Texte intégral
R. Sicard.- Samedi, il y avait 40.000, 60.000 personnes dans les rues pour protester contre la réforme des lycées, contre les suppressions de postes à l'Education nationale - 13.500 à la rentrée prochaine. Ces suppressions de postes, vous les maintenez ou vous êtes prêt à négocier ?
Non, ces suppressions de postes, elles auront lieu. Et d'ailleurs, je rappelle que pour les élèves, ils ne verront pas de différence. L'an dernier, nous avons renouvelé 5.000 postes de moins, qui était strictement des postes de professeurs devant les élèves, nous les avons transformés en heures supplémentaires, les élèves ont eu à la rentrée dernière le même service.
Mais ce n'est pas ce que disent les syndicats qui disent qu'il y aura un moins bon encadrement, que les élèves seront moins pris en charge...
Mais ils l'avaient dit l'an dernier aussi. Ils l'avaient dit l'an dernier aussi lorsque nous n'avons pas renouvelé 11.200 emplois, c'est-à-dire des départs à la retraite que nous ne renouvelons pas, parce qu'il n'y a pas de feuille de licenciement, chez moi, on ne dit pas à 11 200 personnes "partez", on ne renouvelle pas une partie de ceux qui partent à la retraite. Eh bien l'an dernier, ces 11.200, on m'avait dit "vous allez voir, vous aurez des classes surchargées, vous aurez de professeurs qui ne seront pas là ». Bien entendu, il ne s'est rien passé de tout cela, et à la rentrée de septembre 2008, nous avons eu même plutôt un meilleur encadrement que l'année précédente, parce que nous avons moins d'élèves, nous avons perdu 50.000 élèves au lycée, donc nous nous adaptons. Et aussi, je le répète, parce que nous faisons travailler différemment nos professeurs, quand ils sont volontaires, sous forme d'heures supplémentaires, ce qui améliore leur pouvoir d'achat, et le service est rendu de la même manière.
Mais, supprimer des postes, au moment où le chômage augmente, de n'est pas un peu paradoxal ?
Non, c'est d'autant plus nécessaire. Il faut un Etat qui ne soit pas endetté, il faut un Etat fort, il faut un Etat réactif et il faut donc faire en sorte que la fonction publique continue à baisser sa voilure. Observez d'ailleurs qu'en France, nous avons à peu près 12 millions d'élèves. Il y 1.200.000 personnes qui travaillent à l'Education nationale, un adulte pour dix élèves. Ce n'est pas parce qu'on sera 1.000 de plus ou 1.000 de moins, que fondamentalement, la donne changera. Ce n'est pas là que ça se joue, c'est dans la réforme, c'est dans le changement, c'est dans une organisation différente du service rendu.
Justement, à propos de réforme, la réforme des lycées, vous disiez qu'elle ne sera pas reculée, et puis N. Sarkozy a décidé de temporiser. Est-ce que vous avez considéré que vous avez été désavoué ?
Non, je n'ai pas considéré cela, parce que le président de la République et moi-même, nous avons pris cette décision de concert. Non pas du tout, parce que la réforme du lycée n'était pas bonne et pas souhaitable, mais parce que le climat...
Mais vous, vous disiez : "il n'y aura pas de recul, on va la faire tout de suite"...
Ce n'est pas sur la réforme des lycées que nous avons reculé, c'est sur le climat social de la deuxième quinzaine de décembre, où là vous avez bien vu qu'il y avait une grande brutalité dans les rues, il y avait des manifestations partout. Et il est bien clair que ce n'était pas parce que nous faisions des modules en classe de Seconde qu'il y avait une telle violence. Et donc le climat se détériorant, on ne savait plus de quoi on parlait, et donc le président de la République a voulu donner du temps à la concertation, il a bien fait. C'était une manière de sauver la réforme. D'ailleurs, j'observe qu'au fond, nous sommes arrivés à nos fins, puisque, au fond, le climat se calme, et les manifestations de samedi étaient, somme toute, tout à fait modestes ; la discussion a repris, nous avons pu trouver des voies et moyens de nous remettre autour de la table. Et donc, nous avons retrouvé les voies du dialogue et nous avons sauvé la réforme, ce qui compte. Parce que, ce qui compte, ce sont les lycéens.
