Texte intégral
L. Bazin.- Notre invité ce matin, c'est L. Chatel. Bonjour.
Bonjour.
Secrétaire d'Etat à l'Industrie, porte-parole du Gouvernement. J'ai donné dix ans à l'Elysée à N. Sarkozy, non, c'est bien sûr...
... ça viendra, ça viendra.
C'est bien sûr deux. L'opposition a la dent dure après le discours du Président, hier, à Nîmes. On les entendra dans le zapping tout à l'heure, mais en gros, « mystification » pour la gauche, « tartufferie » pour les souverainistes. Finalement, on a l'impression que N. Sarkozy n'a convaincu que son propre camp. C'était le but ?
Non, le but c'était de mobiliser les Français à un mois de l'échéance européenne et de leur fixer un cap pour l'Europe. Vous savez, N. Sarkozy, je pense qu'il a montré pendant six mois de la présidence française de l'Union européenne que quand l'Europe avait un projet, un cap, un chef, une volonté, eh bien elle parvenait à ses fins, elle pesait sur la scène internationale. Eh bien, c'est la tonalité, c'est le message que N. Sarkozy a voulu faire passer hier. Je crois qu'à un mois de cette échéance électorale, où on a toujours beaucoup de mal à mobiliser les Français parce qu'ils ont toujours du mal à percevoir à quoi sert son député européen et autres, je crois que c'est bien de rappeler que l'Europe quand elle veut elle peut, c'est-à-dire que quand elle se mobilise, quand elle a de grands desseins, elle obtient des résultats, elle pèse sur la scène internationale.
Il y avait eu aussi une défense et illustration de la politique menée par N. Sarkozy en France depuis deux ans, ce n'était pas seulement l'Europe. Pour autant, juste avant d'en venir à la... il s'implique dans la campagne. Je crois que le Président dit beaucoup en ce moment [qu'] « il faut politiser pour mobiliser ». Est-ce que ça veut dire qu'un échec de l'UMP aux européennes serait un échec de N. Sarkozy ?
Non mais, N. Sarkozy c'est son rôle de rappeler quel est son cap, quelle est sa vision de l'Europe. Il a exercé pendant six mois...
... je vous entends mais est-ce que ça serait un échec pour lui si l'UMP n'arrivait pas en tête, par exemple, aux européennes ?
Non mais ce sont... D'abord, évidemment, nous nous battons. Quand on se présente à une élection c'est pour faire le meilleur score possible, et nous souhaitons que l'UMP soit en tête aux prochaines élections. En même temps, ça reste une élection européenne.
Donc, ça ne comptera pas, ça ne changera rien !
Le moment du bilan ce sera à la fin du quinquennat. Là, c'est une élection pour élire les députés européens, c'est important parce qu'on a vu à quel point le Parlement européen pouvait peser sur des choix très concrets pour la vie des Français. Donc, c'est important que le Président de la République lui aussi donne sa vision des choses, mais c'est une élection européenne, ce n'est pas une élection présidentielle ou une élection législative.
Donc on ne changera rien après, j'ai entendu ; « continuons comme ça », d'ailleurs, a dit le Président à la fin de son discours. Ça vaut aussi pour la politique menée en France ? Vous ne changerez rien, vous ne bougerez rien même si un certain nombre de mouvements de contestations s'accumulent ? Il n'y aura pas d'examen, sans doute, cette année dans une dizaine de facs en France, l'hôpital est en colère, les pénitentiaires sont dans la rue, il y a deux nouvelles manifs nationales prévues en mai et en juin.
Quel tableau !
Oui, c'est la réalité.
