Texte intégral
J.-J. Bourdin.- R. Yade est notre invitée ce matin, secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme. R. Yade, bonjour, merci. Vous avez peur en avion, R. Yade ?
Peur en avion ? Non.
Non ! Vous avez vu cet avion qui a amerri au pied des tours de Manhattan ? Etonnant, vous avez vu ?
Oui, et par l'occasion, j'ai appris un nouveau mot, « amerrir » que je ne connaissais pas.
Amerrir, et sur une rivière en plus.
Qui est d'atterrir, effectivement, sur une rivière. C'est assez impressionnant, et j'ai eu le sentiment que les voyageurs ont fait preuve de beaucoup de courage. Et alors le pilote doit être un héros national maintenant.
Héros national, l'avion aussi, l'avion.
Oui, l'avion aussi.
Parce qu'avec un autre avion, peut-être qu'il y aurait eu catastrophe. Bien, R. Yade, parlons d'une autre catastrophe autrement plus grave, vraiment beaucoup plus grave...
Beaucoup plus grave !
...C'est ce qui se passe à Gaza. Je vous pose une question directe : est-ce qu'Israël est en train de commettre un crime contre l'humanité à Gaza ?
Ecoutez, j'ai entendu comme tout le monde parler de cette plainte que certaines associations ont l'intention de déposer auprès de la Cour pénale. Nous, notre priorité c'est l'application de la résolution 1860.
Non, mais d'accord, mais je vous demande est-ce que...
... je vous explique.
Attendez, non, mais moi je vous demande...
... je vous explique.
Louis Michel... Attendez, R. Yade, là, vous êtes obligée de répondre, vous n'allez pas me dire : « nous, notre position »...
... ah bien sûr que si !
Après, vous allez définir votre position.
C'est important.
Louis Michel, pardonnez-moi, commissaire européen au Développement, accuse Israël de ne pas respecter le droit humanitaire international à Gaza en ne protégeant pas suffisamment les populations civiles. Alors, oui ou non est-ce qu'Israël ne respecte pas le droit humanitaire ?
Je vais vous expliquer, Monsieur Bourdin. Je comprends que pour vous, vous ayez besoin de formules rapides ou d'analyses tranchées...
... Ce n'est pas une formule !
Mais nous, Français, je vous explique le contexte...
Oui, allez-y !
Nous sommes partie à la négociation très, très difficile qui a lieu en ce moment au Caire. Le président de la République s'est rendu le 5 et 6 janvier au Proche Orient, a fait une tournée importante dans laquelle il a joué un rôle, entre guillemets, de médiateur, d'où est sorti...
... pour l'instant, sans efficacité, R. Yade.
Je ne suis pas d'accord. C'est utile, ce n'est pas encore décisif mais la démarche est utile.
Enfin, depuis la tournée de N. Sarkozy, il y a un hôpital qui a été bombardé, il y a des dizaines de tonnes d'aide humanitaire qui ont pris feu et il y a une agence de l'ONU qui a été détruite...
Je ne l'ignore pas et nous l'avons fermement...
... et des enfants sont morts.
Je ne l'ignore pas et nous l'avons fermement condamné. Nous avons été l'un des premiers pays à réagir lorsque le 27 décembre, Israël a entamé cette attaque...
Mais vous savez que à force, R. Yade...
... Oui je vous explique où j'en voulais en venir.
Allez, allez-y !
Parce que c'est important, je suis obligée, pardonnez-moi, je ne suis pas journaliste, je suis obligée de faire preuve de responsabilité...
... alors allez-y. Mais oui, mais moi aussi j'essaie de faire preuve de responsabilité.
