Texte intégral
C. Roux, M. Biraben et L. Mercadet.- Vendredi 27 février 2009 Invité : Martin HIRSCH, haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, Haut commissaire à la Jeunesse
M. Biraben : Le haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, mais également auprès de la jeunesse, M. Hirsch, est notre invité.
C. Roux : La jeunesse est la tranche d'âge la plus touchée par le chômage et souvent la moins bien indemnisée. Hier, le gouvernement s'est réuni pour définir un calendrier de mise en place des mesures sociales annoncées par N. Sarkozy - il y a urgence à mettre en place des airbags. Sinon, il y a deux jours, M. Hirsch a proposé un travail à un jeune qui s'était mis en vente sur Internet.
Bonjour !
M. Biraben : Soyez le bienvenu ! Le garçon que vous venez d'évoquer s'appelle Y. Miel. Il s'était mis en vente - enfin, son pouvoir de travail - sur la place publique à La Défense. Vous lui avez offert du travail pour trois mois...
Quatre.
M. Biraben : Quatre, et pour les autres jeunes, est-ce que cela va être aussi facile ?
Son travail sera de s'occuper des autres. Donc, je ne l'ai pas pris pour s'occuper de lui-même, mais il est représentatif d'un certain nombre de gens qui ont fait tout bien comme il fallait et qui n'arrivent pas à rentrer dans le monde du travail. Donc, les réponses, pour eux, ne sont pas exactement les mêmes de celles et ceux auxquels on dit : "il vous faudrait une formation complémentaire, il faudrait déjà ceci et cela". Eux, il y a un problème de sensibilisation des entreprises, il y a un problème d'articulation entre leurs capacités...
M. Biraben : Non, l'endroit où ils sont et les codes d'accompagnement quand il y a toute une série de choses, il va travailler là-dessus, donc il travaille pour les autres. C. Roux : Alors, en un an, le chômage a bondi de 23 %...
Pour les jeunes.
C. Roux : Pour les moins de 25 ans, le président de la République avait évoqué une prime de 500 euros pour ceux qui ne remplissent pas les conditions d'ancienneté dans l'assurance chômage. On a envie de vous dire : quand, comment ?
Dans un mois. Cela a été une des choses qui a été discutée avec les syndicats, le 18 février. En fait il y a deux étapes ; première chose, ce sont les syndicats eux-mêmes, avec le patronat, qui ont décidé de réduire le temps nécessaire pour pouvoir être indemnisé. C'est-à-dire qu'avant, il fallait avoir travaillé au moins six mois dans les deux dernières années - pour aller vite -, et maintenant, il ne faut plus avoir travaillé que quatre mois pour avoir le droit d'être indemnisé. Il faut se rendre compte que jusqu'à présent, quand on travaillait six mois, cinq mois, on cotisait tous les mois, mais c'est une cotisation à vide. Là, la cotisation à partir de quatre mois va servir à ça.
C. Roux : Combien de personnes cela va-t-il va concerner ?
Cela concerne 200 à 300.000 personnes supplémentaires par rapport aux chômeurs indemnisés. Et l'Etat rajoute un système supplémentaire pour dire "quand vous avez travaillé deux mois - je voyais hier un jeune qui avait travaillé ses deux mois d'été, par exemple -, vous avez le droit à 500 euros qui tiennent lieu d'indemnités. Ça, ce sera opérationnel à partir d'avril.
M. Biraben : On est jeune jusqu'à quel âge ?
Ça dépend. Vous, vous l'êtes sans limite, mais...
M. Biraben : Bien, Martin, bonne réponse ! C. Roux : Non, mais les gens qui sont concernés par ces mesures ?
On est jeune jusqu'à vingt-cinq ans. En général, il y a des mesures sociales qui sont au-dessus de vingt-cinq. C'est le cas du RMI et du RSA, c'est à partir de vingt-cinq ans.
C. Roux : Quand vous entendez L. Parisot dire, à propos de cette annonce, de cette prime, qu'on transforme les jeunes en chasseurs de primes, que lui répondez-vous ?