Moi, ce que je voudrais vous dire puisque aujourd'hui, effectivement, c'est le 6 mai 2009, c'est que ces deux premières années du quinquennat de N. Sarkozy sont un peu celles du retour de la France. Je trouve que la France est de retour. Elle est de retour sur la scène internationale, on a vu comme elle avait pesé au niveau européen dans la crise économique, dans la situation en Georgie, dans la capacité à porter des réformes internationales majeures. Donc, la France elle est pèse de nouveau sur la scène internationale, et aussi dans sa capacité à réformer l'Europe, à impulser une nouvelle gouvernance avec le Traité de Lisbonne. Et puis, la France elle est également de retour dans sa capacité à porter des grands desseins, des grands projets universels. Le Grenelle de l'environnement, c'est un grand projet qui fera date, c'est la France qui l'a porté. La réforme de la Constitution elle est dans l'esprit de ce que la France a toujours porté, c'est-à-dire un équilibre des pouvoirs. On a réformé...
Vous allez me citer le Grand Paris, bien sûr...
...non, on...
... parce que j'ai lu moi aussi le texte du discours du Président d'hier.
On pourrait également parler du Grand Paris, mais ce qui est important, encore une fois, c'est que depuis deux ans, au-delà, et je vais y venir, des mesures qui touchent la vie quotidienne des Français, qui sont très importantes, on voit qu'il y a un changement, on parle davantage de la France au niveau international, et la France elle pèse davantage dans le monde. Et puis, ensuite...
... mais les Français ne sont pas contents.
Non mais, la France elle est aussi de retour sur la scène nationale, la scène intérieure. Quand je dis que la France est de retour, ça veut dire que en gros la parole du politique elle est transformée en actes. Et on voit bien que les engagements de N. Sarkozy, ils ont été tenus. Pendant des années, moi j'ai assisté à des réunions politiques où dans ma formation politique, on nous expliquait qu'il fallait réformer les régimes spéciaux des retraites, il fallait l'autonomie des universités, il fallait un service minimum en cas de grève, eh bien tout ça N. Sarkozy l'avait promis, il l'a réalisé. C'est aujourd'hui une chose faite, effectuée. Donc, ça, c'est la marque de fabrique aussi de ses deux premières années de mandat.
Vous trouvez que les Français ne sont pas très reconnaissants, d'une certaine manière ?
Non, ce que je pense c'est que nous sommes aujourd'hui... vous savez, après deux ans c'est sans doute la période la plus difficile. Pourquoi ? Parce que nous avons eu un moment où nous avons mis en oeuvre les réformes qui sont nombreuses, qui commencent à monter en puissance, qui ne sont pas forcément toutes perçues par les Français. Et puis en parallèle, nous avons cette crise d'une violence absolument inouïe, sans précédent, qui touche chacune et chacun de nos concitoyens. Donc, on est dans un moment où les Français ne perçoivent pas encore la totalité de l'action que nous menons et où on a une forte crise économique.
Continuons comme ça !
Donc, je crois qu'il faut surtout tenir le cap.
Voilà !
Avoir aujourd'hui, en gros, 40 % d'adhésions, c'est un score qui me semble intéressant, qui n'est pas négligeable quand on voit ce qui s'est passé au moment des crises économiques précédentes avec les exécutifs précédents.
Vous parlez du Président de la République.
Tout à fait !
On a l'impression quand même, qu'on a un gouvernement un peu sur le "reculoire". On l'a un peu vu sur l'hôpital, on est en train de voir quelque chose d'assez curieux sur l'université, puis hier on apprend, par exemple, qu'un projet qui ne paraît pas hyper sensible, le projet de la réforme du statut de La Poste, par exemple, même ça s'est reporté en septembre, nous dit-on - et ça semble confirmé au sein du Gouvernement, chez Monsieur Falco.
Non, le projet de réforme de La Poste n'est ni abandonné, ni reporté. C'est un projet très important.
Ça sera bien examiné avant l'été ?
Qui a fait l'objet d'une longue négociation dans le cadre de la Commission Ailleret et avec l'ensemble des partenaires. Le projet de loi est en cours de finalisation. Nous avons encore un certain nombre d'arbitrages à rendre sur ce point. Et puis, nous sommes en train de travailler sur une évaluation de la présence territoriale de La Poste, vous savez le fait qu'on oblige La Poste d'être présente sur l'ensemble du territoire ça a un surcoût, c'est important qu'on puisse l'évaluer objectivement. Donc, c'est l'Inspection générale des finances et le Conseil général de l'Industrie (sic)...
