Texte intégral
Q - Pourquoi le gouvernement français n'a-t-il pas été représenté autrement que par l'ambassadeur de France à la prestation de serment de M. Obama ?
R - Conformément à la tradition, aucun gouvernement étranger n'a été invité à la cérémonie.
Q - (Concernant la situation au Moyen-Orient)
Q - Quel rôle le président Obama peut-il jouer dans la résolution du conflit israélo-palestinien ?
R - Chacun ici connaît la chronologie de notre implication face aux événements du Moyen-Orient. 27 décembre : déclenchement des opérations israéliennes à Gaza. 30 décembre, soit à la fin de la Présidence française de l'Union européenne : réunion au Quai d'Orsay des vingt-sept ministres des Affaires étrangères de l'Union, aboutissant à un document qui exige le cessez-le-feu immédiat, avec cessation des tirs de roquettes sur Israël et fin des mouvements de l'armée israélienne, et qui parle de trêve humanitaire et de garanties.
4 janvier : visite de la Troïka en Egypte, en Israël et à Ramallah, en Cisjordanie. 5 janvier : à Ramallah, séance de travail entre le président de la République française et la troïka de l'Union européenne au sujet de la suite du voyage, qui comportait pour la troïka Jérusalem, Tel-Aviv et Amman, et pour le président de la République, après la visite en Israël, des visites en Syrie et au Liban, puis une visite de retour, qui a été très fructueuse, en Egypte.
Pour ma part, j'ai quitté la Troïka pour aller au Conseil de sécurité, dont nous assurions la présidence pour un mois ; nous avons mis quarante-huit heures - un peu moins - pour parvenir à la résolution 1860, qui est la première vraie résolution sur le Moyen-Orient depuis 2004 et qui a été votée à l'unanimité moins une abstention. Certains ont critiqué le fait qu'elle ne prévoie pas de sanctions, mais ce n'est jamais le cas dans une première résolution politique ! J'aurais voulu moi aussi, bien sûr, qu'elle soit appliquée tout de suite ; mais réclamer un caractère "contraignant" ne veut rien dire : tout ce qui vient du Conseil de sécurité est contraignant, même les déclarations présidentielles. Ce qui ne l'est pas, ce sont les résolutions de l'Assemblée générale. M. Ban Ki-moon a d'ailleurs voulu que le conseil se réunisse quelques jours après, juste avant son départ pour le Moyen-Orient, afin d'appuyer sa démarche.
A l'occasion du deuxième voyage en Egypte puis en Israël du président de la République, qui avait au préalable consulté Mme Merkel et M. Gordon Brown, nous avons proposé des garanties concernant l'accès maritime à Gaza, afin de prévenir l'arrivée d'armes en contrebande. Nos trois pays se sont portés volontaires pour assurer la sécurisation de la zone ; nous pouvons pour cela déplacer les bâtiments dont nous disposons à proximité.
L'autre proposition de soutien international concerne le "couloir de Philadelphie", cette zone frontière d'une quinzaine de kilomètres entre l'Egypte et Gaza. Mais au président de la République comme déjà à la troïka, l'Egypte a répondu qu'elle refusait la présence de troupes étrangères sur son sol, et il en va de même pour Israël. Dès lors que les territoires égyptien et israélien ne sont pas accessibles à des forces d'observation - auxquelles la Turquie et le Brésil seraient également prêts à participer -, que pouvons-nous faire ? Nous avons proposé de renforcer la mission EUBAM Rafah, mise en place en 2005 et suspendue en 2007 du fait des combats entre Palestiniens, qui était descendue jusqu'à dix-sept personnes. Pour le moment, aucune réponse ne nous a été apportée. Mais les Egyptiens vont rencontrer samedi au Caire d'une part les représentants d'Israël, d'autre part ceux du Hamas ; je pense que le sujet sera abordé, mais je ne sais pas si nous aurons une réponse.
Quant à M. Obama, nous souhaitons qu'il intervienne dans ce dossier, mais comment va-t-il le faire ? Personne n'en sait encore rien. En tout cas, le document transatlantique montrait clairement que l'Europe veut jouer un rôle politique, car nous souhaitons contribuer à accélérer la marche vers la création d'un Etat palestinien.
