Texte intégral
Q - Sur le long terme on assiste à une baisse considérable du nombre d'experts techniques français sur le terrain - on est passé de 20 000 au début des années 1980 à 2 000 actuellement - à une époque où en plus, comme vous le savez, la Banque mondiale dénote une forte baisse de l'aide publique au développement. Est-ce que l'on n'est pas un petit peu en train de lâcher l'Afrique ?
R - J'ai entendu déjà cette accusation et elle m'a presque fâché. Sauf à imaginer que ceux qui l'emploient cultivent la nostalgie d'une époque où la relation à l'Afrique est une relation d'autorité et peut-être seulement d'intérêt franco-français. J'espère que l'on nous autorisera à avoir une autre approche.
Je veux rappeler qu'on pouvait utiliser le terme d'expert technique pour un professeur de mathématiques ou de français ou de gymnastique, parce que la coopération il y a quinze ans était surtout une coopération de substitution. C'étaient des Français qui remplissaient, en lieu et place de cadres africains qui n'existaient pas ou parce qu'ils n'avaient pas été formés, des fonctions qu'aujourd'hui heureusement des Africains accomplissent eux-mêmes. Ce n'est plus à la place des Africains que nos coopérants doivent agir, c'est en liaison avec eux, c'est pour participer à leur formation, c'est pour être, je le répète, le point d'appui de nos projets de développement, ou le correspondant très utile des organisations internationales. Washington joue son rôle. C'est vrai, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international sont des acteurs importants du développement. Il faut qu'ils trouvent sur place des experts français avec qui ils puissent dialoguer et leur dire quelle est la situation du pays, et avec qui surtout ils pourront continuer à travailler pour vérifier la bonne marche des projets de développement.
Q - Mais il est difficile d'être convaincu de la poursuite des efforts quand on voit globalement que c'est au niveau des moyens humains ou matériel qu'il y a une baisse de l'effort français.
R - Qu'il y ait une baisse de l'aide publique au développement, je ne vais pas le nier. Il y a eu un pic au moment de la dévaluation du franc CFA où là il a fallu augmenter les moyens pour aider les pays à passer le cap. La France reste à un bon niveau, beaucoup plus que tous les autres grands pays. Nous sommes en tête des pays du G7, en ce qui concerne l'aide publique au développement, je veux vous le rappeler. J'en connais un au moins beaucoup plus gros, qui est très loin du compte, et c'est dommage. Lui préconise le commerce. Le commerce c'est bien, c'est utile, mais ça ne sera pas suffisant. Il faut de l'aide publique au développement, et nous nous en préoccupons. Il faut aussi que cette aide publique au développement soit efficace. Et je crois que l'opinion est très désireuse d'une meilleure efficacité de cette aide publique au développement parce qu'au bout du compte, c'est l'argent du contribuable que l'on dépense. Donc cela renvoie à des questions de gouvernance, à la manière dont les dirigeants africains eux-mêmes gèrent l'aide qu'on leur apporte.
Q - Donc vous n'êtes pas tout à fait d'accord avec l'analyse de la Banque mondiale qui précise justement que cette efficacité s'est améliorée et que malheureusement les fonds manquent ?
R - Je ne suis pas sûr que la Banque mondiale conclue à l'amélioration de l'efficacité. Non, ce qu'elle dit c'est que, dans certains pays, il y a amélioration de l'efficacité et puis dans d'autres pas. Et la Banque mondiale va jusqu'à préconiser que l'on n'aide plus que les pays dans lesquels l'aide n'est plus efficace. C'est discutable. Est-ce que ça veut dire que l'on va laisser tomber a priori tous les autres alors que c'est dans les autres souvent que les besoins de la population civile sont les plus grands ? Vous voyez, ce n'est pas si simple. Je rappelle au passage que la France est actionnaire de la Banque mondiale, qu'il arrive que le discours de la France soit entendu et qu'il arrive même qu'on influence la pensée de la Banque. Je suis d'accord avec eux, y compris pour reconnaître malheureusement que l'accroissement des inégalités a continué et qu'il faut faire plus mais que probablement il faut faire autrement. Et notre nouvelle assistance technique répond bien à cette ambition.
Q - Dans quelle mesure, pouvez-vous le préciser ? Vous vous inscrivez maintenant dans un cadre plus multilatéral ? Leur rôle sera plus un rôle de médiateur, d'interlocuteur pour les institutions internationales ?
