Texte intégral
Laissez-moi d'abord souhaiter chaleureusement la bienvenue aux jeunes filles qui nous ont rejoints ce matin !
Merci d'être venues des 4 coins de la France. Merci pour celles qui se sont levées -bien plus tôt qu'un dimanche ordinaire !- pour partager ce moment de citoyenneté au féminin.
Chaque année, le 8 mars est une occasion de faire un « arrêt sur image » sur ce que nous sommes en tant que filles, femmes, soeurs, mères ou grand-mère.
C'est un arrêt symbolique important, un espace de respiration, qu'on peut vivre ensemble, et qui crée somme toute des liens de solidarité et de complicité.
Cette année - au-delà des deux priorités que je défends depuis près de 21 mois à savoir la lutte contre les violences faites aux femmes et l'égalité professionnelle avec les hommes- j'ai souhaité dédier la journée de la femme à la jeunesse et à ce temps fort que représente l'accès à la majorité.
Pour cela, j'ai fait deux choses : un sondage pour mieux vous connaître et un livre pour vous encourager dans vos choix.
Le sondage -fait par internet auprès de 500 jeunes filles du même âge que vous- m'a donné quelques pistes intéressantes : j'aimerais partager ces informations avec vous, savoir ce que vous en pensez et vous entendre débattre librement à ce sujet.
J'apprends par exemple que vous n'êtes que 5 % à vouloir être femme au foyer : et pourtant, les chiffres les plus récents fournis par notre service du droit des femmes montre que la répartition des tâches ménagères et domestiques repose toujours plus sur nous les femmes que sur les hommes : 3h48 de moyenne par jour pour les femmes contre 1h59 pour les hommes !
Le sondage nous apprend aussi que les problèmes de santé ne préoccupent que 6 % d'entre vous. C'est bien mais des progrès restent à faire en terme de prévention : en effet nos statistiques 2008 indiquent par exemple que le recours à l'IVG ne fait qu'augmenter parmi les jeunes filles de 18 à 19 ans alors qu'il reste stable au-delà de cet âge.
Dernier exemple : le sondage nous apprend que 34 % d'entre vous veulent être chefs d'entreprise, c'est un bel exemple de volontarisme qui doit aussi s'appliquer à la vie au sein de l'entreprise en tant que salariée car les inégalités persistent : sachez par exemple, qu'aujourd'hui en France un homme qui est commercial gagne 48 000 euros par an contre 36 600 euros pour une femme !
Le choix de votre orientation professionnelle est votre principal motif d'inquiétude, c'est bien légitime et vous semblez très tentées de faire des choix atypiques (artiste par exemple) c'est bien aussi ! mais dans les faits vous êtes, mesdemoiselles, moins audacieuses ! car sachez que la majeure partie d'entre vous se concentre encore et toujours dans les mêmes métiers, métiers certes formidables, au service des autres (infirmière, enseignante par exemple) mais qui ne doivent pas vous empêcher de devenir ingénieur, patron d'une entreprise du CAC 40, ou militaire si cela correspond à votre souhait profond.
Enfin j'apprends que 33 % d'entre vous accordent autant d'importance à la lutte contre les violences faites aux femmes qu'à l'égalité professionnelle et salariale :
Ce point est essentiel, je veux les rassurer et leur dire que le gouvernement est au rendez vous :
S'agissant de la lutte contre des violences faites aux femmes, je vous annonce que le Premier Ministre vient de remettre le Label « campagne d'intérêt général » à cette cause : concrètement cela veut dire que les associations vont travailler ensemble autour d'une communication qui sera mieux relayée par les médias qui sont nos partenaires essentiels dans cette affaire.
S'agissant de l'égalité professionnelle et salariale, c'est une PRIORITE : la mission que Brice Hortefeux ministre du travail et moi-même venons de confier à Brigitte Grésy, une vraie spécialiste des droits des femmes, va nous permettre de faire des avancées et de démarrer des concertations sur de nouvelles bases avec les partenaires sociaux dès septembre prochain.
Ces réalités contrastées et ces combats qui nous restent à gagner ensemble se préparent tôt et c'est tout l'objectif du livre que vous allez recevoir.
C'est un outil simple et proche des réalités que vous vivez au quotidien, des réalités heureuses qui vous forment mais aussi des réalités violentes qui peuvent vous déformer parfois à votre insu.
Loin d'être une leçon de morale, j'ai voulu que cet écrit soit franc et direct à l'image des mots que vous échangez et qui parfois viennent balayer nos certitudes et nos préjugés d'adultes.
L'essentiel de mon message pour vous se retrouve dans le titre.
« Respect les filles » traduit l'admiration que j'ai pour vous !
« Respect les filles » renvoie au respect que vous devez avoir vis-à-vis de vous même et des autres.
« Respect des filles » aussi et surtout pour vous inciter à vous faire respecter des autres quelque soit les difficultés du moment.
C'est ainsi qu'à partir de l'âge de 18 ans, vous deviendrez des femmes accomplies.
Des femmes que nul ne peut conditionner, pas même les médias ! Laissez-moi vous mettre en garde par exemple contre le diktat de l'image qui parfois vous conduit à être filiforme et souvenez vous que la française moyenne, fait 63 kg et mesure 1,63 m ! Laissez vos complexes au placard !
Des femmes qui choisissent librement leurs métiers et leur vie sentimentale.
Des citoyennes investies dans tous les domaines et conscientes de ce que leurs aînées ont fait pour elles : je pense particulièrement à Simone Veil et au combat qu'elle a remporté en 1975.
Ces quelques pages vont vous aider à connaître vos droits fondamentaux et à les traduire en choix de vie positifs et ambitieux.
Ce livre, vous le recevrez après le débat et sachez que toutes les Françaises de 18 ans -elles sont 400 000 - le recevront au moment des journées d'appel de préparation à la défense (JAPD), étape obligatoire, organisées un peu partout en France par le ministère de la défense à des dates différentes.
Avant de vous entendre je veux remercier la Documentation Française d'avoir coopéré ardemment avec nous et donner la parole aux trois femmes auteures à qui on doit ce livre : Isabelle Fougère, Isabelle Germain, Natacha Henry.
Je vous remercie.
Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 13 mars 2009