Déclaration de M. Brice Hortefeux, ministre du travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville, sur les priorités de la politique de la ville, notamment l'accès à l'éducation et à l'emploi et la rénovation urbaine, Paris le 20 janvier 2009.

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Circonstance : Comité interministériel des villes et du développement social urbain à Paris le 20 janvier 2009

Texte intégral

Quelques jours seulement après avoir été nommé ministre en charge de la ville, sachez que je suis heureux et fier de participer au comité interministériel des villes sous l'autorité du Premier ministre et aux côtés de Fadela AMARA. Je me réjouis à l'idée de travailler avec Fadela AMARA, qui a eu le courage de mettre sa connaissance du terrain au service de la France et l'audace d'imaginer, ainsi, une nouvelle politique pour les banlieues qui constitue un espoir réel pour chacun.
I. Ce deuxième comité interministériel des villes, qui intervient après celui du 20 juin 2008, reflète l'importance accordée par le Gouvernement à la dynamique espoir banlieues.
Le Président de la République et vous-même, Monsieur le Premier ministre, avez désigné cette instance comme le lieu de décision et de suivi des résultats obtenus sur le terrain, quartier par quartier, pour la mise en oeuvre de la dynamique espoir banlieues.
Nous le savons, cette dynamique est essentielle pour l'équilibre social et l'unité de notre pays, dans la mesure où elle concerne nos concitoyens les plus fragiles, les moins avantagés socialement, qui plus est dans un contexte économique et social difficile.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : la politique de la ville concerne 751 zones urbaines sensibles (ZUS) et, plus largement, les contrats urbains de cohésion sociale (CUCS) concernent plus de 3 000 communes, soit plus de 8 millions d'habitants. Le taux de chômage des ZUS est, en moyenne, le triple de la moyenne nationale, et une soixantaine d'entre elles dépassent même les 30% de chômage. Nous le savons tous, l'urgence est réelle.
Cette urgence, le Président de la République et le Gouvernement en sont pleinement conscients. Le Président de la République l'a rappelé dans son discours le 8 février 2008, puis le 17 décembre à l'Ecole polytechnique : « cela ne va pas assez vite ». Certains chantiers ont pris « un retard considérable ». Il est donc plus que temps de passer « d'une République des droits formels à une République des droits réels ».
Alors, nos priorités, quelles sont-elles ?
1) Tout d'abord, l'éducation et l'accès à l'emploi sont les conditions nécessaires aux réussites individuelles, à des vies familiales équilibrées et à la préservation des équilibres sociaux. Je pense, par exemple, au développement des dispositifs de la deuxième chance, pour ceux qui ont eu des difficultés à l'école ou qui n'ont pu poursuivre leurs études.
2) Parallèlement, le désenclavement et la rénovation urbaine sont, dans le domaine de l'aménagement et du cadre de vie, les conditions pour que, de quartiers défavorisés, les territoires de la politique de la ville deviennent ou redeviennent tout simplement des quartiers comme les autres.
3) Enfin, bien entendu, la sécurité constitue le premier droit de nos concitoyens, celui qui permet l'exercice de tous les autres. Elle doit donc être assurée et garantie partout, sur tous les territoires.
Sur tous ces aspects, Fadela AMARA a déjà accompli un travail formidable d'imagination, de conception et de relais sur le terrain. Si une partie du chemin a donc été parcourue, beaucoup reste à faire. C'est la raison pour laquelle nous sommes là, aujourd'hui, réunis tous ensemble.
II. Au-delà des marges de progression sur lesquelles Fadela AMARA reviendra dans quelques instants, cette réunion doit nous permettre de préciser la gouvernance de la politique de la ville et l'évolution de sa géographie d'intervention.
La politique de la ville doit être à la fois mieux coordonnée et plus concentrée.
Mieux coordonnée, d'abord, dans la mesure où le Délégation interministérielle à la ville ne doit pas être un organisme de gestion de crédits, mais une administration d'état-major qui agira désormais sous la forme d'un secrétariat général du Comité interministériel des villes. La politique de la ville doit être mise en oeuvre en concertation étroite avec tous les ministères concernés ainsi que les élus locaux.
La politique de la ville sera, parallèlement, plus concentrée. Si sa géographie d'intervention doit être révisée, soyons clair : cette nouvelle définition des quartiers prioritaires ne doit pas non plus se faire dans la précipitation. Sur ce point, j'insiste pour que la concertation soit réelle et approfondie. Donnons-nous au moins six mois pour que la concertation s'opère et ce, sans préjuger de la solution d'arrivée. Il n'est évidemment pas question de redéfinir à la serpe la carte de la géographie prioritaire.
L'exercice n'est pas aisé puisqu'aux besoins des habitants, doit correspondre une vigilance quant aux conséquences des décisions qui seront prises, dans le domaine des finances locales ou de l'attractivité des territoires. Le nouvel équilibre à construire ne doit pas entraîner de nouveaux déséquilibres.
Il n'en reste pas moins que l'exercice de révision de la géographie d'intervention de la politique de la ville est nécessaire, simplement parce que rien n'a vraiment bougé depuis 1996 ! L'échéance des contrats urbains de cohésion sociale à la fin de cette année est bien l'occasion de revisiter le dispositif.
Ayant pu mesurer, notamment lorsque j'étais ministre délégué aux collectivités territoriales, l'importance du dialogue avec les élus locaux, je veillerai, avec en particulier Michèle ALLIOT-MARIE et Fadela AMARA, à ce que la concertation qui va être lancée aujourd'hui soit à la fois large, partagée et productive.
Monsieur le Premier ministre, Mes chers collègues,
Comme ministre en charge de la politique de la ville, soyez certains que je veillerai à ce que mon action soit d'une double nature.
1) Elle sera, d'abord, interministérielle. Je tiens, en effet, à ce que ma collègue Fadela AMARA soit relayée dans ses efforts par tous les ministères et toutes les administrations concernées. Qu'elle soit certaine de tout l'appui et du soutien que je compte lui apporter afin que chacun prenne la mesure de l'enjeu et agisse effectivement pour que les choses bougent réellement.
2) Mon action sera, ensuite, conjointe. Elle sera le fruit du travail de l'Etat, mais aussi des collectivités territoriales et des acteurs de terrain, en particulier les associations.
Avant de laisser la parole à Fadela qui évoquera notamment le « bouclier social », notion qui lui tient à coeur parce qu'elle résume notre travail qui consiste à protéger les plus fragiles et maintenir notre cohésion sociale, je terminerai en vous rappelant que je suis attaché à une politique des droits mais aussi des devoirs, c'est-à-dire qui aide la réussite mais ne se contente pas de l'assistance.
Ensemble, grâce à une politique conjointe et désormais stimulée, nous allons poursuivre et accélérer la mise en ouvre d'une feuille de route fixée par le président de la République : faire en sorte que l'égalité des chances ne soit pas une priorité dans les mots, mais devienne, le plus vite possible, une réalité dans les faits.Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 23 janvier 2009