R - Non, pas seulement. J'attends des assistants techniques qu'ils continuent à être aussi nos interlocuteurs en ce qui concerne les projets de coopération bilatérale entre la France et tel ou tel pays d'Afrique par exemple. Mais il est vrai que nos experts peuvent et doivent jouer un rôle important d'interlocuteur, de référent pour les grandes organisations multilatérales dont le rôle est évidemment déjà important et qui va continuer à l'être. Vous savez que la France ne revendique pas d'être seule à aider les pays en développement. Elle se sent même souvent trop seule. Elle aimerait bien que d'autres pays soient à ses côtés pour faire ce travail et elle dit que le Fonds monétaire et la Banque mondiale ou les agences des Nations unies doivent jouer leur rôle. Nous sommes prêts à y participer, mais cela renvoie à un autre dossier qui est celui de nos contributions volontaires à ces grandes organisations.
Q - Que rôle imaginez-vous pour la coopération décentralisée ? Est-ce que cette coopération vient se substituer au manque de la coopération d'Etat à Etat comme le disent certains ?
R - Non ce n'est pas un manque. Il y a la coopération décentralisée et la coopération que la société civile développe, c'est à dire les organisation non-gouvernementales. J'insiste parce que la coopération décentralisée, dans mon esprit, c'est plutôt celle à laquelle se livre les régions, les départements ou les villes françaises. C'est une coopération qui m'est chère, vous le savez bien puisque avant d'être ministre de la Coopération je m'occupais de la coopération décentralisée, comme président d'un Conseil général pendant 21 ans, et je continue à m'y intéresser évidemment. Ce que je veux dire, c'est que cette coopération là enrichit la coopération d'Etat. En plus, ce sont souvent des compétences que les collectivités locales maîtrisent mieux que l'Etat : les transports, l'écologie urbaine, l'environnement, l'eau, la culture même. Donc, c'est bien qu'elle viennent en plus mais ne considérons pas que c'est à la place de l'Etat. Mais vous savez - on revient à l'assistance technique - après tout, s'il y a une baisse des assistants techniques français, c'est aussi parce que nos assistants techniques ont réussi à former des Africains qui savent aujourd'hui faire le travail à leur place. Et à terme, je rêve d'une baisse de l'assistance dans le cadre de l'aide publique au développement. Cela signifierait que le développement a été réussi. On n'en est pas là, et pour l'instant il va falloir continuer à augmenter cette aide publique au développement. Mais la France aimerait bien, je le répète, que d'autres s'y emploient aussi et je crois que si nous voulons convaincre l'opinion française d'être plus généreuse encore, il faut que nous sachions être plus efficaces.
Q - En ce moment en Côte d'Ivoire il y a une mission d'évaluation FMI - Banque mondiale. Quel a été le rôle de la France dans la préparation de cette mission ? Est-ce que vous pouvez me dire en quoi consiste notre coopération technique ?
R - Voilà une question large et aérée. Nous avons sur place évidemment un ambassadeur, des services, un poste d'expansion économique, des assistants qui sont progressivement en train de se réinsérer, si je puis dire, dans les rouages administratifs de la Côte d'Ivoire. Car vous savez que les coups d'Etats qui ont marqué l'Histoire récente de ce pays nous ont amenés à suspendre une partie de notre coopération. Nous n'avons gardé que la coopération qui concerne la population civile : santé et éducation en particulier. Nos assistants ont le pouvoir, si les Ivoiriens le demandent bien entendu, de venir en appui notamment en ce qui concerne les finances publiques, les douanes, le budget, tous secteurs qui vont être essentiels pour le redressement économique de la Côte d'Ivoire. Mais ce sont ces experts là qui justement sont les interlocuteurs des missions du FMI ou de la Banque mondiale qui, sur place, tiennent à rencontrer des gens qui connaissent la situation. Bien entendu, les premiers interlocuteurs des experts du FMI et de la Banque sont les Ivoiriens eux-mêmes mais la capacité d'expertise que représentent les Français sur place sera utilisée évidemment par les experts du FMI pour mieux apprécier la situation.
Q - Et ensuite resterons-nous en retrait des organismes internationaux pour la reprise de la coopération bilatérale ?
