Texte intégral
C. Barbier.- Vous étiez en Grande-Bretagne hier pour regarder les pratiques de lutte, notamment contre l'immigration clandestine. Par exemple, la Grande-Bretagne pratique les tests ADN. En France, on voté une loi, on n'a pas pris de décret d'application. Quand signerez-vous ce décret ?
Dès que j'aurai la conviction que les conditions d'application que la loi a arrêtées sont conformes et peuvent être mises en pratique. En clair, la loi a fortement encadré : il faut que ce soit la mère, et la mère seule qui le demande, pour établir une preuve supplémentaire de la filiation biologique et exclusivement de la filiation biologique ; que ce soit gratuit, jamais le demandeur ne paierait pour ces tests ; et il faut respecter strictement les libertés publiques, c'est-à-dire, pas de constitution de fichier ADN. Donc, j'ai demandé deux choses : d'aller voir des pays qui l'exercent et qui le font régulièrement, c'est le cas du Royaume-Uni ; je vais aller en Finlande. Et je veux voir aussi comment ça se passe dans des pays qui sont prêts, parce qu'ils ont des soucis d'état-civil, à ce que leurs ressortissants passent les tests, je vais le faire sur les Iles du Cap-vert, et dans d'autres pays africains. Quand j'aurai la conviction absolue que tout ce qui peut être fait sur le plan éthique, sur le plan moral, sur les réalisations concrètes, que tout cela est assuré, à ce moment-là je signerai ce décret.
Ca nous amène sûrement dans plusieurs mois, si ce n'est vers la fin du mandat, non ?
Non, non, non, ça nous amène probablement dans un mois et demi deux mois, pas davantage. Mais je n'étais pas allé d'abord au Royaume-Uni pour cela. J'étais allé pour parler de la situation de Calais...
On va en parler. "Rendre étanche" : c'est votre expression à propos justement de la zone Pas-de-Calais où affluent tous les migrants. Qu'allez-vous concrètement pour rendre étanche cette zone ?
Travailler d'abord avec mon homologue britannique parce que la frontière est commune, et nous assurons la sécurité à la frontière. Et j'ai été heureux de l'entendre dire hier que, pour les efforts supplémentaires que nous allons devoir réaliser, il était prêt, la Grande-Bretagne est prête, à participer davantage et participer financièrement. La question c'est, pour les passeurs, le fait de dire à des clandestins, érythréens, somaliens, etc., afghan : "venez jusqu'à Calais, il y a une chance statistique réelle que vous passiez cette frontière", ce calcul malheureusement est redevenu rationnel. Je veux, je l'ai déjà dit, déclarer la guerre aux passeurs, ça veut dire les empêcher de continuer leur très triste, leur odieux business, leurs odieuses pratiques.
Et comment allez-vous faire : un mur, des barbelés, des tranchées ?
Non, pas de mur, pas de barbelés, mais probablement des contrôles plus stricts, c'est pour ça que je vous disais tout à l'heure qu'il allait falloir plus de moyens humains, plus de moyens financiers.
Les immigrés clandestins qui dénonceront leurs passeurs auront droit à un titre de séjour de dix ans. Votre circulaire a soulevé la polémique, cette circulaire de guerre déclarée aux passeurs. Avez-vous déjà des résultats depuis que cette circulaire est passée, est-ce qu'il y a déjà eu des dénonciations ?
Evidemment non, puisqu'elle a à peine 48 heures. Mais si je peux revenir d'un mot sur la polémique. Je n'ai pas compris par quelle forme de perversion intellectuelle, on peut dire qu'une circulaire qui vise à démanteler les filières clandestines et à protéger des personnes qui sont exploitées, qui sont même victimes d'une véritable traite humaine, d'un véritable esclavagisme, par quelle perversion on peut appeler "délation", ce qui est une victime qui se tourne vers la police ou la gendarmerie pour dénoncer son bourreau !
C'est une victime consentante quand même, ils ont payé des passeurs, ils savent très bien que...
