Texte intégral
J.-P. Elkabbach.- Vous faites une tournée européenne avec B. Le Maire, hier à Londres et à Berlin, pour réparer les pots cassés par le président de la République le 5 février ; est-ce que nos alliés sont toujours fâchés avec Paris ?
D'abord, il n'y a pas de "pots cassés". Vous savez, on s'est expliqués, la crise est difficile, chaque pays essaie de trouver ses solutions, chaque pays se bat contre le chômage. On s'est expliqués très franchement et je peux vous dire que la crise nous rapproche et qu'il n'y a aucun malentendu entre nous.
Il faut savoir trouver les mots qui réchauffent. Est-ce que c'est sans rancune ?
Mais il y a d'autant moins de rancune que chacun essaie de trouver ses solutions, chacun à ses difficultés et tout le monde comprend les difficultés de l'autre face à la crise.
Généralement, quand Paris s'entend bien avec Berlin, elle est en froid avec les Anglais, et inversement... Est-ce que la crise justement accentue - d'après ce que vous sentez -, les désaccords ou, au contraire, rapproche malgré les distances ?
Non, la crise, au contraire, rassemble tout le monde. Et le souci général, d'abord c'est la régulation financière. Vous savez, en Allemagne, par exemple, aujourd'hui ils ont un problème majeur avec une banque hypothécaire qui a 100 milliards d'euros de trou. Eh bien quand on a à affronter des difficultés pareilles, il n'y a pas de place pour les polémiques.
Vous voulez dire qu'elle va être nationalisée cette banque allemande ?
Ils y réfléchissent. Ils y travaillent, naturellement.
Alors la décroissance et le chômage frappent en effet, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et ce matin la Tchéquie, ce soir l'Italie. Est-ce que vous sentez chez les gouvernants de l'inquiétude devant les menaces actuelles et celles qui viennent, inconnues ?
Je sens surtout beaucoup d'espoir sur le G20 qui doit se réunir et qui doit instituer des mesures concrètes pour avoir une vraie régulation. Parce que, évidemment, ce qu'on retrouve aujourd'hui, des créances pourries dans telle ou telle banque, c'est comme des bombes qui explosent et ça crée évidemment beaucoup de désordre.
C'est peut-être paradoxal, mais vous êtes à Prague, mais je vais vous parler de la Guadeloupe, parce que A. de Tarlé révélait tout à l'heure que la Commission européenne publie en ce moment une étude sur 263 régions de l'Europe, Eurostat, et les quatre régions qui battent des records de chômage et de difficultés sont les DOMTOM, et en particulier la Guadeloupe.
Bien sûr, parce que ce sont des territoires qui sont des îles, qui sont éloignés et qui méritent évidemment beaucoup d'efforts. Et la garantie de la Guadeloupe, c'est la présence de l'Etat. On voit bien que dans cette crise on a besoin des Etats et en Guadeloupe plus qu'ailleurs.
Vous dites "les Etats", les Etats pas seulement les gendarmes...
Non, non, je dis "les Etats" d'abord pour garantir la solidarité nationale, ensuite pour avoir une politique sociale qui permet d'affronter la crise et bien sûr aussi pour le maintien de l'ordre.
La commission Barroso a annoncé que demain elle va lancer un avertissement et une menace de sanction à l'encontre d'un certain nombre de pays, dont l'Espagne, la Grèce et la France, pour déficits excessifs et non respect des critères de Maastricht.
Bon, ça je crois que ça a un caractère automatique. Mais c'est aussi quelque chose qui est complètement anachronique, parce qu'aujourd'hui, nous sommes dans une crise majeure, chacun y fait face, y compris avec des déficits, il n'y a pas un pays qui refuse de s'engager dans les déficits pour faire face à la crise. Donc on a peut-être autre chose à faire en ce moment qu'à pointer les bons et les mauvais élèves, parce que je crois qu'il y a surtout des mauvais élèves face à la difficulté. Mais vous savez, quand il y a le feu à la maison, on ne chipote pas sur la facture d'eau.
Alors elle chipote la Commission européenne ? Est-ce que vous pensez qu'elle mérite une bonne note, elle ?
On aimerait en tous les cas que la Commission européenne soit plus active. On a le sentiment que ce dont on souffre c'est de l'absence de coordination, alors il va y avoir la réunion du 1er mars, fort heureusement, la France beaucoup poussé à cela. Mais si la Commission européenne pouvait jouer un rôle plus important dans la coordination des plans de relance, pour les mettre en harmonie et aussi peut-être pour prendre des initiatives, pour avoir des actions conjointes, ce serait mieux.