R - Nous ne sommes pas en retrait ! Nous ne voulons pas non plus être en incohérence. La France est actionnaire du Fonds monétaire international, elle est actionnaire de la Banque mondiale, on ne comprendrait pas qu'elle ait une politique qui soit en contradiction avec ce que font la Banque mondiale et le Fonds monétaire. C'est un problème de coordination et, rassurez-vous, il y a des Français à Washington auxquels nous faisons passer des messages, à charge pour eux de les faire prévaloir dans les rencontres internationales auxquelles ils participent.
Q - Vous avez l'impression qu'ils ont beaucoup d'influence en ce moment leurs experts à Washington ?
R - On peut toujours considérer qu'ils en ont moins que les Américains eux-mêmes, ce qui n'est pas tout à fait normal parce que ce serait bien que ce soit à proportion de la générosité que l'on apporte, ce qui n'est pas toujours le cas. Nous avons un administrateur au Fonds monétaire, j'aurai l'occasion de le rencontrer à la fin du mois à l'occasion des assemblées du Fonds monétaire et de la Banque. Moi-même, je participerai au Comité de développement de la Banque mondiale et, croyez-moi, je saisirai cette occasion pour faire passer nos idées et, si possible en concertation avec les européens, de façon que l'on essaie de mettre fin à une contradiction qui veut que l'Europe qui apporte 55% d'aide publique au développement et qui n'a pas su encore se concerter, puisse parler d'une seule voix de façon à être entendue à proportion de sa participation.
Q - Congo-Brazzaville : en ce moment il y a un dialogue qui s'instaure, M. Kolélas est en ce moment même au Congo-Kinshasa avec l'envie de rentrer dans son pays et est menacé d'être arrêté. Qu'est-ce que vous pensez de cette volonté d'accéder au dialogue ? Pensez-vous qu'il doit rester à l'écart pour le moment ?
R - Je me garderais bien de lui recommander de rester à l'écart, je lui laisse simplement aussi le choix d'apprécier comment il peut contribuer à ce dialogue. Est-ce que c'est en rentrant dans des conditions un peu compliquées, est-ce que c'est en encourageant ses amis à participer au dialogue ? C'est une question qui le regarde lui d'abord. Je peux simplement dire que la France depuis de longs mois appuie cette procédure de dialogue sans exclusive, puisqu'aussi bien c'est l'expression employée, c'est aussi celle que je préfère.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 avril 2001)
R - J'ai entendu déjà cette accusation et elle m'a presque fâché. Sauf à imaginer que ceux qui l'emploient cultivent la nostalgie d'une époque où la relation à l'Afrique est une relation d'autorité et peut-être seulement d'intérêt franco-français. J'espère que l'on nous autorisera à avoir une autre approche.
Je veux rappeler qu'on pouvait utiliser le terme d'expert technique pour un professeur de mathématiques ou de français ou de gymnastique, parce que la coopération il y a quinze ans était surtout une coopération de substitution. C'étaient des Français qui remplissaient, en lieu et place de cadres africains qui n'existaient pas ou parce qu'ils n'avaient pas été formés, des fonctions qu'aujourd'hui heureusement des Africains accomplissent eux-mêmes. Ce n'est plus à la place des Africains que nos coopérants doivent agir, c'est en liaison avec eux, c'est pour participer à leur formation, c'est pour être, je le répète, le point d'appui de nos projets de développement, ou le correspondant très utile des organisations internationales. Washington joue son rôle. C'est vrai, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international sont des acteurs importants du développement. Il faut qu'ils trouvent sur place des experts français avec qui ils puissent dialoguer et leur dire quelle est la situation du pays, et avec qui surtout ils pourront continuer à travailler pour vérifier la bonne marche des projets de développement.
Q - Mais il est difficile d'être convaincu de la poursuite des efforts quand on voit globalement que c'est au niveau des moyens humains ou matériel qu'il y a une baisse de l'effort français.