Il est conforme à la tradition que nous n'ayons pas eu de réponse à ce document transatlantique tant que Mme Condoleezza Rice était en fonction ; j'espère que Mme Hillary Clinton y répondra très vite et que la nouvelle Administration américaine examinera avec nous les moyens d'assurer un cessez-le-feu durable.
La solution passe aussi par une réconciliation palestinienne - qui n'est pas du tout impossible, contrairement à ce qu'on peut penser. Nous avons très fortement soutenu la demande du président de l'Autorité palestinienne, M. Abou Mazen, d'un gouvernement d'entente nationale ; si le Hamas y répond favorablement, nous n'aurons plus la même position à son égard. Si nous pouvons être utiles, nous appuierons bien volontiers la constitution de ce gouvernement. Le Premier ministre, M. Salam Fayyad, avec qui nous travaillons très efficacement, considère pour sa part que la présence de personnalités du Hamas et de l'OLP s'acceptant mutuellement serait une première étape.
Q - (Au sujet de la préparation de la prochaine séance publique dédiée aux opérations extérieures)
R - Cette demande me surprend un peu, tous les documents me paraissant disponibles ; mais nous vous constituerons des dossiers au plus vite !
Q - (A propos de la situation en Mauritanie)
R - En Mauritanie, nous continuons à demander le retour à l'ordre constitutionnel. Mais ce n'est pas si simple : j'ai déjà eu, à Addis-Abeba, une séance de travail avec l'Union africaine, la Ligue arabe, l'OIF et l'Organisation de la conférence islamique, dont une délégation officielle a ensuite été envoyée à Nouakchott. Nous sommes en contact avec le président de l'Union africaine, M. Kikwete, mais aussi avec M. Jean Ping, président de la Commission de l'Union africaine. Il s'est rendu à Nouakchott, nous y sommes allés aussi. Nous constatons que ce coup d'Etat s'est fait sans la moindre goutte de sang - ce qui est mieux. Nous devons être réalistes : c'est une région extraordinairement fragile, qui a notamment fait l'objet d'attaques de l'organisation Al-Qaïda au Maghreb ; nous sommes attentifs à sa sécurité, et nous ne sommes pas les seuls. Nous n'avons pas changé d'attitude, mais il est assez difficile d'adopter une position absolue. Les coups d'Etat sont condamnables et nous les condamnons ; néanmoins nous avons salué des étapes encourageantes comme la libération du président, qui était prisonnier dans son palais. Nous avons pris note de l'annonce d'élections tout en demandant que les protagonistes ne puissent pas se représenter, et apprécié que le président, qui était retourné dans son village après être venu dans la capitale, puisse recevoir des hôtes librement. Voilà où nous en sommes.
Q - Vous suivez, donc, les recommandations de M. Bourgi ?
R - Je ne sais pas de quoi vous parlez. Nous ne suivons les recommandations de personne. Nous calquons notre position sur celle de l'Union africaine.
Q - (Concernant les contacts avec la nouvelle Administration américaine)
Q - (Au sujet de la situation au Tchad et de la fin de la mission EUFOR)
Q - (A propos des conditions de vie, notamment en poste, des agents du ministère des Affaires étrangères et européennes)
Q - En ce qui concerne l'Afghanistan, comment notre position a-t-elle évolué ?
Q - L'accord russo-ukrainien va-t-il renforcer la volonté des pays européens de définir une véritable politique énergétique ?
Q - (Au sujet des propos de M. Védrine quant aux relations entre l'Europe et les Etats-Unis)
Q - (A propos de la situation au Rwanda et en RDC)
Q - (Concernant le dossier du Proche-Orient)
Q - (A propos de la position française vis-à-vis de l'Iran)
R - Un mot encore à l'attention de M. Loncle et de ceux qui s'interrogent sur les contacts que nous aurions pu avoir avec M. Obama : le président qui achève son mandat étant, jusqu'au dernier moment, le seul maître à bord, aucun pays n'en a eu. Certes nous connaissons bien l'équipe de M. Obama, mais nos homologues eux-mêmes étaient très peu en contact avec leurs successeurs. Concernant le Moyen-Orient, c'est avec Mme Condoleezza Rice que nous avons parlé jusqu'à présent, même si nous savons qui va être désigné pour suivre ce dossier et quelles seront les grandes lignes de la position que défendra Mme Hillary Clinton.
