Texte intégral
M.-O. Fogiel.- Bonjour C. Albanel.
Bonjour M.-O. Fogiel.
Vous êtes la ministre de la Culture et de la Communication. La réforme audiovisuelle doit être définitivement adoptée cette fin de semaine et avec le vote hier donc à l'Assemblée, et donc aujourd'hui au Sénat du texte. N. Sarkozy il y a deux jours disait même qu'elle était déjà adoptée. Pour vous aussi, c'est une simple formalité ?
Non, ce n'est pas du tout une simple formalité, je crois qu'il faut convaincre jusqu'à la dernière minute. Nous n'avons pas la majorité, l'UMP n'a plus la majorité au Sénat, donc je crois qu'on a un texte équilibré aujourd'hui, il n'a pas tort, mais...
Vous avez des craintes ?
Je dis non, qu'il faut être attentif, vigilant et convaincant jusqu'à la dernière minute.
Dans les faits, elle est déjà effective depuis un mois, un méthode un peu particulière. Ça ne vous ennuie pas personnellement, est-ce que vous n'avez pas peur d'avoir froissé par ces méthodes les sénateurs ?
Le problème c'était que tout le monde s'était préparé au basculement, je dirais, de la fin de la publicité dans la soirée, toutes les équipes de France Télévisions, les annonceurs l'avaient bien entendu anticipée. On a eu une instruction de près de 4 semaines à l'Assemblée nationale...
Ça on s'en souvient mais les sénateurs aujourd'hui sont devant le fait accompli.
Voilà. Mais je crois qu'en même temps aujourd'hui c'est une réforme qui est largement plébiscitée, je crois qu'elle est populaire, les gens sont heureux d'avoir des programmes qui commencent plus tôt...
Sauf qu'il y a eu un sondage sur le fait que le président de France Télévisions et d'autres sociétés publiques sera nommé directement par le chef de l'Etat, et là, les sondages sont très, très contre. En quoi est-ce nécessaire que les patrons de France Télévisions, de Radio France, de RFI, de TV5, de France 24 soient nommés directement par le président ?
Vous savez on a un paysage aujourd'hui extrêmement divers, des quantités de chaînes, les gens zappent, vont sur Internet, on est donc dans ce paysage là finalement... Vous avez un Etat actionnaire qui fixe les missions, qui garantit les ressources, il peut en effet je crois ... Il y a une espèce de cohérence et de responsabilité à choisir les dirigeants avec des verrous. Par exemple, les verrous c'est le CSA qui doit donner un avis conforme à bulletin secret ; et puis un débat public et un passage devant l'Assemblée nationale et le Sénat.
Mais c'est mal compris manifestement par les Français qui aujourd'hui sont contre.
C'est-à-dire c'est mal compris... je crois que les Français ne voient pas bien peut-être qu'il y a là une logique... Moi je crois à une logique de responsabilité, encore une fois, on fait un choix, il y a un contrat de confiance qui s'établit avec les dirigeants. Le CSA s'exprime, le Sénat et l'Assemblée nationale s'expriment, ce n'est qu'après d'ailleurs que la nomination a lieu, et puis après il y a un contrat de confiance pour justement mettre en oeuvre des missions.
Mais on craint sur les libertés.
Je crois qu'il n'y a vraiment pas lieu et surtout pas au sortir de la loi telle qu'elle est actuellement, qui multiplie les garanties, de craindre pour les libertés, d'ailleurs le CSA est également là pour veiller à ce pluralisme.
Alors C. Albanel, N. Sarkozy a installé en début de semaine, lundi, le nouveau Conseil pour la Création Artistique qu'il va présider, confié à M. Karmitz en lui fixant pour mission, je le cite, « un changement de culture après des décennies de mauvaises habitudes » ; il dit : « je veux que ça bouge, je veux que ça change ». C'est un désaveu pour vous, C. Albanel.
Non, écoutez je ne pense pas. Je pense que dès que ça bouge, ce n'est pas étonnant de N. Sarkozy...
Ça donne l'impression que ça n'a pas bougé jusqu'à là.
Je crois que ça a pas mal bougé, effectivement, je fais bouger à ma manière. Vous savez je crois que...
Mais pas assez fortement ?
On continue à porter des grandes politiques publiques. Regardez les 100 millions de plus pour le patrimoine, regardez ce qu'on fait sur le droit d'auteur, on est en train de s'adapter à l'ère numérique, moi après...