R - Qu'il y ait une baisse de l'aide publique au développement, je ne vais pas le nier. Il y a eu un pic au moment de la dévaluation du franc CFA où là il a fallu augmenter les moyens pour aider les pays à passer le cap. La France reste à un bon niveau, beaucoup plus que tous les autres grands pays. Nous sommes en tête des pays du G7, en ce qui concerne l'aide publique au développement, je veux vous le rappeler. J'en connais un au moins beaucoup plus gros, qui est très loin du compte, et c'est dommage. Lui préconise le commerce. Le commerce c'est bien, c'est utile, mais ça ne sera pas suffisant. Il faut de l'aide publique au développement, et nous nous en préoccupons. Il faut aussi que cette aide publique au développement soit efficace. Et je crois que l'opinion est très désireuse d'une meilleure efficacité de cette aide publique au développement parce qu'au bout du compte, c'est l'argent du contribuable que l'on dépense. Donc cela renvoie à des questions de gouvernance, à la manière dont les dirigeants africains eux-mêmes gèrent l'aide qu'on leur apporte.
Q - Donc vous n'êtes pas tout à fait d'accord avec l'analyse de la Banque mondiale qui précise justement que cette efficacité s'est améliorée et que malheureusement les fonds manquent ?
R - Je ne suis pas sûr que la Banque mondiale conclue à l'amélioration de l'efficacité. Non, ce qu'elle dit c'est que, dans certains pays, il y a amélioration de l'efficacité et puis dans d'autres pas. Et la Banque mondiale va jusqu'à préconiser que l'on n'aide plus que les pays dans lesquels l'aide n'est plus efficace. C'est discutable. Est-ce que ça veut dire que l'on va laisser tomber a priori tous les autres alors que c'est dans les autres souvent que les besoins de la population civile sont les plus grands ? Vous voyez, ce n'est pas si simple. Je rappelle au passage que la France est actionnaire de la Banque mondiale, qu'il arrive que le discours de la France soit entendu et qu'il arrive même qu'on influence la pensée de la Banque. Je suis d'accord avec eux, y compris pour reconnaître malheureusement que l'accroissement des inégalités a continué et qu'il faut faire plus mais que probablement il faut faire autrement. Et notre nouvelle assistance technique répond bien à cette ambition.
Q - Dans quelle mesure, pouvez-vous le préciser ? Vous vous inscrivez maintenant dans un cadre plus multilatéral ? Leur rôle sera plus un rôle de médiateur, d'interlocuteur pour les institutions internationales ?
R - Non, pas seulement. J'attends des assistants techniques qu'ils continuent à être aussi nos interlocuteurs en ce qui concerne les projets de coopération bilatérale entre la France et tel ou tel pays d'Afrique par exemple. Mais il est vrai que nos experts peuvent et doivent jouer un rôle important d'interlocuteur, de référent pour les grandes organisations multilatérales dont le rôle est évidemment déjà important et qui va continuer à l'être. Vous savez que la France ne revendique pas d'être seule à aider les pays en développement. Elle se sent même souvent trop seule. Elle aimerait bien que d'autres pays soient à ses côtés pour faire ce travail et elle dit que le Fonds monétaire et la Banque mondiale ou les agences des Nations unies doivent jouer leur rôle. Nous sommes prêts à y participer, mais cela renvoie à un autre dossier qui est celui de nos contributions volontaires à ces grandes organisations.
Q - Que rôle imaginez-vous pour la coopération décentralisée ? Est-ce que cette coopération vient se substituer au manque de la coopération d'Etat à Etat comme le disent certains ?
R - Non ce n'est pas un manque. Il y a la coopération décentralisée et la coopération que la société civile développe, c'est à dire les organisation non-gouvernementales. J'insiste parce que la coopération décentralisée, dans mon esprit, c'est plutôt celle à laquelle se livre les régions, les départements ou les villes françaises. C'est une coopération qui m'est chère, vous le savez bien puisque avant d'être ministre de la Coopération je m'occupais de la coopération décentralisée, comme président d'un Conseil général pendant 21 ans, et je continue à m'y intéresser évidemment. Ce que je veux dire, c'est que cette coopération là enrichit la coopération d'Etat. En plus, ce sont souvent des compétences que les collectivités locales maîtrisent mieux que l'Etat : les transports, l'écologie urbaine, l'environnement, l'eau, la culture même. Donc, c'est bien qu'elle viennent en plus mais ne considérons pas que c'est à la place de l'Etat. Mais vous savez - on revient à l'assistance technique - après tout, s'il y a une baisse des assistants techniques français, c'est aussi parce que nos assistants techniques ont réussi à former des Africains qui savent aujourd'hui faire le travail à leur place. Et à terme, je rêve d'une baisse de l'assistance dans le cadre de l'aide publique au développement. Cela signifierait que le développement a été réussi. On n'en est pas là, et pour l'instant il va falloir continuer à augmenter cette aide publique au développement. Mais la France aimerait bien, je le répète, que d'autres s'y emploient aussi et je crois que si nous voulons convaincre l'opinion française d'être plus généreuse encore, il faut que nous sachions être plus efficaces.
