Texte intégral
Q - L'eau a longtemps été une problématique négligée par les Etats. Ont-ils pris aujourd'hui la mesure des enjeux ?
R - L'eau, c'est la vie. Elle constitue, de loin, notre bien le plus précieux. Il était donc normal qu'elle se situe au coeur de toutes les problématiques du Grenelle de l'environnement : développement d'une agriculture responsable, lutte contre toutes les formes de pollution, protection des milieux aquatiques, prévention des risques - je pense par exemple aux sécheresses ou aux inondations -, maîtrise de l'urbanisme... Bref, le Grenelle de l'environnement nous a permis de franchir une nouvelle étape dans la reconquête rapide de la qualité de nos eaux : bon état écologique des eaux à l'horizon 2015 pour deux tiers des masses d'eau au minimum, constitution d'une trame verte et bleue, possibilité pour les Agences de l'eau d'acquérir 20 000 hectares de zones humides particulièrement menacées, vaste plan de remise aux normes des 146 stations d'épuration ne répondant pas aux normes environnementales... Pour la France, l'eau constitue désormais un véritable "droit de l'Homme du XXIe" qu'il s'agit maintenant de défendre au niveau international et, notamment, au profit des populations des pays émergents. Je rappelle que l'accès à l'eau a été reconnu comme un "droit fondamental" par l'Assemblée générale des Nations unies en 1999 et qu'il fait partie des "Objectifs du Millénaire". Pour autant et malgré tous les efforts engagés, l'eau reste pour plus d'un tiers de l'humanité une question vitale.
Q - Approvisionnement, assainissement, l'eau se révèle un marché monumental à l'échelle mondiale. Quel rôle la France a-t-elle à jouer ?
R - Il s'agit surtout d'une urgence sanitaire et humanitaire ! Je rappelle que près d'un milliard d'êtres humains n'ont pas accès à l'au potable et que plus de 2,5 milliards d'individus ne disposent d'aucun système d'assainissement. En ce début de XXIe siècle, les maladies liées à la mauvaise qualité des eaux comme le choléra, la typhoïde, le paludisme ou la dengue tuent dix fois plus que les guerres ! Je souhaite donc que la France s'investisse massivement dans ce combat, notamment dans le cadre du 5ème Forum mondial de l'eau qui se déroule actuellement à Istanbul. Notre pays est en effet l'un des principaux contributeurs au monde en faveur de l'accès à l'eau. Nos ingénieurs et nos spécialistes sont présents sur de nombreux bassins partagés, que ce soit en Afrique (Congo, Niger, Volta, Nil, Sénégal) ou en Asie, sur le Mékong, pour aider les pays riverains à gérer au mieux leurs ressources. J'ajoute enfin que l'eau a été placée au coeur des priorités de l'Union pour la Méditerranée lancée à l'initiative du président de la République. L'eau, avec le climat et la biodiversité, constitue, selon moi, l'une des trois grandes priorités du siècle à venir.
Q - Avec une consommation moyenne de 162 litres par personne et par jour, la France se situe dans la moyenne européenne. Comment faire mieux ?
R - Nous nous situons plutôt dans la fourchette basse : les Européens consomment en moyenne 200 litres par personne et par jour, contre 350 litres au Japon, et plus de 450 litres aux Etats-Unis ! Même si le niveau de consommation dépend de nombreux facteurs comme le climat, la taille de la famille et le type d'habitat, on peut réduire très facilement ses besoins et donc ses factures grâce à des gestes simples : privilégier les douches aux bains, équiper ses robinets de réducteurs de débit, diminuer le volume des chasses d'eau, installer un réseau de récupération des eaux de pluie... Sur ce sujet, comme sur beaucoup d'autres, les Français sont prêts à agir et à s'engager.
Q - En 2007, 146 stations d'épuration n'étaient toujours pas aux normes européennes. Comment avance le dossier d'assainissement ?