Mais les mauvaises habitudes dont parle N. Sarkozy, vous ne les avez pas prises pour vous ?
Vous savez, on travaille beaucoup actuellement à changer ces habitudes. Moi je travaille simplement avec les collectivités, avec tous les professionnels -ça a été les entretiens de Valois pendant dix mois, on vient de terminer la séquence - pour faire bouger, par exemple toute la carte du spectacle vivant, et le faire en concertation. Moi j'y crois beaucoup ...
Mais vous n'êtes pas marqué à la culotte par M. Karmitz ? Ça donne un peu l'impression qu'il y a un ministère de la Culture bis maintenant ?
Non, je crois qu'il y a un laboratoire d'idées, je pense que déjà on a fait appel par exemple à D. Olivennes sur le droit d'auteur ; Attali a beaucoup travaillé de son côté à une époque ; les Etats Généraux de la presse on a fait appel à des personnalités extérieures qui ont elles-mêmes choisi d'autres personnalités. Moi je crois d'abord que de mobiliser les gens pour donner des idées, pour proposer des expérimentations etc., ça peut être très intéressant. Ca n'empêche pas que nous on ne manque pas quand même d'imagination et nous avançons, je peux vous dire.
Alors vous êtes en place et bien en place. Justement, un mot là-dessus : on a dit un moment donné que vous étiez partante du Gouvernement. Aujourd'hui, vous êtes là ; N. Sarkozy disait de R. Dati qu'elle n'avait pas un assez gros moteur pour remonter la pente, vous ce n'était pas votre cas, vous aviez un gros moteur manifestement.
Moi vous savez, j'avance à mon rythme. C'est vrai que j'essaye de...
C'est-à-dire diesel ?
Je prends les dossiers de front, c'est-à-dire à la fois je crois qu'il y a des grandes politiques publiques à mener, et puis après je crois qu'il faut que l'Etat soit partenaire, accompagne, rende possible ... Par exemple, hier, j'ai appris que Woody Allen venait tourner son prochain film à Paris, parce qu'on a mis en place un crédit d'impôt qui le permet. Il y a quelques mois, j'ai fait voter une loi mais dont personne n'en a parlé sur les archives, pour que tout le monde puisse...
D'accord, donc vous travaillez dans votre coin...
...Pour qu'on puisse consulter les archives. Je préfère ça plutôt que de faire les archives en folie. Vous voyez c'est un peu ça que j'essaye de faire : creuser mon sillon.
Deux mots si vous le voulez bien, très courts, justement. Vous parlez de Woody Allen qui vient tourner à Paris, est-ce que vous partagez l'opinion de N. Sarkozy sur la politique culturelle de Paris, peu ambitieuse selon lui, qui se réduit surtout à "Paris Plage" et à "Nuit Blanche" ?
Je crois qu'il y a des choses très emblématiques : "Nuit Blanche" ou "Paris Plage"... Peut-être qu'en effet que Paris manquait de grands projets, et je crois que l'idée d'avoir lancé le Grand Paris qui est en train de booster tout le monde dans l'architecture et qui rend visible encore plus l'architecture française que le Président a lancé, ça je crois que c'est un projet de grande envergure dont nous avons besoin.
D'accord. Et pour terminer, hier vous étiez aux vingt ans du CSA avec N. Sarkozy autour de M. Boyon, le nouveau président, qui a affirmé donc que l'audiovisuel français était en état de sous financement. C'est un avis que vous partagez, C. Albanel ?
En tout cas l'audiovisuel public aujourd'hui il est largement financé et surtout quand on voit en effet la crise du marché publicitaire, je crois que d'avoir des ressources publiques aujourd'hui garanties par l'Etat c'est précieux.
Mais l'audiovisuel français, est-ce qu'il est en état de sous financement ?
Non, je ne crois pas du tout quand on le compare avec d'autres audiovisuels, il n'est pas du tout dans un état de sous financement, et il porte de grandes ambitions et notamment culturelles.
Merci beaucoup. Le ministère de la Culture a 50 ans aujourd'hui, merci C. Albanel. Vous avez failli d'ailleurs avoir un nouveau collègue au Gouvernement, c'est L. Thuram, C. Albanel, l'édito de C. Askolowitch va porter là-dessus. Vous le saviez ?
Non, on aurait été ravis.
Et puis tout à l'heure la Revue de presse : les cordonniers sont les plus mal chaussés, les médecins les plus mal soignés. Merci C. Albanel.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 février 2009
Bonjour M.-O. Fogiel.
