Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, en réponse à une question sur la crise financière et économique, au Sénat le 19 février 2009.

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Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les sénateurs,
Depuis le début de cette crise, ce que, avec le président de la République, nous essayons de faire, dans des circonstances dont vous avez rappelé vous-même qu'elles sont inédites, et donc pour lesquelles on n'a pas beaucoup de références, c'est d'apporter, de la manière la plus réactive qui soit, des réponses à des réalités, et non pas à des sentiments, à des prévisions, à des fantasmes, à des émotions.
Nous avons d'abord dû faire face à une crise financière. Nous avons fait face à cette crise financière, et chacun aujourd'hui est obligé de constater que les établissements financiers de notre pays se portent globalement mieux que la plupart de ceux des pays qui nous entourent. Nous avons dû ensuite faire face à une crise économique qui est liée à une baisse des investissements, à un ralentissement de l'activité, à une baisse des exportations, et pas, pour le moment, à une baisse de la consommation, puisque la consommation, dans notre pays, a augmenté de 0,3 % au troisième trimestre et de 0,5 % - c'est-à-dire un peu plus - au quatrième trimestre. C'est la raison pour laquelle nous avons présenté des mesures de relance de l'activité économique, en particulier à travers le soutien aux investissements.
Et puis nous faisons face maintenant à un troisième volet de la crise, qui sont les conséquences du ralentissement économique sur l'activité et donc sur l'emploi. Et les victimes de la crise, les vraies victimes de la crise, ce sont les Français, soit qui perdent leur emploi, soit qui voient leur temps de travail diminuer, et donc leur salaire diminuer. Et c'est le sens des décisions que nous avons prises hier avec les partenaires sociaux, sur ces sujets-là d'un commun accord, c'est-à-dire, l'augmentation à 75 % du salaire brut, donc 90 % du salaire net de l'indemnisation du chômage partiel ; la décision que nous avons prise de compléter le dispositif, au fond, de l'assurance chômage en ajoutant un dispositif pour ceux qui ne sont pas aidés parce qu'ils ont travaillé entre deux et quatre mois, et qui n'ont pas droit à l'assurance chômage ; un dispositif pour aider les familles les plus modestes ; et enfin une mesure de justice pour ceux qui n'ont jamais rien, qui n'ont jamais droit à rien, c'est-à-dire ceux dont les revenus sont, grosso modo, même s'il faut naturellement prendre en compte la dimension familiale entre 1.200 euros et 3.500 euros, en mettant en place une mesure très ambitieuse de réduction d'impôts, dont je veux faire remarquer à ceux qui réclament à cor et à cris une relance par la consommation, que cette mesure est bien plus juste naturellement qu'une baisse uniforme de la TVA qui profiterait à tous les Français, quel que soit leur niveau.
Voilà, monsieur le sénateur, dans quel esprit le Gouvernement agit. Naturellement, si cette crise devait connaître des évolutions, nous adapterions, comme nous venons de le faire pour le secteur automobile, notre réponse.
Et je voudrais terminer en vous disant que le dialogue social dans notre pays est un dialogue social qui parfois peut être rude, mais qui en tout cas est une réalité, et j'en veux pour preuve le fait que, depuis un an, on ait enregistré un véritable record de signatures d'accords conventionnels, les deux derniers étant celui sur l'assurance chômage et celui sur la formation professionnelle.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 20 février 2009