Oui, alors c'est elle qui a une mauvaise note, et elle vous oblige à faire ce qu'elle ne fait pas, c'est-à-dire essayer de coordonner les politiques économiques des différents pays européens touchés par la crise ?
Oui, il y a un paradoxe, c'est que nous sommes dans une zone monétaire, la zone euro, où nous avons tous une politique commune, mais en revanche nos politiques économiques sont différentes, parfois même disparates. Et face à la crise, face, par exemple, à ce que font les Etats-Unis, avec un plan de relance qui est long à démarrer, mais qui va avoir quand même, quand il aura démarré, un impact important, eh bien il faut que l'Europe aussi puisse présenter une action globale.
Chaque pays européen propose aujourd'hui son ou ses plans de relance, G. Brown, A. Merkel, et puis ça ne relance pas grandchose. Et le vôtre d'ailleurs, P. Devedjian, il tarde...
Mais le nôtre, il marche très bien...
Oui, mais il tarde à donner des résultats, non ?
Non, je ne crois pas. Vous savez, nous avons lancé 1.000 chantiers, eh bien les chantiers, dès cette semaine, commencent à s'ouvrir. J'ai inauguré peut-être un des premiers, avec le lancement d'un pont sur le Loir, à Vendôme. Mais il va y en avoir 1.000 qui vont s'ouvrir et ils vont s'ouvrir dans les semaines et les mois qui viennent.
Ce qui frappe et ce qui inquiète c'est que c'est une crise globale et que l'Europe donne des réponses nationales ; est-ce que ce n'est pas dangereux ?
Vous savez, tous les territoires sont frappés, en France tous les départements, par le chômage. Donc il faut évidemment une réponse qui soit partout. Il n'y a guère que les Etats qui peuvent agir sur tous les points du territoire. Mais en même temps - et c'est le but de ce voyage que je fais avec B. Le Maire -, c'est de coordonner ces politiques. Or on s'aperçoit que pratiquement tous les gouvernements font à peu près la même chose, sauf l'Angleterre qui a choisi, pour des raisons d'ailleurs qui lui sont propres...
Mais séparément !
Pardon ?
Séparément...
Séparément, eh bien nous allons maintenant essayer de le faire ensemble.
Alors vous êtes à Prague, les Tchèques qui fabriquent des Renault s'inquiètent du plan français de soutien à la filière automobile. Est-ce qu'ils n'ont pas des raisons de se plaindre du... est-ce qu'on peut le dire ? Du protectionnisme français, quoi ?
Eh bien, non, il n'y a pas de protectionnisme français ! D'abord, c'est impossible, mais ensuite quand nous soutenons notre industrie automobile pour protéger nos emplois, en fait nous soutenons aussi les entreprises qui sont installées, pour Renault ou pour Peugeot, à l'étranger. Parce que quand on soutient les constructeurs français, on soutient aussi toutes leurs entreprises. Et vous savez, s'ils doivent fermer des usines, les premières qui fermeront ce sera à l'étranger parce que, malheureusement, c'est plus facile aussi à fermer. C'est-à-dire que le coût des licenciements est beaucoup moins élevé, la protection sociale est moins élevée, les partenaires sociaux sont plus faciles, les gouvernements sont plus accommodants. Donc la facilité c'est de fermer à l'étranger. Donc quand on soutient l'industrie en France, en réalité on la soutient aussi dans les pays de l'Est.
C'est-à-dire que vous voulez que les Tchèques soutiennent le plan français d'aide à l'industrie automobile ?
Bien sûr, parce que l'industrie automobile, elle est solidaire. Elle s'étend évidemment dans toute l'Europe et même dans le monde entier à certains égards, mais en même temps, on ne peut pas la diviser, on ne peut pas la séparer.
Est-ce que vous allez dire aux Tchèques d'activer la présidence tchèque de l'Europe ?
Je crois que les Tchèques ont pris la mesure du problème. En particulier, cette réunion du 1er mars que nous allons avoir entre les pays européens, elle est destinée à donner un vrai contenu à cette coordination.
