutefois, c'est aussi vers l'avenir que nous devons nous tourner, pour envisager, ensemble, les actions et les objectifs à poursuivre à court et à moyen terme.
En un an, un certain nombre de mesures ont déjà été réalisées.
Néanmoins, quatre grands domaines nécessitent une attention particulière et un suivi rapproché.
Ainsi, quatre sous-groupes de travail seront créés. Animés par un membre du comité de suivi, ils devront proposer, dès la prochaine réunion plénière du comité, au début de l'année 2009, des actions concrètes et un calendrier de mise en oeuvre.
La première de vos priorités concernera les métiers en radiothérapie.
Malgré des actions importantes, la radiophysique médicale reste en situation de grande fragilité. Le décret du 14 mai 2007 a permis de mieux reconnaître le métier de radiophysicien dans les établissements de santé. Le nombre de radiophysiciens en formation a déjà augmenté, et leur cursus a été allongé.
Cependant, l'amélioration des pratiques suppose un nombre suffisant de radiophysiciens. Ainsi, pour atteindre les 600 radiophysiciens annoncés pour fin 2011, les textes en vigueur doivent être modifiés, afin d'augmenter le vivier des candidats potentiels.
Un projet de décret et d'arrêté modificatifs viennent d'être soumis à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en vue d'un élargissement de l'accès au diplôme de qualification en physique radiologique et médicale (DQPRM), délivré pour l'instant uniquement par l'Institut national des sciences et techniques nucléaires (INSTN).
Ces nouveaux textes devraient permettre également la reconnaissance des diplômes étrangers pour l'exercice professionnel en France.
En outre, il est nécessaire, pour soulager et conforter les radiophysiciens en poste, de reconnaître très rapidement des métiers corollaires, comme les dosimétristes ou les techniciens de radiophysique médicale.
La formation des manipulateurs d'électroradiologie sera intégrée dans le processus européen LMD. Des réflexions sur l'évolution du diplôme débuteront au cours de l'année 2009.
La formation initiale et les programmes de formation continue, en particulier sur la gestion des risques, seront réévalués afin d'améliorer la qualité des pratiques des professionnels sur le terrain.
La qualité et la sécurité des pratiques, et leur corollaire que constitue la vigilance, seront le deuxième axe fort de vos réflexions.
Actuellement, des référentiels nationaux ont été établis, en collaboration avec les professionnels concernés, sur les indications de la radiothérapie. Les référentiels portant sur les modalités de sa réalisation, élaborés par la Société française de radiothérapie oncologique, permettent d'harmoniser les procédures mises en oeuvre lors des traitements. Enfin, les procédures plus générales d'assurance qualité, élaborées par l'Autorité de sûreté nucléaire, seront homologuées.
Les critères d'agrément, qui répondent à des objectifs précis sur la qualité et la sécurité des pratiques, ont été diffusés au mois d'août. Ils constituent le dernier élément du dispositif d'autorisation des établissements pour le traitement du cancer. Ils seront opposables en 2011. Des mesures d'accompagnement sont prévues pour la mise en conformité progressive des établissements.
Au-delà de ces référentiels qui encadrent les différents niveaux de pratique de la radiothérapie, et dans la perspective d'une réelle amélioration de la sécurité, les systèmes de vigilance doivent être renforcés à tous les niveaux : local, régional et national.
Au premier niveau, l'échelle expérimentale ASN-SFRO va déjà permettre de simplifier la déclaration, par les professionnels, d'événements de radioprotection affectant des patients dans le cadre d'une procédure médicale de radiothérapie.
Cependant, la radioprotection n'est pas le seul élément à prendre en compte. Ainsi, il est indispensable de réfléchir à une coordination de la déclaration d'événements variés par des professionnels différents, du radiothérapeute aux autres médecins et professionnels en charge du patient.
Le comité devra donc proposer des solutions harmonisées, en s'appuyant sur les travaux déjà réalisés par les services du ministère de la santé, l'Institut national de veille sanitaire et l'ASN.
La poursuite des travaux de la cellule nationale d'appui à la radiothérapie et l'aide à la coopération entre les établissements doivent faire l'objet d'une attention toute particulière.
Après avoir inspecté des centres de radiothérapie en 2007, l'ASN avait identifié 27 centres en situation difficile, notamment en raison des effectifs trop faibles en radiophysique médicale.
La gestion cordonnée entre la cellule nationale d'appui et les agences régionales de l'hospitalisation (ARH) a permis d'éviter une situation de crise sanitaire et la fermeture de l'ensemble de ces centres. Un seul a provisoirement arrêté son activité.
Pour autant, la situation actuelle très déséquilibrée entre la demande et l'offre de radiophysiciens ne fait que renforcer les risques sur les centres les plus fragiles.
Les mouvements, difficilement prévisibles, de radiophysiciens entre centres mettent en péril la sécurité des pratiques.
Ainsi, une soixantaine de centres de radiothérapie nécessiterait un suivi rapproché par les agences régionales de l'hospitalisation.
Pour réaliser ce suivi, un des sous-groupes de travail devra organiser de façon pérenne la gestion des situations difficiles, en lien avec l'INCa et mes services.
En collaboration également avec les ARH et les futures agences régionales de santé, plusieurs pistes pourraient être proposées, telles que le soutien à la création de groupements de coopération sanitaire ou l'élaboration d'un cadre pour des plateformes régionales de radiothérapie.
Il vous faudra ainsi réfléchir à la fois sur les restructurations nécessaires et sur la prise en charge des patients pendant leurs traitements, si ceux-ci nécessitent un éloignement plus important de leur domicile.
Enfin, un groupe de travail spécifique consacrera ses travaux à la recherche et au développement.
Si, jusqu'à présent, nous avons dû donner la priorité à l'urgence, je veux réaffirmer l'importance que j'accorde à la recherche, dont le renforcement est une des conditions essentielles pour le maintien de soins de qualité.
Les travaux de ces différents groupes de travail seront bien évidemment pris en compte dans le nouveau plan cancer.
Nous ne devons poursuivre qu'un seul et même objectif : restaurer la confiance qui unit les patients à leurs thérapeutes.
Votre liberté, dans la réalisation du suivi, est entière. Sa seule limite est le respect de cet impératif.
Je vous souhaite de fructueuses séances de travail.
Je vous remercie.
Source http://www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr, le 19 décembre 2008