Texte intégral
R. Sicard.- Bonjour à tous, bonjour V. Pécresse.
Bonjour.
Hier, la Coordination nationale dans les universités a décidé de poursuivre la grève et surtout, elle a décidé de ne pas organiser les examens. Alors, qu'est-ce qui va se passer ? Est-ce que les examens seront supprimés ? Est-ce qu'ils auront lieu quand même ? Qu'est-ce que vous, vous pouvez envisager ?
J'ai aujourd'hui deux responsabilités face au mouvement universitaire : la première c'est de garantir à tous les étudiants qui sont inscrits à l'université, que je mettrai tout en oeuvre pour que les rattrapages aient lieu, puisque vous savez qu'un certain nombre d'universités ont connu des grèves importantes, des rattrapages auront lieu et les examens se tiendront dans de bonnes conditions.
Mais la Coordination dit : « Il n'y aura pas d'organisation d'examens », très clairement.
D'abord, ce que dit cette coordination, c'est radicalement contraire aux valeurs de l'université, et c'est irresponsable. Parce que les valeurs de l'université, c'est évidemment transmettre des savoirs et c'est faire réussir les étudiants. Et je crois que, dans sa déclaration, la Coordination ne reflète pas le sentiment de la majorité de la communauté universitaire. Il y a un sentiment de la majorité de la Communauté universitaire, et qui est de plus en plus partagé, qu'aujourd'hui, s'il y a des désaccords avec le Gouvernement, ils doivent se régler par le dialogue, il doit se régler par la négociation avec les syndicats, par exemple, et certainement pas se régler en prenant les étudiants en otages. Je crois que prendre les étudiants en otages, je le dis, c'est radicalement contraire aux valeurs de l'université.
Mais s'il y a des enseignants qui n'organisent pas ces examens, qu'est-ce qui se passe ?
Alors, il y a une responsabilité, évidemment, éminente, des présidents d'université, des équipes dirigeantes des universités, et des doyens. C'est à eux d'organiser les examens. S'il y a des défections, ils peuvent avoir recours à d'autres enseignants, et s'il y a des enseignants qui sont pressentis ou qui ont dans leur service, l'obligation de faire passer les examens, qui ne font pas passer, ça s'apparente à du service non fait et quand on ne fait pas sciemment son service, c'est requalifié en fait de grève et donc il y a des retenues sur salaires possibles.
Ça veut dire qu'il y aura des sanctions, dans ce cas-là.
Ah, mais de toutes les façons, il est absolument inconcevable, quand on est universitaire, de refuser de faire passer les examens à ses étudiants.
Alors, la Coordination dit que la balle, maintenant, est dans votre camp. Est-ce que vous, de votre côté, vous pouvez faire des concessions ?
Il y avait toute une série d'interrogations et d'inquiétudes qui se sont exprimées par la communauté universitaire depuis quelques mois. Ces inquiétudes et ces interrogations, nous y répondons une par une : les suppressions de postes ; pour faire face à l'ampleur de la réforme universitaire, le Premier ministre a décidé d'arrêter toute suppression de poste dans l'enseignement supérieur pour 2010 et 2011. La Coordination demande que ceux qui étaient supprimés en 2009, soient rétablis.
Alors, ceux qui ont été supprimés en 2009, c'est la volonté du Parlement, c'est une loi, elle est appliquée, mais nous avons fait un geste, nous avons donné aux universités, l'équivalent en crédits, de façon à ce qu'elles puissent, j'allais dire, faire des cours dans de meilleures conditions.
Sur les enseignants-chercheurs, est-ce que là-dessus - bon, le décret est passé au Journal Officiel - est-ce que là-dessus...
Pardon, monsieur Sicard, excusez-moi, je rajoute une chose, pour que ce soit bien compris de vos téléspectateurs : ces suppressions de postes de 2009 n'ont pas porté sur un seul emploi d'enseignant-chercheur ; on n'a pas diminué avec les suppressions de postes, le taux d'encadrement ; on a juste transformé les emplois, j'allais dire, de personnels d'entretien, de personnels de catégorie C, en emplois de cadres pour passer à l'autonomie.
Mais alors, sur les enseignants chercheurs, l'idée c'est qu'il y ait une possible répartition entre l'enseignement et la recherche - ça inquiète les enseignants chercheurs -, est-ce que vous allez faire des concessions, modifier le décret, par exemple ?
