Texte intégral
J.-P. Elkabbach - "Vers un accord à confirmer en Guadeloupe", un de nos journalistes vient de le dire. Quelle est votre réaction dans l'instant ?
La première chose, c'est qu'on a traversé une crise qui a été difficile, le Président a essayé de mettre immédiatement des choses sur la table pour qu'on en sorte, on est en train d'en sortir...
"Immédiatement", c'est une notion, peut-être, un peu rapide ?
Pour une crise qui a été aussi dure, arriver à en sortir en un mois, ce n'était pas si facile. Mais la deuxième chose, c'est qu'il ne faut pas qu'on oublie que, au-delà de la crise, il y a des causes profondes. Un cas tout simple qui relève de ma compétence : le chômage des jeunes en Guadeloupe est le double de ce qu'on a en Métropole. Le but ce n'est pas seulement de répondre à une crise, qui a eu lieu sur nos écrans pendant un mois, mais c'est de traiter les causes de fond.
Oui, c'est ce que vous allez faire, c'est ce que vous promettez de faire tous ensemble ?
Je n'aime pas tellement les promesses ou les grandes annonces, c'est ce qu'on va essayer de faire.
Et puis à la Martinique aussi ?
Oui, bien sûr.
Et puis le rétablissement de la confiance entre les Antilles et l'Etat, la continuité, la Métropole et les îles ? Mais ça, c'est un autre problème ?
Oui, c'est pour ça qu'au-delà de la crise, on a vraiment des causes de fond à résoudre. Et je crois que c'est aussi la volonté qui va être portée par Y. Jégo à travers la loi destinée aux Antilles, et qui va mettre des outils concrets sur la table.
Toujours par Y. Jégo ?
J'espère, bien sûr. Je trouve que sur cette crise il a fait face, ce n'était pas facile.
Mais ce qui frappe, c'est qu'il a fallu cinq semaines pour arriver finalement à accepter la proposition initiale des 200 euros d'augmentation qui était réclamée par le comité LKP.
Il n'y avait pas que cette proposition-là...
C'est du temps perdu, une gestion trop lente ?
Quand on voit ça depuis Paris, c'est toujours plus facile que la réalité qu'il y a sur le terrain. Il y a des mesures qu'il a fallu mettre en place pour le logement, il y a le travail qu'il a fallu faire sur le RSA, il y a les mesures pour l'emploi...
Il y a des entêtements aussi, les obstacles, les blocages...
Ce sont des situations qui sont très difficiles, très historiques, et c'est pour cela que, ce qu'on doit faire ce n'est pas résoudre uniquement face à une crise d'un moment, mais c'est sur la durée.
Le chômage en hausse record. C'est un choc pour tous dans l'opinion et sans doute aussi pour les gouvernants, même si vous saviez. Est-ce que vous confirmez que de mois en mois, ce sera pire jusqu'à la fin de l'année ?
J'ai toujours, depuis qu'on a commencé à rentrer dans la crise, adopté une ligne : je ne crois pas qu'on rassure en racontant des histoires. On a une crise, une crise mondiale, on en voit ses impacts aux Etats-Unis, en Espagne, en Allemagne ; la France n'est pas protégée par magie du nuage de Tchernobyl, nous aussi on est touchés. Maintenant...
Donc, le modèle social français qui devait nous mettre à l'abri, il fonctionne moyennement ?
Non, notre travail c'est de faire en sorte d'amortir au maximum la crise pour nos compatriotes. On n'arrêtera pas la crise par magie. Par contre, on peut en se battant, en allant chercher toutes les idées possibles, tous les outils concrets possibles, l'amortir. Et c'est ça notre travail.
À raison de 90.000 chômeurs de plus par mois, est du niveau 2,2 millions en janvier 2009. En décembre, c'est-à-dire dans onze mois, est-ce que vous excluez les 3 millions de chômeurs ?
J'essaye d'éviter de me livrer à ce petit jeu du pronostic, pour une raison, c'est que je ne crois pas...
Vous avez dit vous-même hier : "ça va continuer de mois en mois à peu près à ce niveau"...
Oui...
Alors, quand on fait le calcul, si on se dit 70.000, 90.000 multiplié par 11, on approche des 3 millions, même quand on est nul en calcul !