L. Parisot, les jeunes sont chasseurs d'emploi et arrêtez de leur tirer dessus plutôt. Les jeunes sont chasseurs d'emploi, sont chasseurs de boulot, ils ont besoin d'avoir un revenu etc. Ils ne sont pas à demander des primes, bien sûr que non. Non, je crois que c'est une méconnaissance des jeunes. Donc, je pense qu'il ne faut pas être méprisant, il faut se mettre dans la peau de ce que c'est aujourd'hui, on ne se rend pas compte... Moi, je ne suis pas jeun, mais tout le monde dit que c'est très différent de ce qui s'est passé il y a dix ans, il y a quinze ans ou il y a vingt ans.
C. Roux : C'est une constante, le fait que le chômage des jeunes en France soit supérieur à la moyenne du chômage. Donc là, est-ce que vous, vous apportez des réponses spécifiques ?
On est là pour ça. Mais justement dans la partie difficile, si vous voulez, c'est qu'on a à traiter une question qui traîne en France depuis longtemps, longtemps, longtemps, qui a donné lieu au CIP raté, il y a vingt ans ou il y a quinze ans, au CPE raté, il y a trois ans, et à côté de la plaque et donc il faut reconstruire des choses qui correspondent aux besoins des jeunes. D'où l'embauche de Y. Miel, mais comme d'autres jeunes, de consultation des jeunes dans la commission parce que les mesures pour les jeunes, on les discute avec les jeunes, elles viennent des jeunes...
C. Roux : Alors on discute, sauf qu'il y a urgence...
Voilà !
C. Roux : Vous avez dit : "pas de contrat jeune" - ça on a bien compris. Qu'avez-vous en tête ? Quelle solution avez-vous en tête pour résoudre en partie ce problème ?
C'est pour ça que je dis qu'il y a une discussion de fond sur les réponses de fond, crise ou pas crise, et il y a des mesures à prendre parce qu'il y a la crise pour aller plus vite. Donc vous parliez de la prime de 500 euros, mais je souhaite qu'il y en ait d'autres et d'autres rapides. Donc là, j'ai plein de propositions.
C. Roux : C'est-à-dire d'autres ? Qu'est-ce que cela veut dire ?
Par exemple... Je vais vous donner juste un exemple : les travaux 'plan de relance' et les milliards 'plan de relance', je souhaite qu'on puisse démontrer qu'ils servent à embaucher des jeunes qui, sinon, n'auraient pas été embauchés. Et alors quand je vois qu'il y a des travaux qui commencent dans quelques mois, je souhaite qu'on embauche tout de suite un certain nombre de jeunes et -alors, c'est toujours compliqué à faire, mais j'y arriverai - quitte à ce qu'ils soient formés pendant quelques mois, pour qu'ils soient opérationnels tout de suite. Voilà. Mais il y en a beaucoup d'autres.
C. Roux : Est-ce que cela veut dire que la jeunesse, selon vous, doit être prioritaire dans le traitement social du chômage ? Est-ce que c'est ce que vous dites au chef du gouvernement quand vous le voyez ?
J'ai du mal à dire prioritaire parce que... je ne pense pas qu'il faille prendre une catégorie, puis abandonner la précédente etc., etc.
C. Roux : C'est la catégorie la plus touchée ?
Je pense que sur la jeunesse, il y a des réponses supplémentaires et spécifiques à faire, voilà. Je ne veux pas me tourner vers les allocataires du RMI en disant : "vous êtes moins prioritaires dans ma tête et dans mon coeur". Donc les jeunes aussi, mais les jeunes effectivement ils peuvent être sans emploi, sans formation, sans ressources, sans rien. Voilà, il y a quand même un petit problème.
C. Roux : Est-ce que vous êtes confronté à un problème de moyens ? Est-ce qu'il faut aller au-delà de l'enveloppe allouée par le chef de l'Etat pour le traitement social de la crise ?
La réponse à la crise, vous avez vu qu'elle s'adapte. Donc, il y a des mesures régulières. Moi je me battrai pour qu'effectivement on puisse honorer un certain nombre d'engagements qui doivent être pris vis-à-vis des jeunes et donc qu'on aille le plus loin possible, oui.
C. Roux : Donc je vous repose ma question ; est-ce que vous êtes confronté à un problème de moyens ?
Les jeunes sont confrontés à un problème de moyens ; donc, moi avec.
C. Roux : Mais vous, en tant que ministre ?
En tant que Haut commissaire, je suis solidaire du manque des moyens des jeunes, oui.
C. Roux : Mais en tant que ministre par rapport à ce qui a été alloué, est-ce que vous avez besoin d'une rallonge, voilà, en gros ma question ?