A Londres, votre interlocutrice, qui était une conseillère écoutée du Premier ministre G. Brown, est-ce qu'elle vous a dit que G. Brown regrette des propos qui font un effet boomerang ? Il avait des "jobs anglais pour les travailleurs anglais", et chacun est en train de dire "produisons et achetons français", "produisons et achetons américain", "produisons et achetons allemand". Est-ce que c'est comme ça qu'on fait l'Europe et qu'on répond à la crise ?
Non, bien sûr. Mais je crois qu'il faut éviter les accusations mutuelles de protectionnisme et qui sont dues simplement au fait que premièrement nous sommes obsédés et c'est normal par le chômage qui frappe à nos portes et que nous essayons de trouver des solutions locales, et qu'en même temps, jusqu'à maintenant, nous n'avons pas eu une vraie coordination de nos actions. Pourtant c'est possible et c'est même tout à fait souhaitable parce que souvent, les mesures se ressemblent et sont proches les unes des autres. Et je crois que quand nous aurons la coordination ces petites polémiques, qui sont évidemment de mauvais aloi, disparaîtront.
Donc en vous écoutant, on pense que même les libéraux en appellent à l'Etat, que des solutions nationales ou sociales sont urgentes, même si elles sont provisoires, qu'on rejette le protectionnisme. Jusqu'ici, P. Devedjian, est-ce que vous trouvez des objectifs, des perspectives communes entre l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France ?
Oui, par exemple, pour le G20, je constate - et c'est capital -, je constate de grandes convergences, par exemple, la nécessité d'une régulation qui touchera tous les organes financiers. Aujourd'hui, la crise...
La limite des rémunérations des patrons aidés aussi ?
Bien sûr, là aussi, la moralisation du capitalisme est à l'ordre du jour, notamment tous les bonus qui sont distribués, doivent être évidemment beaucoup mieux contrôlés et faire l'objet d'une vraie régulation. Les paradis fiscaux, des mesures doivent être prises contre cela, parce que les paradis fiscaux ont un rôle dévastateur, donc...
...Donc il y a des convergences ?
Il y a de grandes convergences.
Quelle est votre principale conclusion pour le moment ?
Ma conclusion c'est que la crise rassemble tout le monde, parce que, évidemment, elle frappe tout le monde et qu'il y a une très grande solidarité. Je suis assez optimiste sur ce que devraient donner les résultats du G20, tout le monde est conscient de l'enjeu.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 17 février 2009
D'abord, il n'y a pas de "pots cassés". Vous savez, on s'est expliqués, la crise est difficile, chaque pays essaie de trouver ses solutions, chaque pays se bat contre le chômage. On s'est expliqués très franchement et je peux vous dire que la crise nous rapproche et qu'il n'y a aucun malentendu entre nous.
Il faut savoir trouver les mots qui réchauffent. Est-ce que c'est sans rancune ?
Mais il y a d'autant moins de rancune que chacun essaie de trouver ses solutions, chacun à ses difficultés et tout le monde comprend les difficultés de l'autre face à la crise.
Généralement, quand Paris s'entend bien avec Berlin, elle est en froid avec les Anglais, et inversement... Est-ce que la crise justement accentue - d'après ce que vous sentez -, les désaccords ou, au contraire, rapproche malgré les distances ?
Non, la crise, au contraire, rassemble tout le monde. Et le souci général, d'abord c'est la régulation financière. Vous savez, en Allemagne, par exemple, aujourd'hui ils ont un problème majeur avec une banque hypothécaire qui a 100 milliards d'euros de trou. Eh bien quand on a à affronter des difficultés pareilles, il n'y a pas de place pour les polémiques.
Vous voulez dire qu'elle va être nationalisée cette banque allemande ?
Ils y réfléchissent. Ils y travaillent, naturellement.
Alors la décroissance et le chômage frappent en effet, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et ce matin la Tchéquie, ce soir l'Italie. Est-ce que vous sentez chez les gouvernants de l'inquiétude devant les menaces actuelles et celles qui viennent, inconnues ?
Je sens surtout beaucoup d'espoir sur le G20 qui doit se réunir et qui doit instituer des mesures concrètes pour avoir une vraie régulation. Parce que, évidemment, ce qu'on retrouve aujourd'hui, des créances pourries dans telle ou telle banque, c'est comme des bombes qui explosent et ça crée évidemment beaucoup de désordre.
