Texte intégral
P. Cohen.- Une polémique a éclaté après la mort d'un enfant de trois ans à la veille de Noël, à l'hôpital Saint-Vincent de Paul à Paris, après une erreur de médicament. Pensez-vous, comme l'ont dit certains syndicats, que la question des moyens alloués à l'hôpital public ait quelque chose à voir avec la mort de ce petit garçon ?
C'est d'abord dramatique pour la famille, il faut bien le comprendre mais les problèmes de moyens à l'hôpital public il y a un moment qu'on l'explique, il y a un moment qu'on dénonce qu'il y a un vrai problème de moyens ; ça a été y compris aggravé par les conditions de mise en place des 35 heures à l'hôpital public, on l'avait dit à l'époque. Il n'y a pas eu les recrutements suffisants. Et, pour avoir visité beaucoup d'hôpitaux publics ces derniers mois, j'ai été frappé, moi, par... quand les soignants venaient me voir, c'était les problèmes de souffrance au travail, les problèmes de conditions de travail avant de parler de salaire, ce qui est quand même un peu atypique aujourd'hui. Je ne connais pas le détail de ce dossier, bien entendu, mais les problèmes de moyens à l'hôpital public, c'est vrai dans cette affaire comme c'est vrai dans ce qu'on entend actuellement sur la psychiatrie, il y a un vrai problème et la loi en préparation n'y répond pas, c'est clair.
Le service pédiatrique de l'hôpital comptait au moment du drame huit agents pour onze patients. Est-ce qu'on peut vraiment parler de problème de moyens ?
Il y a un problème global de moyens. Dans le service, je ne connais pas, je ne peux pas vous dire mais il y a un problème global de moyens à tel point que parfois les personnels ont du mal à prendre leurs congés, parce qu'ils ne peuvent pas être remplacés, pour certains quand ils prennent des congés. Quand ils prennent des congés et qu'ils ne peuvent pas être remplacés, cela veut dire quoi ? Cela veut dire des fermetures temporaires de lits. Il y a des problèmes vraiment réels d'organisation dans les hôpitaux publics. On veut comparer avec les nouveaux tarifs depuis quelques années la tarification dans le public et la tarification dans le privé, on veut fusionner des hôpitaux publics avec des entreprises privées, alors qu'il y a d'autres choix qui sont nécessaires dans l'hôpital public. Cela fait plus d'un an que nous alertons les pouvoirs publics y compris le président de la République sur le côté qui peut être dramatique de la situation dans les hôpitaux publics.
Est-ce qu'il y a un problème à l'hôpital ? Est-ce que c'était le bon moment pour le dénoncer ce drame du petit Ilyès ?
Moi je dénonce les problèmes à l'hôpital depuis plus d'un an. Cela fait plus d'un an que j'ai expliqué aux ministres, j'ai expliqué aux responsables du Gouvernement : attention, on va avoir des pépins. Quand vous avez un hôpital général qui ferme, par exemple dans une petite ville, quand il y a un problème, qu'est-ce qui se passe ? On appelle le SMUR ou le SAMU qui est parfois à 40 kilomètres, qui est hyper booké, qui ne peut pas toujours répondre. Les médecins libéraux ne veulent plus s'installer dans la ville, parce qu'il n'y a plus d'urgences. Tous ces problèmes cela fait plus d'un an qu'on les dénonce. Donc, il y a une lente dégradation des conditions globales, et il faut effectivement des moyens, une organisation qui peut être différente mais des moyens importants dans les hôpitaux publics, ce qui n'est pas le cas.
Autre sujet : FO va-t-elle signer la nouvelle convention sur l'assurance chômage qui a été proposée par le patronat, juste à la veille de Noël, après de longues heures de négociations ?
Nous déciderons de cela début janvier Ce n'est pas le secrétaire général de la Confédération qui décide tout seul, il y a des instances. Les instances vont se réunir, on fera une réunion du bureau confédéral début janvier.
Non mais votre sentiment ?