Bien sûr. La seule chose c'est que, chacun son rôle. Mon travail, c'est de ne pas faire le prévisionniste. Mon travail, c'est d'essayer de me battre pour que toutes ces personnes, parce que ce n'est pas que des chiffres, ce sont des hommes, ce sont des femmes qui sur le terrain souffrent et ont perdu leur emploi et sont inquiets pour leur avenir. Mon travail, ce n'est pas de m'amuser chaque mois à dire : est-ce que ce sera 70.000, 90.000, 50.000 ? Mon travail, c'est de faire en sorte que pour toutes ces personnes, on essaye d'avoir un service public de l'emploi qui soit le plus efficace possible. Et ça, c'est déjà suffisamment difficile.
Alors, comment arrive-t-on à baisser le chômage, à réduire, en attendant une éventuelle reprise - éventuelle mais qui arrivera -, la reprise de la croissance ? Que proposez-vous ? On dit qu'il y a dans l'air le développement des services à la personne, de quelle façon et qu'est-ce que c'est ?
C'est un exemple très précis de la politique qu'essaye de conduire le Président. On a des secteurs où on perd de l'emploi, mais il y en a d'autres où on peut aller en chercher. Un secteur qui se développe est celui des services à la personne, c'est toutes les aides à domicile.
Quel type d'activité, au passage ?
Par exemple, vous avez des enfants en bas âge, vous travaillez, pas facile de trouver des modes de garde. Est-ce que vous avez un coup de main à domicile pour vous aider, pour garder vos enfants pendant que vous travaillez ? Vous avez un père ou une grand-mère qui a des problèmes de dépendance avec le grand âge, est-ce qu'on peut mettre en place des emplois pour du portage de repas ou pour essayer de s'occuper de ces personnes ?
Ce sont des mesures qui créent des emplois ? Un peu, beaucoup ? Qu'a-t-on mis en place ? On va envoyer, et nous lançons les choses dès la semaine prochaine, pour que le processus soit opérationnel avant la fin du premier semestre, des chèques emploi à domicile, qui seront envoyés à 1,3 million de foyers, et qui permettront d'avoir un chèque financé, qui vous permet d'avoir des heures d'aide à la maison, pour votre père, pour votre grand-mère, pour vos enfants. Cela doit nous permettre de créer 40.000 emplois sur l'année. Ça, c'est un secteur où on peut gagner de l'emploi, cela ne fait pas des miracles, mais 40.000 emplois dans cette période, je ne les néglige pas. Je vais vous donner un exemple très simple...
Dans quel délai ?
Le délai c'est d'ici à la fin de l'année, l'objectif c'est d'ici à la fin de l'année, créer 40.000 emplois. Mais ça commence déjà, je vais prendre un exemple très simple : une petite entreprise PME, "O 2" [phon.], qui fait justement de l'aide à domicile a fait 3.000 embauches sur un an. Voilà, ça c'est des nouvelles qu'il faut qu'on aille chercher.
Les entreprises se plaignent des contraintes et des charges qui rendent difficiles, soit de recruter, soit de maintenir au travail. Que faites-vous pour elles, surtout quand elles sont petites, ou moyennes, mais petites d'abord ?
Ma préoccupation c'est précisément la politique de l'emploi, elle ne se mène pas qu'avec les grands groupes. Il n'y a pas que Peugeot et Renault, il y a d'abord cette réalité des entreprises de moins de 10 salariés qui constitue l'essentiel des embauches dans notre pays et qu'on ne peut pas oublier. Le Président a voulu qu'on envoie un signe très fort en faisant un dispositif de zéro charges pour les entreprises qui embauchent, ce n'est pas un cadeau, c'est-à-dire qu'il est hors de question d'aider les entreprises pour aider les entreprises, il faut qu'il y ait une contrepartie, une embauche. On a fait le système le plus simple possible, il n'y a aucune règle juridique, aucune procédure, pas d'usine à gaz. Vous donnez sa chance à quelqu'un en l'embauchant dans l'année, vous n'avez aucune charge. Ce dispositif est opérationnel depuis mi-décembre. On s'est battus pour le faire monter en puissance le plus vite possible, et depuis 15 jours, il permet de créer en France 3.000 embauches par jour dans des secteurs comme la coiffure, la boulangerie. Là encore, ce ne sont pas des miracles mais ce sont des actions concrètes.