R - La France compte environ 1 000 stations d'épuration de très grande taille. L'an dernier, à la suite d'un examen approfondi, bassin par bassin, il est apparu que 146 d'entre elles, représentant près de 22 millions d'équivalents/habitants, n'étaient pas conformes. Nous avons donc lancé, avec l'ensemble des acteurs, services de l'Etat, Agences de l'eau, collectivités locales et établissements bancaires, un grand plan de mise aux normes. Nous avons également mobilisé des moyens financiers sans précédent dont un prêt bonifié exceptionnel de la Caisse des Dépôts d'un montant total d'1,5 milliard d'euros. Aujourd'hui, sur les 146 stations d'épuration qui n'étaient pas conformes au 14 septembre 2007, 77 ont terminé leurs travaux, 46 les ont déjà engagés et 22 ont démarré les études. En continuant à ce rythme-là, nous serons normalement en mesure de tenir l'engagement de 98 % des stations d'épuration aux normes à la fin 2010 et 100 % à la fin 2011.
Q - Aux côtés des multinationales, se développent des PME particulièrement innovantes. Comment favoriser leur émergence ?
R - Le secteur de l'eau représente en France près de 1 % du PIB et plus de 125 000 emplois de proximité. Notre pays dispose de grands champions industriels présents sur tous les continents et d'un savoir-faire reconnu dans le monde entier. On constate également le développement d'un tissu de PME extrêmement innovantes, non seulement dans le domaine de l'eau, mais également dans tous les secteurs de la croissance verte : la construction, la rénovation thermique, les transports ou la remise en état d'espaces protégés... Leur potentiel de croissance, en France et à l'étranger est considérable.
Je rappelle que le Grenelle de l'environnement, ce sont près de 400 milliards d'euros d'investissements et plus de 535 000 emplois en France. Ainsi, depuis 2008, l'Association pour la promotion et le développement à l'international des éco-entreprises de France accompagne ces PME dans leur recherche de nouveaux marchés. Notre pays dispose du savoir-faire nécessaire pour inventer un nouveau modèle de croissance, une "croissance verte", fondée sur la sobriété en carbone et en énergie, sur la qualité des produits, et offrir ainsi une meilleure qualité de vie à nos concitoyens.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 mars 2009
R - L'eau, c'est la vie. Elle constitue, de loin, notre bien le plus précieux. Il était donc normal qu'elle se situe au coeur de toutes les problématiques du Grenelle de l'environnement : développement d'une agriculture responsable, lutte contre toutes les formes de pollution, protection des milieux aquatiques, prévention des risques - je pense par exemple aux sécheresses ou aux inondations -, maîtrise de l'urbanisme... Bref, le Grenelle de l'environnement nous a permis de franchir une nouvelle étape dans la reconquête rapide de la qualité de nos eaux : bon état écologique des eaux à l'horizon 2015 pour deux tiers des masses d'eau au minimum, constitution d'une trame verte et bleue, possibilité pour les Agences de l'eau d'acquérir 20 000 hectares de zones humides particulièrement menacées, vaste plan de remise aux normes des 146 stations d'épuration ne répondant pas aux normes environnementales... Pour la France, l'eau constitue désormais un véritable "droit de l'Homme du XXIe" qu'il s'agit maintenant de défendre au niveau international et, notamment, au profit des populations des pays émergents. Je rappelle que l'accès à l'eau a été reconnu comme un "droit fondamental" par l'Assemblée générale des Nations unies en 1999 et qu'il fait partie des "Objectifs du Millénaire". Pour autant et malgré tous les efforts engagés, l'eau reste pour plus d'un tiers de l'humanité une question vitale.
Q - Approvisionnement, assainissement, l'eau se révèle un marché monumental à l'échelle mondiale. Quel rôle la France a-t-elle à jouer ?