La résolution sur le Tchad vient d'être votée. Elle va mettre en place une nouvelle mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad, la MINURCAT 2, qui sera en partie constituée par des hommes des vingt-six nations qui composent l'EUFOR. Je suis très optimiste ; quand je suis allé sur place il y a deux mois, un quart des personnes déplacées avaient regagné leur domicile, et je pense qu'en mars on en sera à la moitié.
Certes, dans les camps où chacun a de quoi manger, il peut y avoir un peu de pédagogie à faire... Mais la situation progresse - même si la guerre continue.
En ce qui concerne les fonctionnaires de catégories B et C, j'ai rencontré les syndicats à de nombreuses reprises, et encore la semaine dernière ; je viens de décider d'augmenter de 19 % l'indemnité de résidence de ces catégories dans les pays les plus chers, en particulier aux Etats-Unis.
On ne peut pas répondre à toutes les demandes, mais l'idée est bien de tenir compte de l'augmentation du coût de l'immobilier.
S'agissant de la scolarité à l'étranger, je n'entrerai pas dans la polémique sur la gratuité. En septembre prochain, celle-ci sera applicable en terminale, en première et en seconde.
En Afghanistan, il n'y aura pas de solution militaire au conflit, mais il faut absolument conforter nos amis. Tout en sécurisant la population, nous devons, comme cela s'est fait dans le domaine de la santé, donner les responsabilités aux Afghans. M. Robert Gates, secrétaire d'Etat à la défense de M. Bush que M. Obama a maintenu à son poste, a déjà décidé l'envoi de 20.000 soldats américains de plus.
En ce qui concerne le conflit russo-ukrainien, pour le moment le gaz arrive partout, y compris en France. L'Union européenne s'est montrée au début, grâce à la Présidence tchèque, capable d'unité et de solidarité mais très vite, pressés par leurs besoins, certains pays ont été tenté de faire cavalier seul, ce qui n'a pas facilité le dialogue. Cette crise a fait apparaître de façon criante la nécessité, d'abord, de diversifier nos voies d'approvisionnement ; celle, ensuite, d'améliorer les interconnexions de gazoducs entre les pays européens, afin de permettre une solidarité interne. Au Conseil européen de mars, la question de l'énergie sera à nouveau posée.
Enfin, Hubert Védrine est mon ami, mais il m'a néanmoins surpris en disant de l'Europe qu'elle ne devait pas attendre les Etats-Unis : c'est bien ce que nous avons fait au Moyen-Orient ! Nous nous sommes engagés à fond dans la Conférence de Paris ; nous avons condamné les colonisations, le président de la République l'a fait à la tribune de la Knesset, et nous continuons à le faire, considérant que c'est un obstacle absolu à la formation d'un Etat palestinien. Nous le faisons parce que nous sommes les amis d'Israël. Quant à l'Union pour la Méditerranée, l'Autorité palestinienne et Israël y ont obtenu un poste de secrétaire général adjoint.
Hier, avec l'accord de M. Kabila et du gouvernement de Kinshasa, des soldats rwandais ont passé la frontière ; en principe, ils ne doivent pas rester longtemps. L'objectif que la France soutient et que M. Obasanjo, l'ancien président du Nigéria, a mis en avant, c'est une approche coopérative dans la gestion des ressources minières et du développement régional dans le respect de la souveraineté de la RDC.