Mais non, parce qu'il y a quelque chose qu'on ne voit pas. Là, je ne parle pas du travail clandestin, du "travail au black" comme on dit communément. Je parle de personnes qui ont payé parce qu'on leur a fait miroiter une espèce d'Eldorado de travail, et qui se retrouvent dans des ateliers clandestins à ne pas voir le jour pendant des semaines et des mois, je parle de la domesticité de ces jeunes femmes chinoises ou philippines qui vivent dans des pavillons de banlieues ou quelques beaux quartiers et qui ne mettent pas le nez dehors, et qui ne sont pas payées ou qui sont payées 100 euros par mois. Quelle est leur situation aujourd'hui ? Si elles se présentent à la brigade de gendarmerie ou à la police, que craignent-elles ? Qu'on leur dise : vous n'avez pas de papiers, vous allez être reconduites à la frontière. Or, là, je leur dis : dénoncez votre situation ; au passage, ça peut même être fait "plainte sous X", ce n'est même pas forcément elles qui portent plainte en leur nom, ça peut être "sous X", coopération avec la police, et vous avez une double protection : un titre de séjour provisoire qui peut devenir de longue durée, et, deuxièmement, une assistance sociale pour pouvoir rester sur le territoire. Franchement, pour tout républicain, tout humaniste, ou tout simplement toute personne de bonne foi, comment travestir cette protection de clandestins sous échange de coopération avec la police, avec une délation qui, historiquement, a un sens...
Ca a un petit côté chantage quand même : "j'achète mes papiers en donnant mon passeur" !
Mais vous êtes trop informé : la politique c'est un art relatif. Vous préférez le statu quo ? Quel est le statu quo ? Rien comme protection de ces personnes ? Et si elles sortent, instantanément, elles peuvent être reconduites à la frontière ?!
Vous diriez, comme F. Lefèbvre, de l'UMP, que la dénonciation reste un devoir républicain ?
Bien sûr, c'est un devoir civique. Un crime... vous et moi, si nous avons connaissance d'un crime, qu'est-ce qu'on doit faire ? Le dénoncer, bien sûr.
Combien de clandestins devez-vous expulser en 2009 ? Où est placée la barre : 25.000, 29.000, 30.000 ?
Je l'ai déjà dit, c'est très simple, le président de la République et le Premier ministre l'ont fixée à 27.000.
N'êtes-vous pas lancé tout de même dans une surenchère droitière ? Est-ce que vous ne faites pas de l'excès de zèle dans l'exercice de votre ministère, pour vous faire adopter plus vite par les militants de l'UMP, qui tordent un peu le nez quand ils vous voient arriver, venant de la gauche ?
Je suis dans une surenchère républicaine totalement assumée. L'idée très simple, c'est que je veux promouvoir l'immigration légale, il n'y a pas d'immigration zéro, N. Sarkozy ne l'a jamais prétendu et notamment pas en campagne. Non, non, non.
En période de crise économique, l'immigration zéro, elle va être établie rapidement.
Ça c'est une autre affaire, non. D'abord, vous avez le regroupement familial, vous avez les étudiants etc. Que sur l'immigration de travail, vous puissiez avoir un ajustement lié à la conjoncture, c'est une évidence. Je veux promouvoir l'immigration légale, je veux favoriser l'intégration républicaine des étrangers qui sont présents sur notre sol, et ça suppose de lutter contre l'immigration illégale. Mais pour vous rassurer, si tant est qu'il faille vous rassurer, sur l'intégration, sur l'identité nationale qui est pour moi une identité républicaine, sur le développent solidaire, j'aurai l'occasion de vous prouver qu'il n'y a pas ce que vous appelez de "dérive droitière". Il y a un ordre républicain assumé pleinement.
Votre rôle au sein de l'UMP, vous devez apporter des idées nouvelles, ça sera celui-là ?
Non, le rôle est distinct de l'immigration, à l'UMP. D'ailleurs, on va le montrer demain soir où nous allons tous ensemble à Reims, pour la première réunion publique de l'ensemble de la direction, on m'a demandé - X. Bertrand m'a demandé - de me tourner vers la prospective qu'il a appelée "l'avenir des Français", c'est-à-dire les grandes questions qui à court ou moyen terme vont toucher nos concitoyens.
