Texte intégral
(...)
Q - Quels moyens concrets avons-nous au niveau européen pour lutter contre cette crise financière ?
R - Beaucoup de moyens, qu'il faut activer davantage. Nous avons les investissements directs de la Commission dans les infrastructures, comme le train ou les connexions énergétiques : 5 milliards d'euros. Nous avons les prêts de la Banque européenne d'investissement, qui ont permis d'aider au sauvetage de l'industrie automobile. Le montant de ces prêts, grâce à la pression du gouvernement français, a été doublé pour passer à 7 milliards.
Nous avons le Fonds d'ajustement à la mondialisation. Là aussi, à la demande du gouvernement français, il a été doublé de 500 millions à 1 milliard d'euros, et les conditions d'attribution ont été simplifiées. Et n'oublions pas le rôle majeur qu'ont joué la France et l'Allemagne pour imposer la régulation financière lors du dernier G20. Arrêtons de dire que l'Europe ne fait rien. Elle fait beaucoup, elle peut certainement faire mieux au regard de la gravité de la crise, mais nous nous battons justement pour que les choses avancent dans ce sens.
(...)
Q - Si on vous pose la question, à quoi sert le Parlement européen, que répondez-vous ?
R - Il sert à représenter les citoyens. Il est un instrument de démocratie essentiel pour l'Europe. Le rôle qu'il joue dans la modification et le choix des textes européens est décisif.
Q - Pêcheurs et agriculteurs menacés voient dans l'Europe la source de tous leurs maux. Les citoyens ont l'impression de ne pas peser bien lourd devant les "technocrates" européens.
R - C'est bien un enjeu de ces élections aussi de faire en sorte que les citoyens pèsent davantage à travers leurs représentants au Parlement. Sur l'agriculture, n'oublions pas que la PAC bénéficie très largement à l'agriculture française. Elle a été un moyen de développer ce qui est un atout majeur pour notre pays.
Pour la pêche, je vois bien le débat qu'il y a aujourd'hui entre les évaluations des scientifiques sur les ressources en poissons et les craintes compréhensibles des pêcheurs eux-mêmes. Mais précisément, Michel Barnier s'efforce de trouver une solution juste et équitable à ce débat. Il est à Bruxelles aujourd'hui pour cela.
Q - Le retour de la France dans l'OTAN n'est-il pas un signe d'un désengagement de l'Europe ?
R - Au contraire, il doit être le point de départ d'une affirmation d'une défense européenne autonome et forte. Personne ne peut plus soupçonner la France de jouer un quelconque double jeu. Elle est pleinement dans l'OTAN, elle est pleinement aux côtés de ses alliés, mais elle veut aussi construire une défense européenne capable de protéger nos concitoyens et d'intervenir là où les intérêts européens sont menacés. Les deux projets ne s'opposent pas, ils se complètent.
(...)
Q - Votre arrivée au gouvernement est-elle le signe, compte tenu de votre intérêt pour l'Allemagne, d'une volonté du chef de l'Etat de redonner de l'importance au couple franco-allemand, qui semblait être devenu secondaire ?
R - Là aussi, vous connaissez mes convictions. Si nous voulons faire bouger rapidement l'Europe, si nous voulons des changements, si nous voulons une véritable politique économique européenne, si nous voulons défendre l'industrie en Europe, si nous voulons des résultats concrets en matière de régulation financière, si nous voulons des institutions plus fortes, nous devons travailler étroitement avec l'Allemagne. Je m'y consacre chaque jour.
Je me rends à Berlin régulièrement pour faire avancer tous les projets que nous avons ensemble. Et ce qui est décisif, c'est l'impulsion qui est donnée au plus haut niveau de l'Etat par le président de la République et par la chancelière. Tous les deux sont parfaitement conscients de leur responsabilité historique dans ce domaine. L'Europe est à un moment de son histoire où elle doit franchir un nouveau cap politique. Elle ne le franchira que sous l'impulsion de la France et de l'Allemagne.
Q - Sprechen Sie wirklich deutsch ?
R - Ja, wirklich !