Vous êtes la ministre de la Culture et de la Communication. La réforme audiovisuelle doit être définitivement adoptée cette fin de semaine et avec le vote hier donc à l'Assemblée, et donc aujourd'hui au Sénat du texte. N. Sarkozy il y a deux jours disait même qu'elle était déjà adoptée. Pour vous aussi, c'est une simple formalité ?
Non, ce n'est pas du tout une simple formalité, je crois qu'il faut convaincre jusqu'à la dernière minute. Nous n'avons pas la majorité, l'UMP n'a plus la majorité au Sénat, donc je crois qu'on a un texte équilibré aujourd'hui, il n'a pas tort, mais...
Vous avez des craintes ?
Je dis non, qu'il faut être attentif, vigilant et convaincant jusqu'à la dernière minute.
Dans les faits, elle est déjà effective depuis un mois, un méthode un peu particulière. Ça ne vous ennuie pas personnellement, est-ce que vous n'avez pas peur d'avoir froissé par ces méthodes les sénateurs ?
Le problème c'était que tout le monde s'était préparé au basculement, je dirais, de la fin de la publicité dans la soirée, toutes les équipes de France Télévisions, les annonceurs l'avaient bien entendu anticipée. On a eu une instruction de près de 4 semaines à l'Assemblée nationale...
Ça on s'en souvient mais les sénateurs aujourd'hui sont devant le fait accompli.
Voilà. Mais je crois qu'en même temps aujourd'hui c'est une réforme qui est largement plébiscitée, je crois qu'elle est populaire, les gens sont heureux d'avoir des programmes qui commencent plus tôt...
Sauf qu'il y a eu un sondage sur le fait que le président de France Télévisions et d'autres sociétés publiques sera nommé directement par le chef de l'Etat, et là, les sondages sont très, très contre. En quoi est-ce nécessaire que les patrons de France Télévisions, de Radio France, de RFI, de TV5, de France 24 soient nommés directement par le président ?
Vous savez on a un paysage aujourd'hui extrêmement divers, des quantités de chaînes, les gens zappent, vont sur Internet, on est donc dans ce paysage là finalement... Vous avez un Etat actionnaire qui fixe les missions, qui garantit les ressources, il peut en effet je crois ... Il y a une espèce de cohérence et de responsabilité à choisir les dirigeants avec des verrous. Par exemple, les verrous c'est le CSA qui doit donner un avis conforme à bulletin secret ; et puis un débat public et un passage devant l'Assemblée nationale et le Sénat.
Mais c'est mal compris manifestement par les Français qui aujourd'hui sont contre.
C'est-à-dire c'est mal compris... je crois que les Français ne voient pas bien peut-être qu'il y a là une logique... Moi je crois à une logique de responsabilité, encore une fois, on fait un choix, il y a un contrat de confiance qui s'établit avec les dirigeants. Le CSA s'exprime, le Sénat et l'Assemblée nationale s'expriment, ce n'est qu'après d'ailleurs que la nomination a lieu, et puis après il y a un contrat de confiance pour justement mettre en oeuvre des missions.
Mais on craint sur les libertés.
Je crois qu'il n'y a vraiment pas lieu et surtout pas au sortir de la loi telle qu'elle est actuellement, qui multiplie les garanties, de craindre pour les libertés, d'ailleurs le CSA est également là pour veiller à ce pluralisme.
Alors C. Albanel, N. Sarkozy a installé en début de semaine, lundi, le nouveau Conseil pour la Création Artistique qu'il va présider, confié à M. Karmitz en lui fixant pour mission, je le cite, « un changement de culture après des décennies de mauvaises habitudes » ; il dit : « je veux que ça bouge, je veux que ça change ». C'est un désaveu pour vous, C. Albanel.
Non, écoutez je ne pense pas. Je pense que dès que ça bouge, ce n'est pas étonnant de N. Sarkozy...
Ça donne l'impression que ça n'a pas bougé jusqu'à là.
Je crois que ça a pas mal bougé, effectivement, je fais bouger à ma manière. Vous savez je crois que...
Mais pas assez fortement ?
On continue à porter des grandes politiques publiques. Regardez les 100 millions de plus pour le patrimoine, regardez ce qu'on fait sur le droit d'auteur, on est en train de s'adapter à l'ère numérique, moi après...
