Déclaration de M. Bernard Laporte, secrétaire d'Etat aux sports, sur la coopération sportive et la francophonie, Bujumbura (Burundi) le 23 mars 2009.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : 32ème session de la Confejes à Bujumbura (Burundi) le 23 mars 2009

Texte intégral


Messieurs les Ministres, Chers Collègues et amis de la Francophonie,
Monsieur le Secrétaire Général, cher Youssouf Fall,
Mesdames, Messieurs les chefs de délégation,
C'est avec un réel plaisir que je m'exprime devant vous aujourd'hui. Je tiens, tout d'abord, à remercier chaleureusement les autorités Burundaises et plus particulièrement Monsieur Jean-Jacques Nyenimigabo, le Ministre de la jeunesse et des sports, pour l'accueil fraternel qui nous est réservé à Bujumbura à l'occasion de cette 32e session de la CONFEJES.
Je me réjouis d'être ici, à Bujumbura, dans la capitale d'un pays qui a su retrouver la paix grâce à la volonté et au travail de ses dirigeants. Cette paix, elle était attendue, et le sport a montré ici même qu'il y pouvait y contribuer. L'initiative prise en décembre dernier autour du Marathon de la Paix et des animations sportives rassemblant 1 000 enfants des 129 communes du pays est à ce titre exemplaire.
Je tiens à louer la forte implication de la CONFEJES dans le succès des actions menées ici au Burundi en faveur de la paix, de l'insertion économique et professionnelle des jeunes et aussi du rayonnement de la Francophonie.
Et cela m'amène à féliciter tout particulièrement Monsieur Youssouf FALL, le secrétaire général de la CONFEJES, pour le bilan remarquable de l'institution sportive francophone, pour la qualité des initiatives menées en faveur du développement du sport, pour l'exemplarité et la réussite de son programme quadriennal 2005/2008. Au nom de la jeunesse francophone, monsieur le secrétaire général, je vous en remercie.
Soyez assuré, cher Youssouf FALL, que la France est très attentive aux initiatives développées par la CONFEJES. Et soyez conforté dans le fait que la France souhaite continuer à jouer un rôle moteur et majeur dans le soutien aux programmes mis en oeuvre en faveur du sport, des pratiques féminines et de l'accès des femmes aux responsabilités dans le monde du sport, de la promotion des sportifs de haut niveau, des publics handisport.
Le Fonds Francophone de Préparation Olympique, qui est à l'origine d'un partenariat croissant et confiant avec le Mouvement sportif international et africain, est un programme pour lequel la France porte un grand intérêt. Il doit continuer à offrir une large visibilité internationale au programme sport de la CONFEJES que ce soit par l'intermédiaire des appuis techniques nationaux, des clubs CONFEJES ou des bourses FFPO.
Cette implication forte de la France dans le sport de haut niveau est déterminante à mon sens. Pourquoi ?
Parce que de nombreux clubs de football bien sûr, mais aussi de basket, d'athlétisme et j'en passe, sont systématiquement pillés sans avoir pu retirer les fruits des années consacrées, avec générosité, à former leurs jeunes sportifs ; comment pourra-t-on leur demander alors de poursuivre durablement cet effort ?
Mais aussi parce qu'aujourd'hui de très jeunes sportifs, européens ou africains, sont déracinées et se retrouvent, pour la plupart, en situation d'échec, sans solutions de repli. Ce n'est pas l'avenir que je conçois pour nos enfants, les enfants de la Francophonie.
Lors de la Présidence Française de l'Union Européenne, j'ai donc souhaité, en complément de la règle dite du « 6 + 5 », que l'on trouve au niveau de l'Europe les moyens d'interdire le recrutement et le transfert des plus jeunes joueurs. Cette position a été actée à l'unanimité par l'ensemble de mes collègues européens. Je m'en réjouis !
C'est donc ensemble que nous poursuivrons nos efforts aux côtés de la CONFEJES, avec vous cher ami Youssouf Fall.
J'entends même aller plus loin. Parce que la France a des responsabilités dans le monde de la Francophonie qu'elle ne peut pas ignorer et qu'elle souhaite honorer. Aussi, au-delà de notre implication traditionnelle qui s'inscrit dans le programme quadriennal arrêté par la CONFEJES, je souhaite vous faire part de trois nouveaux projets que j'entends mener avec vous et le mouvement sportif en direction de la jeunesse sportive francophone.
