Texte intégral
Nous donnons aujourd'hui le coup d'envoi d'un ambitieux travail sur la politique de la jeunesse.
C'est ce que nous pouvons désormais appeler le programme « FORCES ». F, pour formation. O, pour orientation. R, pour ressources et résidence. C, pour citoyenneté et culture. E, pour emploi. S, pour santé. FORCES pour affirmer que la jeunesse n'est pas un problème pour notre société, mais un atout, pas une faiblesse, mais une force. Et si elle ne l'est pas aujourd'hui, elle doit le devenir. Nous agirons de toutes nos forces pour le démontrer, et pour faire les chambardements nécessaires. FORCES, pour traiter simultanément les questions de formation, d'orientation, de ressources et de logement, de citoyenneté et de culture, d'emploi et de santé, avec une appréhension globale des sujets qui sont au coeur des besoins de la jeunesse et donc des besoins de notre société.
FORCES, parce que ce sont, par ces différents thèmes que nous répondrons à la question de l'accès à l'autonomie des jeunes. C'est le fil directeur. Etre autonome, c'est pouvoir s'orienter, se former, se loger, s'engager, se soigner comme des membres à part entière de la société en ayant sa place dans le monde du travail, en ayant les ressources permettant d'accomplir ses projets.
Notre société a su entretenir une démographie dynamique. Tant mieux. Elle n'a pas su permettre aux jeunes de prendre leur place, toute leur place. Nous ne disons pas « tant pis ». Nous disons « relevons le défi ». La crise peut toucher en premier lieur les jeunes. Nos réponses doivent donner la priorité aux jeunes.
J'ai proposé à la commission de travailler sur les objectifs suivants :
1 - Il ne faut pas laisser de jeunes sans emploi, sans formation ou sans ressources ni, quand cela est nécessaire, sans accompagnement.
2 - Garantir aux jeunes des perspectives au moins aussi satisfaisantes que celles de la génération qui a précédé.
3 - Concevoir les dispositifs fiscaux et sociaux pour traiter les jeunes comme des adultes à part entière, c'est-à-dire ayant accès à l'autonomie, par rapport à leurs familles, comme vis-à-vis du système social.
4 - Permettre aux jeunes d'être les acteurs d'initiatives porteuses de sens ; dans les évolutions à venir, nous n'avons pas à demander aux jeunes de rentrer dans un moule, mais de contribuer à façonner une société différente.
5 - Redéfinir entre l'Etat, les collectivités territoriales et les partenaires sociaux, une nouvelle responsabilité partagée vis-à-vis des jeunes, de telle sorte qu'une partie des jeunes ne soient pas laissés dans les interstices des politiques publiques et sociales.
Nous devons bien évidemment répondre à des enjeux qui préexistaient à la crise. Mais également aux impératifs de la crise. Les enjeux de moyen terme ne doivent pas conduire à faire l'impasse sur le court terme. A l'inverse, les difficultés immédiates, qui sont importantes, ne doivent pas nous faire renoncer à des transformations profondes, qui ne se font pas du jour au lendemain.
La commission installée le 9 mars a donc une lourde responsabilité. Je pense que chacun de ses membres et plus largement chacune des organisations qui y est représentée en a conscience.
Cette commission est large et imposante. Tous les acteurs y sont présents. Cela évite aux uns de renvoyer, comme on en a trop souvent l'habitude, la responsabilité sur les autres, et notamment sur les absents. Parmi les 60 membres de la commission, plus d'un tiers sont des jeunes ou des représentants directs des jeunes. Nous ne répondrons pas aux besoins des jeunes sans eux, sans les entendre, sans les associer, sans débattre avec eux. Cette commission associe deux parlementaires de la majorité et deux parlementaires de l'opposition, signe d'une mobilisation large sur ce sujet.
Cette commission travaillera sans a priori et sans restriction de son champ de vision.