... il n'y a pas de report de ce projet-là ?
Non, il n'y a pas de report parce que c'est une réforme qui est très importante pour La Poste. Il s'agit d'apporter des capitaux supplémentaires à La Poste, et il s'agit de la préparer à l'ouverture à la concurrence qui sera le 1er janvier 2011. Donc, nous continuons à travailler sur ce texte et lorsque nous serons prêts, il arrivera devant le Parlement. Avant l'été. Je ne peux pas encore vous donner de date parce que d'abord, un, comme je vous ai dit, le texte de loi est en cours de finalisation ; et puis, deux, il y a une phase de concertation légale très importante avec tout un tas d'organismes qui doivent être concertés, consultés, avant que le texte soit examiné au Parlement.
J'entends que vous reprenez en tout cas les mots qui ont conclu, hier, le discours du Président de la République, « continuons comme ça ». On marque une pause et on va nous aussi continuer comme ça avec le zapping. La pause c'est pour le rappel des titres, bien sûr.
[2ème Partie]
Notre invité politique c'est L. Chatel, secrétaire d'Etat à l'Industrie, porte-parole du Gouvernement, et qui nous disait « on va continuer comme ça », oui, comme l'a dit le Président hier, et même pas peur. Pas peur des manifestations, pas peur des manifestants, pas peur de la grogne ? Encore une fois, les syndicats dans la rue, vous dites « on verra en septembre » ?
Vous savez, le pire dans la vie politique c'est de ne pas regarder la réalité en face et c'est de ne pas accepter d'affronter les difficultés. Il y a un certain nombre de difficultés en France aujourd'hui qui sont liées à la crise économique, qui est d'une violence absolument inouïe, eh bien le meilleur moyen c'est d'en discuter avec les partenaires sociaux, c'est de les réunir. Nous le faisons très régulièrement. Le président de la République est sans doute celui qui reçoit le plus les partenaires sociaux.
Mais ne rien lâcher !
Non mais il ne s'agit pas de lâcher ou pas lâcher, il s'agit de travailler avec les partenaires sociaux pour trouver des solutions à la crise, et nous l'avons fait. J'observe que depuis six mois, nous avons apporté des réponses progressives à la montée en puissance de la crise, et à chaque fois nous avons pris en compte les propositions des partenaires sociaux. Regardez, ces derniers jours, nous avons mis en place, par exemple, le Fonds social qui va servir à améliorer la formation tout au long de la vie, à indemniser les salariés du chômage partiel, eh bien c'est une initiative et une proposition qui avait été émise par une organisation syndicale. Dans le domaine de l'automobile, par exemple, le pacte automobile, nous avons par exemple choisi de mettre en oeuvre, de renforcer les dispositions d'indemnisation du chômage partiel, en contrepartie nous avons exigé des entreprises qu'il y ait des jours de formation pour les salariés.
Et vous ferez plus si nécessaire, on l'entend et vous le répétez.
Oui, nous sommes prêts à faire plus si nécessaire, le Président l'a toujours dit et il a annoncé qu'il ferait une évaluation avec les partenaires sociaux avant l'été de toutes les mesures qui ont été prises.
Alors, écoutons les critiques qui se sont élevées après le discours du Président, hier, à Nîmes. Ça commence par celle de D. Cohn-Bendit, on a entendu le Président réclamer une Europe plus tonique, plus politique, plus dynamique, critiquer aussi l'Europe qui existe aujourd'hui. Mais ce sont celles de ses amis, dit le Vert D. Cohn-Bendit. (Extrait interview D. Cohn-Bendit - RTL)... L. Chatel.
D'abord, on voit qu'on est entré en campagne parce que j'avais trouvé un D. Cohn-Bendit beaucoup plus conciliant et parfois même soutenant des orientations de la présidence française, on est en campagne électorale, donc je vois que le discours a changé.
Enfin, ce n'est pas faux de dire que l'Europe actuelle et la présidence, par exemple, de la Commission européenne est assurée par Monsieur Barroso, que N. Sarkozy s'est engagé à reconduire.