Est-ce une idée républicaine que de dire : on va réserver certains emplois aux nationaux ? On a vu en Angleterre, aux Etats-Unis des mouvements s'amorcer ?
Non, très clairement non. Et justement, ce que nous devons éviter c'est qu'une période de crise s'accompagne d'une montée de la xénophobie. C'est un risque qui peut toucher tous les pays, dont pour l'instant nous sommes protégés en France, ce dont il faut nous réjouir, même s'il faut y veiller très, très précautionneusement.
Vous êtes chargé de l'Identité nationale. Que pensez-vous des manifestants en Guadeloupe qui parlent de colonisation, d'esclavagisme par la France ?
J'ai toujours pensé, je vous le disais tout à l'heure à propos de cet affreux mot de "délation", qu'il ne fallait pas mélanger les mots, que les mots ont un sens et qu'il faut les utiliser à propos. Donc, je ne pense pas... On peut avoir un conflit social même dur et qu'il ne faut pas parler de colonisation.
Un député UMP veut obliger par la loi les joueurs des équipes de France à chanter la Marseillaise. Vous aimez beaucoup le foot, c'est une idée que vous allez retenir ?
J'aime bien le député en question, il a fait et dit des choses intéressantes. Mais je suis en désaccord avec lui sur ce point. Qu'il veuille qu'on chante plus la Marseillaise, je partage l'objectif. Qu'il faille obliger des joueurs juste avant une compétition à chanter la Marseillaise, non. Il faut que ça vienne d'eux-mêmes. Il y a des types de joueurs : quand ils sont très concentrés, ils ne chantent pas. Cela ne veut pas dire qu'ils n'aiment pas le drapeau, qu'ils n'aiment pas leur pays.
Référendum à Mayotte le 29 mars pour achever la transformation de l'île en département français. Suspendrez-vous le droit du sol pour éviter un afflux d'immigrés qui viendra accoucher à Mayotte pour profiter après de la nationalité pour leurs enfants ?
Il n'y a pas de projet de ce type, mais Y. Jégo sera votre invité, vous parlerez avec lui de ce référendum.
Vous allez devoir parler aussi, vous, au nom de l'immigration, au nom de l'identité nationale ?
Non, non, non...
C'est une porte d'entrée en France ?
Oui, oui, mais j'ai des problèmes de frontières effectivement, mais tout ce qui relève de l'Outre-mer est de la compétence d'Y. Jégo. Et je ne confonds pas l'Outre-mer ave l'immigration.
Vous parliez tout à l'heure de respecter l'immigration, on a quand même l'impression qu'il y a une sorte de vent de protectionnisme en France. Par exemple, le plan automobile est clairement critiqué par Bruxelles comme étant "protectionniste". Est-ce votre analyse ?
Il y a une tentation protectionniste évidente, il ne faut pas la confondre. Qu'il y ait un besoin de nos compatriotes d'être protégés, une demande de protection c'est légitime. Le protectionnisme c'est un risque. On a vu l'enchaînement de la crise de 29. L'épargne, la crainte des déposants, crainte sur le crédit, ça c'est ce que le plan de relance a voulu juguler, a voulu empêcher. Maintenant, il faut réintroduire de la confiance, il faut faire attention à ce qu'il n'y ait pas de montée d'un protectionnisme qui serait destructeur et, deuxièmement, faire attention à ce qu'il n'y ait pas de montée de la xénophobie, c'est ce qu'on évoquait tout à l'heure.
Un mot de votre portefeuille précédent. Les enseignantschercheurs, leur statut, il faut calmer et le retirer ce décret ?
Il n'y avait aucun lien avec mon statut...
Oh ! Tout de même, la prospective, la réflexion, l'économie numérique...