Q - Les députés européens ne souffrent-ils pas d'un manque de reconnaissance ? Et comment le Traité de Lisbonne peut-il renforcer le rôle du Parlement ?
R - Si, vous avez raison, il faut plus de reconnaissance pour les députés européens, parce que cela veut dire plus de reconnaissance pour les peuples européens. Le Traité de Lisbonne joue un rôle décisif dans ce domaine. Il élargit le partage des responsabilités et donne plus de pouvoir aux parlementaires européens. C'est pour cela qu'il est impératif qu'il soit ratifié dans les meilleurs délais. J'ai bon espoir que, le 6 mai, les parlementaires tchèques voteront la ratification de ce traité.
Q - La France et Michel Barnier ont porté le projet de réglementation européenne autorisant le coupage du vin rosé. En janvier, Michel Barnier était pour. Puis, quand la campagne de presse est montée, il s'est vainement opposé, sans voter contre au vote de mars. Maintenant le projet est dans la main de la Commission. N'est-ce pas un exemple typique de démagogie anti-bruxelloise ?
R - Je suis pour la plus grande clarté en matière de vin rosé et de vinification en général. Est-ce que nous autorisons déjà le coupage en France, notamment pour certains champagnes ? Oui. Est-ce que le consommateur doit être informé ? Oui, c'est impératif.
L'exigence la plus importante à mes yeux est donc celle de l'information du consommateur par un étiquetage clair et approprié. Nous l'avons fait il y a dix ans pour le chocolat. Cela a permis de valoriser le chocolat de qualité et d'en augmenter les ventes. Je suis sûr que pour le rosé français, le rosé de qualité, le rosé que nous apprécions tous, il en ira de même.
Q - Le Traité de Lisbonne est-il la copie du TCE ?
R - Absolument pas. Si c'était la copie, il n'y aurait pas eu besoin d'un nouveau traité ! L'immense avantage de Lisbonne, c'est de se concentrer sur le fonctionnement des institutions et d'offrir des institutions plus simples et plus fortes.
Q - Pouvez-vous nous assurer que les rumeurs de mésentente entre M. Sarkozy et Mme Merkel ne sont que des rumeurs ? Et vous, personnellement, comment définiriez-vous la personnalité de la chancelière allemande ?
R - Je n'ai pas à juger la chancelière allemande. Je peux juste vous dire à titre personnel que je la trouve ouverte, sympathique et très déterminée dans son engagement européen. Quant aux rumeurs de mésentente entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, ce sont de pures fictions. J'ai l'occasion de les voir régulièrement ensemble, notamment dans les Conseils européens. Ils s'entendent parfaitement bien, ils travaillent en très bonne entente. Et je crois que c'est un atout pour nos deux pays comme pour l'Europe entière.
Q - Ne pensez-vous pas que le mode de scrutin par euro-circonscriptions a contribué au désintérêt, contrairement à son ambition, pour ces élections et à une mauvaise visibilité pour les citoyens de leurs eurodéputés ?
R - C'est déjà mieux que le vote sur une seule liste à l'échelle nationale. Est-ce que c'est parfait ? Pas encore. Mais l'Europe a déjà montré qu'elle savait tirer les leçons de l'expérience et progresser à chaque étape de son développement.
Q - Hier, les pays membres de l'Union pour la Méditerranée se sont retrouvés pour la première fois depuis l'offensive israélienne à Gaza de fin décembre. Pensez-vous que l'UPM va être relancée ? La Présidence suédoise prendra-t-elle son poste de coprésidence ou Nicolas Sarkozy le conservera-t-il comme en ce moment sous présidence tchèque ?
R - Oui, je suis certain que l'UPM va progresser dans les semaines à venir. Le sommet franco-espagnol de la semaine prochaine sera l'occasion de réaffirmer notre volonté politique de voir des projets concrets aboutir. Dans la situation internationale actuelle, il est plus que jamais nécessaire d'avoir une enceinte de dialogue, de réflexion et de projets communs entre l'Europe et l'autre rive de la Méditerranée. L'UPM répond à cette nécessité.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 mai 2009
Q - Quels moyens concrets avons-nous au niveau européen pour lutter contre cette crise financière ?