Bien sûr !
Ou a aidé à reconduire tout en le critiquant hier soir.
Oui, mais je ne peux pas laisser dire D. Cohn-Bendit qui dit « N. Sarkozy n'aborde pas les vrais sujets ». Hier, il a fait des propositions qui sont majeures pour les prochaines années en Europe. L'idée d'avoir une gouvernance économique... écoutez, c'est quand même lui le premier qui a réuni les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Eurogroupe avec le président de la Banque Centrale Européenne et le président de la Commission. Ça n'avait jamais été fait depuis sept ans.
La préférence communautaire aussi ça été beaucoup commentée.
Donc, l'idée d'avoir une gouvernance économique européenne c'est un vrai sujet. L'idée qu'on ait une vraie politique énergétique, c'est-à-dire qu'on se dote d'une centrale d'achat de gaz, c'est un vrai sujet stratégique pour l'Europe. L'idée qu'on ait une philosophie sur ce que sont nos frontières en se disant qu'il y a des frontières naturelles de l'Europe et donc derrière ces frontières, il y a des pays qui ont vocation à avoir un partenariat privilégié...
... on y vient, je ne vous interromps pas, on va y revenir, mais P. Moscovici va ponctuer ce que vous venez de dire de ce qu'il pense notamment de l'annonce du Président sur la Turquie. (Extrait interview P. Moscovici - France Info).
Il faut que P. Moscovici il se réveille. Ça fait plusieurs années que N. Sarkozy défend cette idée que la Turquie ça n'est pas l'Europe. Ce n'est pas pour ça qu'on ne doit pas avoir des relations privilégiées, particulières, avec la Turquie. Simplement, à un moment, si vous construisez un espace économique mais aussi un espace politique, eh bien il faut qu'il ait une cohérence, et cette cohérence ce sont les frontières naturelles de l'Europe. La Russie ce n'est pas l'Europe. La Turquie ce n'est pas l'Europe. Eh bien, avec ces pays, ces voisins qui sont de grands alliés, nous devons construire autre chose, c'est-à-dire des relations privilégiées. Nous l'avons fait avec les pays du sud de la Méditerranée, avec l'Union pour la Méditerranée. Eh bien réfléchissons - et c'est la proposition de N. Sarkozy - à ce que nous pourrions bâtir avec la Turquie, avec l'Ukraine, avec la Russie, pour avoir un partenariat privilégié mais qui dépasse, qui soit au-delà de ce qu'est l'Union européenne.
Troisième volet, l'économie et c'est H. Désir qui porte le fer dans la plaie. (Extrait interview H. Désir - Canal+). Une question sur la baisse de la TVA et les nouvelles baisses promises par le Président, hier, sur le disque et le DVD, on peut continuer comme ça ? Ca coûte de l'argent aux caisses de l'Etat français.
D'abord, H. Désir dit : « je veux, donc je peux ». Oui, effectivement, très bon exemple : la TVA à 5,5 dans la restauration, le Président de la République l'a voulue, il s'y était engagé, il a repris une promesse de son prédécesseur et il l'a obtenue et c'est donc un engagement très fort qui est mis en oeuvre aujourd'hui. Donc, quand nous voulons...
...le disque et le DVD demain, même si ça coûte...
...oui.
... même si on est en temps de crise, même si les caisses sont vides ?
Oui, parce que nous pensons que ce sont des biens qui nécessitent une incitation fiscale. Aujourd'hui, la sur-taxation sur le disque, par exemple, n'est plus justifiable au moment où on a le fameux débat de téléchargement et l'accès sur internet. Donc, c'est un objectif que nous nous fixons.
Un dernier mot, il est pour X. Bertrand, et puis vous le commenterez si vous le souhaitez : « Qui est l'opposant n° 1 à N. Sarkozy ? » lui demandait-on ce matin, sur Europe 1. (Extrait interview X. Bertrand - Europe 1). Celui que vous craigniez le plus c'est F. Bayrou ou c'est M. Aubry ?
