Texte intégral
Pourquoi réintégrer le commandement de l'Otan ?
Rappelons tout d'abord que dès 1996, Jacques Chirac a engagé des discussions très poussées en vue de rejoindre le commandement intégré de l'Otan. Il voulait, à juste titre, prendre acte de la modification du contexte géostratégique après la disparition du Pacte de Varsovie. L'OTAN est restée depuis un système de sécurité collective, auquel nous n'avons jamais cessé d'appartenir, mais qui a vu ses actions de maintien de la paix se multiplier avec une participation accrue de la France, à ce jour 4e contributeur de l'Alliance en termes de forces.
Nous avons connu une vraie relance de la politique européenne de sécurité et de défense pendant la présidence française car nous avons cessé d'opposer Europe de la défense et l'Alliance atlantique qui dois-je le rappeler regroupe 21 des 27 membres de l'Union européenne. L'Alliance constitue notre système de défense collectif, et parallèlement l'Europe développe une capacité militaire autonome pour conduire des opérations, en Europe ou en Afrique.
Enfin, les Européens ne peuvent pas espérer peser au sein de l'OTAN si la France, une des deux puissances militaires majeures de l'Europe, reste en dehors. Il y a une contradiction à vouloir européaniser l'OTAN et à ne pas y jouer pleinement notre rôle.
Où voyez-vous cette Europe de la défense progresser ?
Elle a beaucoup avancé sous la présidence française de l'UE : lancement d'un nouveau programme d'observation spatiale, création d'une flotte de transport commune, programme de rénovation des hélicoptères des pays d'Europe centrale, réseau de surveillance maritime des côtes, instauration d'un Erasmus militaire, plan d'évacuation des ressortissants européens, projet de groupe aéronaval européen, stationnement de forces opérationnelles allemandes en France... Il y a un seul élément sur lequel nous n'avons pas obtenu satisfaction, c'est la mise en place d'un état major de planification et de conduite des opérations ; mais nous y arriverons.
Quelle contrepartie Paris a-t-il obtenu de l'OTAN ? Les commandements de Norfolk et de Lisbonne ?
Au delà des postes, qui comptent et que nous aurons, nous participerons à deux comités et nous figurerons dans les états-majors. Pour le reste, rien ne change. Ni notre indépendance, ni le choix de nos équipements, ni notre autonomie de décision ne sont remis en cause. En réalité, nous ne serons plus seulement des acteurs du film mais nous contribuerons à l'écriture du scénario. C'est parce que nous acceptons d'assumer pleinement nos responsabilités que nous aurons plus de liberté et de poids pour dire non, le cas échéant.
Avez-vous assez d'officiers à dépêcher dans ces états-majors ?
Nous monterons en puissance progressivement. Cela se fera sur trois ou quatre ans.
Le vice-président Joe Biden a déclaré que les Etats-Unis vont demander davantage à leurs alliés, Allons-nous devoir nous engager davantage ?
Les décisions au sein de l'Otan se prennent selon la règle de l'unanimité. J'observe que chaque allié, en Afghanistan, émet des réserves opérationnelles et je rappelle que nos forces qui sont engagées au sein de l'Alliance demeurent sous notre autorité. Etre dans le commandement intégré de l'Otan ne nous obligera pas à envoyer davantage de troupes en Afghanistan. Ce n'est aucunement notre intention.
Le retour complet à l'OTAN soulève la contestation à gauche, mais aussi à droite...
Dominique de Villepin était secrétaire général de l'Elysée en 1996. Le Premier ministre de l'époque était Alain Juppé. L'un et l'autre peuvent-ils vous dire, les yeux dans les yeux, qu'ils n'ont pas participé activement aux négociations visant à un retour de la France dans le commandement intégré. Ils y étaient donc favorables. J'aimerais comprendre le sens de ce retournement ! Quant à François Bayrou, qu'il ose déclarer que l'indépendance de la France est compromise ! Je préfère penser que c'est de la malhonnêteté plutôt que de l'incompétence.
source http://www.le-nouveaucentre.org, le 20 février 2009
Rappelons tout d'abord que dès 1996, Jacques Chirac a engagé des discussions très poussées en vue de rejoindre le commandement intégré de l'Otan. Il voulait, à juste titre, prendre acte de la modification du contexte géostratégique après la disparition du Pacte de Varsovie. L'OTAN est restée depuis un système de sécurité collective, auquel nous n'avons jamais cessé d'appartenir, mais qui a vu ses actions de maintien de la paix se multiplier avec une participation accrue de la France, à ce jour 4e contributeur de l'Alliance en termes de forces.
