Interview de M. Luc Chatel, secrétaire d'Etat à l'industrie et à la consommation, porte-parole du gouvernement, à "RTL" le 15 janvier 2009, sur la baisse de rémunération du livret A, sur le plan automobile, et les grèves la SNCF.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

J.-M. Aphatie.- L'inflation baisse, la rémunération du Livret A aussi ; au 1er février prochain, la rémunération de ce Livret A fixée par le Gouvernement sera-t-elle de 2 ou de 2,5 % ?

Effectivement, la bonne nouvelle, c'est que l'inflation baisse. Je rappelle que tout le premier trimestre de l'année, le premier semestre, a été consacré à un débat dans l'opinion, c'était la hausse des prix. Nous étions sur une tendance annuelle à 3,6 % d'inflation avant l'été, et nous sommes sur une tendance à 1 % aujourd'hui. Il y a donc un retour à une inflation maîtrisée dans un temps absolument record, et c'est la bonne nouvelle d'hier.

Ça, c'est la bonne nouvelle.

Ensuite, c'est vrai, le taux du Livret A est indexé à la fois sur les taux d'intérêt interbancaires, mais il est aussi indexé sur l'inflation, ce qui est assez légitime, puisqu'on donne en fait une prime de rémunération nette, en fonction de l'inflation. Donc, il est logique que, au moment où l'inflation baisse, la rémunération du Livret A soit ajustée sur l'inflation. Ensuite, le Gouvernement, que va-t-il faire ? Il va prendre en compte deux choses : il va prendre en compte le fait de rémunérer justement l'épargne populaire, et puis en même temps, de permettre des conditions d'accès au logement sociale qui soient les meilleures.

Oui, alors, le résultat ?

Le résultat nous le connaîtrons dans les prochains jours. Il y a au sein du Gouvernement... il y a évidemment les calculs, l'inflation, les taux interbancaires...

Il y a peut-être deux lignes au sein du Gouvernement, puisque F. Fillon hier sur Public Sénat, disait : "pas de coup de pouce, la rémunération du Livret A ce sera 2 % puisque ça sert à finance le logement social, et donc il ne faut pas que la rémunération soit trop importante". Et visiblement à l'Elysée, on souhaite que ce soit - à l'Elysée ! C'est une périphrase, hein, à l'Elysée, c'est N. Sarkozy - souhaite que ce soit 2,5 %. Confirmez-vous au moins l'existence d'un débat sur ce point ?

Mais qu'il y ait un débat au sein du Gouvernement ça devrait vous réjouir.

Donc, vous le confirmez, c'est bien.

...puisque, vous n'arrêtez pas de dire qu'il n'y a qu'une autorité, qu'il n'y a pas de débat, pas discussion, donc, vous voyez...

Il y a deux autorités ? Est-ce qu'il y a deux autorités ?

Non, mais, ce qui est important au sein de l'exécutif, c'est qu'il y ait un débat par rapport à la situation économique et par rapport aux réponses qui y sont apportées. Et puis qu'ensuite, les décisions soient prises et elles soient appliquées unanimement.

Donc, il y a bien qu'une autorité, et... Absolument.

...et on verra laquelle tranche alors, 2 ou 2,5 ?

Vous ne devriez pas tarder à être fixé.

Vous avez une préférence ?

Non, je n'en ai pas parce que c'est un sujet suffisamment important...

C'est dangereux d'avoir...

...pour qu'on ne le discute pas en public.

D'accord. Vous resterez porte-parole aujourd'hui après le remaniement ministériel ?

Il faudra demander au président de la République.

C'est aujourd'hui le remaniement ?

Vous ne devriez pas tarder à être fixé sur ce sujet ; c'est pour bientôt, j'allais dire, c'est pour très bientôt.

Dans la journée ?

Nous verrons, c'est pour très bientôt. Votre impatience devrait bientôt être récompensée.

Le président de la République était en colère après ce qui s'est passé gare Saint-Lazare, il a demandé au président de la SNCF de présenter des excuses et d'indemniser les voyageurs. G. Pépy, président de la SNCF, a indiqué hier soir que les voyageurs qui passent par Saint-Lazare recevront entre 30 et 50 euros de la part de la compagnie pour les rembourser de leur désagrément. Ça suffit ?

Je pense que c'est important qu'il y ait un message fort adressé aux clients de la SNCF. Et le message du président de la République hier au Conseil des ministres c'était celui-là. C'était de dire : ce qui s'est passé avant-hier soir à la SNCF c'est inacceptable ! Inacceptable que, naturellement, l'agression d'un conducteur, c'est un fait absolument condamnable et il faut prendre toutes les mesures pour l'éviter. Il a d'ailleurs demandé à la ministre de l'Intérieur, avec son collègue des Transports, de travailler avec la SNCF sur la protection des conducteurs. Mais la réponse des syndicats, d'un syndicat, qui semble avoir, excusez-moi, perdu le nord en la matière, la réponse d'un syndicat elle n'est pas acceptable. Le fait de prendre en otages l'ensemble des usagers de la SNCF n'est pas la réponse appropriée, surtout quand ça émane d'une organisation syndicale qui, à longueur de journée, nous explique qu'elle souhaite la préservation et la garantie du service public. Le service public appartient aux usagers, il appartient au public, il n'appartient pas à un syndicat.