Je ne sais pas. Moi, je ne suis pas un appareil électrique avec une prise à laquelle on met une rallonge. Moi, c'est simple, je pense que chaque fois qu'on arrive bien affûté avec des bonnes mesures et des bons arguments, normalement on arrive à avoir les sous qui vont avec. Donc ce n'est pas d'abord des moyens et puis ensuite on dit on va imaginer ce qu'on va faire. Voilà ! Donc, je pense...
C. Roux Quand vous entendez Matignon qui dit qu'il n'exclut pas de verser plus d'argent public que prévu dans le fonds d'investissement social, vous dites que c'est une bonne mesure, c'est une bonne idée ?
... que j'ai un certain nombre d'idées, que je suis preneur d'un certain nombre de choses, voilà et je pense qu'il y en aura beaucoup qui seront fléchées vers les jeunes.
M. Biraben : On passe à la Guadeloupe...
C. Roux : Oui, la Guadeloupe là, le chômage des jeunes aussi, c'est un vrai problème, en Martinique également, les négociations avancent. Le RSA, que vous avez contribué à mettre en place, vient au secours de l'Etat sur place pour arriver aux 200 euros demandés. Il devient le RSTA, revenu temporaire d'activité...
Revenu supplémentaire temporaire...
C. Roux : Est-ce que c'est une prime en fait. Le RSA est devenu une prime qui ne peut pas dire son nom, c'est ça ?
Le RSA ne va pas être mis en place directement d'après les négociations, il y aura une phase intermédiaire, avec un système un peu adapté. Vous savez que c'est la raison exactement pour laquelle on avait dit le RSA s'applique immédiatement en métropole - donc métropolitains, sachez que c'est à partir du 1er juillet, avec une prime de 200 euros en avril - et Outre-mer, on avait dit on prend plus de temps parce qu'il faut s'adapter aux spécificités. Ce n'était pas par désintérêt, mais c'était pour dire c'est compliqué parce que vous avez déjà d'autres systèmes. Du coup, ils n'ont pas réussi à envisager une application immédiate du RSA à ce stade et donc on choisit un système temporaire qui va marcher.
C. Roux : Et ça vous convient ?
Ce n'est pas la question, que ça me convienne moi. Ce qui convient aux personnes me convient par définition.
M. Biraben : Une question de spectateur pour vous avec Léon. L. Mercadet : Anciennement vous avez été directeur d'Emmaüs...
Président.
Président...
Bénévole.
L. Mercadet : Et Charlotte vous pose une question sur apparemment un fait divers qui s'est passé à Marseille : que pensez-vous de la perquisition, il y a huit jours, d'Emmaüs Marseille ? La garde à vue d'un des responsables du centre, suivi de l'arrestation et du renvoi dans son pays d'un compagnon Emmaüs sans papiers ?
Alors j'en pense du mal. Si vous voulez, je pense qu'il faut que tout le monde considère que les communautés Emmaüs sont, avec quelques autres lieux, des lieux qui accueillent inconditionnellement, ça fait partie des valeurs. On ne peut pas dire "vive l'abbé Pierre" et dire "A bas le système Emmaüs". Et le système Emmaüs consiste à pouvoir accueillir des gens sans condition, sans diplôme, sans leur demander leurs papiers, leur passé. Et donc, ça fout tout en l'air si, une fois, on va vérifier ce qui se passe. Il y a, depuis des années j'allais dire, "un accord tacite" avec les autorités pour dire "si vous recherchez un criminel, on peut vous ouvrir les dossiers pour que vous regardiez". Il y a eu des histoires dramatiques dans le passé, rarissimes - rarissimes. Mais si c'est pour demander si quelqu'un est en règle vis-à-vis de la régularité du séjour, ce n'est pas chez Emmaüs qu'on va le voir. Voilà. Moi, j'ai été au contact avec Emmaüs tout le temps sur cette affaire-là, et sur le fait qu'elle devienne exemplaire dans le bon sens, c'est-à-dire on a fait voter une reconnaissance légale du système Emmaüs, qu'il prenne en compte cette dimension-là.
L. Mercadet : Vous l'avez dit à monsieur Besson ça ?
Comment ?
L. Mercadet : Vous l'avez dit à monsieur Besson ça ?
Mais bien sûr !