Nous avons eu l'occasion d'affirmer très fortement nos positions lors de la Conférence de Paris. Ensuite, nous avons déployé notre énergie diplomatique et politique entre les Egyptiens, seuls interlocuteurs immédiats du Hamas, et les Israéliens ; et nous n'avons pas cessé de demander à M. Abou Mazen de parler au Hamas, mais il ne le voulait pas, et, disait-il, ne le pouvait pas. Une rencontre entre le Hamas et l'OLP devait avoir lieu début novembre, mais le Hamas de Damas l'a interdite ; dès lors, tout le monde s'attendait à ce que la crise éclate. La médiation avec l'Egypte a réussi, trop tard bien sûr pour les victimes. Le cessez-le-feu était la priorité, et je ne crois pas que nous pouvions être plus efficaces. Si le Hamas accepte l'idée d'un gouvernement d'union nationale, j'en serai le premier ravi.
Quant aux Iraniens, je leur ai parlé fréquemment pendant cette crise. M. Mottaki avait dit qu'il viendrait à la réunion de Paris, avec l'Afghanistan et ses voisins, mais au dernier moment il a annulé sa venue. Les Américains disent qu'ils vont parler aux Iraniens, mais nous, cela fait un an et demi que nous avons des contacts directs avec eux. Sans résultat jusqu'à présent.
Q - Quelle est votre appréciation des rapports entre l'Egypte et le Hamas ?
Q - (Concernant l'Union pour la Méditerranée)
Q - Avez-vous des informations à nous communiquer au sujet de l'élection présidentielle en Côte-d'Ivoire, qui vient d'être reportée une nouvelle fois ?
Q - (A propos d'une réforme du système onusien)
Q - Au sujet de l'accord de paix entre la République d'Azerbaïdjan et l'Arménie ?
R - L'Egypte et le Hamas se parlaient dans un cadre très fermé, qui s'est un peu ouvert. Mais pour notre part, nous parlons aussi aux Syriens ; or à chaque fois qu'une délégation du Hamas quittait Le Caire, c'était pour rentrer à Damas. Nous avons eu la possibilité, et nous étions les seuls, de parler à la fois aux Egyptiens et aux Syriens, et donc au Hamas par l'intermédiaire des deux. Nous verrons comment se passent les rencontres de cette semaine : les Israéliens vont jeudi au Caire. Le Hamas, semble-t-il, a accepté de venir seulement samedi. En tout cas, les Egyptiens jouent un rôle très positif.
Oui, nous devons nous attacher à relancer l'activité parlementaire euro-méditerranéenne et à débloquer le processus de l'Union pour la Méditerranée ; je pense que c'est possible, mais je ne m'engagerai pas sur une date.
Nous pouvons essayer, si on nous le demande, de mieux garantir la frontière entre l'Egypte et la bande de Gaza. L'Egypte a passé un accord il y a un an avec les Etats-Unis pour la fourniture de matériel de détection des tunnels, mais celui-ci n'a pas encore été totalement livré ; si nous sommes sollicités, nous apporterons volontiers notre contribution - mais nous ne pouvons pas intervenir sur le territoire égyptien. Cela dit, tant que durera le blocus de Gaza, il y aura de la contrebande ; nous sommes partisans, nous l'avons dit maintes fois, de la levée de ce blocus - qui ne profite pas à Israël.
Concernant la Côte d'Ivoire, je dois rencontrer dans les jours à venir M. Choi, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies. Il semble toujours penser que l'élection, dont on a justifié le report par des difficultés techniques, va avoir lieu ; je vous ferai part de ce qu'il m'aura dit.
L'ONU ne fonctionne pas si mal - voyez le Kosovo, voyez la résolution 1860 sur le Moyen-Orient. Bien sûr, sa réforme est nécessaire, et peut-être faut-il faire une proposition provisoire. Il nous fallait attendre la fin de la Présidence française du Conseil de l'Union européenne ; nous nous attelons maintenant à ce dossier. La réflexion que nous allons avoir la semaine prochaine sur les opérations de maintien de la paix sera l'occasion de dresser un bilan, mais l'ONU, même s'il faut la réformer, est irremplaçable.
Concernant, dans le cadre du groupe de Minsk, les rapports entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, l'accord n'est pas encore signé. La Russie a joué un rôle qu'il faut saluer. Sur le terrain, nous avons consolidé la situation. La Conférence ministérielle de l'OSCE a été très positive ; nous poursuivons les contacts.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 janvier 2009
R - Conformément à la tradition, aucun gouvernement étranger n'a été invité à la cérémonie.