R - Beaucoup de moyens, qu'il faut activer davantage. Nous avons les investissements directs de la Commission dans les infrastructures, comme le train ou les connexions énergétiques : 5 milliards d'euros. Nous avons les prêts de la Banque européenne d'investissement, qui ont permis d'aider au sauvetage de l'industrie automobile. Le montant de ces prêts, grâce à la pression du gouvernement français, a été doublé pour passer à 7 milliards.
Nous avons le Fonds d'ajustement à la mondialisation. Là aussi, à la demande du gouvernement français, il a été doublé de 500 millions à 1 milliard d'euros, et les conditions d'attribution ont été simplifiées. Et n'oublions pas le rôle majeur qu'ont joué la France et l'Allemagne pour imposer la régulation financière lors du dernier G20. Arrêtons de dire que l'Europe ne fait rien. Elle fait beaucoup, elle peut certainement faire mieux au regard de la gravité de la crise, mais nous nous battons justement pour que les choses avancent dans ce sens.
(...)
Q - Si on vous pose la question, à quoi sert le Parlement européen, que répondez-vous ?
R - Il sert à représenter les citoyens. Il est un instrument de démocratie essentiel pour l'Europe. Le rôle qu'il joue dans la modification et le choix des textes européens est décisif.
Q - Pêcheurs et agriculteurs menacés voient dans l'Europe la source de tous leurs maux. Les citoyens ont l'impression de ne pas peser bien lourd devant les "technocrates" européens.
R - C'est bien un enjeu de ces élections aussi de faire en sorte que les citoyens pèsent davantage à travers leurs représentants au Parlement. Sur l'agriculture, n'oublions pas que la PAC bénéficie très largement à l'agriculture française. Elle a été un moyen de développer ce qui est un atout majeur pour notre pays.
Pour la pêche, je vois bien le débat qu'il y a aujourd'hui entre les évaluations des scientifiques sur les ressources en poissons et les craintes compréhensibles des pêcheurs eux-mêmes. Mais précisément, Michel Barnier s'efforce de trouver une solution juste et équitable à ce débat. Il est à Bruxelles aujourd'hui pour cela.
Q - Le retour de la France dans l'OTAN n'est-il pas un signe d'un désengagement de l'Europe ?
R - Au contraire, il doit être le point de départ d'une affirmation d'une défense européenne autonome et forte. Personne ne peut plus soupçonner la France de jouer un quelconque double jeu. Elle est pleinement dans l'OTAN, elle est pleinement aux côtés de ses alliés, mais elle veut aussi construire une défense européenne capable de protéger nos concitoyens et d'intervenir là où les intérêts européens sont menacés. Les deux projets ne s'opposent pas, ils se complètent.
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Q - Votre arrivée au gouvernement est-elle le signe, compte tenu de votre intérêt pour l'Allemagne, d'une volonté du chef de l'Etat de redonner de l'importance au couple franco-allemand, qui semblait être devenu secondaire ?
R - Là aussi, vous connaissez mes convictions. Si nous voulons faire bouger rapidement l'Europe, si nous voulons des changements, si nous voulons une véritable politique économique européenne, si nous voulons défendre l'industrie en Europe, si nous voulons des résultats concrets en matière de régulation financière, si nous voulons des institutions plus fortes, nous devons travailler étroitement avec l'Allemagne. Je m'y consacre chaque jour.
Je me rends à Berlin régulièrement pour faire avancer tous les projets que nous avons ensemble. Et ce qui est décisif, c'est l'impulsion qui est donnée au plus haut niveau de l'Etat par le président de la République et par la chancelière. Tous les deux sont parfaitement conscients de leur responsabilité historique dans ce domaine. L'Europe est à un moment de son histoire où elle doit franchir un nouveau cap politique. Elle ne le franchira que sous l'impulsion de la France et de l'Allemagne.
Q - Sprechen Sie wirklich deutsch ?
R - Ja, wirklich !