Q - En ce moment en Côte d'Ivoire il y a une mission d'évaluation FMI - Banque mondiale. Quel a été le rôle de la France dans la préparation de cette mission ? Est-ce que vous pouvez me dire en quoi consiste notre coopération technique ?
R - Voilà une question large et aérée. Nous avons sur place évidemment un ambassadeur, des services, un poste d'expansion économique, des assistants qui sont progressivement en train de se réinsérer, si je puis dire, dans les rouages administratifs de la Côte d'Ivoire. Car vous savez que les coups d'Etats qui ont marqué l'Histoire récente de ce pays nous ont amenés à suspendre une partie de notre coopération. Nous n'avons gardé que la coopération qui concerne la population civile : santé et éducation en particulier. Nos assistants ont le pouvoir, si les Ivoiriens le demandent bien entendu, de venir en appui notamment en ce qui concerne les finances publiques, les douanes, le budget, tous secteurs qui vont être essentiels pour le redressement économique de la Côte d'Ivoire. Mais ce sont ces experts là qui justement sont les interlocuteurs des missions du FMI ou de la Banque mondiale qui, sur place, tiennent à rencontrer des gens qui connaissent la situation. Bien entendu, les premiers interlocuteurs des experts du FMI et de la Banque sont les Ivoiriens eux-mêmes mais la capacité d'expertise que représentent les Français sur place sera utilisée évidemment par les experts du FMI pour mieux apprécier la situation.
Q - Et ensuite resterons-nous en retrait des organismes internationaux pour la reprise de la coopération bilatérale ?
R - Nous ne sommes pas en retrait ! Nous ne voulons pas non plus être en incohérence. La France est actionnaire du Fonds monétaire international, elle est actionnaire de la Banque mondiale, on ne comprendrait pas qu'elle ait une politique qui soit en contradiction avec ce que font la Banque mondiale et le Fonds monétaire. C'est un problème de coordination et, rassurez-vous, il y a des Français à Washington auxquels nous faisons passer des messages, à charge pour eux de les faire prévaloir dans les rencontres internationales auxquelles ils participent.
Q - Vous avez l'impression qu'ils ont beaucoup d'influence en ce moment leurs experts à Washington ?
R - On peut toujours considérer qu'ils en ont moins que les Américains eux-mêmes, ce qui n'est pas tout à fait normal parce que ce serait bien que ce soit à proportion de la générosité que l'on apporte, ce qui n'est pas toujours le cas. Nous avons un administrateur au Fonds monétaire, j'aurai l'occasion de le rencontrer à la fin du mois à l'occasion des assemblées du Fonds monétaire et de la Banque. Moi-même, je participerai au Comité de développement de la Banque mondiale et, croyez-moi, je saisirai cette occasion pour faire passer nos idées et, si possible en concertation avec les européens, de façon que l'on essaie de mettre fin à une contradiction qui veut que l'Europe qui apporte 55% d'aide publique au développement et qui n'a pas su encore se concerter, puisse parler d'une seule voix de façon à être entendue à proportion de sa participation.
Q - Congo-Brazzaville : en ce moment il y a un dialogue qui s'instaure, M. Kolélas est en ce moment même au Congo-Kinshasa avec l'envie de rentrer dans son pays et est menacé d'être arrêté. Qu'est-ce que vous pensez de cette volonté d'accéder au dialogue ? Pensez-vous qu'il doit rester à l'écart pour le moment ?
R - Je me garderais bien de lui recommander de rester à l'écart, je lui laisse simplement aussi le choix d'apprécier comment il peut contribuer à ce dialogue. Est-ce que c'est en rentrant dans des conditions un peu compliquées, est-ce que c'est en encourageant ses amis à participer au dialogue ? C'est une question qui le regarde lui d'abord. Je peux simplement dire que la France depuis de longs mois appuie cette procédure de dialogue sans exclusive, puisqu'aussi bien c'est l'expression employée, c'est aussi celle que je préfère.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 avril 2001)