Alors, le décret sur le nouveau statut des enseignants-chercheurs, c'est un décret qui est important, parce qu'on va faire l'autonomies des universités. L'autonomie des universités, c'est ce qui se fait dans le monde entier, pour que les universités soient plus fortes. C'est ce qui se fait dans les grandes écoles, aujourd'hui.
Certains, aujourd'hui, disent : « Il faut arrêter cette réforme ».
Oui, mais alors, ça, ce serait un contresens absolu, et le président de la République l'a dit. C'est un contresens absolu, parce que, dans tous les grands pays, du Japon, des Etats-Unis ou de l'Allemagne, l'autonomie c'est ce qui permet aux universités d'avoir une vraie stratégie, et puis de rendre des comptes. De rendre des compte sur le taux d'insertion professionnelle de leurs diplômes, le taux de succès de leurs étudiants, et leur taux d'encadrement. Donc l'autonomie c'est la liberté, c'est la responsabilité, c'est comme ça que...
Ça, ça ne bouge pas.
Ah, ça, ça a été voté en 2007, c'est appliqué dans 20 universités aujourd'hui, je n'ai entendu aucune des universités qui sont autonomes aujourd'hui, se plaindre, aucun de leurs étudiants ne se plaint, aucun de leurs universitaire se plaint. Mais, avec l'autonomie, il y a évidemment la gestion des ressources humaines, des richesses humaines de l'université, c'est pour ça qu'il fallait moderniser le statut des enseignants-chercheurs, pour permettre aux universités autonomes, d'être plus souples.
Mais il y a encore des inquiétudes.
Alors, oui, il y a des inquiétudes sur ce décret. Il a été complètement renégocié, 30 heures de négociations, pour rassurer, avec les organisations syndicales. Il a été publié la semaine dernière et nous rédigeons en ce moment une circulaire d'application, pour garantir à tous les universitaires, que ce décret ne donnerait pas lieu à ce que l'on pourrait appeler "des abus de faiblesse", c'est-à-dire que ce décret ne serait pas une façon pour la direction d'une université, de profiter de ce qu'une personne jeune, une personne inexpérimentée, pour lui faire faire des services qu'elle ne veut pas faire. Aujourd'hui, l'accord de tout universitaire est nécessaire pour la modification de son service.
Est-ce que vous avez le sentiment que sur cette affaire des universités, il y a une récupération politique ?
Je crois aujourd'hui que le Gouvernement a répondu aux inquiétudes sur le statut, a répondu aux inquiétudes sur les emplois, est en train de répondre aux inquiétudes sur la réforme de la formation des professeurs des écoles, des collèges et des lycées. Donc, nous apportons des réponses aux interrogations, aux inquiétudes. En revanche, il y a aujourd'hui une radicalisation du mouvement dans les universités, il y a de la violence, il y a de la séquestration de présidents, il y a des groupes cagoulés, de 20, 30 jeunes, qui débarquent dans les salles où les professeurs essaient de rattraper les cours, et ça, c'est politique et ça c'est contraire à tout ce que porte l'université.
Et qui porte la responsabilité de ça, selon vous ?
Je crois qu'il y a une forme de radicalité politique, il s'agit de demander au Gouvernement de renoncer à toutes les réformes de l'université et notamment la réforme de l'autonomie, et ça je le dis vraiment, aux parents qui nous écoutent, aux étudiants qui nous écoutent et aux universitaires qui nous écoutent, je crois vraiment que l'autonomie c'est la clef du succès de toutes les universités du monde.
Vous êtes ministre de la Recherche, un mot sur la grippe mexicaine. Est-ce qu'en France, la recherche, les instituts de recherche vont être mobilisés ?
Tout à fait. Nous avons à l'Institut Pasteur des laboratoires de virologie, qui sont totalement à la pointe sur toutes les recherches en matière grippale, qui ont évidemment une antenne au Mexique, qui connaissent ces virus, et ils sont mobilisés, à la fois sur l'explication de la pandémie mais aussi sur les vaccins.
Les étudiants français du Mexique, on les rapatrie ?
On a 1 230 étudiants au Mexique, c'est une source de grande satisfaction, mais nous voulons aussi prévenir toutes les inquiétudes de leurs familles et d'eux-mêmes. Donc nous avons mis en place une cellule avec le Quai d'Orsay, pour répondre à toutes les inquiétudes des familles.
Merci V. Pécresse.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 30 avril 2009