Mais écoutez, il y a un aspect positif dans ce dossier : c'est que plus de précaires vont rentrer dans l'indemnisation même si c'est quand même limité, parce que c'est quatre mois. Mais la deuxième fois qu'ils viendront au chômage, il faudra qu'ils aient six mois de cotisation. Par contre, il y a des aspects négatifs. Il y a des aspects négatifs importants, tels par exemple que de prévoir dès aujourd'hui une baisse des cotisations. C'est un peu quand même surréaliste dans la situation que l'on connaît : il y a un incendie sur le terrain de l'emploi et on est en train de réduire l'eau qui va arriver pour éteindre le feu.
Baisse des cotisations à partir de juillet...
Normalement, de juillet.
A parité pour les employeurs et pour les salariés ?
Oui mais attendez ! Malheureusement, il y a une augmentation du chômage. Malheureusement, je crains que cette augmentation va encore s'accroître.
Pour l'instant, le régime est excédentaire.
Pour l'instant, le régime est excédentaire mais il aurait été peut-être plus intelligent de consacrer les excédents à une amélioration de l'indemnisation, et à une amélioration encore plus grande de la couverture, plutôt que de dire : on va vraisemblablement baisser les cotisations, ce qui est une logique révélatrice de tout ce qui est en cause depuis des années, et qui a conduit notamment à la situation de crise que l'on connaît. Ce n'est pas en abaissant le coût du travail pour les entreprises que l'on va améliorer la situation de l'emploi. Ce n'est pas le coût du travail qui est à l'origine de la crise. Donc, il y a aussi des populations qui aujourd'hui, avec seize mois de cotisations, peuvent avoir vingt-trois mois d'indemnisations qui demain risquent de ne plus les avoir. Donc, il y a pas mal d'aspects négatifs. Nous ferons le point début janvier pour savoir si l'on signe ou pas, mais je sais bien, il y a quelques points positifs, il y a beaucoup de points négatifs.
On rappelle le principe : il faut avoir travaillé quatre mois au lieu de six mois aujourd'hui pour être indemnisé sur les vingt-huit derniers mois, et suivant le principe : un jour cotisé égale un jour travaillé ?
Faire une simplification du système ce n'est pas idiot, sauf que cela dépend où vous mettez les critères. On aurait pu les mettre plus haut, sauf que, vous avez raison, c'est quatre mois, sauf que la deuxième fois où vous serez au chômage, ce ne sera plus quatre mois, ce sera six mois.
La CFDT ne signera pas seule, elle l'a dit, et si aucun syndicat ne signe, c'est l'Etat qui reprendra le bébé. Pouvez-vous imaginer un désengagement des syndicats et des partenaires sociaux du régime paritaire de l'assurance chômage ?
Attendez ! Ce ne serait pas la première fois. En 84, il y avait eu un problème de ce type. Ce ne serait pas la première fois que l'Etat soit amené à prendre des décisions. Je rappelle aussi que le régime paritaire d'assurance chômage en a pris un sacré coup dans la figure, depuis quelques mois, avec Pôle Emploi, c'est-à-dire la fusion des Assedic et l'ANPE, c'est déjà l'Etat qui dirige en grande partie. Alors, il ne faut pas faire les hypocrites non plus. L'Etat a déjà les manettes et une fusion qui se passe très mal, y compris avec les personnels. Je rappelle d'ailleurs que les personnels de Pôle Emploi des Assedic et de l'ANPE seront en grève le 5 janvier.
Il va manquer encore des trains régionaux aujourd'hui. Les grèves se prolongent à la SNCF depuis deux à trois semaines, dans certains dépôts, à cause de changements d'horaires. Un porte-parole de la compagnie disait la semaine dernière que certains préavis n'avaient d'autre motif que de permettre à certains conducteurs, qui étaient prévus au tableau de service, de s'absenter pendant les fêtes. Pourquoi ces grèves à répétition, ces grèves qui se prolongent dans le trafic régional de la SNCF ?
Il faut bien comprendre aussi qu'il y a eu... FO avait déposé un préavis sur la région Paris-Nord...
Oui, FO est associée aussi à certaines grèves, à Marseille...