Q - (Concernant la situation au Moyen-Orient)
Q - Quel rôle le président Obama peut-il jouer dans la résolution du conflit israélo-palestinien ?
R - Chacun ici connaît la chronologie de notre implication face aux événements du Moyen-Orient. 27 décembre : déclenchement des opérations israéliennes à Gaza. 30 décembre, soit à la fin de la Présidence française de l'Union européenne : réunion au Quai d'Orsay des vingt-sept ministres des Affaires étrangères de l'Union, aboutissant à un document qui exige le cessez-le-feu immédiat, avec cessation des tirs de roquettes sur Israël et fin des mouvements de l'armée israélienne, et qui parle de trêve humanitaire et de garanties.
4 janvier : visite de la Troïka en Egypte, en Israël et à Ramallah, en Cisjordanie. 5 janvier : à Ramallah, séance de travail entre le président de la République française et la troïka de l'Union européenne au sujet de la suite du voyage, qui comportait pour la troïka Jérusalem, Tel-Aviv et Amman, et pour le président de la République, après la visite en Israël, des visites en Syrie et au Liban, puis une visite de retour, qui a été très fructueuse, en Egypte.
Pour ma part, j'ai quitté la Troïka pour aller au Conseil de sécurité, dont nous assurions la présidence pour un mois ; nous avons mis quarante-huit heures - un peu moins - pour parvenir à la résolution 1860, qui est la première vraie résolution sur le Moyen-Orient depuis 2004 et qui a été votée à l'unanimité moins une abstention. Certains ont critiqué le fait qu'elle ne prévoie pas de sanctions, mais ce n'est jamais le cas dans une première résolution politique ! J'aurais voulu moi aussi, bien sûr, qu'elle soit appliquée tout de suite ; mais réclamer un caractère "contraignant" ne veut rien dire : tout ce qui vient du Conseil de sécurité est contraignant, même les déclarations présidentielles. Ce qui ne l'est pas, ce sont les résolutions de l'Assemblée générale. M. Ban Ki-moon a d'ailleurs voulu que le conseil se réunisse quelques jours après, juste avant son départ pour le Moyen-Orient, afin d'appuyer sa démarche.
A l'occasion du deuxième voyage en Egypte puis en Israël du président de la République, qui avait au préalable consulté Mme Merkel et M. Gordon Brown, nous avons proposé des garanties concernant l'accès maritime à Gaza, afin de prévenir l'arrivée d'armes en contrebande. Nos trois pays se sont portés volontaires pour assurer la sécurisation de la zone ; nous pouvons pour cela déplacer les bâtiments dont nous disposons à proximité.
L'autre proposition de soutien international concerne le "couloir de Philadelphie", cette zone frontière d'une quinzaine de kilomètres entre l'Egypte et Gaza. Mais au président de la République comme déjà à la troïka, l'Egypte a répondu qu'elle refusait la présence de troupes étrangères sur son sol, et il en va de même pour Israël. Dès lors que les territoires égyptien et israélien ne sont pas accessibles à des forces d'observation - auxquelles la Turquie et le Brésil seraient également prêts à participer -, que pouvons-nous faire ? Nous avons proposé de renforcer la mission EUBAM Rafah, mise en place en 2005 et suspendue en 2007 du fait des combats entre Palestiniens, qui était descendue jusqu'à dix-sept personnes. Pour le moment, aucune réponse ne nous a été apportée. Mais les Egyptiens vont rencontrer samedi au Caire d'une part les représentants d'Israël, d'autre part ceux du Hamas ; je pense que le sujet sera abordé, mais je ne sais pas si nous aurons une réponse.
Quant à M. Obama, nous souhaitons qu'il intervienne dans ce dossier, mais comment va-t-il le faire ? Personne n'en sait encore rien. En tout cas, le document transatlantique montrait clairement que l'Europe veut jouer un rôle politique, car nous souhaitons contribuer à accélérer la marche vers la création d'un Etat palestinien.