Vous, vous dites que la réforme se fera ?
Bien sûr, il faut qu'elle se fasse, c'est l'intérêt des élèves. Cette réforme, il ne faut pas la faire sous prétexte que ce serait une lubie du ministre, une marotte qui nous traverserait l'esprit. C'est parce que nous partons tous d'un constat que tout le monde connaît, les chiffres sont simples : nous perdons chaque année 150.000 élèves qui quittent le lycée sans aucune qualification, 150.000 qui disparaissent. Ensuite, nous faisons passer le Bac à 400.000, à peu près, d'entre eux, et un sur deux d'entre eux, au bout de trois ans, n'a aucun diplôme du supérieur. Lorsqu'on sait que le lycée coûte un milliard d'euros par mois, on peut trouver que, quand même, c'est assez coûteux pour une telle inefficacité. Donc il faut se réformer, il faut travailler autrement, de sorte que, en particulier les lycéens les plus fragiles, soient accompagnés, soutenus et mieux préparés à affronter ce qui vient après le baccalauréat.
Le patron de Sciences Po, R. Descoings, a été chargé d'une mission, justement pour réfléchir à cette réforme des lycées. Ça aussi c'est un désaveu ? Vous ne pouviez pas le faire vous-même ?
Non, je pense que c'est... nous avons fait cela déjà plusieurs fois. Un chef, ce n'est pas quelqu'un qui travaille en solitaire, c'est quelqu'un qui trouve des supports lorsqu'il en a besoin, c'est moi-même qui ai proposé R. Descoings d'ailleurs. Je l'avais fait avec M. Rocard, par exemple, sur la condition enseignante, on ne m'a pas dit que j'avais été désavoué. R. Descoings va élargir la discussion, il va rencontrer la société civile, nous allons voir comment aussi associer le Parlement à cette réflexion. Et donc, ce n'est pas du tout un désaveu, c'est au contraire une manière de me renforcer, pour permettre à cette réforme d'avancer.
Il fait une proposition, il dit qu'il faudrait financer, au moins en partie, le lycée par des fonds privés. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette idée ?
Ecoutez, si nous avons choisi R. Descoings, c'est parce que nous voulions quelqu'un qui avait une pensée qui lui était propre et qui pouvait aborder tous les sujets sans tabou. Il n'y a pas de tabou, on peut évoquer les sujets.
Mais ça vous parait une bonne idée ou pas ?
C'est une idée que je n'ai pas examinée. Je ne sais pas exactement ce que l'on met derrière cette idée de public-privé, mais a priori ce n'est pas une idée qui vient de moi pour l'instant, il faut que nous avancions sur la réflexion. Mais il n'y a pas de sujet tabou, je le répète.
A l'autre bout de l'échelle, il y a la maternelle. On a dit : X. Darcos, il va supprimer la maternelle. C'est vrai ou c'est faux ?
Vous savez évidemment que c'est un bobard. C'est un bobard soigneusement organisé pour déstabiliser le ministre. Il n'est nullement question de supprimer la maternelle, si peu question de supprimer la maternelle d'ailleurs, qu'au début du mois de février, je vais distribuer à tous les parents concernés, en 2,6 millions d'exemplaires, un petit livret qui expliquera ce qu'est la maternelle, quels sont les programmes, comment nous organisons l'école maternelle - car c'est une école - et qui garantira évidemment que l'école maternelle sera maintenue. J'ai d'ailleurs signé avec l'Association générale des enseignants de maternelle, l'AGEEM, une sorte de protocole pour bien garantir l'importance que nous attachons aux maternelles. Et donc, il n'y a aucune inquiétude à avoir. Je vois des pétitions qui circulent en disant : "attention, on va supprimer la maternelle", je dis toujours, je dis aux parents "ne signez pas ce document, qui est un faux, qui est une contrevérité". Il n'y a aucun projet de modification de l'accueil à l'école maternelle. Aucun.