Non, non. V. Pécresse essaie de tirer les leçons de la loi d'autonomie sur les universités. Il y a un décret qui est contesté, elle a décidé en accord avec le président de la République et le Premier ministre de rouvrir la discussion, en disant : voilà, c'est mon décret, parlons-en. Il n'y a rien qui me choque.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 février 2009
Dès que j'aurai la conviction que les conditions d'application que la loi a arrêtées sont conformes et peuvent être mises en pratique. En clair, la loi a fortement encadré : il faut que ce soit la mère, et la mère seule qui le demande, pour établir une preuve supplémentaire de la filiation biologique et exclusivement de la filiation biologique ; que ce soit gratuit, jamais le demandeur ne paierait pour ces tests ; et il faut respecter strictement les libertés publiques, c'est-à-dire, pas de constitution de fichier ADN. Donc, j'ai demandé deux choses : d'aller voir des pays qui l'exercent et qui le font régulièrement, c'est le cas du Royaume-Uni ; je vais aller en Finlande. Et je veux voir aussi comment ça se passe dans des pays qui sont prêts, parce qu'ils ont des soucis d'état-civil, à ce que leurs ressortissants passent les tests, je vais le faire sur les Iles du Cap-vert, et dans d'autres pays africains. Quand j'aurai la conviction absolue que tout ce qui peut être fait sur le plan éthique, sur le plan moral, sur les réalisations concrètes, que tout cela est assuré, à ce moment-là je signerai ce décret.
Ca nous amène sûrement dans plusieurs mois, si ce n'est vers la fin du mandat, non ?
Non, non, non, ça nous amène probablement dans un mois et demi deux mois, pas davantage. Mais je n'étais pas allé d'abord au Royaume-Uni pour cela. J'étais allé pour parler de la situation de Calais...
On va en parler. "Rendre étanche" : c'est votre expression à propos justement de la zone Pas-de-Calais où affluent tous les migrants. Qu'allez-vous concrètement pour rendre étanche cette zone ?
Travailler d'abord avec mon homologue britannique parce que la frontière est commune, et nous assurons la sécurité à la frontière. Et j'ai été heureux de l'entendre dire hier que, pour les efforts supplémentaires que nous allons devoir réaliser, il était prêt, la Grande-Bretagne est prête, à participer davantage et participer financièrement. La question c'est, pour les passeurs, le fait de dire à des clandestins, érythréens, somaliens, etc., afghan : "venez jusqu'à Calais, il y a une chance statistique réelle que vous passiez cette frontière", ce calcul malheureusement est redevenu rationnel. Je veux, je l'ai déjà dit, déclarer la guerre aux passeurs, ça veut dire les empêcher de continuer leur très triste, leur odieux business, leurs odieuses pratiques.
Et comment allez-vous faire : un mur, des barbelés, des tranchées ?
Non, pas de mur, pas de barbelés, mais probablement des contrôles plus stricts, c'est pour ça que je vous disais tout à l'heure qu'il allait falloir plus de moyens humains, plus de moyens financiers.
Les immigrés clandestins qui dénonceront leurs passeurs auront droit à un titre de séjour de dix ans. Votre circulaire a soulevé la polémique, cette circulaire de guerre déclarée aux passeurs. Avez-vous déjà des résultats depuis que cette circulaire est passée, est-ce qu'il y a déjà eu des dénonciations ?
Evidemment non, puisqu'elle a à peine 48 heures. Mais si je peux revenir d'un mot sur la polémique. Je n'ai pas compris par quelle forme de perversion intellectuelle, on peut dire qu'une circulaire qui vise à démanteler les filières clandestines et à protéger des personnes qui sont exploitées, qui sont même victimes d'une véritable traite humaine, d'un véritable esclavagisme, par quelle perversion on peut appeler "délation", ce qui est une victime qui se tourne vers la police ou la gendarmerie pour dénoncer son bourreau !
C'est une victime consentante quand même, ils ont payé des passeurs, ils savent très bien que...