C'est-à-dire qu'avec ça, on essaiera de ne pas atteindre les 90.000 suppressions d'emplois par mois ?
J'essaye d'avoir un discours qui soit...enfin, un discours et une action qui soient le...
Le plus concret possible...
...le plus concret de vérité. On ne va pas empêcher l'augmentation des chiffres du chômage, mais on peut se battre pour amortir. A une condition : c'est qu'il ne faut pas qu'on ait une politique de l'emploi qui se contente de subir, il faut être le plus possible à aller chercher les idées, les domaines où on peut gagner de l'emploi, essayer d'être le plus concret possible. C'est ça que l'on veut faire.
Le Fonds d'investissement social qui avait été proposé par F. Chérèque et accepté par le Gouvernement à l'Elysée, il se met en place, et sert-il ?
Ce Fonds va servir à quoi ? Pour l'ouvrier de Michelin de Haute-Loire, pour la salariée de Valenciennes qui a perdu son job, ça sert à quoi ? Ça sert à financer de la formation, pour une raison : c'est que dans cette période, pour aider un salarié qui a perdu son emploi à rebondir, il faut qu'on lui fasse de la formation pour l'aider. Un exemple très simple : on était en visite avec le Président à Châteauroux, on rencontrait une salariée qui était cadre, qui avait perdu son emploi dans le secteur du textile, on lui avait financé une formation, elle avait pu rebondir dans le secteur de l'aéronautique.
Ça peut se reproduire ?
Oui, mais il faut un fonds qui nous permette de financer des actions. Sur ce fonds, on va mettre de 2,5 à 3 milliards d'euros, la ligne de conduite qu'a fixée le Président c'est qu'il souhaite que ce fonds soit en ordre de bataille et qu'on signe une convention avec les partenaires sociaux avant la mi-mars.
Les banques aujourd'hui ont du mal à jouer pleinement leur rôle, elles sont asphyxiées. Est-ce que l'Etat ne devrait pas nationaliser les banques pour leur donner vite des fonds propres, et donc de l'oxygène ?
On a déjà expérimenté ce genre de solution, consistant à nationaliser des banques. Le job de l'Etat ce n'est pas de nationaliser une banque, notre job c'est de faire en sorte que les banques soient sur le pont et qu'elles fassent leur travail, financer l'économie.
Oui, mais elles ne le font pas toujours...
Oui mais prenons un exemple, qui est en ce moment celui de Banques populaires et la Caisse d'épargne : Banques populaires et la Caisse d'épargne, était un groupe - sic - qui était un groupe qui était fragilisé, grâce au rapprochement qui a été fait, on va se doter du deuxième groupe, mais pas pour le plaisir d'avoir le deuxième groupe, pour qu'il puisse continuer à financer l'économie et donc l'emploi. Ma seule obsession, c'est l'emploi, c'est notre seule priorité avec B. Hortefeux, il n'y en a pas d'autres.
Le 19 février, ici même, R. Soubie commentait les 2,6 milliards de mesures sociales prises à l'Elysée. Et il confiait que "s'il le fallait, des efforts supplémentaires seraient possibles". Quand on sait ce qui menace, faut-il le décider ?
Il y a une chose à laquelle il faut être attentif quand on est ministre : il y a les annonces, et le plus important c'est ce qui se décline sur le terrain, et le moment où les annonces se traduisent effectivement pour les demandeurs d'emploi. On eu le temps des annonces, le Président a fait la réunion la semaine dernière avec les partenaires sociaux, mon travail maintenant c'est de s'assurer que les mesures permettent d'être effectifs sur le terrain le plus vite possible, sans délai, parce qu'on a une vague de licenciements à laquelle il faut qu'on puisse faire face.
En neuf minutes vous avez dû citer six à sept fois le Président. Or, comme à l'habitude, l'impopularité d'un président de la République suit la courbe du chômage, ici ou ailleurs. Elle va croître donc d'ici à décembre. Dernière question : quelle parade, s'il y en a une ?
La seule parade, c'est de ne pas agir en fonction de la courbe de popularité, mais d'agir face au front de l'emploi. Et la popularité on s'en occupera après, ce n'est pas l'essentiel. L'essentiel, c'est ceux qui souffrent aujourd'hui.
Ça, c'est la version optimiste.