... puisque nous sommes partie à une négociation difficile. Ce qu'on veut obtenir aujourd'hui, à la suite de la tournée au Proche-Orient du Président, c'est que le plan de paix proposé par N. Sarkozy et par le président égyptien Moubarak, un plan de paix très intéressant, dont le premier point est l'appel, l'obtention, même plus, à un cessez-le-feu immédiat et durable. Pour y arriver, des négociations sont ouvertes en ce moment et ont lieu en ce moment au Caire, avec le Hamas, avec Israël, avec l'Autorité palestinienne, pour arriver à ce que tout ce vous venez de citer, tout ce que nous savons, tout ce dont nous sommes conscients, les bombardements, les violations du droit humanitaire international, s'arrêtent, pour que cesse les souffrances des populations civiles palestiniennes, parce que force est de constater que les premières victimes de l'attaque israélienne, évidemment, ce sont les populations civiles. Et nous condamnons fermement les atteintes aux populations civiles. Nous condamnons les bombardements, notamment celui qui a effectivement eu lieu hier sur plusieurs hôpitaux, et un autre média d'ailleurs abritant des médias internationaux (sic).
On accuse le Hamas de violer le droit humanitaire, à juste raison. Est-ce qu'Israël viole actuellement le droit humanitaire à Gaza ?
Nous avons dit que les parties qui violaient le droit humanitaire devaient cesser de le faire. Nous l'avons toujours dit.
Donc, le Hamas et Israël violent le droit humanitaire, on est bien d'accord, R. Yade ?
Nous disons que les règles du droit humanitaire international ne sont pas respectées lorsque les populations civiles sont touchées par ces attaques militaires, et sont touchées par les tirs de roquettes. Donc, nous l'avons toujours dit. De la même manière, nous avons dit qu'il est temps et plus et que temps de respecter les résolutions adoptées par les Nations unies, et notamment la dernière...
Mais ça fait trente ans qu'on entend dire qu'il faut respecter les résolutions des Nations unies dans cette région du monde, R. Yade. La dernière, la résolution 1860, tout le monde s'en moque.
Oui, mais est-ce une raison pour ne plus rien faire ou ne plus rien dire ?
Non, non.
Nous continuons, là. Le rôle de la diplomatie, le rôle de la politique, c'est d'être volontariste.
Alors, faut-il aller jusqu'à discuter avec l'Iran qui tire les ficelles derrière le Hamas ?
Mais vous pensez qu'on ne parle pas avec l'Iran ? Moi-même, juste avant Noël, je recevais l'un des hauts dignitaires du régime iranien...
... vous lui avez dit ?
... avec qui on discutait, mais de tout. On leur a dit : mais écoutez il y a des canaux de dialogue mis en place avec l'Union européenne, vous les avez interrompus par votre intransigeance ». Donc nous nous sommes toujours disposés à discuter. Ce que nous disons c'est que l'Iran doit renoncer à l'armement nucléaire dans des objectifs militaires.
Est-il vrai que les Israéliens ont voulu bombarder les installations nucléaires iraniennes et que G. Bush a opposé son veto ?
Je ne peux pas vous confirmer ça, je ne le sais pas, je l'ignore.
Vous ne le savez pas !
Non. Mais ce que nous disons simplement, nous nous sommes prêts...
Vous ne le savez pas ou ne voulez pas le dire ? Non, mais, je vous réponds : sincèrement je ne sais pas.
Bon.
Ce que nous voulons nous, c'est que... nous sommes prêts à discuter avec tout le monde mais il y a des conditions à ça. C'est comme la discussion avec le Hamas, on nous dit « vous parlez pas avec le Hamas, comment voulez-vous régler le problème ? ». Mais le Hamas, on est prêts à discuter avec le Hamas, mais à trois conditions, à trois conditions posées par l'Europe, par le Conseil de l'Europe et par le Quartet, en 2003 - le Quartet c'est tous ceux qui sont parties aux discussions pour essayer de trouver une sortie de crise au conflit israélo-palestinien. Trois conditions pour qu'on parle avec le Hamas : premièrement, que le Hamas reconnaisse Israël ; deuxièmement, que le Hamas renonce à la violence ; et troisièmement, que le Hamas reconnaisse tous les accords de paix qui ont été signés jusqu'à présent par l'Autorité palestinienne représentée par son grand rival qui est le Fatah de M. Abbas. C'est ce que nous voulons. Si demain, ces trois conditions sont remplies, nous parlerons avec le Hamas. Et, par ailleurs, le fait de ne pas parler avec le Hamas ne nous empêche pas d'avoir des informations.