Q - Les députés européens ne souffrent-ils pas d'un manque de reconnaissance ? Et comment le Traité de Lisbonne peut-il renforcer le rôle du Parlement ?
R - Si, vous avez raison, il faut plus de reconnaissance pour les députés européens, parce que cela veut dire plus de reconnaissance pour les peuples européens. Le Traité de Lisbonne joue un rôle décisif dans ce domaine. Il élargit le partage des responsabilités et donne plus de pouvoir aux parlementaires européens. C'est pour cela qu'il est impératif qu'il soit ratifié dans les meilleurs délais. J'ai bon espoir que, le 6 mai, les parlementaires tchèques voteront la ratification de ce traité.
Q - La France et Michel Barnier ont porté le projet de réglementation européenne autorisant le coupage du vin rosé. En janvier, Michel Barnier était pour. Puis, quand la campagne de presse est montée, il s'est vainement opposé, sans voter contre au vote de mars. Maintenant le projet est dans la main de la Commission. N'est-ce pas un exemple typique de démagogie anti-bruxelloise ?
R - Je suis pour la plus grande clarté en matière de vin rosé et de vinification en général. Est-ce que nous autorisons déjà le coupage en France, notamment pour certains champagnes ? Oui. Est-ce que le consommateur doit être informé ? Oui, c'est impératif.
L'exigence la plus importante à mes yeux est donc celle de l'information du consommateur par un étiquetage clair et approprié. Nous l'avons fait il y a dix ans pour le chocolat. Cela a permis de valoriser le chocolat de qualité et d'en augmenter les ventes. Je suis sûr que pour le rosé français, le rosé de qualité, le rosé que nous apprécions tous, il en ira de même.
Q - Le Traité de Lisbonne est-il la copie du TCE ?
R - Absolument pas. Si c'était la copie, il n'y aurait pas eu besoin d'un nouveau traité ! L'immense avantage de Lisbonne, c'est de se concentrer sur le fonctionnement des institutions et d'offrir des institutions plus simples et plus fortes.
Q - Pouvez-vous nous assurer que les rumeurs de mésentente entre M. Sarkozy et Mme Merkel ne sont que des rumeurs ? Et vous, personnellement, comment définiriez-vous la personnalité de la chancelière allemande ?
R - Je n'ai pas à juger la chancelière allemande. Je peux juste vous dire à titre personnel que je la trouve ouverte, sympathique et très déterminée dans son engagement européen. Quant aux rumeurs de mésentente entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, ce sont de pures fictions. J'ai l'occasion de les voir régulièrement ensemble, notamment dans les Conseils européens. Ils s'entendent parfaitement bien, ils travaillent en très bonne entente. Et je crois que c'est un atout pour nos deux pays comme pour l'Europe entière.
Q - Ne pensez-vous pas que le mode de scrutin par euro-circonscriptions a contribué au désintérêt, contrairement à son ambition, pour ces élections et à une mauvaise visibilité pour les citoyens de leurs eurodéputés ?
R - C'est déjà mieux que le vote sur une seule liste à l'échelle nationale. Est-ce que c'est parfait ? Pas encore. Mais l'Europe a déjà montré qu'elle savait tirer les leçons de l'expérience et progresser à chaque étape de son développement.
Q - Hier, les pays membres de l'Union pour la Méditerranée se sont retrouvés pour la première fois depuis l'offensive israélienne à Gaza de fin décembre. Pensez-vous que l'UPM va être relancée ? La Présidence suédoise prendra-t-elle son poste de coprésidence ou Nicolas Sarkozy le conservera-t-il comme en ce moment sous présidence tchèque ?
R - Oui, je suis certain que l'UPM va progresser dans les semaines à venir. Le sommet franco-espagnol de la semaine prochaine sera l'occasion de réaffirmer notre volonté politique de voir des projets concrets aboutir. Dans la situation internationale actuelle, il est plus que jamais nécessaire d'avoir une enceinte de dialogue, de réflexion et de projets communs entre l'Europe et l'autre rive de la Méditerranée. L'UPM répond à cette nécessité.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 mai 2009