Non, c'est la version, j'espère, la plus réaliste, c'est celle que j'essaye de tenir.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 26 février 2009
La première chose, c'est qu'on a traversé une crise qui a été difficile, le Président a essayé de mettre immédiatement des choses sur la table pour qu'on en sorte, on est en train d'en sortir...
"Immédiatement", c'est une notion, peut-être, un peu rapide ?
Pour une crise qui a été aussi dure, arriver à en sortir en un mois, ce n'était pas si facile. Mais la deuxième chose, c'est qu'il ne faut pas qu'on oublie que, au-delà de la crise, il y a des causes profondes. Un cas tout simple qui relève de ma compétence : le chômage des jeunes en Guadeloupe est le double de ce qu'on a en Métropole. Le but ce n'est pas seulement de répondre à une crise, qui a eu lieu sur nos écrans pendant un mois, mais c'est de traiter les causes de fond.
Oui, c'est ce que vous allez faire, c'est ce que vous promettez de faire tous ensemble ?
Je n'aime pas tellement les promesses ou les grandes annonces, c'est ce qu'on va essayer de faire.
Et puis à la Martinique aussi ?
Oui, bien sûr.
Et puis le rétablissement de la confiance entre les Antilles et l'Etat, la continuité, la Métropole et les îles ? Mais ça, c'est un autre problème ?
Oui, c'est pour ça qu'au-delà de la crise, on a vraiment des causes de fond à résoudre. Et je crois que c'est aussi la volonté qui va être portée par Y. Jégo à travers la loi destinée aux Antilles, et qui va mettre des outils concrets sur la table.
Toujours par Y. Jégo ?
J'espère, bien sûr. Je trouve que sur cette crise il a fait face, ce n'était pas facile.
Mais ce qui frappe, c'est qu'il a fallu cinq semaines pour arriver finalement à accepter la proposition initiale des 200 euros d'augmentation qui était réclamée par le comité LKP.
Il n'y avait pas que cette proposition-là...
C'est du temps perdu, une gestion trop lente ?
Quand on voit ça depuis Paris, c'est toujours plus facile que la réalité qu'il y a sur le terrain. Il y a des mesures qu'il a fallu mettre en place pour le logement, il y a le travail qu'il a fallu faire sur le RSA, il y a les mesures pour l'emploi...
Il y a des entêtements aussi, les obstacles, les blocages...
Ce sont des situations qui sont très difficiles, très historiques, et c'est pour cela que, ce qu'on doit faire ce n'est pas résoudre uniquement face à une crise d'un moment, mais c'est sur la durée.
Le chômage en hausse record. C'est un choc pour tous dans l'opinion et sans doute aussi pour les gouvernants, même si vous saviez. Est-ce que vous confirmez que de mois en mois, ce sera pire jusqu'à la fin de l'année ?
J'ai toujours, depuis qu'on a commencé à rentrer dans la crise, adopté une ligne : je ne crois pas qu'on rassure en racontant des histoires. On a une crise, une crise mondiale, on en voit ses impacts aux Etats-Unis, en Espagne, en Allemagne ; la France n'est pas protégée par magie du nuage de Tchernobyl, nous aussi on est touchés. Maintenant...
Donc, le modèle social français qui devait nous mettre à l'abri, il fonctionne moyennement ?
Non, notre travail c'est de faire en sorte d'amortir au maximum la crise pour nos compatriotes. On n'arrêtera pas la crise par magie. Par contre, on peut en se battant, en allant chercher toutes les idées possibles, tous les outils concrets possibles, l'amortir. Et c'est ça notre travail.
À raison de 90.000 chômeurs de plus par mois, est du niveau 2,2 millions en janvier 2009. En décembre, c'est-à-dire dans onze mois, est-ce que vous excluez les 3 millions de chômeurs ?
J'essaye d'éviter de me livrer à ce petit jeu du pronostic, pour une raison, c'est que je ne crois pas...
Vous avez dit vous-même hier : "ça va continuer de mois en mois à peu près à ce niveau"...
Oui...
Alors, quand on fait le calcul, si on se dit 70.000, 90.000 multiplié par 11, on approche des 3 millions, même quand on est nul en calcul !