Vous pourrez vous asseoir à la même table que le n° 1, le Premier ministre du Hamas, I. Haniyeh ?
Avec qui vous voulez, à partir du moment où les trois conditions sont réunies. Haniyeh a été Premier ministre de M. Abbas. Simplement, il y a eu le coup de force de Gaza qui a lieu en juin 2007 où le Hamas a imposé son autorité par la force sur Gaza, alors que ceux qui devaient être légitimes à le faire, à exercer leur autorité, c'était M. Abbas, c'était le Fatah, c'était l'Autorité palestinienne. Donc, on a assisté à quasiment une guerre civile sur le territoire de Gaza, qui a aussi coûté des vies, et ce qu'on voudrait d'ailleurs parce que c'est là aussi une des clés de la résolution ou de la sortie de crise israélo-palestinienne...
Vous y croyez, là, à la sortie de crise, franchement, R. Yade, dans les jours qui viennent ?
Je termine juste cette phrase et après je vous réponds. Oui, allez !
C'est que le camp intra palestinien ou inter palestinien se réconcilie, c'est-à-dire que aujourd'hui l'un des problèmes...
... parce que la victime c'est aussi l'Autorité palestinienne.
Bien sûr !
Parce qu'Israël a fait du Hamas son interlocuteur, non ?
Israël n'a pas fait du Hamas son interlocuteur. Israël considère qu'il faut éradiquer le terrorisme, et donc s'en prend aux installations. Mais, aujourd'hui, l'enjeu c'est aussi de réconcilier... de réconcilier ou de, oui, de réconcilier les deux partis, Fatah et Hamas.
De rassembler les Palestiniens.
Parce qu'il y a eu, effectivement, la victoire aux élections législatives du Hamas lorsque les élections ont été organisées, mais simplement après le coup de force sur Gaza, M. Abbas a dû changer le Premier ministre venant du Hamas qui était I. Haniyeh et le remplacer par l'actuel Premier ministre S. Fayyad. Et donc, aujourd'hui, l'un des objectifs du plan de paix proposé par N. Sarkozy et par Moubarak...
Alors, nouvelle initiative, là ? Vous présidez le Conseil de sécurité de l'ONU, la France préside le Conseil de sécurité de l'ONU.
Oui.
Nouvelle initiative, là, dans les heures qui viennent ?
Ce qu'on espère c'est que nous sommes dans le dernier quart d'heure et qu'un accord pour le cessez-le-feu...
N. Sarkozy va retourner là-bas ?
Je termine, juste... Et qu'un accord pour le cessez-le-feu va se faire dans les prochains... prochainement, c'est ce qu'on espère, parce qu'il y a des discussions en ce moment au Caire.
Est-ce que N. Sarkozy va retourner sur place ?
Pour l'instant, je ne sais pas encore. Je crois que tout est suspendu...
Il l'a envisagé ?
On est en pleines négociations, on attend de voir ce qui va se passer et c'est une question de jours. Et donc on attend quelle est l'issue, est-ce que des discussions actuellement au Caire où participe le Hamas, où participe l'Autorité palestinienne, où participe Israël, est-ce qu'on va parvenir à obtenir un cessez-le-feu ? C'est ça notre objectif.
Son avion est prêt à décoller à tout moment, et N. Sarkozy irait...
Le Président est disponible.
... irait, irait, dit-on, ce week-end, au Caire, peut-être, pour faire avancer les négociations ?
Je ne peux pas vous le confirmer parce que je l'ignore pour l'instant.
Mais vous ne l'infirmez pas !
Vous savez, ces affaires-là évoluent très vite en fonction de la situation sur le terrain.
Oui, mais bien sûr.
Donc, on ne peut rien affirmer avec certitude.
Bien, R. Yade est notre invitée ce matin. On va parler des prisons en France parce qu'il y a peut-être atteinte- il y a sûrement atteinte - aux Droits de l'Homme dans les prisons françaises, c'est certain. On va parler des homosexuels aussi au Sénégal, et en France aussi. Et on va parler de l'adoption parce que ça vous tien à coeur. Vous êtes sur RMC, bien sûr, et sur BFM TV. A tout de suite.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 16 janvier 2009
Peur en avion ? Non.
