Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, lors d'un point de presse, sur les projets prioritaires retenus par l'Union pour la Méditerranée, que sont les énergies renouvelables, la dépollution de la Méditerranée et le développement des PME, Le Caire le 23 décembre 2008.

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Circonstance : Déplacement en Egypte les 22 et 23 décembre 2008

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Monsieur le Premier ministre, juste un petit mot. (...) Dans cette amitié que vous avez évoquée et cette confiance qui remonte à plus de 150 ans, comment est-ce que vous voyez de façon très précise, la manière de travailler ensemble dans notre projet Euroméditerranée ? Des questions de secteurs ? Quels seraient les secteurs de préférence que vous verriez pour animer cette collaboration, cette coopération, et arriver à des questions précises qui arriveraient à des résultats palpables ?
F. Fillon : S'agissant de l'Union pour la Méditerranée, le plus difficile c'était de la mettre sur les rails, de convaincre tout le monde de s'asseoir autour de la même table, d'accepter l'idée que tous les pays européens pouvaient participer à cette Union, mais qu'il y avait quand même des pays qui avaient des rives avec la Méditerranée et d'autres pas. Et ceux qui avaient des rives avec la Méditerranée étaient plus impliqués, avaient une responsabilité différente. On a essayé de conduire cette création de l'Union pour la Méditerranée à la fois avec pragmatisme et avec beaucoup de volontarisme, et vous voyez que l'on y est arrivé, puisque tout le monde a été présent au rendez-vous, je dis bien tout le monde. Le secrétariat sera à Barcelone, on est au coeur de la Méditerranée et on est dans la filiation avec le processus de Barcelone. La France et l'Egypte conduisent aujourd'hui les destinées de cette Union, mais vous connaissez les règles qui régissent l'Union européenne, avec la présidence qui tourne tous les 6 mois. Il y avait donc un risque assez important au fond que la France après avoir lancé les choses n'ait plus de responsabilité, cette question a été réglée aussi, de façon très pragmatique, puisque pendant deux ans la France continuera à exercer un rôle particulier avec l'Egypte pour conduire l'Union pour la Méditerranée. Donc, je pense que la Ligue arabe en fait partie, tout a été construit pour que personne ne soit oubliée et qu'on puisse réellement entamer la deuxième phase, c'est-à-dire, la mise en oeuvre des projets concrets, en ayant derrière nous les questions politiques, les questions de susceptibilité, les questions d'organisation. Alors maintenant, nous, nous avons trois priorités qui ont été, avec l'Egypte, retenues, pour une première phase, qui sont, les questions énergétiques, avec un accent particulier mis sur les énergies renouvelables, et en particulier sur le plan solaire méditerranéen. Mais enfin l'ensemble des questions énergétiques sont au coeur des projets que nous voulons soutenir. La dépollution de la Méditerranée, au fond cet ensemble, cette mer qui nous rassemble, il faut commencer par la préserver, il faut commencer par la sauver. Et puis, le développement des PME, parce que le développement des PME, c'est de notre point vue la meilleure façon d'apporter une aide extrêmement concrète et en même temps, une aide de long terme, une aide durable à la croissance économique de l'ensemble des pays de la Méditerranée. Pour mettre en oeuvre ces projets, il va falloir trouver des financements ; là encore, on a voulu sortir du système habituel, avec les mêmes financements pour tous les projets, les mêmes financements pour tout le monde, et adopter une très grande souplesse. On veut des partenariats public-privé, notamment pour les infrastructures et pour l'énergie. C'est la raison pour laquelle tout à l'heure j'ai insisté dans mon propos sur ces partenariats public-privé qui doivent être rendus plus faciles en Egypte par un texte qui est en préparation et que nous même nous sommes en train de pousser et de moderniser. On veut que les banques de développement, la Banque européenne d'investissements, la Banque mondiale, les Banques islamiques de développement, pour la France, la Caisse des dépôts et consignations et l'Agence française de développement soient engagées dans le financement de ces projets, et naturellement la France va soutenir très activement la conférence que l'Egypte organise en février prochain, pour élargir le champ des investisseurs. Comme je le disais tout à l'heure, et on en parlait avec le Premier ministre durant notre entretien, de l'argent il y en a. La question, c'est de convaincre les investisseurs de les mettre sur des projets que nous souhaitons voir développer. Et plus nous mettrons de sécurité, plus nous donnerons le sentiment qu'il y a un projet politique solide, un projet qui protège en particulier la paix, qui construit la paix, qui conduit vers la paix, qui rend la région plus sûre, plus il sera facile de mobiliser ces financements. Et en tout cas, c'est tout l'objet de ce grand projet qu'est l'Union pour la Méditerranée dans lequel la France a, comme vous pouvez le constater, mis beaucoup d'énergie et beaucoup d'espoir.
Monsieur le Premier ministre, dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée, vous avez parlé d'une Université euroméditerranéenne. Nous avons en Egypte, l'Université française d'Egypte qui a été inaugurée par nos deux Présidents il y a deux ans. Ne pensez-vous pas qu'elle peut être le noyau de cette Université euroméditerranéenne ?
F. Fillon : Mais certainement que la France et l'Egypte, compte tenu de leur histoire et de leur culture, ne peuvent qu'être les noyaux de la future Université euroméditerranéenne. Simplement, si on veut que tout le monde y participe, il vaut mieux commencer par ouvrir très largement les bras, et donc on va ouvrir très largement les bras pour qu'il y ait le maximum de participants, le maximum de financements. Mais naturellement, l'Université que nous avons créée ensemble peut être un modèle, elle peut être un starter de ce projet, qui est un projet très très important parce que, là aussi, c'est l'économie de la connaissance, c'est le développement de la formation qui créera la prospérité durable sur cette rive de la Méditerranée, et donc, c'est bien par là qu'il faut commencer, et c'est bien pour ça que l'Union pour la Méditerranée est un projet global. C'est un projet global de société qui, si il fonctionne, sera envié par le monde entier, lorsque le monde entier se sera rendu compte qu'il existe et qu'il fonctionne.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 29 décembre 2008