Intervention de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur la gravité de la situation dans la bande de Gaza et l'urgence d'un cessez-le-feu et d'une trêve humanitaire immédiate, New York le 6 janvier 2009.

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Circonstance : Réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation au Proche-Orient à New York le 6 janvier 2009

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
L'heure est à la gravité. La communauté internationale se mobilise. La présence du président Abbas, du Secrétaire général des Nations unies, du Secrétaire général de la Ligue arabe et de ministres d'Etats arabes, d'Etats membres du Conseil et d'autres Etats en témoigne.
Les victimes se comptent par centaines, par milliers si l'on inclut les blessés. Parmi ces victimes, de nombreux civils. Et aujourd'hui même ce drame de l'école d'Al Fakhoura près de Jabaliyya. Face à cette tragédie, mon pays a décidé de tout faire pour que la violence cesse.
Après deux jours de discussions dans la région, à Charm el-Cheikh, à Jérusalem, à Ramallah, à Damas et à nouveau à Charm el-Cheikh, le président de la République française a obtenu qu'une négociation s'amorce en vue d'un cessez-le-feu permanent. Le président Moubarak vient en effet de proposer lors d'une conférence de presse avec le président Sarkozy un plan de nature à trouver une issue à la crise. Le président Moubarak a proposé notamment de réunir, en Egypte, Israël et l'Autorité palestinienne et les factions palestiniennes. Il a proposé notamment de les réunir pour prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à l'escalade, notamment la protection des frontières et la réouverture des points de passage. Nous attendons la réponse israélienne mais nous avons espoir qu'elle soit positive.
Le Conseil de sécurité se doit de soutenir et d'encourager ces efforts prometteurs. Tous les Etats de la région doivent accompagner ce mouvement et contribuer à cet espoir, en pesant en faveur de la modération et de la retenue.
L'arrêt des violences est la priorité immédiate. Mon pays a condamné l'offensive terrestre israélienne contre Gaza comme la poursuite des tirs de roquettes. Nous appelons à la mise en place d'une trêve humanitaire immédiate. Le sort des populations civiles constitue l'urgence absolue.
La France réitère son appel à un arrêt complet et immédiat des tirs de roquettes de même qu'à l'arrêt de toutes les opérations militaires israéliennes.
La France rappelle également la nécessité de mettre en place les conditions et garanties d'un cessez-le-feu durable, dont les principaux éléments sont connus : contrôle de la mise en oeuvre du cessez-le-feu, retour à une situation normale à Gaza ce qui passe par l'ouverture pérenne des points de passage, l'arrêt de la contrebande d'armes, en direction de Gaza. Des mécanismes internationaux de supervision pourraient s'avérer nécessaires. Nous sommes prêts à y contribuer.
Au-delà, l'essentiel reste de revenir aux négociations de paix. Il n'y a pas de solution militaire au conflit israélo-palestinien, ni à Gaza, ni ailleurs. La solution au conflit israélo-palestinien doit se fonder sur le processus défini à Annapolis et sur l'établissement d'un Etat palestinien viable existant aux côtés d'Israël dans la paix et la sécurité.
Il faut travailler, sur la base notamment de l'initiative arabe de paix, pour traiter de manière globale et opérationnelle le conflit israélo-arabe. L'Europe encourage l'indispensable réconciliation inter-palestinienne et soutient les efforts de tous en ce sens.
La France est mobilisée avec tous ses partenaires de la communauté internationale, en particulier de l'Union européenne, pour mettre un terme à cette crise. Mon pays estime que le Conseil de sécurité a un rôle essentiel à jouer : ce rôle doit prendre en compte la réalité de la situation sur le terrain afin de créer effectivement les conditions d'un cessez-le-feu durable. J'écouterai les différentes interventions. Sur cette base, j'espère que nous pourrons engager une action décisive du Conseil soutenant les efforts égyptiens notamment et également ceux du comité de suivi de la Ligue arabe autour des deux grands axes que j'ai esquissés : arrêt immédiat des violences et mise en place des conditions d'un cessez-le-feu durable.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 janvier 2009