Non ! Vous avez vu cet avion qui a amerri au pied des tours de Manhattan ? Etonnant, vous avez vu ?
Oui, et par l'occasion, j'ai appris un nouveau mot, « amerrir » que je ne connaissais pas.
Amerrir, et sur une rivière en plus.
Qui est d'atterrir, effectivement, sur une rivière. C'est assez impressionnant, et j'ai eu le sentiment que les voyageurs ont fait preuve de beaucoup de courage. Et alors le pilote doit être un héros national maintenant.
Héros national, l'avion aussi, l'avion.
Oui, l'avion aussi.
Parce qu'avec un autre avion, peut-être qu'il y aurait eu catastrophe. Bien, R. Yade, parlons d'une autre catastrophe autrement plus grave, vraiment beaucoup plus grave...
Beaucoup plus grave !
...C'est ce qui se passe à Gaza. Je vous pose une question directe : est-ce qu'Israël est en train de commettre un crime contre l'humanité à Gaza ?
Ecoutez, j'ai entendu comme tout le monde parler de cette plainte que certaines associations ont l'intention de déposer auprès de la Cour pénale. Nous, notre priorité c'est l'application de la résolution 1860.
Non, mais d'accord, mais je vous demande est-ce que...
... je vous explique.
Attendez, non, mais moi je vous demande...
... je vous explique.
Louis Michel... Attendez, R. Yade, là, vous êtes obligée de répondre, vous n'allez pas me dire : « nous, notre position »...
... ah bien sûr que si !
Après, vous allez définir votre position.
C'est important.
Louis Michel, pardonnez-moi, commissaire européen au Développement, accuse Israël de ne pas respecter le droit humanitaire international à Gaza en ne protégeant pas suffisamment les populations civiles. Alors, oui ou non est-ce qu'Israël ne respecte pas le droit humanitaire ?
Je vais vous expliquer, Monsieur Bourdin. Je comprends que pour vous, vous ayez besoin de formules rapides ou d'analyses tranchées...
... Ce n'est pas une formule !
Mais nous, Français, je vous explique le contexte...
Oui, allez-y !
Nous sommes partie à la négociation très, très difficile qui a lieu en ce moment au Caire. Le président de la République s'est rendu le 5 et 6 janvier au Proche Orient, a fait une tournée importante dans laquelle il a joué un rôle, entre guillemets, de médiateur, d'où est sorti...
... pour l'instant, sans efficacité, R. Yade.
Je ne suis pas d'accord. C'est utile, ce n'est pas encore décisif mais la démarche est utile.
Enfin, depuis la tournée de N. Sarkozy, il y a un hôpital qui a été bombardé, il y a des dizaines de tonnes d'aide humanitaire qui ont pris feu et il y a une agence de l'ONU qui a été détruite...
Je ne l'ignore pas et nous l'avons fermement...
... et des enfants sont morts.
Je ne l'ignore pas et nous l'avons fermement condamné. Nous avons été l'un des premiers pays à réagir lorsque le 27 décembre, Israël a entamé cette attaque...
Mais vous savez que à force, R. Yade...
... Oui je vous explique où j'en voulais en venir.
Allez, allez-y !
Parce que c'est important, je suis obligée, pardonnez-moi, je ne suis pas journaliste, je suis obligée de faire preuve de responsabilité...
... alors allez-y. Mais oui, mais moi aussi j'essaie de faire preuve de responsabilité.