Oui tout à fait. Mais par exemple, sur la région Paris-Nord en question, dix-sept jours avant, le préavis est déposé - ce sont les nouvelles règles maintenant - et la direction s'est réveillée pour discuter la veille, quand ils se sont aperçus que, comme 48 heures avant, maintenant il faut donner les résultats sur qui va faire grève ou pas faire grève, ils se sont aperçus qu'il va y avoir du monde, alors ils ont commencé à discuter deux jours avant. S'il y avait un meilleur dialogue social à la SNCF, je crois qu'on n'en serait pas là.
Vous pensez vraiment Il n'y aurait pas deux à trois semaines de conflit ? Vous pouvez nous expliquer pourquoi ça dure autant ?
Parce qu'ils n'arrivent pas à trouver la solution.
La solution à quoi ?
La solution aux problèmes posés. Il y a des problèmes d'effectifs, il y a des problèmes de changements d'horaires.
Cela mérite trois semaines de grève ?
Ce n'est pas que cela mérite trois semaines de grève. Si vous n'avez pas de résultats quand vous déposez un préavis - maintenant, compte tenu du service minimum, il faut le déposer à peu près dix-sept jours avant - cela veut dire que vous avez dix-sept jours pour négocier, et vous trouvez normal, vous, que deux jours avant, la direction appelle en disant "Ah ! Il a y avoir grève !". Cela veut dire qu'elle n'a pas voulu discuter avant. Donc, il y a un problème de dialogue social réel à la SNCF. C'est cela que ça veut dire.
Et ce ne sont pas des grèves de confort, comme le suggère la direction de la SNCF ?
Je crois que c'est un argument un peu facile.
Il y aura une journée de grève et de manifestation le...
... le 29 janvier.
Le 29 janvier, dans toute la France, à l'appel de tous les syndicats. Ce sera le premier grand rendez-vous social de l'année. Vous en espérez quoi de cette journée ?
En ce qui nous concerne, nous appelons d'ailleurs non seulement à des manifs mais à la grève, nous appelons les salariés du public et du privé à faire grève. L'idéal ce serait qu'on arrive à bloquer le pays pendant une journée, et que le Gouvernement tienne compte de ce que l'on dit.
Bloquer le pays !?
Quand je dis "bloquer le pays", oui. Cela veut dire qu'on se... Une grève, ça se voit, tiens ! Ce serait bien que le président de la République se rende compte qu'une grève ça se voit. Et qu'il tienne compte des revendications. Parce que cela fait plusieurs semaines qu'on explique, par exemple avec la crise, qu'il faut un vrai plan de relance, qu'il ne soit pas uniquement sur l'investissement, qu'il soit sur la consommation. Quand on ne bouge pas, ils ne comprennent que le rapport de force. Ce n'est pas de notre faute.
Donc, je répète, vous en attendez quoi ?
Que le Gouvernement bouge et qu'il fasse effectivement un vrai plan de relance. On a émis toute une série de revendications en matière salariale, en matière de consommation. Eh bien, qu'ils répondent à ces revendications. Pour le moment, il n'y a rien.
Et pour le moment, vous pensez que le climat de ce début d'année, il sera à l'unisson de cette grève ?
