Interview de M. Yves Jégo, secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer, dans "Journal de l'île de La Réunion" du 9 mars 2009, sur les mesures prises par le gouvernement en faveur des habitants et des entreprises de La Réunion.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Journal de l'Ile de la Réunion

Texte intégral

Le JIR : Que pensez-vous de la mobilisation du Cospar jeudi et surtout du succès populaire de cette manifestation ?
Yves Jégo : Cette mobilisation traduit l'angoisse des Réunionnais face à la crise qui secoue le monde. Cette peur, on la constate partout sur la planète.
Elle est renforcée dans nos départements d'Outre-Mer. La vie y est plus chère qu'en métropole pour de nombreuses raisons. Nous sommes donc en face d'une crise profonde, c'est pourquoi le Président de la République et le Premier Ministre ont souhaité y apporter des réponses fortes et durables. Il y des réponses immédiates concernant les prix, le pouvoir d'achat et le soutien aux petites entreprises. Mais il y aura aussi, à travers les états généraux de l'Outre-Mer, qui débuteront dans les prochaines semaines à La Réunion, des réponses pour le long terme afin de mettre fin aux abus du passé. Vous avez pris connaissance des 62 revendications du collectif.
Le JIR : Quelles sont les réponses que le Gouvernement peut apporter aujourd'hui, immédiatement ?
Yves Jégo : Le Préfet a commencé les discussions afin d'apporter toutes les réponses de très court terme aux principales revendications du COSPAR.
Je peux d'ailleurs vous donner quelques exemples très concrets du plan massif décidé pour les familles des DOM et qui va s'appliquer ici dès 2009. Toutes les familles logées en HLM verront leurs charges diminuer en moyenne de 50euros par mois. Tous les bénéficiaires des minima sociaux ainsi que tous les salariés modestes vont toucher en avril une prime exceptionnelle de 200euros. Nous allons augmenter de 20% l'aide aux cantines scolaires. Nous allons créer un fond exceptionnel de plusieurs centaines de milliers d'euros pour l'aide aux personnes âgées modestes et aux handicapés. Nous allons transformer le Revenu de Solidarité Active (RSA) en Revenu Supplémentaire Temporaire d'Activité ( RSTA) pour verser chaque mois un revenu supplémentaire de 100euros à tous les salariés de La Réunion qui perçoivent moins de 1,4 SMIC. Au total, ce sont plus de 80 000 foyers réunionnais qui vont bénéficier très vite de cette mesure exceptionnelle. L'une des demandes du COSPAR est le versement d'une prime de 200euros pour les plus bas salaires.
Le JIR : Comment pensez-vous appliquer la mesure à La Réunion et convaincre les autres partenaires de participer à l'effort ?
Yves Jégo : Je viens de vous le dire, le RSTA, c'est 100euros par mois pour tous les 80 000 salariés qui ont un revenu de moins de 1,4 SMIC. C'est un socle de supplément de revenu qui doit permettre au patronat et aux syndicats de négocier un accord salarial pour le compléter. D'ailleurs, pour faciliter cet accord et pour soutenir en particulier les petites entreprises dans cette période difficile, le Gouvernement à décidé des mesures sans précédent en faveur de l'économie des DOM. D'abord, la possibilité offerte que toutes les augmentations de salaires accordées soient exonérées de charges patronales et ouvrières (sauf la CSG et le CRDS).
Ce qui veut dire qu'une augmentation de salaires de 50euros net au lieu de coûter à l'entreprise 80euros ne lui coûtera plus que 55euros. Nous allons aussi apporter 150 millions d'euros de baisse supplémentaire de charges pour les entreprises dans le cadre de la Loi pour le développement économique de l'Outre-Mer (LODEOM) qui sera discutée cette semaine au Sénat. Là encore, permettez-moi de vous donner quelques exemples. Les entreprises de moins de 11 salariés vont bénéficier de 75 millions d'euros de baisse de charges dans ce cadre. Nous allons supprimer la majeure partie de taxe sur le foncier non bâti pour les agriculteurs, augmenter le prix de rémunération de la bagasse, créer un plan de soutien aux petits commerces dotés de 8 millions d'euros, exonérer jusqu'à 100% de taxe professionnelle certaines entreprises comme celles du tourisme dès cette année... La loi Girardin qui s'appliquait jusqu'à présent représentait un effort total de l'Etat d'1 milliard 300 millions d'euros pour les entreprises. Nous allons atteindre avec la LODEOM dès cette année 1 milliard 500 millions d'euros. C'est le plan le plus massif de soutien à l'économie de l'Outre-Mer jamais mis en oeuvre. Le collectif a décidé d'appeler à une autre journée de mobilisation mardi.
Le JIR : Ne craignez-vous pas que La Réunion suive la même voie que les Antilles ? Le Gouvernement prendra t-il des mesures pour éviter les mêmes dérives ?
Yves Jégo : Je fais confiance en l'esprit de responsabilité de tous les partenaires pour que ce soit le dialogue et la recherche d'un accord qui l'emporte sur toute logique de violence. L'Etat a pris toutes ses responsabilités en ouvrant, dès vendredi, les négociations et en incitant les acteurs à se mettre autour d'une table pour trouver un accord. L'Etat est porteur de solutions massives pour changer la donne économique et sociale à court terme et à plus long terme mais l'Etat garantira aussi le strict respect de l'état de droit et veillera à ce que toutes les dérives violentes soient sanctionnées.
Le JIR : Ferez-vous le déplacement jusqu'à La Réunion pour prendre part aux discussions engagées aujourd'hui entre le représentant de l'Etat sur place et les membres du collectif ?
Yves Jégo : En 11 mois je suis venu déjà 9 neuf fois à La Réunion. J'étais là le 29 et le 30 janvier dernier. Je reviendrai évidemment dès que cela sera nécessaire. Dans le cadre de mes responsabilités gouvernementales, je suis en liaison quotidienne avec le préfet qui conduit d'ailleurs avec beaucoup de bon sens et de détermination les discussions au nom de l'Etat.
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 9 mars 2009