Bien sûr. La seule chose c'est que, chacun son rôle. Mon travail, c'est de ne pas faire le prévisionniste. Mon travail, c'est d'essayer de me battre pour que toutes ces personnes, parce que ce n'est pas que des chiffres, ce sont des hommes, ce sont des femmes qui sur le terrain souffrent et ont perdu leur emploi et sont inquiets pour leur avenir. Mon travail, ce n'est pas de m'amuser chaque mois à dire : est-ce que ce sera 70.000, 90.000, 50.000 ? Mon travail, c'est de faire en sorte que pour toutes ces personnes, on essaye d'avoir un service public de l'emploi qui soit le plus efficace possible. Et ça, c'est déjà suffisamment difficile.
Alors, comment arrive-t-on à baisser le chômage, à réduire, en attendant une éventuelle reprise - éventuelle mais qui arrivera -, la reprise de la croissance ? Que proposez-vous ? On dit qu'il y a dans l'air le développement des services à la personne, de quelle façon et qu'est-ce que c'est ?
C'est un exemple très précis de la politique qu'essaye de conduire le Président. On a des secteurs où on perd de l'emploi, mais il y en a d'autres où on peut aller en chercher. Un secteur qui se développe est celui des services à la personne, c'est toutes les aides à domicile.
Quel type d'activité, au passage ?
Par exemple, vous avez des enfants en bas âge, vous travaillez, pas facile de trouver des modes de garde. Est-ce que vous avez un coup de main à domicile pour vous aider, pour garder vos enfants pendant que vous travaillez ? Vous avez un père ou une grand-mère qui a des problèmes de dépendance avec le grand âge, est-ce qu'on peut mettre en place des emplois pour du portage de repas ou pour essayer de s'occuper de ces personnes ?
Ce sont des mesures qui créent des emplois ? Un peu, beaucoup ? Qu'a-t-on mis en place ? On va envoyer, et nous lançons les choses dès la semaine prochaine, pour que le processus soit opérationnel avant la fin du premier semestre, des chèques emploi à domicile, qui seront envoyés à 1,3 million de foyers, et qui permettront d'avoir un chèque financé, qui vous permet d'avoir des heures d'aide à la maison, pour votre père, pour votre grand-mère, pour vos enfants. Cela doit nous permettre de créer 40.000 emplois sur l'année. Ça, c'est un secteur où on peut gagner de l'emploi, cela ne fait pas des miracles, mais 40.000 emplois dans cette période, je ne les néglige pas. Je vais vous donner un exemple très simple...
Dans quel délai ?
Le délai c'est d'ici à la fin de l'année, l'objectif c'est d'ici à la fin de l'année, créer 40.000 emplois. Mais ça commence déjà, je vais prendre un exemple très simple : une petite entreprise PME, "O 2" [phon.], qui fait justement de l'aide à domicile a fait 3.000 embauches sur un an. Voilà, ça c'est des nouvelles qu'il faut qu'on aille chercher.
Les entreprises se plaignent des contraintes et des charges qui rendent difficiles, soit de recruter, soit de maintenir au travail. Que faites-vous pour elles, surtout quand elles sont petites, ou moyennes, mais petites d'abord ?
Ma préoccupation c'est précisément la politique de l'emploi, elle ne se mène pas qu'avec les grands groupes. Il n'y a pas que Peugeot et Renault, il y a d'abord cette réalité des entreprises de moins de 10 salariés qui constitue l'essentiel des embauches dans notre pays et qu'on ne peut pas oublier. Le Président a voulu qu'on envoie un signe très fort en faisant un dispositif de zéro charges pour les entreprises qui embauchent, ce n'est pas un cadeau, c'est-à-dire qu'il est hors de question d'aider les entreprises pour aider les entreprises, il faut qu'il y ait une contrepartie, une embauche. On a fait le système le plus simple possible, il n'y a aucune règle juridique, aucune procédure, pas d'usine à gaz. Vous donnez sa chance à quelqu'un en l'embauchant dans l'année, vous n'avez aucune charge. Ce dispositif est opérationnel depuis mi-décembre. On s'est battus pour le faire monter en puissance le plus vite possible, et depuis 15 jours, il permet de créer en France 3.000 embauches par jour dans des secteurs comme la coiffure, la boulangerie. Là encore, ce ne sont pas des miracles mais ce sont des actions concrètes.
C'est-à-dire qu'avec ça, on essaiera de ne pas atteindre les 90.000 suppressions d'emplois par mois ?
