Entretien de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, avec TF1 le 30 décembre 2008, sur la situation dans la bande de Gaza, notamment la demande européenne faite à Israël d'une trêve humanitaire.

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Circonstance : Réunion des ministres européens des Affaires étrangères sur la situation dans la bande de Gaza à Paris le 30 décembre 2008

Média : Site web TF1 - Le Monde - TF1

Texte intégral

Q - Bonsoir Monsieur le Ministre. On sait les positions britanniques et allemandes radicalement opposées sur ce dossier. A l'heure qu'il est, ce soir, est-on arrivé à une situation de compromis ?
R - Vous l'avez dit, vingt-sept pays sont représentés ici. La discussion est en cours sur un texte précis. Que souhaitons-nous tous ensemble ? Nous souhaitons un cessez-le-feu permanent et respecté avec, bien sûr, un accès humanitaire parce que les victimes sont nombreuses et qu'il faut assurer des secours. Nous souhaitons aussi un retour au processus de paix. Voilà les souhaits que tous ensemble nous formulons ; il n'y a pas de différences à ce propos.
Les divergences concernent l'explication historique et tout ce que l'on pourrait fournir plus tard. Mais, pour le moment, nous savons tous qu'il faut que cesse ce combat et nous sommes prêts, l'Union européenne est prête, à participer à cette paix, à ce retour aux négociations.
Q - Vous avez donc fait parvenir - c'est un peu le sens de ce que vous venez d'expliquer à l'instant - une proposition de cessez-le-feu humanitaire aux autorités israéliennes. Le président Sarkozy reçoit jeudi la ministre des Affaires étrangères de l'Etat Hébreu, Tzipi Livni. Pensez-vous vraiment obtenir un arrêt de cette opération israélienne ? Que peut-on espérer raisonnablement ?
R - Il faut espérer, sinon nous ne serions pas là. On ne peut pas comprendre et on ne comprendrait pas que l'Union européenne ne soit pas concernée par ce qui se passe au Moyen-Orient. Nous avons participé, si j'ose dire avec joie et avec ténacité, à la Conférence de Paris, à travers l'aide sur le terrain, ainsi qu'au Processus de paix. Il faut absolument revenir à ce processus.
Concernant un nécessaire cessez-le-feu - vous pouvez l'appeler humanitaire -, ce serait bien que l'accès humanitaire soit réservé dès maintenant. Il doit être permanent et bien sûr respecté. Il ne faut pas que cela recommence et nous sommes persuadés qu'il n'y aura pas de solution militaire, qu'il y aura une solution politique et nous la recherchons. Nous continuons à nous acharner vers la paix.
Q - Peut-on y arriver sans intervention directe des Etats-Unis qui sont pour l'instant assez silencieux sur cette affaire ?
R - Ils ne sont pas silencieux mais, comme vous le savez, les Etats-Unis se trouvent entre deux présidences comme l'Etat d'Israël. Nous ne voulons pas creuser les différences d'explications, les responsabilités. Nous voulons que l'Union européenne se montre active et s'exprime d'une voix politique pour retourner à la politique. Pour cela il faut évidemment que nous puissions accéder aux victimes et que l'action humanitaire reprenne ses droits. Nous le voulons, mais pas seulement pour quelques jours, quelques heures, il faut s'acharner à ce que soit respecté ce cessez-le-feu, qui je vous le rappelle ne l'était pas. Voilà ce que nous faisons et je vais maintenant retourner à la réunion, si vous le voulez bien.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 janvier 2009