Aujourd'hui, il y a une opération qui commence, c'est l'évaluation des élèves de CM2.
Absolument.
Les professeurs, en tout cas, certains professeurs ne sont pas d'accord, ils ne veulent pas le faire. Comment ça va se passer ?
Eh bien, d'abord, permettez-moi de vous dire que, on tombe un peu de sa chaise, parfois quand même : voilà donc des professeurs qui ne souhaitent pas...
Restez assis !
...des professeurs qui ne souhaitent pas évaluer leurs propres élèves ! Avouez quand même que pour des...
Mais ils disent que ça va aboutir à un classement des écoles.
Non, nous avons pris toutes les précautions. De quoi s'agit-il ? Il s'agit, au milieu du CM2, de voir où les élèves en sont. On me dit qu'ils n'ont pas fait tout le programme", mais bien entendu, les évaluations ne portent pas sur la totalité des programmes, elles portent sur le premier semestre, de sorte que nous sachions si les élèves vont bien ou pas bien, s'ils ont des difficultés ou pas, qu'on puisse les corriger. Ce n'est pas la peine d'évaluer à la fin de l'année, parce qu'à la fin de l'année, de toute façon, ils s'en vont. Donc ces évaluations ont été décidées. Nous avons fait des documents pour permettre d'évaluer les élèves, et puis nous avons dit : c'est une année de mise en route, donc s'il y a un peu des difficultés ici ou là, nous ne chercherons pas à tout prix la petite bête. Mais en revanche, il faut que ces évaluations aient lieu, parce que c'est un moyen de savoir où en sont les élèves. Quant au classement, j'ai déjà dit que nous ne publierions pas au niveau national les résultats des écoles, parce que je ne veux pas de classement des écoles, justement. En effet, il y a de telles disparités, c'est tellement compliqué, qu'il ne s'agit pas de faire une espèce de grand classement, un marché libéral de l'école. Les gens qui protestent contre ces évaluations, le savent d'ailleurs, il n'y aura pas de publication comparée des résultats, école par école.
Il y a une grande grève dans la fonction publique le 29 janvier ; est-ce que, dans l'éducation, le service minimum sera assuré ?
Eh bien nous prenons en tous les cas toutes les précautions pour cela. C'est aux familles de se saisir de ce nouveau droit, je rappelle que c'est un droit qu'elles plébiscitent, dans les réformes de 2008, le service minimum d'accueil est très bien placé et donc nous avons fait en sorte que les inspecteurs d'académie soient en contact avec les maires pour qu'on évalue bien le nombre d'élèves à accueillir et le nombre de grévistes potentiels et pour que les listes des personnes qui vont assurer l'encadrement, qui peuvent être aussi des parents, des membres d'associations de toute nature, soient sollicités, nous ferons tout pour cela. Mais enfin, le 29, c'est une grève générale, il n'y aura sans doute pas de train, pas de bus, la fonction publique territoriale sera en grève. Il est clair que ce sera plus compliqué que lorsqu'il s'agit simplement d'une grève de l'Education nationale.
Un mot sur le conflit entre Israël et la Palestine, est-ce que dans les écoles françaises ça a des répercussions ?