... puisque nous sommes partie à une négociation difficile. Ce qu'on veut obtenir aujourd'hui, à la suite de la tournée au Proche-Orient du Président, c'est que le plan de paix proposé par N. Sarkozy et par le président égyptien Moubarak, un plan de paix très intéressant, dont le premier point est l'appel, l'obtention, même plus, à un cessez-le-feu immédiat et durable. Pour y arriver, des négociations sont ouvertes en ce moment et ont lieu en ce moment au Caire, avec le Hamas, avec Israël, avec l'Autorité palestinienne, pour arriver à ce que tout ce vous venez de citer, tout ce que nous savons, tout ce dont nous sommes conscients, les bombardements, les violations du droit humanitaire international, s'arrêtent, pour que cesse les souffrances des populations civiles palestiniennes, parce que force est de constater que les premières victimes de l'attaque israélienne, évidemment, ce sont les populations civiles. Et nous condamnons fermement les atteintes aux populations civiles. Nous condamnons les bombardements, notamment celui qui a effectivement eu lieu hier sur plusieurs hôpitaux, et un autre média d'ailleurs abritant des médias internationaux (sic).
On accuse le Hamas de violer le droit humanitaire, à juste raison. Est-ce qu'Israël viole actuellement le droit humanitaire à Gaza ?
Nous avons dit que les parties qui violaient le droit humanitaire devaient cesser de le faire. Nous l'avons toujours dit.
Donc, le Hamas et Israël violent le droit humanitaire, on est bien d'accord, R. Yade ?
Nous disons que les règles du droit humanitaire international ne sont pas respectées lorsque les populations civiles sont touchées par ces attaques militaires, et sont touchées par les tirs de roquettes. Donc, nous l'avons toujours dit. De la même manière, nous avons dit qu'il est temps et plus et que temps de respecter les résolutions adoptées par les Nations unies, et notamment la dernière...
Mais ça fait trente ans qu'on entend dire qu'il faut respecter les résolutions des Nations unies dans cette région du monde, R. Yade. La dernière, la résolution 1860, tout le monde s'en moque.
Oui, mais est-ce une raison pour ne plus rien faire ou ne plus rien dire ?
Non, non.
Nous continuons, là. Le rôle de la diplomatie, le rôle de la politique, c'est d'être volontariste.
Alors, faut-il aller jusqu'à discuter avec l'Iran qui tire les ficelles derrière le Hamas ?
Mais vous pensez qu'on ne parle pas avec l'Iran ? Moi-même, juste avant Noël, je recevais l'un des hauts dignitaires du régime iranien...
... vous lui avez dit ?
... avec qui on discutait, mais de tout. On leur a dit : mais écoutez il y a des canaux de dialogue mis en place avec l'Union européenne, vous les avez interrompus par votre intransigeance ». Donc nous nous sommes toujours disposés à discuter. Ce que nous disons c'est que l'Iran doit renoncer à l'armement nucléaire dans des objectifs militaires.
Est-il vrai que les Israéliens ont voulu bombarder les installations nucléaires iraniennes et que G. Bush a opposé son veto ?
Je ne peux pas vous confirmer ça, je ne le sais pas, je l'ignore.
Vous ne le savez pas !
Non. Mais ce que nous disons simplement, nous nous sommes prêts...
Vous ne le savez pas ou ne voulez pas le dire ? Non, mais, je vous réponds : sincèrement je ne sais pas.
Bon.
Ce que nous voulons nous, c'est que... nous sommes prêts à discuter avec tout le monde mais il y a des conditions à ça. C'est comme la discussion avec le Hamas, on nous dit « vous parlez pas avec le Hamas, comment voulez-vous régler le problème ? ». Mais le Hamas, on est prêts à discuter avec le Hamas, mais à trois conditions, à trois conditions posées par l'Europe, par le Conseil de l'Europe et par le Quartet, en 2003 - le Quartet c'est tous ceux qui sont parties aux discussions pour essayer de trouver une sortie de crise au conflit israélo-palestinien. Trois conditions pour qu'on parle avec le Hamas : premièrement, que le Hamas reconnaisse Israël ; deuxièmement, que le Hamas renonce à la violence ; et troisièmement, que le Hamas reconnaisse tous les accords de paix qui ont été signés jusqu'à présent par l'Autorité palestinienne représentée par son grand rival qui est le Fatah de M. Abbas. C'est ce que nous voulons. Si demain, ces trois conditions sont remplies, nous parlerons avec le Hamas. Et, par ailleurs, le fait de ne pas parler avec le Hamas ne nous empêche pas d'avoir des informations.
Vous pourrez vous asseoir à la même table que le n° 1, le Premier ministre du Hamas, I. Haniyeh ?