C'est peut-être paradoxal, mais vous êtes à Prague, mais je vais vous parler de la Guadeloupe, parce que A. de Tarlé révélait tout à l'heure que la Commission européenne publie en ce moment une étude sur 263 régions de l'Europe, Eurostat, et les quatre régions qui battent des records de chômage et de difficultés sont les DOMTOM, et en particulier la Guadeloupe.
Bien sûr, parce que ce sont des territoires qui sont des îles, qui sont éloignés et qui méritent évidemment beaucoup d'efforts. Et la garantie de la Guadeloupe, c'est la présence de l'Etat. On voit bien que dans cette crise on a besoin des Etats et en Guadeloupe plus qu'ailleurs.
Vous dites "les Etats", les Etats pas seulement les gendarmes...
Non, non, je dis "les Etats" d'abord pour garantir la solidarité nationale, ensuite pour avoir une politique sociale qui permet d'affronter la crise et bien sûr aussi pour le maintien de l'ordre.
La commission Barroso a annoncé que demain elle va lancer un avertissement et une menace de sanction à l'encontre d'un certain nombre de pays, dont l'Espagne, la Grèce et la France, pour déficits excessifs et non respect des critères de Maastricht.
Bon, ça je crois que ça a un caractère automatique. Mais c'est aussi quelque chose qui est complètement anachronique, parce qu'aujourd'hui, nous sommes dans une crise majeure, chacun y fait face, y compris avec des déficits, il n'y a pas un pays qui refuse de s'engager dans les déficits pour faire face à la crise. Donc on a peut-être autre chose à faire en ce moment qu'à pointer les bons et les mauvais élèves, parce que je crois qu'il y a surtout des mauvais élèves face à la difficulté. Mais vous savez, quand il y a le feu à la maison, on ne chipote pas sur la facture d'eau.
Alors elle chipote la Commission européenne ? Est-ce que vous pensez qu'elle mérite une bonne note, elle ?
On aimerait en tous les cas que la Commission européenne soit plus active. On a le sentiment que ce dont on souffre c'est de l'absence de coordination, alors il va y avoir la réunion du 1er mars, fort heureusement, la France beaucoup poussé à cela. Mais si la Commission européenne pouvait jouer un rôle plus important dans la coordination des plans de relance, pour les mettre en harmonie et aussi peut-être pour prendre des initiatives, pour avoir des actions conjointes, ce serait mieux.
Oui, alors c'est elle qui a une mauvaise note, et elle vous oblige à faire ce qu'elle ne fait pas, c'est-à-dire essayer de coordonner les politiques économiques des différents pays européens touchés par la crise ?
Oui, il y a un paradoxe, c'est que nous sommes dans une zone monétaire, la zone euro, où nous avons tous une politique commune, mais en revanche nos politiques économiques sont différentes, parfois même disparates. Et face à la crise, face, par exemple, à ce que font les Etats-Unis, avec un plan de relance qui est long à démarrer, mais qui va avoir quand même, quand il aura démarré, un impact important, eh bien il faut que l'Europe aussi puisse présenter une action globale.
Chaque pays européen propose aujourd'hui son ou ses plans de relance, G. Brown, A. Merkel, et puis ça ne relance pas grandchose. Et le vôtre d'ailleurs, P. Devedjian, il tarde...
Mais le nôtre, il marche très bien...
Oui, mais il tarde à donner des résultats, non ?
Non, je ne crois pas. Vous savez, nous avons lancé 1.000 chantiers, eh bien les chantiers, dès cette semaine, commencent à s'ouvrir. J'ai inauguré peut-être un des premiers, avec le lancement d'un pont sur le Loir, à Vendôme. Mais il va y en avoir 1.000 qui vont s'ouvrir et ils vont s'ouvrir dans les semaines et les mois qui viennent.
Ce qui frappe et ce qui inquiète c'est que c'est une crise globale et que l'Europe donne des réponses nationales ; est-ce que ce n'est pas dangereux ?
Vous savez, tous les territoires sont frappés, en France tous les départements, par le chômage. Donc il faut évidemment une réponse qui soit partout. Il n'y a guère que les Etats qui peuvent agir sur tous les points du territoire. Mais en même temps - et c'est le but de ce voyage que je fais avec B. Le Maire -, c'est de coordonner ces politiques. Or on s'aperçoit que pratiquement tous les gouvernements font à peu près la même chose, sauf l'Angleterre qui a choisi, pour des raisons d'ailleurs qui lui sont propres...
Mais séparément !