Elle travaillera pendant 3 à 4 mois à un rythme soutenu. Nous avons prévu 5 séances plénières pour faire le point sur l'avancement des travaux. Dans l'intervalle des groupes de travail traiterons des différents thèmes qui nécessitent un approfondissement particulier : l'emploi et la formation ; l'orientation ; les ressources ; la santé ; le logement et l'insertion sociale. Les travaux de la commission seront organisés en cohérence avec le chantier de la vie étudiante, celui de la réforme de la formation professionnelle, celui de la réforme des lycées, qui ont chacun un impact sur la question des jeunes.
Pendant cette période, nous savons déjà que le gouvernement avancera sur les sujets suivants :
1°) Le passage au « temps 2 » du développement des écoles de la deuxième chance ; c'est-à-dire d'un dispositif expérimental, avec des financements temporaires à un financement pérenne et un déploiement sur l'ensemble du territoire. Nous devons acter un plan de développement qui permette de doubler ou tripler les effectifs des jeunes qui peuvent passer par les écoles de la deuxième chance ;
2°) La poursuite des travaux sur le service civique, dont les orientations seront mises en débat dans les prochains mois ;
3°) La poursuite du chantier ouvert par Valérie Pécresse et Xavier Bertrand sur la réforme des stages : certaines propositions du comité « Stapro » ont déjà été mises en oeuvre (gratification minimale des stages). D'autres propositions restent à mettre en oeuvre, et la crise nous impose une vigilance toute particulière quant à la bonne utilisation des stages par les employeurs ;
4°) Le développement des formules d'alternance, entre emplois et formation, pour les jeunes, dans la continuité de la mission que L. Wauquiez et moi avons confié à JF Pillard sur le développement du contrat de professionnalisation ;
5°) La traduction législative de l'accord interprofessionnel de janvier dans une loi sur la formation professionnelle, pour laquelle le gouvernement proposera un projet de loi au printemps.
Nous concrétiserons également rapidement les orientations prises le 18 février, concernant les jeunes et la crise. A l'issue de la réunion avec les partenaires sociaux, le président de la République a demandé à Laurent Wauquiez et à moi-même d'y travailler. Nous avons formalisé des premières propositions portant sur la mise en place d'une aide au retour à l'emploi, d'une amélioration de l'indemnisation de la formation des jeunes, d'un meilleur soutien au contrat de professionnalisation. La commission sera amenée à proposer d'autres mesures. J'ai notamment proposé que puisse être mise en place un dispositif de crise pour que nous puissions tendre vers davantage de places de formation disponibles. Je propose à des régions volontaires de s'inscrire dans ce processus et de l'élargir s'il donne satisfaction.
Enfin, nous pourrons nous appuyer sur les programmes expérimentaux, avec un budget dédié de 150 millions d'euros. Ce budget doit être comparé aux 35 millions d'euros avec lequel nous avons pu mener, en incluant le RSA, des programmes expérimentaux au cours des 18 derniers mois. Cela veut dire, que pour les jeunes, nous changeons d'échelle. C'est probablement au moins 100 000 jeunes qui pourront être concernés par ces programmes expérimentaux. L'appel à projet sera finalisé la semaine prochaine. Ces programmes concerneront notamment l'orientation, l'accompagnement, la formation. Parmi, ces programmes, je souhaite que sur deux ou trois territoires, nous puissions évaluer ce qu'il convient de faire pour ne pas laisser un jeune, sans emploi, sans formation, sans ressources ou sans accompagnement.
Les questions que nous posent les jeunes sont graves, elles sont centrales pour construire la société qui sera la leur demain. Nous avons la responsabilité, devant eux, avec eux, de les aider à trouver la place qui leur revient. Nous devons aboutir, et nous devons aboutir vite. Je vous remercie d'avoir accepté de vous mobiliser, et je compte sur vous car ils comptent sur nous.
Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 10 mars 2009