L. Mercadet : Pourquoi il a viré le gars alors ?
Non, il ne l'a pas... Ce n'est pas... C'est le procureur, il y a une procédure judiciaire qui n'a pas été déclenchée par le ministère. Voilà.
L. Mercadet : D'accord. M. Biraben : On va passer au "J'aime, j'aime pas". Vous allez nous dire si vous aimez ou si vous n'aimez pas la baisse de popularité de N. Sarkozy dans les sondages ?
Je ne la suis pas particulièrement.
M. Biraben : Elle baisse beaucoup en ce moment. D'autres, à votre place, nous ont dit qu'ils trouvaient ça dangereux, par exemple...
Je ne crois pas au danger de cela. Non, non, je pense que...
C. Roux : ...Ce n'est pas un sujet ?
Comment ?
C. Roux : Ce n'est pas un sujet ?
Non.
C. Roux : "J'aime, j'aime pas" : S. Royal qui attaque Paris-Match ? M. Biraben : Vous avez vu la couverture de Paris-Match ?
Oui, j'ai vu hier, oui. Je n'aime pas ce genre de couverture ...
C. Roux : Elle a raison d'attaquer ?
Je ne sais pas... je ne sais pas si elle a raison d'attaquer, je n'aime pas ces étalages.
M. Biraben : "J'aime, j'aime pas" : F. Pérol qui prend la tête de la deuxième banque de France ?
C. Roux : C'est un copain de promo, hein...
C'est un camarade de promotion, oui, tout à fait.
C. Roux : Camarade, copain ?
Ce n'est pas pareil, Caroline ?
M. Biraben : Non...
C'était le major de ma promotion, oui, F. Pérol. J'espère qu'il va nous redresser la banque, oui, bien sûr.
M. Biraben : Donc vous aimez ?
Qu'il redresse la banque, oui.
C. Roux : Sa nomination vous pose un problème ou pas ?
Bah...
C. Roux : Vous n'avez pas le droit de le dire ?
Non, il n'y a pas de souci. Non, sa nomination ne me pose pas de problème, F. Pérol est quelqu'un qui a choisi de travailler sur la banque depuis le début, quelquefois en étant au ministère des Finances, quelquefois en étant dans la banque, etc. Mais je crois qu'il a une notion du service d'intérêt général qu'il mettra au service de cette fonction-là.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 mars 2009
M. Biraben : Le haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, mais également auprès de la jeunesse, M. Hirsch, est notre invité.
C. Roux : La jeunesse est la tranche d'âge la plus touchée par le chômage et souvent la moins bien indemnisée. Hier, le gouvernement s'est réuni pour définir un calendrier de mise en place des mesures sociales annoncées par N. Sarkozy - il y a urgence à mettre en place des airbags. Sinon, il y a deux jours, M. Hirsch a proposé un travail à un jeune qui s'était mis en vente sur Internet.
Bonjour !
M. Biraben : Soyez le bienvenu ! Le garçon que vous venez d'évoquer s'appelle Y. Miel. Il s'était mis en vente - enfin, son pouvoir de travail - sur la place publique à La Défense. Vous lui avez offert du travail pour trois mois...
Quatre.
M. Biraben : Quatre, et pour les autres jeunes, est-ce que cela va être aussi facile ?
Son travail sera de s'occuper des autres. Donc, je ne l'ai pas pris pour s'occuper de lui-même, mais il est représentatif d'un certain nombre de gens qui ont fait tout bien comme il fallait et qui n'arrivent pas à rentrer dans le monde du travail. Donc, les réponses, pour eux, ne sont pas exactement les mêmes de celles et ceux auxquels on dit : "il vous faudrait une formation complémentaire, il faudrait déjà ceci et cela". Eux, il y a un problème de sensibilisation des entreprises, il y a un problème d'articulation entre leurs capacités...
M. Biraben : Non, l'endroit où ils sont et les codes d'accompagnement quand il y a toute une série de choses, il va travailler là-dessus, donc il travaille pour les autres. C. Roux : Alors, en un an, le chômage a bondi de 23 %...
Pour les jeunes.
C. Roux : Pour les moins de 25 ans, le président de la République avait évoqué une prime de 500 euros pour ceux qui ne remplissent pas les conditions d'ancienneté dans l'assurance chômage. On a envie de vous dire : quand, comment ?
