Texte intégral
M.-O. Fogiel.- Vous accompagnez N. Sarkozy au Mexique. Vous ne avez profité cette semaine pour visiter les deux côtés de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique pour observer le dispositif mis en place à cette frontière. Au moment où ici, en France, une polémique prend de l'ampleur : mercredi, sort le film "Welcome", réalisé par P. Lioret. L'histoire parle d'immigration clandestine dans la région de Calais, P. Lioret qui a comparé les clandestins de Calais aux juifs de 1943, et V. Lindon a insisté ce week-end dans le Parisien, où il dit que toute personne venant en aide à une personne irrégulière est passible de cinq ans de prison. Il ajoute "je sais que le ministre a une tâche difficile mais il fait semblant de nier l'existence de cette loi". Que lui répondez-vous ?
J'ai la désagréable impression que les promoteurs du film se livre à un dérapage volontaire, sans doute, avec l'arrière-pensée de renforcer la promotion pour la sortie du film. Ce n'est pas un documentaire, ça veut dire qu'il y a beaucoup d'erreur, beaucoup d'invraisemblance. Mais là où on est en train d'atteindre quelque chose qui est inacceptable, il y a des choses qui relèvent du désagréable et d'autre de l'insupportable. Ce qui est insupportable, je commence par ça, c'est l'assimilation de la situation des Afghans à Calais, aux juifs en 1943. C'est à mes yeux une faute majeure de comparer les réfugiés auxquels la France apporte son aide, même si elle leur demande de régulariser leur situation, à des adultes et des enfants qui ont été traqués pendant la Seconde guerre mondiale pour être déportés et exterminés.
Certes, mais en même temps, V. Lindon incarne un maître-nageur qui s'attache à un jeune garçon qui tente de rejoindre Londres, c'est une réalité qui existe sur place dans le Nord, on voit régulièrement les habitants du Nord venir en aide à des clandestins qui vivent parfois dans des conditions plus que vétustes...
V. Lindon dit qu'il veut changer la loi, il veut changer l'article L622-1 du code d'entrée de séjour des étrangers ; c'est un article qui est conçu et utilisé depuis 1945 contre les passeurs et contre les filières clandestines. J'ai démontré à V. Lindon et à d'autres, qu'aucun particulier qui avait simplement accueilli dans l'urgence n'a jamais été inquiété.
Est-ce que vous comprenez ces Français qui ont une forme d'empathie pour ces clandestins qu'ils rencontrent sur leur chemin et qui leur viennent en aide ?
Mais bien sûr ! Mais à condition, encore une fois, que ce soit ponctuel, que ce soit lié à l'urgence, à la détresse, etc., ou que ce soit par des associations humanitaires dont la vocation est d'aider ces personnes, il n'y a pas de raison, parce qu'il y a des bonnes volontés d'accuser l'Etat français.
Revenons à votre visite : vous avez visité la frontière entre les Etats- Unis et le Mexique où il y a un très fort passage. On parle même de la frontière la plus fréquentée au monde, que ce soit de façon légale ou illégale, et on connaît la politique très répressive des Américains envers l'immigration clandestine. Etes-vous d'accord, en deux mots, avec cette politique ?
Je n'ai pas à la juger. J'y suis allé pour regarder ce que vous venez de dire, c'est-à-dire ce sont des flux colossaux. Ce qui est très intéressant, et c'est pour cela que ça m'a passionné de discuter avec les Mexicains, et ce matin, pour vous, je vais discuter avec le ministre de l'Intérieur de ces questions, c'est que le Mexique est un pays majeur pour la réflexion sur les immigrations. Il est un pays du Sud par rapport au Nord qu'est les Etats-Unis et il est un pays du Nord par rapport à l'Amérique centrale, et il est lui-même confronté à une migration très forte de ressortissants d'Amérique centrale, qui veulent rentrer sur son territoire.
Mais vous ramenez quoi de ce voyage sur ce plan-là ? Est-ce qu'il y a une idée que vous allez importer ?
Oui, je crois qu'ils ont, les Mexicains, les Américains et nous, Français et Européens, une même conviction, c'est que nous devons développer ce que l'on appelle la migration circulaire. C'est une façon de ne pas piller les cerveaux, c'est une façon d'utiliser les compétences dont nous avons besoin sur les métiers en tension dans nos pays du Nord. Et c'est en même temps la conviction qu'il faut qu'au bout de quelques années, par exemple trois ans, la personne retourne dans son pays. Ce peut être un échange gagnant-gagnant comme on dit.
On accueille et on renvoie chez soi après ?
Il n'y a pas besoin de renvoyer. Les personnes, dès le départ disent "je viens, je vais apporter mes compétences, je vais me former davantage. Et je vais faire bénéficier mon pays de ce que j'ai appris".
Ce voyage au Mexique est important pour la famille de F. Cassez, cette Française qui est détenu au Mexique. Est-ce que N. Sarkozy a parlé avec son homologue mexicain du cas de F. Cassez ?