Pardon ?
Séparément...
Séparément, eh bien nous allons maintenant essayer de le faire ensemble.
Alors vous êtes à Prague, les Tchèques qui fabriquent des Renault s'inquiètent du plan français de soutien à la filière automobile. Est-ce qu'ils n'ont pas des raisons de se plaindre du... est-ce qu'on peut le dire ? Du protectionnisme français, quoi ?
Eh bien, non, il n'y a pas de protectionnisme français ! D'abord, c'est impossible, mais ensuite quand nous soutenons notre industrie automobile pour protéger nos emplois, en fait nous soutenons aussi les entreprises qui sont installées, pour Renault ou pour Peugeot, à l'étranger. Parce que quand on soutient les constructeurs français, on soutient aussi toutes leurs entreprises. Et vous savez, s'ils doivent fermer des usines, les premières qui fermeront ce sera à l'étranger parce que, malheureusement, c'est plus facile aussi à fermer. C'est-à-dire que le coût des licenciements est beaucoup moins élevé, la protection sociale est moins élevée, les partenaires sociaux sont plus faciles, les gouvernements sont plus accommodants. Donc la facilité c'est de fermer à l'étranger. Donc quand on soutient l'industrie en France, en réalité on la soutient aussi dans les pays de l'Est.
C'est-à-dire que vous voulez que les Tchèques soutiennent le plan français d'aide à l'industrie automobile ?
Bien sûr, parce que l'industrie automobile, elle est solidaire. Elle s'étend évidemment dans toute l'Europe et même dans le monde entier à certains égards, mais en même temps, on ne peut pas la diviser, on ne peut pas la séparer.
Est-ce que vous allez dire aux Tchèques d'activer la présidence tchèque de l'Europe ?
Je crois que les Tchèques ont pris la mesure du problème. En particulier, cette réunion du 1er mars que nous allons avoir entre les pays européens, elle est destinée à donner un vrai contenu à cette coordination.
A Londres, votre interlocutrice, qui était une conseillère écoutée du Premier ministre G. Brown, est-ce qu'elle vous a dit que G. Brown regrette des propos qui font un effet boomerang ? Il avait des "jobs anglais pour les travailleurs anglais", et chacun est en train de dire "produisons et achetons français", "produisons et achetons américain", "produisons et achetons allemand". Est-ce que c'est comme ça qu'on fait l'Europe et qu'on répond à la crise ?
Non, bien sûr. Mais je crois qu'il faut éviter les accusations mutuelles de protectionnisme et qui sont dues simplement au fait que premièrement nous sommes obsédés et c'est normal par le chômage qui frappe à nos portes et que nous essayons de trouver des solutions locales, et qu'en même temps, jusqu'à maintenant, nous n'avons pas eu une vraie coordination de nos actions. Pourtant c'est possible et c'est même tout à fait souhaitable parce que souvent, les mesures se ressemblent et sont proches les unes des autres. Et je crois que quand nous aurons la coordination ces petites polémiques, qui sont évidemment de mauvais aloi, disparaîtront.
Donc en vous écoutant, on pense que même les libéraux en appellent à l'Etat, que des solutions nationales ou sociales sont urgentes, même si elles sont provisoires, qu'on rejette le protectionnisme. Jusqu'ici, P. Devedjian, est-ce que vous trouvez des objectifs, des perspectives communes entre l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France ?
Oui, par exemple, pour le G20, je constate - et c'est capital -, je constate de grandes convergences, par exemple, la nécessité d'une régulation qui touchera tous les organes financiers. Aujourd'hui, la crise...
La limite des rémunérations des patrons aidés aussi ?
Bien sûr, là aussi, la moralisation du capitalisme est à l'ordre du jour, notamment tous les bonus qui sont distribués, doivent être évidemment beaucoup mieux contrôlés et faire l'objet d'une vraie régulation. Les paradis fiscaux, des mesures doivent être prises contre cela, parce que les paradis fiscaux ont un rôle dévastateur, donc...
...Donc il y a des convergences ?
Il y a de grandes convergences.
Quelle est votre principale conclusion pour le moment ?
Ma conclusion c'est que la crise rassemble tout le monde, parce que, évidemment, elle frappe tout le monde et qu'il y a une très grande solidarité. Je suis assez optimiste sur ce que devraient donner les résultats du G20, tout le monde est conscient de l'enjeu.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 17 février 2009