Mais les mauvaises habitudes dont parle N. Sarkozy, vous ne les avez pas prises pour vous ?
Vous savez, on travaille beaucoup actuellement à changer ces habitudes. Moi je travaille simplement avec les collectivités, avec tous les professionnels -ça a été les entretiens de Valois pendant dix mois, on vient de terminer la séquence - pour faire bouger, par exemple toute la carte du spectacle vivant, et le faire en concertation. Moi j'y crois beaucoup ...
Mais vous n'êtes pas marqué à la culotte par M. Karmitz ? Ça donne un peu l'impression qu'il y a un ministère de la Culture bis maintenant ?
Non, je crois qu'il y a un laboratoire d'idées, je pense que déjà on a fait appel par exemple à D. Olivennes sur le droit d'auteur ; Attali a beaucoup travaillé de son côté à une époque ; les Etats Généraux de la presse on a fait appel à des personnalités extérieures qui ont elles-mêmes choisi d'autres personnalités. Moi je crois d'abord que de mobiliser les gens pour donner des idées, pour proposer des expérimentations etc., ça peut être très intéressant. Ca n'empêche pas que nous on ne manque pas quand même d'imagination et nous avançons, je peux vous dire.
Alors vous êtes en place et bien en place. Justement, un mot là-dessus : on a dit un moment donné que vous étiez partante du Gouvernement. Aujourd'hui, vous êtes là ; N. Sarkozy disait de R. Dati qu'elle n'avait pas un assez gros moteur pour remonter la pente, vous ce n'était pas votre cas, vous aviez un gros moteur manifestement.
Moi vous savez, j'avance à mon rythme. C'est vrai que j'essaye de...
C'est-à-dire diesel ?
Je prends les dossiers de front, c'est-à-dire à la fois je crois qu'il y a des grandes politiques publiques à mener, et puis après je crois qu'il faut que l'Etat soit partenaire, accompagne, rende possible ... Par exemple, hier, j'ai appris que Woody Allen venait tourner son prochain film à Paris, parce qu'on a mis en place un crédit d'impôt qui le permet. Il y a quelques mois, j'ai fait voter une loi mais dont personne n'en a parlé sur les archives, pour que tout le monde puisse...
D'accord, donc vous travaillez dans votre coin...
...Pour qu'on puisse consulter les archives. Je préfère ça plutôt que de faire les archives en folie. Vous voyez c'est un peu ça que j'essaye de faire : creuser mon sillon.
Deux mots si vous le voulez bien, très courts, justement. Vous parlez de Woody Allen qui vient tourner à Paris, est-ce que vous partagez l'opinion de N. Sarkozy sur la politique culturelle de Paris, peu ambitieuse selon lui, qui se réduit surtout à "Paris Plage" et à "Nuit Blanche" ?
Je crois qu'il y a des choses très emblématiques : "Nuit Blanche" ou "Paris Plage"... Peut-être qu'en effet que Paris manquait de grands projets, et je crois que l'idée d'avoir lancé le Grand Paris qui est en train de booster tout le monde dans l'architecture et qui rend visible encore plus l'architecture française que le Président a lancé, ça je crois que c'est un projet de grande envergure dont nous avons besoin.
D'accord. Et pour terminer, hier vous étiez aux vingt ans du CSA avec N. Sarkozy autour de M. Boyon, le nouveau président, qui a affirmé donc que l'audiovisuel français était en état de sous financement. C'est un avis que vous partagez, C. Albanel ?
En tout cas l'audiovisuel public aujourd'hui il est largement financé et surtout quand on voit en effet la crise du marché publicitaire, je crois que d'avoir des ressources publiques aujourd'hui garanties par l'Etat c'est précieux.
Mais l'audiovisuel français, est-ce qu'il est en état de sous financement ?
Non, je ne crois pas du tout quand on le compare avec d'autres audiovisuels, il n'est pas du tout dans un état de sous financement, et il porte de grandes ambitions et notamment culturelles.
Merci beaucoup. Le ministère de la Culture a 50 ans aujourd'hui, merci C. Albanel. Vous avez failli d'ailleurs avoir un nouveau collègue au Gouvernement, c'est L. Thuram, C. Albanel, l'édito de C. Askolowitch va porter là-dessus. Vous le saviez ?
Non, on aurait été ravis.
Et puis tout à l'heure la Revue de presse : les cordonniers sont les plus mal chaussés, les médecins les plus mal soignés. Merci C. Albanel.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 février 2009