Dans un mois. Cela a été une des choses qui a été discutée avec les syndicats, le 18 février. En fait il y a deux étapes ; première chose, ce sont les syndicats eux-mêmes, avec le patronat, qui ont décidé de réduire le temps nécessaire pour pouvoir être indemnisé. C'est-à-dire qu'avant, il fallait avoir travaillé au moins six mois dans les deux dernières années - pour aller vite -, et maintenant, il ne faut plus avoir travaillé que quatre mois pour avoir le droit d'être indemnisé. Il faut se rendre compte que jusqu'à présent, quand on travaillait six mois, cinq mois, on cotisait tous les mois, mais c'est une cotisation à vide. Là, la cotisation à partir de quatre mois va servir à ça.
C. Roux : Combien de personnes cela va-t-il va concerner ?
Cela concerne 200 à 300.000 personnes supplémentaires par rapport aux chômeurs indemnisés. Et l'Etat rajoute un système supplémentaire pour dire "quand vous avez travaillé deux mois - je voyais hier un jeune qui avait travaillé ses deux mois d'été, par exemple -, vous avez le droit à 500 euros qui tiennent lieu d'indemnités. Ça, ce sera opérationnel à partir d'avril.
M. Biraben : On est jeune jusqu'à quel âge ?
Ça dépend. Vous, vous l'êtes sans limite, mais...
M. Biraben : Bien, Martin, bonne réponse ! C. Roux : Non, mais les gens qui sont concernés par ces mesures ?
On est jeune jusqu'à vingt-cinq ans. En général, il y a des mesures sociales qui sont au-dessus de vingt-cinq. C'est le cas du RMI et du RSA, c'est à partir de vingt-cinq ans.
C. Roux : Quand vous entendez L. Parisot dire, à propos de cette annonce, de cette prime, qu'on transforme les jeunes en chasseurs de primes, que lui répondez-vous ?
L. Parisot, les jeunes sont chasseurs d'emploi et arrêtez de leur tirer dessus plutôt. Les jeunes sont chasseurs d'emploi, sont chasseurs de boulot, ils ont besoin d'avoir un revenu etc. Ils ne sont pas à demander des primes, bien sûr que non. Non, je crois que c'est une méconnaissance des jeunes. Donc, je pense qu'il ne faut pas être méprisant, il faut se mettre dans la peau de ce que c'est aujourd'hui, on ne se rend pas compte... Moi, je ne suis pas jeun, mais tout le monde dit que c'est très différent de ce qui s'est passé il y a dix ans, il y a quinze ans ou il y a vingt ans.
C. Roux : C'est une constante, le fait que le chômage des jeunes en France soit supérieur à la moyenne du chômage. Donc là, est-ce que vous, vous apportez des réponses spécifiques ?
On est là pour ça. Mais justement dans la partie difficile, si vous voulez, c'est qu'on a à traiter une question qui traîne en France depuis longtemps, longtemps, longtemps, qui a donné lieu au CIP raté, il y a vingt ans ou il y a quinze ans, au CPE raté, il y a trois ans, et à côté de la plaque et donc il faut reconstruire des choses qui correspondent aux besoins des jeunes. D'où l'embauche de Y. Miel, mais comme d'autres jeunes, de consultation des jeunes dans la commission parce que les mesures pour les jeunes, on les discute avec les jeunes, elles viennent des jeunes...
C. Roux : Alors on discute, sauf qu'il y a urgence...
Voilà !
C. Roux : Vous avez dit : "pas de contrat jeune" - ça on a bien compris. Qu'avez-vous en tête ? Quelle solution avez-vous en tête pour résoudre en partie ce problème ?
C'est pour ça que je dis qu'il y a une discussion de fond sur les réponses de fond, crise ou pas crise, et il y a des mesures à prendre parce qu'il y a la crise pour aller plus vite. Donc vous parliez de la prime de 500 euros, mais je souhaite qu'il y en ait d'autres et d'autres rapides. Donc là, j'ai plein de propositions.
C. Roux : C'est-à-dire d'autres ? Qu'est-ce que cela veut dire ?
Par exemple... Je vais vous donner juste un exemple : les travaux 'plan de relance' et les milliards 'plan de relance', je souhaite qu'on puisse démontrer qu'ils servent à embaucher des jeunes qui, sinon, n'auraient pas été embauchés. Et alors quand je vois qu'il y a des travaux qui commencent dans quelques mois, je souhaite qu'on embauche tout de suite un certain nombre de jeunes et -alors, c'est toujours compliqué à faire, mais j'y arriverai - quitte à ce qu'ils soient formés pendant quelques mois, pour qu'ils soient opérationnels tout de suite. Voilà. Mais il y en a beaucoup d'autres.