Mais non, parce qu'il y a quelque chose qu'on ne voit pas. Là, je ne parle pas du travail clandestin, du "travail au black" comme on dit communément. Je parle de personnes qui ont payé parce qu'on leur a fait miroiter une espèce d'Eldorado de travail, et qui se retrouvent dans des ateliers clandestins à ne pas voir le jour pendant des semaines et des mois, je parle de la domesticité de ces jeunes femmes chinoises ou philippines qui vivent dans des pavillons de banlieues ou quelques beaux quartiers et qui ne mettent pas le nez dehors, et qui ne sont pas payées ou qui sont payées 100 euros par mois. Quelle est leur situation aujourd'hui ? Si elles se présentent à la brigade de gendarmerie ou à la police, que craignent-elles ? Qu'on leur dise : vous n'avez pas de papiers, vous allez être reconduites à la frontière. Or, là, je leur dis : dénoncez votre situation ; au passage, ça peut même être fait "plainte sous X", ce n'est même pas forcément elles qui portent plainte en leur nom, ça peut être "sous X", coopération avec la police, et vous avez une double protection : un titre de séjour provisoire qui peut devenir de longue durée, et, deuxièmement, une assistance sociale pour pouvoir rester sur le territoire. Franchement, pour tout républicain, tout humaniste, ou tout simplement toute personne de bonne foi, comment travestir cette protection de clandestins sous échange de coopération avec la police, avec une délation qui, historiquement, a un sens...
Ca a un petit côté chantage quand même : "j'achète mes papiers en donnant mon passeur" !
Mais vous êtes trop informé : la politique c'est un art relatif. Vous préférez le statu quo ? Quel est le statu quo ? Rien comme protection de ces personnes ? Et si elles sortent, instantanément, elles peuvent être reconduites à la frontière ?!
Vous diriez, comme F. Lefèbvre, de l'UMP, que la dénonciation reste un devoir républicain ?
Bien sûr, c'est un devoir civique. Un crime... vous et moi, si nous avons connaissance d'un crime, qu'est-ce qu'on doit faire ? Le dénoncer, bien sûr.
Combien de clandestins devez-vous expulser en 2009 ? Où est placée la barre : 25.000, 29.000, 30.000 ?
Je l'ai déjà dit, c'est très simple, le président de la République et le Premier ministre l'ont fixée à 27.000.
N'êtes-vous pas lancé tout de même dans une surenchère droitière ? Est-ce que vous ne faites pas de l'excès de zèle dans l'exercice de votre ministère, pour vous faire adopter plus vite par les militants de l'UMP, qui tordent un peu le nez quand ils vous voient arriver, venant de la gauche ?
Je suis dans une surenchère républicaine totalement assumée. L'idée très simple, c'est que je veux promouvoir l'immigration légale, il n'y a pas d'immigration zéro, N. Sarkozy ne l'a jamais prétendu et notamment pas en campagne. Non, non, non.
En période de crise économique, l'immigration zéro, elle va être établie rapidement.
Ça c'est une autre affaire, non. D'abord, vous avez le regroupement familial, vous avez les étudiants etc. Que sur l'immigration de travail, vous puissiez avoir un ajustement lié à la conjoncture, c'est une évidence. Je veux promouvoir l'immigration légale, je veux favoriser l'intégration républicaine des étrangers qui sont présents sur notre sol, et ça suppose de lutter contre l'immigration illégale. Mais pour vous rassurer, si tant est qu'il faille vous rassurer, sur l'intégration, sur l'identité nationale qui est pour moi une identité républicaine, sur le développent solidaire, j'aurai l'occasion de vous prouver qu'il n'y a pas ce que vous appelez de "dérive droitière". Il y a un ordre républicain assumé pleinement.
Votre rôle au sein de l'UMP, vous devez apporter des idées nouvelles, ça sera celui-là ?
Non, le rôle est distinct de l'immigration, à l'UMP. D'ailleurs, on va le montrer demain soir où nous allons tous ensemble à Reims, pour la première réunion publique de l'ensemble de la direction, on m'a demandé - X. Bertrand m'a demandé - de me tourner vers la prospective qu'il a appelée "l'avenir des Français", c'est-à-dire les grandes questions qui à court ou moyen terme vont toucher nos concitoyens.