Il est conforme à la tradition que nous n'ayons pas eu de réponse à ce document transatlantique tant que Mme Condoleezza Rice était en fonction ; j'espère que Mme Hillary Clinton y répondra très vite et que la nouvelle Administration américaine examinera avec nous les moyens d'assurer un cessez-le-feu durable.
La solution passe aussi par une réconciliation palestinienne - qui n'est pas du tout impossible, contrairement à ce qu'on peut penser. Nous avons très fortement soutenu la demande du président de l'Autorité palestinienne, M. Abou Mazen, d'un gouvernement d'entente nationale ; si le Hamas y répond favorablement, nous n'aurons plus la même position à son égard. Si nous pouvons être utiles, nous appuierons bien volontiers la constitution de ce gouvernement. Le Premier ministre, M. Salam Fayyad, avec qui nous travaillons très efficacement, considère pour sa part que la présence de personnalités du Hamas et de l'OLP s'acceptant mutuellement serait une première étape.
Q - (Au sujet de la préparation de la prochaine séance publique dédiée aux opérations extérieures)
R - Cette demande me surprend un peu, tous les documents me paraissant disponibles ; mais nous vous constituerons des dossiers au plus vite !
Q - (A propos de la situation en Mauritanie)
R - En Mauritanie, nous continuons à demander le retour à l'ordre constitutionnel. Mais ce n'est pas si simple : j'ai déjà eu, à Addis-Abeba, une séance de travail avec l'Union africaine, la Ligue arabe, l'OIF et l'Organisation de la conférence islamique, dont une délégation officielle a ensuite été envoyée à Nouakchott. Nous sommes en contact avec le président de l'Union africaine, M. Kikwete, mais aussi avec M. Jean Ping, président de la Commission de l'Union africaine. Il s'est rendu à Nouakchott, nous y sommes allés aussi. Nous constatons que ce coup d'Etat s'est fait sans la moindre goutte de sang - ce qui est mieux. Nous devons être réalistes : c'est une région extraordinairement fragile, qui a notamment fait l'objet d'attaques de l'organisation Al-Qaïda au Maghreb ; nous sommes attentifs à sa sécurité, et nous ne sommes pas les seuls. Nous n'avons pas changé d'attitude, mais il est assez difficile d'adopter une position absolue. Les coups d'Etat sont condamnables et nous les condamnons ; néanmoins nous avons salué des étapes encourageantes comme la libération du président, qui était prisonnier dans son palais. Nous avons pris note de l'annonce d'élections tout en demandant que les protagonistes ne puissent pas se représenter, et apprécié que le président, qui était retourné dans son village après être venu dans la capitale, puisse recevoir des hôtes librement. Voilà où nous en sommes.
Q - Vous suivez, donc, les recommandations de M. Bourgi ?
R - Je ne sais pas de quoi vous parlez. Nous ne suivons les recommandations de personne. Nous calquons notre position sur celle de l'Union africaine.
Q - (Concernant les contacts avec la nouvelle Administration américaine)
Q - (Au sujet de la situation au Tchad et de la fin de la mission EUFOR)
Q - (A propos des conditions de vie, notamment en poste, des agents du ministère des Affaires étrangères et européennes)
Q - En ce qui concerne l'Afghanistan, comment notre position a-t-elle évolué ?
Q - L'accord russo-ukrainien va-t-il renforcer la volonté des pays européens de définir une véritable politique énergétique ?
Q - (Au sujet des propos de M. Védrine quant aux relations entre l'Europe et les Etats-Unis)
Q - (A propos de la situation au Rwanda et en RDC)
Q - (Concernant le dossier du Proche-Orient)
Q - (A propos de la position française vis-à-vis de l'Iran)
R - Un mot encore à l'attention de M. Loncle et de ceux qui s'interrogent sur les contacts que nous aurions pu avoir avec M. Obama : le président qui achève son mandat étant, jusqu'au dernier moment, le seul maître à bord, aucun pays n'en a eu. Certes nous connaissons bien l'équipe de M. Obama, mais nos homologues eux-mêmes étaient très peu en contact avec leurs successeurs. Concernant le Moyen-Orient, c'est avec Mme Condoleezza Rice que nous avons parlé jusqu'à présent, même si nous savons qui va être désigné pour suivre ce dossier et quelles seront les grandes lignes de la position que défendra Mme Hillary Clinton.