Bien sûr que ça a des répercussions. Moins que nous n'en avons connu dans les années 2002-2003, mais ça en a eu. Mais nous avons pris beaucoup de précautions depuis ces années-là. Nous avons installé un projet qui s'appelle "Coexiste", qui aide les jeunes à dialoguer entre eux. Nous veillons beaucoup à éviter ces débordements. Les professeurs sont très sensibilisés à ce sujet, et on peut dire que nous avons, cette fois-ci, échappé aux dérèglements qu'on avait connus naguère.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 19 janvier 2009
Non, ces suppressions de postes, elles auront lieu. Et d'ailleurs, je rappelle que pour les élèves, ils ne verront pas de différence. L'an dernier, nous avons renouvelé 5.000 postes de moins, qui était strictement des postes de professeurs devant les élèves, nous les avons transformés en heures supplémentaires, les élèves ont eu à la rentrée dernière le même service.
Mais ce n'est pas ce que disent les syndicats qui disent qu'il y aura un moins bon encadrement, que les élèves seront moins pris en charge...
Mais ils l'avaient dit l'an dernier aussi. Ils l'avaient dit l'an dernier aussi lorsque nous n'avons pas renouvelé 11.200 emplois, c'est-à-dire des départs à la retraite que nous ne renouvelons pas, parce qu'il n'y a pas de feuille de licenciement, chez moi, on ne dit pas à 11 200 personnes "partez", on ne renouvelle pas une partie de ceux qui partent à la retraite. Eh bien l'an dernier, ces 11.200, on m'avait dit "vous allez voir, vous aurez des classes surchargées, vous aurez de professeurs qui ne seront pas là ». Bien entendu, il ne s'est rien passé de tout cela, et à la rentrée de septembre 2008, nous avons eu même plutôt un meilleur encadrement que l'année précédente, parce que nous avons moins d'élèves, nous avons perdu 50.000 élèves au lycée, donc nous nous adaptons. Et aussi, je le répète, parce que nous faisons travailler différemment nos professeurs, quand ils sont volontaires, sous forme d'heures supplémentaires, ce qui améliore leur pouvoir d'achat, et le service est rendu de la même manière.
Mais, supprimer des postes, au moment où le chômage augmente, de n'est pas un peu paradoxal ?
Non, c'est d'autant plus nécessaire. Il faut un Etat qui ne soit pas endetté, il faut un Etat fort, il faut un Etat réactif et il faut donc faire en sorte que la fonction publique continue à baisser sa voilure. Observez d'ailleurs qu'en France, nous avons à peu près 12 millions d'élèves. Il y 1.200.000 personnes qui travaillent à l'Education nationale, un adulte pour dix élèves. Ce n'est pas parce qu'on sera 1.000 de plus ou 1.000 de moins, que fondamentalement, la donne changera. Ce n'est pas là que ça se joue, c'est dans la réforme, c'est dans le changement, c'est dans une organisation différente du service rendu.
Justement, à propos de réforme, la réforme des lycées, vous disiez qu'elle ne sera pas reculée, et puis N. Sarkozy a décidé de temporiser. Est-ce que vous avez considéré que vous avez été désavoué ?
Non, je n'ai pas considéré cela, parce que le président de la République et moi-même, nous avons pris cette décision de concert. Non pas du tout, parce que la réforme du lycée n'était pas bonne et pas souhaitable, mais parce que le climat...
Mais vous, vous disiez : "il n'y aura pas de recul, on va la faire tout de suite"...
Ce n'est pas sur la réforme des lycées que nous avons reculé, c'est sur le climat social de la deuxième quinzaine de décembre, où là vous avez bien vu qu'il y avait une grande brutalité dans les rues, il y avait des manifestations partout. Et il est bien clair que ce n'était pas parce que nous faisions des modules en classe de Seconde qu'il y avait une telle violence. Et donc le climat se détériorant, on ne savait plus de quoi on parlait, et donc le président de la République a voulu donner du temps à la concertation, il a bien fait. C'était une manière de sauver la réforme. D'ailleurs, j'observe qu'au fond, nous sommes arrivés à nos fins, puisque, au fond, le climat se calme, et les manifestations de samedi étaient, somme toute, tout à fait modestes ; la discussion a repris, nous avons pu trouver des voies et moyens de nous remettre autour de la table. Et donc, nous avons retrouvé les voies du dialogue et nous avons sauvé la réforme, ce qui compte. Parce que, ce qui compte, ce sont les lycéens.