Non, où je rejoins X. Bertrand c'est que ce qui est frappant dans une campagne européenne où je dirais chacun devrait faire partager un peu sa philosophie de l'Europe, sa vision à moyen-long terme -et c'est ce que nous faisons, c'est ce que N. Sarkozy a fait hier soir...
Depuis hier soir !
...Non mais, il l'a fait, donnez-lui acte, prenez-lui acte, je veux dire, il l'a fait pendant toute la présidence française de l'Union, il a une vraie vision de ce qu'est l'Europe et il l'a démontré pendant six mois. Eh bien, en face nous n'avons que des partis, des postures qui sont contre. En gros, on veut sanctionner Sarkozy, on est contre l'Europe de Sarkozy, mais quelles sont les vraies propositions du Parti socialiste, de Monsieur Bayrou, sur l'Europe, leur vision à moyen-long terme, les projets qu'il faut mettre en commun, les frontières de l'Europe, les projets qu'il faut porter au niveau international par l'Europe ? Tout cela nous ne l'entendons pas, alors que c'est ça l'objet de la campagne qui va s'ouvrir maintenant.
Merci L. Chatel.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 14 mai 2009
Bonjour.
Secrétaire d'Etat à l'Industrie, porte-parole du Gouvernement. J'ai donné dix ans à l'Elysée à N. Sarkozy, non, c'est bien sûr...
... ça viendra, ça viendra.
C'est bien sûr deux. L'opposition a la dent dure après le discours du Président, hier, à Nîmes. On les entendra dans le zapping tout à l'heure, mais en gros, « mystification » pour la gauche, « tartufferie » pour les souverainistes. Finalement, on a l'impression que N. Sarkozy n'a convaincu que son propre camp. C'était le but ?
Non, le but c'était de mobiliser les Français à un mois de l'échéance européenne et de leur fixer un cap pour l'Europe. Vous savez, N. Sarkozy, je pense qu'il a montré pendant six mois de la présidence française de l'Union européenne que quand l'Europe avait un projet, un cap, un chef, une volonté, eh bien elle parvenait à ses fins, elle pesait sur la scène internationale. Eh bien, c'est la tonalité, c'est le message que N. Sarkozy a voulu faire passer hier. Je crois qu'à un mois de cette échéance électorale, où on a toujours beaucoup de mal à mobiliser les Français parce qu'ils ont toujours du mal à percevoir à quoi sert son député européen et autres, je crois que c'est bien de rappeler que l'Europe quand elle veut elle peut, c'est-à-dire que quand elle se mobilise, quand elle a de grands desseins, elle obtient des résultats, elle pèse sur la scène internationale.
Il y avait eu aussi une défense et illustration de la politique menée par N. Sarkozy en France depuis deux ans, ce n'était pas seulement l'Europe. Pour autant, juste avant d'en venir à la... il s'implique dans la campagne. Je crois que le Président dit beaucoup en ce moment [qu'] « il faut politiser pour mobiliser ». Est-ce que ça veut dire qu'un échec de l'UMP aux européennes serait un échec de N. Sarkozy ?
Non mais, N. Sarkozy c'est son rôle de rappeler quel est son cap, quelle est sa vision de l'Europe. Il a exercé pendant six mois...
... je vous entends mais est-ce que ça serait un échec pour lui si l'UMP n'arrivait pas en tête, par exemple, aux européennes ?
Non mais ce sont... D'abord, évidemment, nous nous battons. Quand on se présente à une élection c'est pour faire le meilleur score possible, et nous souhaitons que l'UMP soit en tête aux prochaines élections. En même temps, ça reste une élection européenne.
Donc, ça ne comptera pas, ça ne changera rien !
Le moment du bilan ce sera à la fin du quinquennat. Là, c'est une élection pour élire les députés européens, c'est important parce qu'on a vu à quel point le Parlement européen pouvait peser sur des choix très concrets pour la vie des Français. Donc, c'est important que le Président de la République lui aussi donne sa vision des choses, mais c'est une élection européenne, ce n'est pas une élection présidentielle ou une élection législative.