J'essaye d'avoir un discours qui soit...enfin, un discours et une action qui soient le...
Le plus concret possible...
...le plus concret de vérité. On ne va pas empêcher l'augmentation des chiffres du chômage, mais on peut se battre pour amortir. A une condition : c'est qu'il ne faut pas qu'on ait une politique de l'emploi qui se contente de subir, il faut être le plus possible à aller chercher les idées, les domaines où on peut gagner de l'emploi, essayer d'être le plus concret possible. C'est ça que l'on veut faire.
Le Fonds d'investissement social qui avait été proposé par F. Chérèque et accepté par le Gouvernement à l'Elysée, il se met en place, et sert-il ?
Ce Fonds va servir à quoi ? Pour l'ouvrier de Michelin de Haute-Loire, pour la salariée de Valenciennes qui a perdu son job, ça sert à quoi ? Ça sert à financer de la formation, pour une raison : c'est que dans cette période, pour aider un salarié qui a perdu son emploi à rebondir, il faut qu'on lui fasse de la formation pour l'aider. Un exemple très simple : on était en visite avec le Président à Châteauroux, on rencontrait une salariée qui était cadre, qui avait perdu son emploi dans le secteur du textile, on lui avait financé une formation, elle avait pu rebondir dans le secteur de l'aéronautique.
Ça peut se reproduire ?
Oui, mais il faut un fonds qui nous permette de financer des actions. Sur ce fonds, on va mettre de 2,5 à 3 milliards d'euros, la ligne de conduite qu'a fixée le Président c'est qu'il souhaite que ce fonds soit en ordre de bataille et qu'on signe une convention avec les partenaires sociaux avant la mi-mars.
Les banques aujourd'hui ont du mal à jouer pleinement leur rôle, elles sont asphyxiées. Est-ce que l'Etat ne devrait pas nationaliser les banques pour leur donner vite des fonds propres, et donc de l'oxygène ?
On a déjà expérimenté ce genre de solution, consistant à nationaliser des banques. Le job de l'Etat ce n'est pas de nationaliser une banque, notre job c'est de faire en sorte que les banques soient sur le pont et qu'elles fassent leur travail, financer l'économie.
Oui, mais elles ne le font pas toujours...
Oui mais prenons un exemple, qui est en ce moment celui de Banques populaires et la Caisse d'épargne : Banques populaires et la Caisse d'épargne, était un groupe - sic - qui était un groupe qui était fragilisé, grâce au rapprochement qui a été fait, on va se doter du deuxième groupe, mais pas pour le plaisir d'avoir le deuxième groupe, pour qu'il puisse continuer à financer l'économie et donc l'emploi. Ma seule obsession, c'est l'emploi, c'est notre seule priorité avec B. Hortefeux, il n'y en a pas d'autres.
Le 19 février, ici même, R. Soubie commentait les 2,6 milliards de mesures sociales prises à l'Elysée. Et il confiait que "s'il le fallait, des efforts supplémentaires seraient possibles". Quand on sait ce qui menace, faut-il le décider ?
Il y a une chose à laquelle il faut être attentif quand on est ministre : il y a les annonces, et le plus important c'est ce qui se décline sur le terrain, et le moment où les annonces se traduisent effectivement pour les demandeurs d'emploi. On eu le temps des annonces, le Président a fait la réunion la semaine dernière avec les partenaires sociaux, mon travail maintenant c'est de s'assurer que les mesures permettent d'être effectifs sur le terrain le plus vite possible, sans délai, parce qu'on a une vague de licenciements à laquelle il faut qu'on puisse faire face.
En neuf minutes vous avez dû citer six à sept fois le Président. Or, comme à l'habitude, l'impopularité d'un président de la République suit la courbe du chômage, ici ou ailleurs. Elle va croître donc d'ici à décembre. Dernière question : quelle parade, s'il y en a une ?
La seule parade, c'est de ne pas agir en fonction de la courbe de popularité, mais d'agir face au front de l'emploi. Et la popularité on s'en occupera après, ce n'est pas l'essentiel. L'essentiel, c'est ceux qui souffrent aujourd'hui.
Ça, c'est la version optimiste.
Non, c'est la version, j'espère, la plus réaliste, c'est celle que j'essaye de tenir.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 26 février 2009