Déclaration de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur la situation des pays les moins avancés (PMA) et l'aide de la France à ces pays, en réponse à une question à l'Assemblée nationale, Paris, le 16 mai 2001.

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Circonstance : Ouverture de la IIIème Conférence des Nations unies, à Bruxelles, le 14 mai 2001

Texte intégral

Monsieur le Député,
La troisième Conférence sur les Pays les moins avancés se tient en effet cette semaine à Bruxelles. La France, qui avait accueilli les deux premières en 1981 et 1990, a souhaité que la première Conférence des Nations unies organisée par l'Union européenne leur soit consacrée, car c'est bien de la solidarité mondiale dont ces pays ont besoin.
Le président de la République l'a donc ouverte en présence de Kofi Annan et du Premier ministre suédois. Je présiderai moi-même, vendredi, avec mon collègue éthiopien la table ronde qui traitera de l'un des défis les plus essentiels, la valorisation des ressources humaines.
Oui, Monsieur le Député, la liste des PMA s'est allongée : vingt six en 1971, quarante neuf aujourd'hui. Quarante-neuf qui cumulent les handicaps : croissance de la production inférieure à celle de la population, vulnérabilité économique, endettement, absence d'industrialisation, analphabétisme, endémies sanitaires - et pas seulement le SIDA -, et souvent instabilité politique et la guerre.
La guerre sous toutes ses formes : celle que se livrent les Etats comme par exemple l'Ethiopie et l'Erythrée qui viennent à peine de terminer la leur ; celle plus souvent qui oppose des Etats trop fragiles et incapables de puiser une légitimité forte dans le soutien populaire, et des rébellions qui dissimulent parfois sous des oripeaux politiques la simple envie de conquérir et de garder pour eux-mêmes des mines d'or, de diamants ou des champs de pavot.
Oui, les PMA ont besoin de nous. La France le sait qui a inscrit trente quatre d'entre eux dans sa Zone de solidarité prioritaire. Nous saurons à l'issue de la Conférence de Bruxelles quelles propositions nouvelles viendront conclure un dialogue engagé entre dirigeants politiques mais aussi avec les grandes organisations internationales et avec la société civile. Je pourrai faire ce bilan mardi lors du rendez-vous que nous fixe en quelque sorte la réforme de la coopération française, qui a prévu chaque année un débat sur cette question avec le Parlement.
Mais déjà je voudrai vous dire ce que je considère comme de bonnes nouvelles pour les PMA et auxquelles la France a pris une part déterminante :
L'effacement de la dette déjà acquis pour vingt d'entre eux et en préparation pour vingt autres pays pauvres. Et c'est la France qui va faire à cet égard le plus gros effort. Elle contribue à elle seule pour dix milliards d'euros.
L'ouverture du marché européen aux productions des PMA : tout sauf les armes. Et je veux saluer ici le travail formidable accompli par Pascal Lamy pour faire aboutir cette grande ambition.
J'y ajoute le déliement de l'aide décidé le mois dernier dans le cadre de l'OCDE et qui vient donner plus de liberté aux PMA dans l'utilisation de l'aide publique au développement.
J'observe enfin que la volonté de promouvoir la bonne gouvernance n'est plus seulement l'apanage des donateurs mais aussi des PMA. C'est aussi une bonne nouvelle car c'est dans la défense des Droits de l'Homme, dans la lutte contre la corruption, dans la consolidation de la démocratie que réside aussi le développement. La France entend s'y employer davantage.

(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 mai 2001)