Déclaration de M. Xavier Bertrand, ministre du travail, des relations sociales, de la famille et de la solidarité, sur la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, notamment pour les parents de jeunes enfants, Paris le 21 novembre 2008.

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Circonstance : Lancement de l'Observatoire de la parentalité en entreprise à l'Assemblée nationale le 21 novembre 2008

Texte intégral


Tout d'abord, je voudrais reprendre cette phrase, « le bien-être social contribue à la réussite économique », mais une réussite économique sans bien-être social ça ne marche pas.
Le but notamment de cette journée, de votre action, est de faire en sorte que ceux qui ne l'ont pas encore perçu se rendent compte que c'est un élément clé de la réussite des entreprises. Différentes enquêtes ont montré qu'avoir un enfant quand on est salarié impliquait trop souvent de mettre sa carrière entre parenthèses, il n'y a aucune fatalité à cela, qu'on soit père ou mère. C'est cela qu'il faut faire disparaitre.
C'est la raison pour laquelle j'ai tenu à venir parrainer la mise en place de l'observatoire de la parentalité en entreprise parce que c'est la concrétisation d'un engagement collectif que nous avions soutenu avec Nadine Morano il y a 7 mois au Ministère du Travail. C'est une avancée supplémentaire.
Le 11 avril dernier, nous nous étions retrouvés pour lancer la Charte de la parentalité, à l'initiative de Charlotte BOUVARD LAVRIL, qui a porté ce projet avec la même énergie qu'elle met dans l'association SOS Préma.
Cette charte, était une étape importante, avec un engagement concret celui de concilier vie familiale et vie professionnelle : 32 entreprises s'étaient alors engagées à aider leurs salariés à concilier leur activité professionnelle et leur vie de parent. Aujourd'hui, je veux saluer les 38 autres entreprises qui ont décidé de les rejoindre.
Cet engagement ce n'est pas seulement une position de principe : il y a des actions concrètes pour faciliter la vie des salariés, et apporter des réponses simples, des réponses très pragmatiques aux soucis qu'impliquent les contraintes familiales.
* Les réservations de places en crèches ou en centres de loisir pour les enfants des salariés
* L'aménagement des horaires, avec par exemple l'engagement de ne pas prévoir de réunion tôt le matin ni tard le soir, beaucoup de parents sont prêts à prendre un peu moins de temps pour déjeuner mais à rentrer plus tôt pour s'occuper des enfants.
* La mise à disposition d'un pédiatre une demie journée par semaine.
* L'amendement pour l'utilisation de son compte épargne-temps pour le congé parental.
Vous le savez, quelqu'un qui est serein dans sa vie de famille, c'est un salarié plus efficace, plus épanoui dans son milieu professionnel.
Il y a bien sûr le capital financier, mais le capital humain est la première richesse des entreprises.
Je voudrais également dire que cette conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle dépasse le seul cadre de l'entreprise : c'est un sujet de société où se manifeste également la responsabilité sociale des entreprises. Nous avons, vous le savez, un taux de fécondité qui nous place en tête des pays européens. La démographie est aussi un outil au service de l'économie.
Pour soutenir ce dynamisme, il faut que les femmes n'aient pas à renoncer à leur carrière ou la mettre entre parenthèses pour s'occuper de leurs enfants. Il faut aussi permettre aux pères de s'impliquer davantage dans l'éducation de leurs enfants, et ils sont de plus en plus nombreux à en exprimer le souhait.
Le gouvernement mène une politique familiale volontariste. Nous travaillons actuellement avec Nadine MORANO au développement des modes de garde, pour intensifier l'offre d'accueil de la petite enfance. C'est un des engagements forts pris par le Président de la République, Nadine MORANO vous le présentera en détail.
En ce domaine, nous allons multiplier les solutions proposées en faisant preuve d'ambition et de pragmatisme, nous allons chercher des solutions innovantes.
J'ai vu en octobre dernier chez Michelin, des mamans qui pouvaient venir allaiter leur enfant le midi. C'est quelque chose de très simple à mettre en oeuvre.
C'est ce type de solution sur-mesure qu'il faut développer. Voila pourquoi j'ai souhaité parrainer la Charte de la Parentalité, et je pense qu'il est important aujourd'hui de parrainer cette deuxième étape de cet engagement.
L'observatoire de la parentalité en entreprise est un outil innovant. Il nous faut la garantie que les engagements pris dans la Charte seront suivis d'effets, grâce à plusieurs éléments :
- D'abord, cet observatoire met en place une évaluation des actions engagées, gage d'efficacité.
- Ensuite, il mutualise les énergies et les compétences par le comité de pilotage et le comité d'orientation scientifique.
Autre aspect, la rapidité avec laquelle cette deuxième étape a été mise en oeuvre.
Le volontarisme ne doit pas s'arrêter là. J'ai 2 souhaits pour l'avenir :
Il faut passer à la vitesse supérieure sur le plan national comme sur le plan européen
* Au niveau national : il faut maintenant des complémentarités avec l'ensemble des dispositifs qui concourent aux mêmes objectifs que les vôtres, je pense au label égalité auquel participent de nombreuses entreprises qui sont aussi signataires de la charte.
* Au plan européen, la même dynamique que sur le plan national. J'ai ainsi formulé une proposition à nos partenaires européens lors de la Réunion informelle des Ministres européens en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes du 14 novembre dernier à Lille : je souhaite que nous mettions en place d'ici 2010 un réseau d'entreprises européennes pour non seulement échanger sur les bonnes pratiques en matière d'égalité professionnelle mais surtout pour les mettre en oeuvre. Le Président du Comité économique et social européen, Mario SEPI, a d'ores et déjà accepté de réunir chaque année les entreprises de ce réseau. Parallèlement, je propose que l'Institut d'égalité professionnelle, qui sera opérationnel l'an prochain, mette en place aussi un portail internet pour rendre accessibles les initiatives de ce réseau européen.
Enfin, les partenaires sociaux européens doivent très prochainement nous transmettre des propositions qui seront l'occasion d'enrichir notre action en faveur de la conciliation vie familiale- vie professionnelle.
Je pense qu'aujourd'hui vous traduisez un formidable élan que nous connaissons en France, et qui gagne l'Europe : je voudrais vous remercier d'y prendre une part aussi active. Oui il faut travailler plus, mais il faut également faire travailler plus de monde, il faut que les femmes aient toutes leurs places.
Il faut également qu'on travaille mieux, votre initiative va tout à fait dans ce sens, voila pourquoi je vous dis une seule chose, continuez.
Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 8 décembre 2008