C. Roux : Est-ce que cela veut dire que la jeunesse, selon vous, doit être prioritaire dans le traitement social du chômage ? Est-ce que c'est ce que vous dites au chef du gouvernement quand vous le voyez ?
J'ai du mal à dire prioritaire parce que... je ne pense pas qu'il faille prendre une catégorie, puis abandonner la précédente etc., etc.
C. Roux : C'est la catégorie la plus touchée ?
Je pense que sur la jeunesse, il y a des réponses supplémentaires et spécifiques à faire, voilà. Je ne veux pas me tourner vers les allocataires du RMI en disant : "vous êtes moins prioritaires dans ma tête et dans mon coeur". Donc les jeunes aussi, mais les jeunes effectivement ils peuvent être sans emploi, sans formation, sans ressources, sans rien. Voilà, il y a quand même un petit problème.
C. Roux : Est-ce que vous êtes confronté à un problème de moyens ? Est-ce qu'il faut aller au-delà de l'enveloppe allouée par le chef de l'Etat pour le traitement social de la crise ?
La réponse à la crise, vous avez vu qu'elle s'adapte. Donc, il y a des mesures régulières. Moi je me battrai pour qu'effectivement on puisse honorer un certain nombre d'engagements qui doivent être pris vis-à-vis des jeunes et donc qu'on aille le plus loin possible, oui.
C. Roux : Donc je vous repose ma question ; est-ce que vous êtes confronté à un problème de moyens ?
Les jeunes sont confrontés à un problème de moyens ; donc, moi avec.
C. Roux : Mais vous, en tant que ministre ?
En tant que Haut commissaire, je suis solidaire du manque des moyens des jeunes, oui.
C. Roux : Mais en tant que ministre par rapport à ce qui a été alloué, est-ce que vous avez besoin d'une rallonge, voilà, en gros ma question ?
Je ne sais pas. Moi, je ne suis pas un appareil électrique avec une prise à laquelle on met une rallonge. Moi, c'est simple, je pense que chaque fois qu'on arrive bien affûté avec des bonnes mesures et des bons arguments, normalement on arrive à avoir les sous qui vont avec. Donc ce n'est pas d'abord des moyens et puis ensuite on dit on va imaginer ce qu'on va faire. Voilà ! Donc, je pense...
C. Roux Quand vous entendez Matignon qui dit qu'il n'exclut pas de verser plus d'argent public que prévu dans le fonds d'investissement social, vous dites que c'est une bonne mesure, c'est une bonne idée ?
... que j'ai un certain nombre d'idées, que je suis preneur d'un certain nombre de choses, voilà et je pense qu'il y en aura beaucoup qui seront fléchées vers les jeunes.
M. Biraben : On passe à la Guadeloupe...
C. Roux : Oui, la Guadeloupe là, le chômage des jeunes aussi, c'est un vrai problème, en Martinique également, les négociations avancent. Le RSA, que vous avez contribué à mettre en place, vient au secours de l'Etat sur place pour arriver aux 200 euros demandés. Il devient le RSTA, revenu temporaire d'activité...
Revenu supplémentaire temporaire...
C. Roux : Est-ce que c'est une prime en fait. Le RSA est devenu une prime qui ne peut pas dire son nom, c'est ça ?
Le RSA ne va pas être mis en place directement d'après les négociations, il y aura une phase intermédiaire, avec un système un peu adapté. Vous savez que c'est la raison exactement pour laquelle on avait dit le RSA s'applique immédiatement en métropole - donc métropolitains, sachez que c'est à partir du 1er juillet, avec une prime de 200 euros en avril - et Outre-mer, on avait dit on prend plus de temps parce qu'il faut s'adapter aux spécificités. Ce n'était pas par désintérêt, mais c'était pour dire c'est compliqué parce que vous avez déjà d'autres systèmes. Du coup, ils n'ont pas réussi à envisager une application immédiate du RSA à ce stade et donc on choisit un système temporaire qui va marcher.
C. Roux : Et ça vous convient ?
Ce n'est pas la question, que ça me convienne moi. Ce qui convient aux personnes me convient par définition.