Vous, vous dites que la réforme se fera ?
Bien sûr, il faut qu'elle se fasse, c'est l'intérêt des élèves. Cette réforme, il ne faut pas la faire sous prétexte que ce serait une lubie du ministre, une marotte qui nous traverserait l'esprit. C'est parce que nous partons tous d'un constat que tout le monde connaît, les chiffres sont simples : nous perdons chaque année 150.000 élèves qui quittent le lycée sans aucune qualification, 150.000 qui disparaissent. Ensuite, nous faisons passer le Bac à 400.000, à peu près, d'entre eux, et un sur deux d'entre eux, au bout de trois ans, n'a aucun diplôme du supérieur. Lorsqu'on sait que le lycée coûte un milliard d'euros par mois, on peut trouver que, quand même, c'est assez coûteux pour une telle inefficacité. Donc il faut se réformer, il faut travailler autrement, de sorte que, en particulier les lycéens les plus fragiles, soient accompagnés, soutenus et mieux préparés à affronter ce qui vient après le baccalauréat.
Le patron de Sciences Po, R. Descoings, a été chargé d'une mission, justement pour réfléchir à cette réforme des lycées. Ça aussi c'est un désaveu ? Vous ne pouviez pas le faire vous-même ?
Non, je pense que c'est... nous avons fait cela déjà plusieurs fois. Un chef, ce n'est pas quelqu'un qui travaille en solitaire, c'est quelqu'un qui trouve des supports lorsqu'il en a besoin, c'est moi-même qui ai proposé R. Descoings d'ailleurs. Je l'avais fait avec M. Rocard, par exemple, sur la condition enseignante, on ne m'a pas dit que j'avais été désavoué. R. Descoings va élargir la discussion, il va rencontrer la société civile, nous allons voir comment aussi associer le Parlement à cette réflexion. Et donc, ce n'est pas du tout un désaveu, c'est au contraire une manière de me renforcer, pour permettre à cette réforme d'avancer.
Il fait une proposition, il dit qu'il faudrait financer, au moins en partie, le lycée par des fonds privés. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette idée ?
Ecoutez, si nous avons choisi R. Descoings, c'est parce que nous voulions quelqu'un qui avait une pensée qui lui était propre et qui pouvait aborder tous les sujets sans tabou. Il n'y a pas de tabou, on peut évoquer les sujets.
Mais ça vous parait une bonne idée ou pas ?
C'est une idée que je n'ai pas examinée. Je ne sais pas exactement ce que l'on met derrière cette idée de public-privé, mais a priori ce n'est pas une idée qui vient de moi pour l'instant, il faut que nous avancions sur la réflexion. Mais il n'y a pas de sujet tabou, je le répète.
A l'autre bout de l'échelle, il y a la maternelle. On a dit : X. Darcos, il va supprimer la maternelle. C'est vrai ou c'est faux ?
Vous savez évidemment que c'est un bobard. C'est un bobard soigneusement organisé pour déstabiliser le ministre. Il n'est nullement question de supprimer la maternelle, si peu question de supprimer la maternelle d'ailleurs, qu'au début du mois de février, je vais distribuer à tous les parents concernés, en 2,6 millions d'exemplaires, un petit livret qui expliquera ce qu'est la maternelle, quels sont les programmes, comment nous organisons l'école maternelle - car c'est une école - et qui garantira évidemment que l'école maternelle sera maintenue. J'ai d'ailleurs signé avec l'Association générale des enseignants de maternelle, l'AGEEM, une sorte de protocole pour bien garantir l'importance que nous attachons aux maternelles. Et donc, il n'y a aucune inquiétude à avoir. Je vois des pétitions qui circulent en disant : "attention, on va supprimer la maternelle", je dis toujours, je dis aux parents "ne signez pas ce document, qui est un faux, qui est une contrevérité". Il n'y a aucun projet de modification de l'accueil à l'école maternelle. Aucun.