La résolution sur le Tchad vient d'être votée. Elle va mettre en place une nouvelle mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad, la MINURCAT 2, qui sera en partie constituée par des hommes des vingt-six nations qui composent l'EUFOR. Je suis très optimiste ; quand je suis allé sur place il y a deux mois, un quart des personnes déplacées avaient regagné leur domicile, et je pense qu'en mars on en sera à la moitié.
Certes, dans les camps où chacun a de quoi manger, il peut y avoir un peu de pédagogie à faire... Mais la situation progresse - même si la guerre continue.
En ce qui concerne les fonctionnaires de catégories B et C, j'ai rencontré les syndicats à de nombreuses reprises, et encore la semaine dernière ; je viens de décider d'augmenter de 19 % l'indemnité de résidence de ces catégories dans les pays les plus chers, en particulier aux Etats-Unis.
On ne peut pas répondre à toutes les demandes, mais l'idée est bien de tenir compte de l'augmentation du coût de l'immobilier.
S'agissant de la scolarité à l'étranger, je n'entrerai pas dans la polémique sur la gratuité. En septembre prochain, celle-ci sera applicable en terminale, en première et en seconde.
En Afghanistan, il n'y aura pas de solution militaire au conflit, mais il faut absolument conforter nos amis. Tout en sécurisant la population, nous devons, comme cela s'est fait dans le domaine de la santé, donner les responsabilités aux Afghans. M. Robert Gates, secrétaire d'Etat à la défense de M. Bush que M. Obama a maintenu à son poste, a déjà décidé l'envoi de 20.000 soldats américains de plus.
En ce qui concerne le conflit russo-ukrainien, pour le moment le gaz arrive partout, y compris en France. L'Union européenne s'est montrée au début, grâce à la Présidence tchèque, capable d'unité et de solidarité mais très vite, pressés par leurs besoins, certains pays ont été tenté de faire cavalier seul, ce qui n'a pas facilité le dialogue. Cette crise a fait apparaître de façon criante la nécessité, d'abord, de diversifier nos voies d'approvisionnement ; celle, ensuite, d'améliorer les interconnexions de gazoducs entre les pays européens, afin de permettre une solidarité interne. Au Conseil européen de mars, la question de l'énergie sera à nouveau posée.
Enfin, Hubert Védrine est mon ami, mais il m'a néanmoins surpris en disant de l'Europe qu'elle ne devait pas attendre les Etats-Unis : c'est bien ce que nous avons fait au Moyen-Orient ! Nous nous sommes engagés à fond dans la Conférence de Paris ; nous avons condamné les colonisations, le président de la République l'a fait à la tribune de la Knesset, et nous continuons à le faire, considérant que c'est un obstacle absolu à la formation d'un Etat palestinien. Nous le faisons parce que nous sommes les amis d'Israël. Quant à l'Union pour la Méditerranée, l'Autorité palestinienne et Israël y ont obtenu un poste de secrétaire général adjoint.
Hier, avec l'accord de M. Kabila et du gouvernement de Kinshasa, des soldats rwandais ont passé la frontière ; en principe, ils ne doivent pas rester longtemps. L'objectif que la France soutient et que M. Obasanjo, l'ancien président du Nigéria, a mis en avant, c'est une approche coopérative dans la gestion des ressources minières et du développement régional dans le respect de la souveraineté de la RDC.