Avec qui vous voulez, à partir du moment où les trois conditions sont réunies. Haniyeh a été Premier ministre de M. Abbas. Simplement, il y a eu le coup de force de Gaza qui a lieu en juin 2007 où le Hamas a imposé son autorité par la force sur Gaza, alors que ceux qui devaient être légitimes à le faire, à exercer leur autorité, c'était M. Abbas, c'était le Fatah, c'était l'Autorité palestinienne. Donc, on a assisté à quasiment une guerre civile sur le territoire de Gaza, qui a aussi coûté des vies, et ce qu'on voudrait d'ailleurs parce que c'est là aussi une des clés de la résolution ou de la sortie de crise israélo-palestinienne...
Vous y croyez, là, à la sortie de crise, franchement, R. Yade, dans les jours qui viennent ?
Je termine juste cette phrase et après je vous réponds. Oui, allez !
C'est que le camp intra palestinien ou inter palestinien se réconcilie, c'est-à-dire que aujourd'hui l'un des problèmes...
... parce que la victime c'est aussi l'Autorité palestinienne.
Bien sûr !
Parce qu'Israël a fait du Hamas son interlocuteur, non ?
Israël n'a pas fait du Hamas son interlocuteur. Israël considère qu'il faut éradiquer le terrorisme, et donc s'en prend aux installations. Mais, aujourd'hui, l'enjeu c'est aussi de réconcilier... de réconcilier ou de, oui, de réconcilier les deux partis, Fatah et Hamas.
De rassembler les Palestiniens.
Parce qu'il y a eu, effectivement, la victoire aux élections législatives du Hamas lorsque les élections ont été organisées, mais simplement après le coup de force sur Gaza, M. Abbas a dû changer le Premier ministre venant du Hamas qui était I. Haniyeh et le remplacer par l'actuel Premier ministre S. Fayyad. Et donc, aujourd'hui, l'un des objectifs du plan de paix proposé par N. Sarkozy et par Moubarak...
Alors, nouvelle initiative, là ? Vous présidez le Conseil de sécurité de l'ONU, la France préside le Conseil de sécurité de l'ONU.
Oui.
Nouvelle initiative, là, dans les heures qui viennent ?
Ce qu'on espère c'est que nous sommes dans le dernier quart d'heure et qu'un accord pour le cessez-le-feu...
N. Sarkozy va retourner là-bas ?
Je termine, juste... Et qu'un accord pour le cessez-le-feu va se faire dans les prochains... prochainement, c'est ce qu'on espère, parce qu'il y a des discussions en ce moment au Caire.
Est-ce que N. Sarkozy va retourner sur place ?
Pour l'instant, je ne sais pas encore. Je crois que tout est suspendu...
Il l'a envisagé ?
On est en pleines négociations, on attend de voir ce qui va se passer et c'est une question de jours. Et donc on attend quelle est l'issue, est-ce que des discussions actuellement au Caire où participe le Hamas, où participe l'Autorité palestinienne, où participe Israël, est-ce qu'on va parvenir à obtenir un cessez-le-feu ? C'est ça notre objectif.
Son avion est prêt à décoller à tout moment, et N. Sarkozy irait...
Le Président est disponible.
... irait, irait, dit-on, ce week-end, au Caire, peut-être, pour faire avancer les négociations ?
Je ne peux pas vous le confirmer parce que je l'ignore pour l'instant.
Mais vous ne l'infirmez pas !
Vous savez, ces affaires-là évoluent très vite en fonction de la situation sur le terrain.
Oui, mais bien sûr.
Donc, on ne peut rien affirmer avec certitude.
Bien, R. Yade est notre invitée ce matin. On va parler des prisons en France parce qu'il y a peut-être atteinte- il y a sûrement atteinte - aux Droits de l'Homme dans les prisons françaises, c'est certain. On va parler des homosexuels aussi au Sénégal, et en France aussi. Et on va parler de l'adoption parce que ça vous tien à coeur. Vous êtes sur RMC, bien sûr, et sur BFM TV. A tout de suite.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 16 janvier 2009