Aujourd'hui, il y a une opération qui commence, c'est l'évaluation des élèves de CM2.
Absolument.
Les professeurs, en tout cas, certains professeurs ne sont pas d'accord, ils ne veulent pas le faire. Comment ça va se passer ?
Eh bien, d'abord, permettez-moi de vous dire que, on tombe un peu de sa chaise, parfois quand même : voilà donc des professeurs qui ne souhaitent pas...
Restez assis !
...des professeurs qui ne souhaitent pas évaluer leurs propres élèves ! Avouez quand même que pour des...
Mais ils disent que ça va aboutir à un classement des écoles.
Non, nous avons pris toutes les précautions. De quoi s'agit-il ? Il s'agit, au milieu du CM2, de voir où les élèves en sont. On me dit qu'ils n'ont pas fait tout le programme", mais bien entendu, les évaluations ne portent pas sur la totalité des programmes, elles portent sur le premier semestre, de sorte que nous sachions si les élèves vont bien ou pas bien, s'ils ont des difficultés ou pas, qu'on puisse les corriger. Ce n'est pas la peine d'évaluer à la fin de l'année, parce qu'à la fin de l'année, de toute façon, ils s'en vont. Donc ces évaluations ont été décidées. Nous avons fait des documents pour permettre d'évaluer les élèves, et puis nous avons dit : c'est une année de mise en route, donc s'il y a un peu des difficultés ici ou là, nous ne chercherons pas à tout prix la petite bête. Mais en revanche, il faut que ces évaluations aient lieu, parce que c'est un moyen de savoir où en sont les élèves. Quant au classement, j'ai déjà dit que nous ne publierions pas au niveau national les résultats des écoles, parce que je ne veux pas de classement des écoles, justement. En effet, il y a de telles disparités, c'est tellement compliqué, qu'il ne s'agit pas de faire une espèce de grand classement, un marché libéral de l'école. Les gens qui protestent contre ces évaluations, le savent d'ailleurs, il n'y aura pas de publication comparée des résultats, école par école.
Il y a une grande grève dans la fonction publique le 29 janvier ; est-ce que, dans l'éducation, le service minimum sera assuré ?
Eh bien nous prenons en tous les cas toutes les précautions pour cela. C'est aux familles de se saisir de ce nouveau droit, je rappelle que c'est un droit qu'elles plébiscitent, dans les réformes de 2008, le service minimum d'accueil est très bien placé et donc nous avons fait en sorte que les inspecteurs d'académie soient en contact avec les maires pour qu'on évalue bien le nombre d'élèves à accueillir et le nombre de grévistes potentiels et pour que les listes des personnes qui vont assurer l'encadrement, qui peuvent être aussi des parents, des membres d'associations de toute nature, soient sollicités, nous ferons tout pour cela. Mais enfin, le 29, c'est une grève générale, il n'y aura sans doute pas de train, pas de bus, la fonction publique territoriale sera en grève. Il est clair que ce sera plus compliqué que lorsqu'il s'agit simplement d'une grève de l'Education nationale.
Un mot sur le conflit entre Israël et la Palestine, est-ce que dans les écoles françaises ça a des répercussions ?
Bien sûr que ça a des répercussions. Moins que nous n'en avons connu dans les années 2002-2003, mais ça en a eu. Mais nous avons pris beaucoup de précautions depuis ces années-là. Nous avons installé un projet qui s'appelle "Coexiste", qui aide les jeunes à dialoguer entre eux. Nous veillons beaucoup à éviter ces débordements. Les professeurs sont très sensibilisés à ce sujet, et on peut dire que nous avons, cette fois-ci, échappé aux dérèglements qu'on avait connus naguère.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 19 janvier 2009