Texte intégral
Il y a 40 ans, le monde recevait le plus bouleversant témoignage de la résistance à l'écrasement du "Printemps de Prague" : un étudiant tchèque s'était immolé par le feu. En un instant, Jan Palach était devenu le visage de l'Europe humiliée, asservie, mais décidée à défendre sa dignité. Il était devenu le symbole de la révolte de la conscience individuelle contre le totalitarisme. Le geste de Jan Palach s'adressait à l'occupant. Il s'adressait à ses concitoyens dont il exprimait la souffrance. Il s'adressait aussi au monde libre.
La France, tout particulièrement, se souvient de ces centaines de milliers de personnes accompagnant la dépouille du jeune homme dans les rues de Prague. Elle se rappelle comment, en cet instant, le temps de la prétendue "normalisation" sembla suspendu. Nous savons que le régime était encore trop fort pour s'écrouler. Mais, nous le savons aussi, pendant les vingt longues années au cours desquelles ce pouvoir illégitime prolongea son existence, le sacrifice de Palach prit tout son sens. Sans être jamais présenté comme un modèle à imiter, il influença les dissidents qui, huit ans plus tard, se levèrent contre le régime. Je pense à leur conception exigeante du sacrifice, ou encore à l'importance primordiale qu'ils accordaient à l'exercice d'une pensée libre, capable de chercher la vérité à l'abri du mensonge idéologique.
Bien sûr, il fallut attendre 1989 pour que le sacrifice de Palach retentisse d'une force nouvelle. La France se souvient de cette "semaine Palach" au cours de laquelle, chaque jour, sur la place Venceslas, un hommage lui fut rendu à l'occasion du vingtième anniversaire de sa disparition. Elle se souvient du courage exemplaire et de la force de parole de Vaclav Havel et de la répression qui s'abattit alors sur les manifestants. Elle sait que ce mouvement constitua le prélude aux grandes manifestations de novembre 1989 et à la Révolution de Velours.
Coïncidence symbolique, l'année même où l'on célèbre le 20ème anniversaire de la chute du rideau de fer, la République tchèque succède à la France à la Présidence de l'Union européenne. La Présidence tchèque de l'Union doit être l'occasion pour tous les Européens de prendre conscience de la portée historique de cet événement et de rendre hommage aux immenses sacrifices consentis durant cette période par les peuples sous domination soviétique pour préserver et défendre les plus hautes valeurs européennes, les droits de l'Homme, la liberté, la démocratie et ouvrir, à force de courage et de persévérance, la voie à la réunification de notre continent. Elle nous rappelle surtout qu'il ne saurait y avoir aujourd'hui de projet européen qui ne soit fondé avant tout sur des valeurs.
La République tchèque, du fait de son expérience historique exceptionnelle, a une conscience aiguë de ce devoir. Confrontée aux grandes tragédies du XXème siècle européen, elle éprouve une solidarité immédiate vis-à-vis des hommes et des femmes qui luttent pour leurs libertés politiques. Cette sensibilité particulière, la République tchèque l'apporte aujourd'hui à l'Union européenne.
La France, qui a établi un lien privilégié avec la République tchèque à la faveur de la succession de nos présidences de l'Union européenne, en a pleinement conscience. Le président de République, M. Nicolas Sarkozy a ainsi conclu en juin 2008 avec le Premier ministre, M. Mirek Topolanek, un partenariat stratégique entre nos deux pays.
J'aurai aujourd'hui l'honneur d'inaugurer à Melnik avec le président Vaclav Klaus une statue venue de France pour honorer la mémoire de Jan Palach. Elle est l'oeuvre d'András Beck, un artiste français d'origine hongroise qui a lui-même connu les tragédies de l'Europe centrale du XXème siècle. Bouleversé par le geste de Jan Palach, il réalisa une sculpture qui trouve aujourd'hui la place qui lui revient en Bohème, grâce à l'action et à la générosité de nombreux amis tchèques et français.
Le geste de Jan Palach appartient désormais à notre mémoire commune. Puisse l'Europe toute entière se souvenir de son combat pour la liberté.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 janvier 2009
La France, tout particulièrement, se souvient de ces centaines de milliers de personnes accompagnant la dépouille du jeune homme dans les rues de Prague. Elle se rappelle comment, en cet instant, le temps de la prétendue "normalisation" sembla suspendu. Nous savons que le régime était encore trop fort pour s'écrouler. Mais, nous le savons aussi, pendant les vingt longues années au cours desquelles ce pouvoir illégitime prolongea son existence, le sacrifice de Palach prit tout son sens. Sans être jamais présenté comme un modèle à imiter, il influença les dissidents qui, huit ans plus tard, se levèrent contre le régime. Je pense à leur conception exigeante du sacrifice, ou encore à l'importance primordiale qu'ils accordaient à l'exercice d'une pensée libre, capable de chercher la vérité à l'abri du mensonge idéologique.
Bien sûr, il fallut attendre 1989 pour que le sacrifice de Palach retentisse d'une force nouvelle. La France se souvient de cette "semaine Palach" au cours de laquelle, chaque jour, sur la place Venceslas, un hommage lui fut rendu à l'occasion du vingtième anniversaire de sa disparition. Elle se souvient du courage exemplaire et de la force de parole de Vaclav Havel et de la répression qui s'abattit alors sur les manifestants. Elle sait que ce mouvement constitua le prélude aux grandes manifestations de novembre 1989 et à la Révolution de Velours.
Coïncidence symbolique, l'année même où l'on célèbre le 20ème anniversaire de la chute du rideau de fer, la République tchèque succède à la France à la Présidence de l'Union européenne. La Présidence tchèque de l'Union doit être l'occasion pour tous les Européens de prendre conscience de la portée historique de cet événement et de rendre hommage aux immenses sacrifices consentis durant cette période par les peuples sous domination soviétique pour préserver et défendre les plus hautes valeurs européennes, les droits de l'Homme, la liberté, la démocratie et ouvrir, à force de courage et de persévérance, la voie à la réunification de notre continent. Elle nous rappelle surtout qu'il ne saurait y avoir aujourd'hui de projet européen qui ne soit fondé avant tout sur des valeurs.
La République tchèque, du fait de son expérience historique exceptionnelle, a une conscience aiguë de ce devoir. Confrontée aux grandes tragédies du XXème siècle européen, elle éprouve une solidarité immédiate vis-à-vis des hommes et des femmes qui luttent pour leurs libertés politiques. Cette sensibilité particulière, la République tchèque l'apporte aujourd'hui à l'Union européenne.
La France, qui a établi un lien privilégié avec la République tchèque à la faveur de la succession de nos présidences de l'Union européenne, en a pleinement conscience. Le président de République, M. Nicolas Sarkozy a ainsi conclu en juin 2008 avec le Premier ministre, M. Mirek Topolanek, un partenariat stratégique entre nos deux pays.
J'aurai aujourd'hui l'honneur d'inaugurer à Melnik avec le président Vaclav Klaus une statue venue de France pour honorer la mémoire de Jan Palach. Elle est l'oeuvre d'András Beck, un artiste français d'origine hongroise qui a lui-même connu les tragédies de l'Europe centrale du XXème siècle. Bouleversé par le geste de Jan Palach, il réalisa une sculpture qui trouve aujourd'hui la place qui lui revient en Bohème, grâce à l'action et à la générosité de nombreux amis tchèques et français.
Le geste de Jan Palach appartient désormais à notre mémoire commune. Puisse l'Europe toute entière se souvenir de son combat pour la liberté.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 janvier 2009