Nous avons eu l'occasion d'affirmer très fortement nos positions lors de la Conférence de Paris. Ensuite, nous avons déployé notre énergie diplomatique et politique entre les Egyptiens, seuls interlocuteurs immédiats du Hamas, et les Israéliens ; et nous n'avons pas cessé de demander à M. Abou Mazen de parler au Hamas, mais il ne le voulait pas, et, disait-il, ne le pouvait pas. Une rencontre entre le Hamas et l'OLP devait avoir lieu début novembre, mais le Hamas de Damas l'a interdite ; dès lors, tout le monde s'attendait à ce que la crise éclate. La médiation avec l'Egypte a réussi, trop tard bien sûr pour les victimes. Le cessez-le-feu était la priorité, et je ne crois pas que nous pouvions être plus efficaces. Si le Hamas accepte l'idée d'un gouvernement d'union nationale, j'en serai le premier ravi.
Quant aux Iraniens, je leur ai parlé fréquemment pendant cette crise. M. Mottaki avait dit qu'il viendrait à la réunion de Paris, avec l'Afghanistan et ses voisins, mais au dernier moment il a annulé sa venue. Les Américains disent qu'ils vont parler aux Iraniens, mais nous, cela fait un an et demi que nous avons des contacts directs avec eux. Sans résultat jusqu'à présent.
Q - Quelle est votre appréciation des rapports entre l'Egypte et le Hamas ?
Q - (Concernant l'Union pour la Méditerranée)
Q - Avez-vous des informations à nous communiquer au sujet de l'élection présidentielle en Côte-d'Ivoire, qui vient d'être reportée une nouvelle fois ?
Q - (A propos d'une réforme du système onusien)
Q - Au sujet de l'accord de paix entre la République d'Azerbaïdjan et l'Arménie ?
R - L'Egypte et le Hamas se parlaient dans un cadre très fermé, qui s'est un peu ouvert. Mais pour notre part, nous parlons aussi aux Syriens ; or à chaque fois qu'une délégation du Hamas quittait Le Caire, c'était pour rentrer à Damas. Nous avons eu la possibilité, et nous étions les seuls, de parler à la fois aux Egyptiens et aux Syriens, et donc au Hamas par l'intermédiaire des deux. Nous verrons comment se passent les rencontres de cette semaine : les Israéliens vont jeudi au Caire. Le Hamas, semble-t-il, a accepté de venir seulement samedi. En tout cas, les Egyptiens jouent un rôle très positif.
Oui, nous devons nous attacher à relancer l'activité parlementaire euro-méditerranéenne et à débloquer le processus de l'Union pour la Méditerranée ; je pense que c'est possible, mais je ne m'engagerai pas sur une date.
Nous pouvons essayer, si on nous le demande, de mieux garantir la frontière entre l'Egypte et la bande de Gaza. L'Egypte a passé un accord il y a un an avec les Etats-Unis pour la fourniture de matériel de détection des tunnels, mais celui-ci n'a pas encore été totalement livré ; si nous sommes sollicités, nous apporterons volontiers notre contribution - mais nous ne pouvons pas intervenir sur le territoire égyptien. Cela dit, tant que durera le blocus de Gaza, il y aura de la contrebande ; nous sommes partisans, nous l'avons dit maintes fois, de la levée de ce blocus - qui ne profite pas à Israël.
Concernant la Côte d'Ivoire, je dois rencontrer dans les jours à venir M. Choi, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies. Il semble toujours penser que l'élection, dont on a justifié le report par des difficultés techniques, va avoir lieu ; je vous ferai part de ce qu'il m'aura dit.
L'ONU ne fonctionne pas si mal - voyez le Kosovo, voyez la résolution 1860 sur le Moyen-Orient. Bien sûr, sa réforme est nécessaire, et peut-être faut-il faire une proposition provisoire. Il nous fallait attendre la fin de la Présidence française du Conseil de l'Union européenne ; nous nous attelons maintenant à ce dossier. La réflexion que nous allons avoir la semaine prochaine sur les opérations de maintien de la paix sera l'occasion de dresser un bilan, mais l'ONU, même s'il faut la réformer, est irremplaçable.
Concernant, dans le cadre du groupe de Minsk, les rapports entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, l'accord n'est pas encore signé. La Russie a joué un rôle qu'il faut saluer. Sur le terrain, nous avons consolidé la situation. La Conférence ministérielle de l'OSCE a été très positive ; nous poursuivons les contacts.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 janvier 2009