Moi, je pense que oui, effectivement. Vous avez, quand l'ensemble des syndicats appelle à une journée, elle va être réussie cette journée, c'est évident. Maintenant, il va falloir voir comment le Gouvernement va réagir derrière. Est-ce qu'il va continuer dans une frénésie de réformes un peu dans n'importe quel sens, et on voit avec des effets négatifs, comme à l'hôpital ou ailleurs, ou est-ce qu'il va prendre le taureau par les cornes et répondre effectivement aux vrais problèmes ? Est-ce que le président de la République va continuer à avoir un double discours : anti-libéral au niveau international et très libéral au niveau français ? Est-ce qu'il va y avoir un peu de cohérence ? Est-ce qu'on va répondre aux aspirations de l'ensemble des salariés, qui sont à la fois... Le problème du pouvoir d'achat est réel, on le voit ces derniers temps. L'inquiétude sur l'emploi, ça va augmenter le chômage, malheureusement, et on voit très bien qu'il y a des plans sociaux en préparation. Et puis aussi un argument, je l'ai dit y compris au président de la République, un argument qui ne passe plus : on ne peut plus dire : "il n'y a plus de sous dans les caisses". Après ce qui a été fait pour les banques, ce qui est fait pour l'investissement, les gens se disent qu'il y a des moyens de relancer la consommation, encore faut-il que le Gouvernement les accepte.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 janvier 2009
C'est d'abord dramatique pour la famille, il faut bien le comprendre mais les problèmes de moyens à l'hôpital public il y a un moment qu'on l'explique, il y a un moment qu'on dénonce qu'il y a un vrai problème de moyens ; ça a été y compris aggravé par les conditions de mise en place des 35 heures à l'hôpital public, on l'avait dit à l'époque. Il n'y a pas eu les recrutements suffisants. Et, pour avoir visité beaucoup d'hôpitaux publics ces derniers mois, j'ai été frappé, moi, par... quand les soignants venaient me voir, c'était les problèmes de souffrance au travail, les problèmes de conditions de travail avant de parler de salaire, ce qui est quand même un peu atypique aujourd'hui. Je ne connais pas le détail de ce dossier, bien entendu, mais les problèmes de moyens à l'hôpital public, c'est vrai dans cette affaire comme c'est vrai dans ce qu'on entend actuellement sur la psychiatrie, il y a un vrai problème et la loi en préparation n'y répond pas, c'est clair.
Le service pédiatrique de l'hôpital comptait au moment du drame huit agents pour onze patients. Est-ce qu'on peut vraiment parler de problème de moyens ?
Il y a un problème global de moyens. Dans le service, je ne connais pas, je ne peux pas vous dire mais il y a un problème global de moyens à tel point que parfois les personnels ont du mal à prendre leurs congés, parce qu'ils ne peuvent pas être remplacés, pour certains quand ils prennent des congés. Quand ils prennent des congés et qu'ils ne peuvent pas être remplacés, cela veut dire quoi ? Cela veut dire des fermetures temporaires de lits. Il y a des problèmes vraiment réels d'organisation dans les hôpitaux publics. On veut comparer avec les nouveaux tarifs depuis quelques années la tarification dans le public et la tarification dans le privé, on veut fusionner des hôpitaux publics avec des entreprises privées, alors qu'il y a d'autres choix qui sont nécessaires dans l'hôpital public. Cela fait plus d'un an que nous alertons les pouvoirs publics y compris le président de la République sur le côté qui peut être dramatique de la situation dans les hôpitaux publics.
Est-ce qu'il y a un problème à l'hôpital ? Est-ce que c'était le bon moment pour le dénoncer ce drame du petit Ilyès ?
Moi je dénonce les problèmes à l'hôpital depuis plus d'un an. Cela fait plus d'un an que j'ai expliqué aux ministres, j'ai expliqué aux responsables du Gouvernement : attention, on va avoir des pépins. Quand vous avez un hôpital général qui ferme, par exemple dans une petite ville, quand il y a un problème, qu'est-ce qui se passe ? On appelle le SMUR ou le SAMU qui est parfois à 40 kilomètres, qui est hyper booké, qui ne peut pas toujours répondre. Les médecins libéraux ne veulent plus s'installer dans la ville, parce qu'il n'y a plus d'urgences. Tous ces problèmes cela fait plus d'un an qu'on les dénonce. Donc, il y a une lente dégradation des conditions globales, et il faut effectivement des moyens, une organisation qui peut être différente mais des moyens importants dans les hôpitaux publics, ce qui n'est pas le cas.
Autre sujet : FO va-t-elle signer la nouvelle convention sur l'assurance chômage qui a été proposée par le patronat, juste à la veille de Noël, après de longues heures de négociations ?
Nous déciderons de cela début janvier Ce n'est pas le secrétaire général de la Confédération qui décide tout seul, il y a des instances. Les instances vont se réunir, on fera une réunion du bureau confédéral début janvier.
Non mais votre sentiment ?
Mais écoutez, il y a un aspect positif dans ce dossier : c'est que plus de précaires vont rentrer dans l'indemnisation même si c'est quand même limité, parce que c'est quatre mois. Mais la deuxième fois qu'ils viendront au chômage, il faudra qu'ils aient six mois de cotisation. Par contre, il y a des aspects négatifs. Il y a des aspects négatifs importants, tels par exemple que de prévoir dès aujourd'hui une baisse des cotisations. C'est un peu quand même surréaliste dans la situation que l'on connaît : il y a un incendie sur le terrain de l'emploi et on est en train de réduire l'eau qui va arriver pour éteindre le feu.