La réponse du président de la SNCF vous satisfait-elle ou pas ?

Oui, je pense que c'est une bonne réponse. Le président de la République lui avait demandé d'indemniser les voyageurs et en même temps, de s'excuser, d'envoyer un message à ces clients. Je rappelle que, derrière les voyageurs, il y a des clients, qui en ont marre d'être pris en otages systématiquement. C'est important qu'il y ait une réponse d'indemnisation. Important aussi, qu'on prenne des mesures pour que ça ne se reproduise pas.

Lesquelles, les mesures légales ?

G. Pépy va y travailler avec les ministres concernés.

G. Pépy a demandé hier soir sur France 2, à ce que vous revoyiez la loi, les modalités de grève à la SNCF ?

Oui, D. Bussereau va y travailler avec le futur ministre du Travail pour regarder comment on peut éviter dorénavant ce qu'on appelle "la grève de 59 minutes", c'est-à-dire, le principe de rater, de ne pas prendre le premier train le matin, qui fait que vous avez un impact limité sur votre rémunération, mais de l'autre, vous avez une perturbation qui est très forte pour les usagers. Nous devons améliorer ce système.

C'est qui le futur ministre du Travail ?

Nous verrons, encore une fois, dans les délais que j'évoquais tout à l'heure.

Comme vous avez parlé, vous, du "futur ministre du Travail", je vous demandais si vous en connaissiez le nom.

Il ne vous a pas échappé que l'actuel ministre du Travail allait prendre des fonctions importantes au sein de notre mouvement, en l'occurrence, l'UMP. Et donc, le Premier ministre, le président de la République seront amenés à le remplacer très prochainement.

Vous organisez une table ronde sur l'avenir du secteur automobile, ce sera mardi prochain. Mardi dernier, sur Canal +, F. Fillon a dit ceci : "Nous réfléchissons à des mesures qui consisteront à financer directement les grandes entreprises automobiles, c'est-à-dire, les constructeurs". Renault, Peugeot sont à ce point en mal de liquidités pour que le Gouvernement envisage de les financer directement.

D'abord, ce n'est pas une table ronde, c'est "les états généraux de l'automobile". C'est important et ce n'est pas gadget ; c'est que, pour la première fois, on met autour de la table tous les acteurs.

Donc, tous les acteurs, mais les constructeurs automobiles ont des problèmes de liquidités à ce point ?

Les constructeurs du monde entier ont du mal à se financer sur les marchés aujourd'hui, ce sont les conséquences de la crise financière. C'est-à-dire que, les constructeurs automobiles ont besoin de liquidités à la fois pour financer le crédit à la consommation, deux voitures sur trois sont achetées à crédit, il faut donc financer le crédit de leurs clients. Et puis, ils ont besoin de beaucoup de liquidités au quotidien, pour leur activité, ils ont besoin de trésorerie. Aujourd'hui, il est clair que, dans le monde entier, les constructeurs automobiles se retournent vers leur gouvernement pour leur donner un appui, pour accéder aux liquidités. Donc, nous travaillons actuellement, à la fois, avec Renault, avec PSA, pour leur permettre d'accéder plus facilement aux liquidités, et donc leur permettre de continuer leur activité. Et puis deuxièmement, les états généraux, le sujet, c'est : comment fait-on pour maintenir en France une activité automobile ? Nous avons fait le choix de maintenir en France l'industrie automobile, c'est un choix politique, mais il faut voir comment elle peut rester compétitive en France, et comment nos constructeurs peuvent être les meilleurs dans les défis de demain, notamment le véhicule propre. Ce sera l'enjeu de ces états généraux de l'automobile mardi.

Cela ne sert pas à grand chose d'avoir donné des milliards d'argent aux banques françaises si les grands constructeurs automobiles ne trouvent pas d'argent sur le marché financier ?

Eh bien ça a servi que vous n'ayez pas des queues devant les agences bancaires, avec les épargnants qui veulent récupérer leur épargne, comme nous l'avons connu dans certaines années. Et ça a empêché la faillite des banques, et ça c'était le principal !

Et il faut leur en donner encore aux banques ! Vous allez leur en donner bientôt ?

Nous n'allons pas "redonner", nous allons éventuellement re-débloquer sur la part qui avait déjà été envisagée ; il ne s'agit pas...et ensuite, ce n'est pas un cadeau aux banques. Il s'agit d'empêcher le système bancaire, d'abord de faire faillite, et puis ensuite, de fonctionner à nouveau. C'est cela que nous voulons : le faire fonctionner à nouveau, parce qu'il finance l'ensemble de l'économie, et l'économie a besoin de fonctionner.

Vous pensez que vous serez encore porte-parole ce soir, après ce passage sur RTL ?

Je suis à la disposition du président de la République, donc je ne devrais pas tarder à être fixé.

Dernière question : il y a eu une ou deux autorités dans la République ?

Il y a un président de la République et le chef de l'Etat.

L. Chatel, qui sera Porte-parole encore ce soir, je vous le dis, moi.

Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 15 janvier 2009