Nous avons connu une vraie relance de la politique européenne de sécurité et de défense pendant la présidence française car nous avons cessé d'opposer Europe de la défense et l'Alliance atlantique qui dois-je le rappeler regroupe 21 des 27 membres de l'Union européenne. L'Alliance constitue notre système de défense collectif, et parallèlement l'Europe développe une capacité militaire autonome pour conduire des opérations, en Europe ou en Afrique.
Enfin, les Européens ne peuvent pas espérer peser au sein de l'OTAN si la France, une des deux puissances militaires majeures de l'Europe, reste en dehors. Il y a une contradiction à vouloir européaniser l'OTAN et à ne pas y jouer pleinement notre rôle.
Où voyez-vous cette Europe de la défense progresser ?
Elle a beaucoup avancé sous la présidence française de l'UE : lancement d'un nouveau programme d'observation spatiale, création d'une flotte de transport commune, programme de rénovation des hélicoptères des pays d'Europe centrale, réseau de surveillance maritime des côtes, instauration d'un Erasmus militaire, plan d'évacuation des ressortissants européens, projet de groupe aéronaval européen, stationnement de forces opérationnelles allemandes en France... Il y a un seul élément sur lequel nous n'avons pas obtenu satisfaction, c'est la mise en place d'un état major de planification et de conduite des opérations ; mais nous y arriverons.
Quelle contrepartie Paris a-t-il obtenu de l'OTAN ? Les commandements de Norfolk et de Lisbonne ?
Au delà des postes, qui comptent et que nous aurons, nous participerons à deux comités et nous figurerons dans les états-majors. Pour le reste, rien ne change. Ni notre indépendance, ni le choix de nos équipements, ni notre autonomie de décision ne sont remis en cause. En réalité, nous ne serons plus seulement des acteurs du film mais nous contribuerons à l'écriture du scénario. C'est parce que nous acceptons d'assumer pleinement nos responsabilités que nous aurons plus de liberté et de poids pour dire non, le cas échéant.
Avez-vous assez d'officiers à dépêcher dans ces états-majors ?
Nous monterons en puissance progressivement. Cela se fera sur trois ou quatre ans.
Le vice-président Joe Biden a déclaré que les Etats-Unis vont demander davantage à leurs alliés, Allons-nous devoir nous engager davantage ?
Les décisions au sein de l'Otan se prennent selon la règle de l'unanimité. J'observe que chaque allié, en Afghanistan, émet des réserves opérationnelles et je rappelle que nos forces qui sont engagées au sein de l'Alliance demeurent sous notre autorité. Etre dans le commandement intégré de l'Otan ne nous obligera pas à envoyer davantage de troupes en Afghanistan. Ce n'est aucunement notre intention.
Le retour complet à l'OTAN soulève la contestation à gauche, mais aussi à droite...
Dominique de Villepin était secrétaire général de l'Elysée en 1996. Le Premier ministre de l'époque était Alain Juppé. L'un et l'autre peuvent-ils vous dire, les yeux dans les yeux, qu'ils n'ont pas participé activement aux négociations visant à un retour de la France dans le commandement intégré. Ils y étaient donc favorables. J'aimerais comprendre le sens de ce retournement ! Quant à François Bayrou, qu'il ose déclarer que l'indépendance de la France est compromise ! Je préfère penser que c'est de la malhonnêteté plutôt que de l'incompétence.
source http://www.le-nouveaucentre.org, le 20 février 2009