Ces initiatives, qui doivent devenir les nôtres, chers amis et collègues du sport francophone, répondront, je l'espère, à certaines de vos attentes et de vos préoccupations.
Premièrement, le projet « sport et paix ». Il n'y a pas de vie sans la paix. Il n'y a pas de développement sans la paix. Il n'y a pas de sport sans Paix. Je suis intimement convaincu du rôle déterminant que peut jouer le sport dans les pays en sortie de crise comme facteur de réconciliation nationale.
Le Burundi a montré l'exemple ; suivons-le !
La France est prête à s'engager aux côtés de la CONFEJES et les autres acteurs du sport africain et international pour soutenir des projets sportifs qui serviront la paix. Notre soutien sera principalement financier et humain. Et pour un souci d'efficacité, je proposerai que la CONFEJES en reste le pilote comme elle l'a été ici en décembre dernier à Bujumbura. Pourquoi ici, dans ce pays ami qui a retrouvé la sérénité et la confiance en l'avenir, avec le sport et autour du sport, ne lancerions-nous pas l'idée d'un « Fonds francophone sport et paix » qui permettrait d'agréger les contributions des Etats certes, mais aussi du mouvement sportif international, des différentes ONG et pourquoi pas de partenaires privés ? Je sais que le CIO est intéressé par cette idée. Profitons de cette conjoncture favorable pour mettre en avant cette initiative francophone.
Deuxièmement, et j'ai beaucoup de plaisir à vous l'annoncer à l'occasion de cette réunion de la grande famille francophone du sport, mon Ministère va créer très prochainement un groupe, qui pourra éventuellement devenir demain un « corps », de cadres techniques sportifs chargé des relations internationales et de la coopération.
L'objectif, vous l'avez compris : collaborer à la formation et au perfectionnement de vos entraîneurs et de vos cadres techniques pour contribuer ainsi, avec vos techniciens sportifs, à l'émergence des nouvelles élites sportives francophones. Ces cadres recevront une formation spécifique et seront placés auprès des fédérations sportives françaises.
Bien entendu, pour une complète efficacité, ces cadres devront disposer de relais dans les pays concernés par cette nouvelle politique de coopération. Dans le secteur francophone, la CONFEJES pourrait les aider grâce son « réseau » de techniciens ou cadres des ministères. Et plus largement, grâce à l'adhésion du mouvement sportif français à ce projet, ces cadres pourront s'appuyer sur la Solidarité Olympique du CIO et les Fédérations Internationales.
Dans le même registre, nous envisageons d'aller plus loin, en ouvrant, au sein de notre nouveau campus de l'excellence sportive, le nouvel INSEP, une formation d'experts internationaux du sport, spécialisés en organisations événementielles, en audits ou dans l'élaboration de politiques de développement. Ces experts auront alors vocation à venir apporter un soutien aux nations amies souhaitant structurer leur pratique sportive et organiser de grands événements.
Troisièmement, Henri Sérandour, le président de comité national olympique et sportif français, et moi-même, allons rassembler l'ensemble du mouvement sportif français et les différents équipementiers sportifs pour élaborer les bases d'une nouvelle solidarité sportive francophone. Je pense ici à la création d'un nouveau fond francophone en charge de dotations de matériels et d'équipements sportifs à vos fédérations nationales.
Pour terminer mon intervention, je veux me tourner vers l'avenir et notamment vers la prochaine grande échéance du monde de la Francophonie. Nous allons nous retrouver au Liban, dans quelques mois, pour les Jeux de la Francophonie. Cette grande fête du sport et de la culture est la nôtre, celle de la langue française que nous partageons dans l'espace francophone. 70 pays, 3 000 participants, les 5 continents représentés. C'est une belle opportunité, chers amis et collègues d'expression française, de réaffirmer notre attachement à la première langue Olympique que nous devons promouvoir aussi par le sport. Une belle opportunité pour montrer à tout le monde notre solidarité, notre diversité et notre excellence...
Vive le sport et vive la Francophonie !
Source http://www.sports.gouv.fr, le 14 avril 2009