Est-ce une idée républicaine que de dire : on va réserver certains emplois aux nationaux ? On a vu en Angleterre, aux Etats-Unis des mouvements s'amorcer ?
Non, très clairement non. Et justement, ce que nous devons éviter c'est qu'une période de crise s'accompagne d'une montée de la xénophobie. C'est un risque qui peut toucher tous les pays, dont pour l'instant nous sommes protégés en France, ce dont il faut nous réjouir, même s'il faut y veiller très, très précautionneusement.
Vous êtes chargé de l'Identité nationale. Que pensez-vous des manifestants en Guadeloupe qui parlent de colonisation, d'esclavagisme par la France ?
J'ai toujours pensé, je vous le disais tout à l'heure à propos de cet affreux mot de "délation", qu'il ne fallait pas mélanger les mots, que les mots ont un sens et qu'il faut les utiliser à propos. Donc, je ne pense pas... On peut avoir un conflit social même dur et qu'il ne faut pas parler de colonisation.
Un député UMP veut obliger par la loi les joueurs des équipes de France à chanter la Marseillaise. Vous aimez beaucoup le foot, c'est une idée que vous allez retenir ?
J'aime bien le député en question, il a fait et dit des choses intéressantes. Mais je suis en désaccord avec lui sur ce point. Qu'il veuille qu'on chante plus la Marseillaise, je partage l'objectif. Qu'il faille obliger des joueurs juste avant une compétition à chanter la Marseillaise, non. Il faut que ça vienne d'eux-mêmes. Il y a des types de joueurs : quand ils sont très concentrés, ils ne chantent pas. Cela ne veut pas dire qu'ils n'aiment pas le drapeau, qu'ils n'aiment pas leur pays.
Référendum à Mayotte le 29 mars pour achever la transformation de l'île en département français. Suspendrez-vous le droit du sol pour éviter un afflux d'immigrés qui viendra accoucher à Mayotte pour profiter après de la nationalité pour leurs enfants ?
Il n'y a pas de projet de ce type, mais Y. Jégo sera votre invité, vous parlerez avec lui de ce référendum.
Vous allez devoir parler aussi, vous, au nom de l'immigration, au nom de l'identité nationale ?
Non, non, non...
C'est une porte d'entrée en France ?
Oui, oui, mais j'ai des problèmes de frontières effectivement, mais tout ce qui relève de l'Outre-mer est de la compétence d'Y. Jégo. Et je ne confonds pas l'Outre-mer ave l'immigration.
Vous parliez tout à l'heure de respecter l'immigration, on a quand même l'impression qu'il y a une sorte de vent de protectionnisme en France. Par exemple, le plan automobile est clairement critiqué par Bruxelles comme étant "protectionniste". Est-ce votre analyse ?
Il y a une tentation protectionniste évidente, il ne faut pas la confondre. Qu'il y ait un besoin de nos compatriotes d'être protégés, une demande de protection c'est légitime. Le protectionnisme c'est un risque. On a vu l'enchaînement de la crise de 29. L'épargne, la crainte des déposants, crainte sur le crédit, ça c'est ce que le plan de relance a voulu juguler, a voulu empêcher. Maintenant, il faut réintroduire de la confiance, il faut faire attention à ce qu'il n'y ait pas de montée d'un protectionnisme qui serait destructeur et, deuxièmement, faire attention à ce qu'il n'y ait pas de montée de la xénophobie, c'est ce qu'on évoquait tout à l'heure.
Un mot de votre portefeuille précédent. Les enseignantschercheurs, leur statut, il faut calmer et le retirer ce décret ?
Il n'y avait aucun lien avec mon statut...
Oh ! Tout de même, la prospective, la réflexion, l'économie numérique...
Non, non. V. Pécresse essaie de tirer les leçons de la loi d'autonomie sur les universités. Il y a un décret qui est contesté, elle a décidé en accord avec le président de la République et le Premier ministre de rouvrir la discussion, en disant : voilà, c'est mon décret, parlons-en. Il n'y a rien qui me choque.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 février 2009