R - Il s'agit surtout d'une urgence sanitaire et humanitaire ! Je rappelle que près d'un milliard d'êtres humains n'ont pas accès à l'au potable et que plus de 2,5 milliards d'individus ne disposent d'aucun système d'assainissement. En ce début de XXIe siècle, les maladies liées à la mauvaise qualité des eaux comme le choléra, la typhoïde, le paludisme ou la dengue tuent dix fois plus que les guerres ! Je souhaite donc que la France s'investisse massivement dans ce combat, notamment dans le cadre du 5ème Forum mondial de l'eau qui se déroule actuellement à Istanbul. Notre pays est en effet l'un des principaux contributeurs au monde en faveur de l'accès à l'eau. Nos ingénieurs et nos spécialistes sont présents sur de nombreux bassins partagés, que ce soit en Afrique (Congo, Niger, Volta, Nil, Sénégal) ou en Asie, sur le Mékong, pour aider les pays riverains à gérer au mieux leurs ressources. J'ajoute enfin que l'eau a été placée au coeur des priorités de l'Union pour la Méditerranée lancée à l'initiative du président de la République. L'eau, avec le climat et la biodiversité, constitue, selon moi, l'une des trois grandes priorités du siècle à venir.
Q - Avec une consommation moyenne de 162 litres par personne et par jour, la France se situe dans la moyenne européenne. Comment faire mieux ?
R - Nous nous situons plutôt dans la fourchette basse : les Européens consomment en moyenne 200 litres par personne et par jour, contre 350 litres au Japon, et plus de 450 litres aux Etats-Unis ! Même si le niveau de consommation dépend de nombreux facteurs comme le climat, la taille de la famille et le type d'habitat, on peut réduire très facilement ses besoins et donc ses factures grâce à des gestes simples : privilégier les douches aux bains, équiper ses robinets de réducteurs de débit, diminuer le volume des chasses d'eau, installer un réseau de récupération des eaux de pluie... Sur ce sujet, comme sur beaucoup d'autres, les Français sont prêts à agir et à s'engager.
Q - En 2007, 146 stations d'épuration n'étaient toujours pas aux normes européennes. Comment avance le dossier d'assainissement ?
R - La France compte environ 1 000 stations d'épuration de très grande taille. L'an dernier, à la suite d'un examen approfondi, bassin par bassin, il est apparu que 146 d'entre elles, représentant près de 22 millions d'équivalents/habitants, n'étaient pas conformes. Nous avons donc lancé, avec l'ensemble des acteurs, services de l'Etat, Agences de l'eau, collectivités locales et établissements bancaires, un grand plan de mise aux normes. Nous avons également mobilisé des moyens financiers sans précédent dont un prêt bonifié exceptionnel de la Caisse des Dépôts d'un montant total d'1,5 milliard d'euros. Aujourd'hui, sur les 146 stations d'épuration qui n'étaient pas conformes au 14 septembre 2007, 77 ont terminé leurs travaux, 46 les ont déjà engagés et 22 ont démarré les études. En continuant à ce rythme-là, nous serons normalement en mesure de tenir l'engagement de 98 % des stations d'épuration aux normes à la fin 2010 et 100 % à la fin 2011.
Q - Aux côtés des multinationales, se développent des PME particulièrement innovantes. Comment favoriser leur émergence ?
R - Le secteur de l'eau représente en France près de 1 % du PIB et plus de 125 000 emplois de proximité. Notre pays dispose de grands champions industriels présents sur tous les continents et d'un savoir-faire reconnu dans le monde entier. On constate également le développement d'un tissu de PME extrêmement innovantes, non seulement dans le domaine de l'eau, mais également dans tous les secteurs de la croissance verte : la construction, la rénovation thermique, les transports ou la remise en état d'espaces protégés... Leur potentiel de croissance, en France et à l'étranger est considérable.
Je rappelle que le Grenelle de l'environnement, ce sont près de 400 milliards d'euros d'investissements et plus de 535 000 emplois en France. Ainsi, depuis 2008, l'Association pour la promotion et le développement à l'international des éco-entreprises de France accompagne ces PME dans leur recherche de nouveaux marchés. Notre pays dispose du savoir-faire nécessaire pour inventer un nouveau modèle de croissance, une "croissance verte", fondée sur la sobriété en carbone et en énergie, sur la qualité des produits, et offrir ainsi une meilleure qualité de vie à nos concitoyens.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 mars 2009