Interview de Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé et des sports, à Europe 1 le 27 avril 2009, sur la grippe A (H1N1) et les mesures à mettre en oeuvre en cas d'épidémie.

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Média : Europe 1

Texte intégral

M.-O. Fogiel.- Ministre de la Santé, ce matin, vous êtes sur le pont ; on fait le point avec vous sur la menace de la grippe porcine qui s'étend. La grande peur est que le virus soit pandémique, qu'il s'étendrait donc à une grande partie de la population. Est-on aujourd'hui dans cette situation ?
 
Non, on n'est pas encore aujourd'hui dans cette situation. Evidemment avec l'Organisation mondiale de la santé, nous sommes extrêmement vigilants. Pour l'instant les foyers épidémiques nous les connaissons, ils sont surtout au Mexique où d'ailleurs l'épidémie semble devenir de plus en plus grave, on est passés à plus de 100 morts, 103 morts, selon les autorités mexicaines ; des cas avérés en Californie, quelques cas très limités dans quelques autres pays.
 
Et en France ?
 
En France, pour l'instant, les cas répertoriés semblent bénins. Le dernier cas que nous sommes en train d'analyser aux Yvelines, j'attends les dernières confirmations, mais ce cas serait également bénin.
 
Est-ce que cette grippe est dangereuse ?
 
Oui, cette grippe est dangereuse, bien entendu. Il y a plusieurs formes de cette grippe, les cas peuvent être bénins, certains ont été relevés par exemple dans des pays, mais on le voit bien cette grippe peut tuer, et donc cela demande la vigilance complète des autorités sanitaires.
 
Mais peut-on la soigner, concrètement ?
 
Alors, nous sommes en train de faire un certain nombre d'études avec les autorités sanitaires et en particulier avec les autorités sanitaires mexicaines. Pour l'instant, si vous voulez, en éprouvette, le virus tel qu'il a été répertorié semble sensible aux médicaments qu'on appelle les "anti neuraminidases", et dont nous avons des stocks importants, c'est le Tamiflu, le Relenza...
 
C'est la même chose que pour la grippe aviaire le Tamiflu ?
 
Voilà, ce sont des anti-grippaux, des anti-viraux, et nous avons 33 millions de traitements, ce qui est un nombre tout à fait considérable. Je rappelle qu'aux Etats-Unis, pour une population six fois supérieure, les Etats-Unis disposent de 50 millions de traitements.
 
Quels conseils donnez-vous à nos auditeurs qui nous appellent, qui vont partir, notamment aux Etats-Unis ou au Mexique ?
 
Les voyages ne sont pas suspendus, ils peuvent donc tout à fait partir au Mexique ou aux Etats-Unis. Je leur conseille évidemment de téléphoner au ministère de la Santé au 0 825 302 302, c'est un numéro qui leur est spécialement dédié ; ils peuvent aller sur le site Internet du ministère de la Santé www.sante-sports.gouv.fr, et puis ou alors aller sur le site de l'OMS, ils recevront toutes les informations.
 
Mais que se passe-t-il si en France il y a un cas avéré de grippe porcine ?
 
Nous sommes le pays, un des pays les mieux préparés du monde sinon le mieux préparé du monde. Nous avons évidemment, s'il y a un cas avéré, des mesures d'isolement sur le cas ; nous avons les médicaments qui conviennent, j'ai créé un établissement public de la réserve et de l'urgence sanitaire qui permet de mettre à disposition ces médicaments, qui mobilise des professionnels de santé et qui évidemment met sur le pont les autres ministères concernés. Et, véritablement, nous sommes prêts à affronter une épidémie de grippe aviaire (sic). Nous sommes aussi en relation avec les autres autorités européennes...
 
Grippe porcine...
 
Oui, de grippe porcine, j'ai dit "grippe aviaire", enfin ce sont les mêmes mesures pour la grippe aviaire ou pour la grippe porcine. Et nous sommes évidemment en relation avec les autres autorités européennes, et les autres autorités internationales, en particulier l'OMS.
 
On peut manger du porc ?
 
On peut tout à fait manger du porc, puisque à la cuisson le virus évidemment disparaît.
 
Et les éleveurs de porc doivent-ils s'inquiéter, ici, en France ?
 
Non, nous sommes évidemment avec les autorités agricoles et avec M. Barnier sur le pont, il n'y a aucune raison de s'inquiéter.
 
"Aucune raison de s'inquiéter". Et pour qu'on comprenne bien pour terminer, la transmission d'homme à homme elle est avérée ?
 
Elle est avérée, elle est avérée. Pour l'instant, on a pensé que, à partir du foyer porcin, il y avait uniquement une transmission du porc à l'homme, les derniers cas montrent qu'il y a bien une transmission interhumaine, c'est ce qui suscite une vigilance tout à fait particulière, parce qu'à partir du moment où il y a une transmission interhumaine, le risque pandémique augmente.
 
Pour terminer, un autre sujet, tout à l'heure on parlait du "bisphénol" dans les biberons ; le bisphénol c'est un perturbateur endocrinien, certains biberons en contiennent. La mairie de Paris vient d'ailleurs de retirer les biberons contenant du bisphénol des crèches, pas vous. Vous estimez que le principe de précaution ne s'applique pas ?
 
Non, pour l'instant, enfin... les études scientifiques qui nous ont été apportées par l'ensemble des autorités sanitaires montrent qu'il n'y a pas de risque, il n'y a donc pas de raison de prononcer des mesures d'interdiction en ce domaine.
 Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 27 avril 2009