Baisse des cotisations à partir de juillet...
Normalement, de juillet.
A parité pour les employeurs et pour les salariés ?
Oui mais attendez ! Malheureusement, il y a une augmentation du chômage. Malheureusement, je crains que cette augmentation va encore s'accroître.
Pour l'instant, le régime est excédentaire.
Pour l'instant, le régime est excédentaire mais il aurait été peut-être plus intelligent de consacrer les excédents à une amélioration de l'indemnisation, et à une amélioration encore plus grande de la couverture, plutôt que de dire : on va vraisemblablement baisser les cotisations, ce qui est une logique révélatrice de tout ce qui est en cause depuis des années, et qui a conduit notamment à la situation de crise que l'on connaît. Ce n'est pas en abaissant le coût du travail pour les entreprises que l'on va améliorer la situation de l'emploi. Ce n'est pas le coût du travail qui est à l'origine de la crise. Donc, il y a aussi des populations qui aujourd'hui, avec seize mois de cotisations, peuvent avoir vingt-trois mois d'indemnisations qui demain risquent de ne plus les avoir. Donc, il y a pas mal d'aspects négatifs. Nous ferons le point début janvier pour savoir si l'on signe ou pas, mais je sais bien, il y a quelques points positifs, il y a beaucoup de points négatifs.
On rappelle le principe : il faut avoir travaillé quatre mois au lieu de six mois aujourd'hui pour être indemnisé sur les vingt-huit derniers mois, et suivant le principe : un jour cotisé égale un jour travaillé ?
Faire une simplification du système ce n'est pas idiot, sauf que cela dépend où vous mettez les critères. On aurait pu les mettre plus haut, sauf que, vous avez raison, c'est quatre mois, sauf que la deuxième fois où vous serez au chômage, ce ne sera plus quatre mois, ce sera six mois.
La CFDT ne signera pas seule, elle l'a dit, et si aucun syndicat ne signe, c'est l'Etat qui reprendra le bébé. Pouvez-vous imaginer un désengagement des syndicats et des partenaires sociaux du régime paritaire de l'assurance chômage ?
Attendez ! Ce ne serait pas la première fois. En 84, il y avait eu un problème de ce type. Ce ne serait pas la première fois que l'Etat soit amené à prendre des décisions. Je rappelle aussi que le régime paritaire d'assurance chômage en a pris un sacré coup dans la figure, depuis quelques mois, avec Pôle Emploi, c'est-à-dire la fusion des Assedic et l'ANPE, c'est déjà l'Etat qui dirige en grande partie. Alors, il ne faut pas faire les hypocrites non plus. L'Etat a déjà les manettes et une fusion qui se passe très mal, y compris avec les personnels. Je rappelle d'ailleurs que les personnels de Pôle Emploi des Assedic et de l'ANPE seront en grève le 5 janvier.
Il va manquer encore des trains régionaux aujourd'hui. Les grèves se prolongent à la SNCF depuis deux à trois semaines, dans certains dépôts, à cause de changements d'horaires. Un porte-parole de la compagnie disait la semaine dernière que certains préavis n'avaient d'autre motif que de permettre à certains conducteurs, qui étaient prévus au tableau de service, de s'absenter pendant les fêtes. Pourquoi ces grèves à répétition, ces grèves qui se prolongent dans le trafic régional de la SNCF ?
Il faut bien comprendre aussi qu'il y a eu... FO avait déposé un préavis sur la région Paris-Nord...
Oui, FO est associée aussi à certaines grèves, à Marseille...
Oui tout à fait. Mais par exemple, sur la région Paris-Nord en question, dix-sept jours avant, le préavis est déposé - ce sont les nouvelles règles maintenant - et la direction s'est réveillée pour discuter la veille, quand ils se sont aperçus que, comme 48 heures avant, maintenant il faut donner les résultats sur qui va faire grève ou pas faire grève, ils se sont aperçus qu'il va y avoir du monde, alors ils ont commencé à discuter deux jours avant. S'il y avait un meilleur dialogue social à la SNCF, je crois qu'on n'en serait pas là.