Oui. Je n'ai pas parlé du président de la République ce soir, je ne l'ai pas vu en arrivant, mais je sais par son équipe, que oui, le dossier a déjà été évoqué dimanche après-midi au Mexique et il le sera de nouveau dans la journée pour vous, demain pour nous.
Source : Premier ministre, Service d' Information du Gouvernement du 9 mars 2009
J'ai la désagréable impression que les promoteurs du film se livre à un dérapage volontaire, sans doute, avec l'arrière-pensée de renforcer la promotion pour la sortie du film. Ce n'est pas un documentaire, ça veut dire qu'il y a beaucoup d'erreur, beaucoup d'invraisemblance. Mais là où on est en train d'atteindre quelque chose qui est inacceptable, il y a des choses qui relèvent du désagréable et d'autre de l'insupportable. Ce qui est insupportable, je commence par ça, c'est l'assimilation de la situation des Afghans à Calais, aux juifs en 1943. C'est à mes yeux une faute majeure de comparer les réfugiés auxquels la France apporte son aide, même si elle leur demande de régulariser leur situation, à des adultes et des enfants qui ont été traqués pendant la Seconde guerre mondiale pour être déportés et exterminés.
Certes, mais en même temps, V. Lindon incarne un maître-nageur qui s'attache à un jeune garçon qui tente de rejoindre Londres, c'est une réalité qui existe sur place dans le Nord, on voit régulièrement les habitants du Nord venir en aide à des clandestins qui vivent parfois dans des conditions plus que vétustes...
V. Lindon dit qu'il veut changer la loi, il veut changer l'article L622-1 du code d'entrée de séjour des étrangers ; c'est un article qui est conçu et utilisé depuis 1945 contre les passeurs et contre les filières clandestines. J'ai démontré à V. Lindon et à d'autres, qu'aucun particulier qui avait simplement accueilli dans l'urgence n'a jamais été inquiété.
Est-ce que vous comprenez ces Français qui ont une forme d'empathie pour ces clandestins qu'ils rencontrent sur leur chemin et qui leur viennent en aide ?
Mais bien sûr ! Mais à condition, encore une fois, que ce soit ponctuel, que ce soit lié à l'urgence, à la détresse, etc., ou que ce soit par des associations humanitaires dont la vocation est d'aider ces personnes, il n'y a pas de raison, parce qu'il y a des bonnes volontés d'accuser l'Etat français.
Revenons à votre visite : vous avez visité la frontière entre les Etats- Unis et le Mexique où il y a un très fort passage. On parle même de la frontière la plus fréquentée au monde, que ce soit de façon légale ou illégale, et on connaît la politique très répressive des Américains envers l'immigration clandestine. Etes-vous d'accord, en deux mots, avec cette politique ?
Je n'ai pas à la juger. J'y suis allé pour regarder ce que vous venez de dire, c'est-à-dire ce sont des flux colossaux. Ce qui est très intéressant, et c'est pour cela que ça m'a passionné de discuter avec les Mexicains, et ce matin, pour vous, je vais discuter avec le ministre de l'Intérieur de ces questions, c'est que le Mexique est un pays majeur pour la réflexion sur les immigrations. Il est un pays du Sud par rapport au Nord qu'est les Etats-Unis et il est un pays du Nord par rapport à l'Amérique centrale, et il est lui-même confronté à une migration très forte de ressortissants d'Amérique centrale, qui veulent rentrer sur son territoire.
Mais vous ramenez quoi de ce voyage sur ce plan-là ? Est-ce qu'il y a une idée que vous allez importer ?
Oui, je crois qu'ils ont, les Mexicains, les Américains et nous, Français et Européens, une même conviction, c'est que nous devons développer ce que l'on appelle la migration circulaire. C'est une façon de ne pas piller les cerveaux, c'est une façon d'utiliser les compétences dont nous avons besoin sur les métiers en tension dans nos pays du Nord. Et c'est en même temps la conviction qu'il faut qu'au bout de quelques années, par exemple trois ans, la personne retourne dans son pays. Ce peut être un échange gagnant-gagnant comme on dit.
On accueille et on renvoie chez soi après ?
Il n'y a pas besoin de renvoyer. Les personnes, dès le départ disent "je viens, je vais apporter mes compétences, je vais me former davantage. Et je vais faire bénéficier mon pays de ce que j'ai appris".
Ce voyage au Mexique est important pour la famille de F. Cassez, cette Française qui est détenu au Mexique. Est-ce que N. Sarkozy a parlé avec son homologue mexicain du cas de F. Cassez ?
Oui. Je n'ai pas parlé du président de la République ce soir, je ne l'ai pas vu en arrivant, mais je sais par son équipe, que oui, le dossier a déjà été évoqué dimanche après-midi au Mexique et il le sera de nouveau dans la journée pour vous, demain pour nous.
Source : Premier ministre, Service d' Information du Gouvernement du 9 mars 2009