M. Biraben : Une question de spectateur pour vous avec Léon. L. Mercadet : Anciennement vous avez été directeur d'Emmaüs...
Président.
Président...
Bénévole.
L. Mercadet : Et Charlotte vous pose une question sur apparemment un fait divers qui s'est passé à Marseille : que pensez-vous de la perquisition, il y a huit jours, d'Emmaüs Marseille ? La garde à vue d'un des responsables du centre, suivi de l'arrestation et du renvoi dans son pays d'un compagnon Emmaüs sans papiers ?
Alors j'en pense du mal. Si vous voulez, je pense qu'il faut que tout le monde considère que les communautés Emmaüs sont, avec quelques autres lieux, des lieux qui accueillent inconditionnellement, ça fait partie des valeurs. On ne peut pas dire "vive l'abbé Pierre" et dire "A bas le système Emmaüs". Et le système Emmaüs consiste à pouvoir accueillir des gens sans condition, sans diplôme, sans leur demander leurs papiers, leur passé. Et donc, ça fout tout en l'air si, une fois, on va vérifier ce qui se passe. Il y a, depuis des années j'allais dire, "un accord tacite" avec les autorités pour dire "si vous recherchez un criminel, on peut vous ouvrir les dossiers pour que vous regardiez". Il y a eu des histoires dramatiques dans le passé, rarissimes - rarissimes. Mais si c'est pour demander si quelqu'un est en règle vis-à-vis de la régularité du séjour, ce n'est pas chez Emmaüs qu'on va le voir. Voilà. Moi, j'ai été au contact avec Emmaüs tout le temps sur cette affaire-là, et sur le fait qu'elle devienne exemplaire dans le bon sens, c'est-à-dire on a fait voter une reconnaissance légale du système Emmaüs, qu'il prenne en compte cette dimension-là.
L. Mercadet : Vous l'avez dit à monsieur Besson ça ?
Comment ?
L. Mercadet : Vous l'avez dit à monsieur Besson ça ?
Mais bien sûr !
L. Mercadet : Pourquoi il a viré le gars alors ?
Non, il ne l'a pas... Ce n'est pas... C'est le procureur, il y a une procédure judiciaire qui n'a pas été déclenchée par le ministère. Voilà.
L. Mercadet : D'accord. M. Biraben : On va passer au "J'aime, j'aime pas". Vous allez nous dire si vous aimez ou si vous n'aimez pas la baisse de popularité de N. Sarkozy dans les sondages ?
Je ne la suis pas particulièrement.
M. Biraben : Elle baisse beaucoup en ce moment. D'autres, à votre place, nous ont dit qu'ils trouvaient ça dangereux, par exemple...
Je ne crois pas au danger de cela. Non, non, je pense que...
C. Roux : ...Ce n'est pas un sujet ?
Comment ?
C. Roux : Ce n'est pas un sujet ?
Non.
C. Roux : "J'aime, j'aime pas" : S. Royal qui attaque Paris-Match ? M. Biraben : Vous avez vu la couverture de Paris-Match ?
Oui, j'ai vu hier, oui. Je n'aime pas ce genre de couverture ...
C. Roux : Elle a raison d'attaquer ?
Je ne sais pas... je ne sais pas si elle a raison d'attaquer, je n'aime pas ces étalages.
M. Biraben : "J'aime, j'aime pas" : F. Pérol qui prend la tête de la deuxième banque de France ?
C. Roux : C'est un copain de promo, hein...
C'est un camarade de promotion, oui, tout à fait.
C. Roux : Camarade, copain ?
Ce n'est pas pareil, Caroline ?
M. Biraben : Non...
C'était le major de ma promotion, oui, F. Pérol. J'espère qu'il va nous redresser la banque, oui, bien sûr.
M. Biraben : Donc vous aimez ?
Qu'il redresse la banque, oui.
C. Roux : Sa nomination vous pose un problème ou pas ?
Bah...
C. Roux : Vous n'avez pas le droit de le dire ?
Non, il n'y a pas de souci. Non, sa nomination ne me pose pas de problème, F. Pérol est quelqu'un qui a choisi de travailler sur la banque depuis le début, quelquefois en étant au ministère des Finances, quelquefois en étant dans la banque, etc. Mais je crois qu'il a une notion du service d'intérêt général qu'il mettra au service de cette fonction-là.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 mars 2009