Vous pensez vraiment Il n'y aurait pas deux à trois semaines de conflit ? Vous pouvez nous expliquer pourquoi ça dure autant ?
Parce qu'ils n'arrivent pas à trouver la solution.
La solution à quoi ?
La solution aux problèmes posés. Il y a des problèmes d'effectifs, il y a des problèmes de changements d'horaires.
Cela mérite trois semaines de grève ?
Ce n'est pas que cela mérite trois semaines de grève. Si vous n'avez pas de résultats quand vous déposez un préavis - maintenant, compte tenu du service minimum, il faut le déposer à peu près dix-sept jours avant - cela veut dire que vous avez dix-sept jours pour négocier, et vous trouvez normal, vous, que deux jours avant, la direction appelle en disant "Ah ! Il a y avoir grève !". Cela veut dire qu'elle n'a pas voulu discuter avant. Donc, il y a un problème de dialogue social réel à la SNCF. C'est cela que ça veut dire.
Et ce ne sont pas des grèves de confort, comme le suggère la direction de la SNCF ?
Je crois que c'est un argument un peu facile.
Il y aura une journée de grève et de manifestation le...
... le 29 janvier.
Le 29 janvier, dans toute la France, à l'appel de tous les syndicats. Ce sera le premier grand rendez-vous social de l'année. Vous en espérez quoi de cette journée ?
En ce qui nous concerne, nous appelons d'ailleurs non seulement à des manifs mais à la grève, nous appelons les salariés du public et du privé à faire grève. L'idéal ce serait qu'on arrive à bloquer le pays pendant une journée, et que le Gouvernement tienne compte de ce que l'on dit.
Bloquer le pays !?
Quand je dis "bloquer le pays", oui. Cela veut dire qu'on se... Une grève, ça se voit, tiens ! Ce serait bien que le président de la République se rende compte qu'une grève ça se voit. Et qu'il tienne compte des revendications. Parce que cela fait plusieurs semaines qu'on explique, par exemple avec la crise, qu'il faut un vrai plan de relance, qu'il ne soit pas uniquement sur l'investissement, qu'il soit sur la consommation. Quand on ne bouge pas, ils ne comprennent que le rapport de force. Ce n'est pas de notre faute.
Donc, je répète, vous en attendez quoi ?
Que le Gouvernement bouge et qu'il fasse effectivement un vrai plan de relance. On a émis toute une série de revendications en matière salariale, en matière de consommation. Eh bien, qu'ils répondent à ces revendications. Pour le moment, il n'y a rien.
Et pour le moment, vous pensez que le climat de ce début d'année, il sera à l'unisson de cette grève ?
Moi, je pense que oui, effectivement. Vous avez, quand l'ensemble des syndicats appelle à une journée, elle va être réussie cette journée, c'est évident. Maintenant, il va falloir voir comment le Gouvernement va réagir derrière. Est-ce qu'il va continuer dans une frénésie de réformes un peu dans n'importe quel sens, et on voit avec des effets négatifs, comme à l'hôpital ou ailleurs, ou est-ce qu'il va prendre le taureau par les cornes et répondre effectivement aux vrais problèmes ? Est-ce que le président de la République va continuer à avoir un double discours : anti-libéral au niveau international et très libéral au niveau français ? Est-ce qu'il va y avoir un peu de cohérence ? Est-ce qu'on va répondre aux aspirations de l'ensemble des salariés, qui sont à la fois... Le problème du pouvoir d'achat est réel, on le voit ces derniers temps. L'inquiétude sur l'emploi, ça va augmenter le chômage, malheureusement, et on voit très bien qu'il y a des plans sociaux en préparation. Et puis aussi un argument, je l'ai dit y compris au président de la République, un argument qui ne passe plus : on ne peut plus dire : "il n'y a plus de sous dans les caisses". Après ce qui a été fait pour les banques, ce qui est fait pour l'investissement, les gens se disent qu'il y a des moyens de relancer la consommation, encore faut-il que le Gouvernement les accepte.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 janvier 2009