Donc on ne changera rien après, j'ai entendu ; « continuons comme ça », d'ailleurs, a dit le Président à la fin de son discours. Ça vaut aussi pour la politique menée en France ? Vous ne changerez rien, vous ne bougerez rien même si un certain nombre de mouvements de contestations s'accumulent ? Il n'y aura pas d'examen, sans doute, cette année dans une dizaine de facs en France, l'hôpital est en colère, les pénitentiaires sont dans la rue, il y a deux nouvelles manifs nationales prévues en mai et en juin.
Quel tableau !
Oui, c'est la réalité.
Moi, ce que je voudrais vous dire puisque aujourd'hui, effectivement, c'est le 6 mai 2009, c'est que ces deux premières années du quinquennat de N. Sarkozy sont un peu celles du retour de la France. Je trouve que la France est de retour. Elle est de retour sur la scène internationale, on a vu comme elle avait pesé au niveau européen dans la crise économique, dans la situation en Georgie, dans la capacité à porter des réformes internationales majeures. Donc, la France elle est pèse de nouveau sur la scène internationale, et aussi dans sa capacité à réformer l'Europe, à impulser une nouvelle gouvernance avec le Traité de Lisbonne. Et puis, la France elle est également de retour dans sa capacité à porter des grands desseins, des grands projets universels. Le Grenelle de l'environnement, c'est un grand projet qui fera date, c'est la France qui l'a porté. La réforme de la Constitution elle est dans l'esprit de ce que la France a toujours porté, c'est-à-dire un équilibre des pouvoirs. On a réformé...
Vous allez me citer le Grand Paris, bien sûr...
...non, on...
... parce que j'ai lu moi aussi le texte du discours du Président d'hier.
On pourrait également parler du Grand Paris, mais ce qui est important, encore une fois, c'est que depuis deux ans, au-delà, et je vais y venir, des mesures qui touchent la vie quotidienne des Français, qui sont très importantes, on voit qu'il y a un changement, on parle davantage de la France au niveau international, et la France elle pèse davantage dans le monde. Et puis, ensuite...
... mais les Français ne sont pas contents.
Non mais, la France elle est aussi de retour sur la scène nationale, la scène intérieure. Quand je dis que la France est de retour, ça veut dire que en gros la parole du politique elle est transformée en actes. Et on voit bien que les engagements de N. Sarkozy, ils ont été tenus. Pendant des années, moi j'ai assisté à des réunions politiques où dans ma formation politique, on nous expliquait qu'il fallait réformer les régimes spéciaux des retraites, il fallait l'autonomie des universités, il fallait un service minimum en cas de grève, eh bien tout ça N. Sarkozy l'avait promis, il l'a réalisé. C'est aujourd'hui une chose faite, effectuée. Donc, ça, c'est la marque de fabrique aussi de ses deux premières années de mandat.
Vous trouvez que les Français ne sont pas très reconnaissants, d'une certaine manière ?
Non, ce que je pense c'est que nous sommes aujourd'hui... vous savez, après deux ans c'est sans doute la période la plus difficile. Pourquoi ? Parce que nous avons eu un moment où nous avons mis en oeuvre les réformes qui sont nombreuses, qui commencent à monter en puissance, qui ne sont pas forcément toutes perçues par les Français. Et puis en parallèle, nous avons cette crise d'une violence absolument inouïe, sans précédent, qui touche chacune et chacun de nos concitoyens. Donc, on est dans un moment où les Français ne perçoivent pas encore la totalité de l'action que nous menons et où on a une forte crise économique.
Continuons comme ça !
Donc, je crois qu'il faut surtout tenir le cap.
Voilà !
Avoir aujourd'hui, en gros, 40 % d'adhésions, c'est un score qui me semble intéressant, qui n'est pas négligeable quand on voit ce qui s'est passé au moment des crises économiques précédentes avec les exécutifs précédents.
Vous parlez du Président de la République.
Tout à fait !
On a l'impression quand même, qu'on a un gouvernement un peu sur le "reculoire". On l'a un peu vu sur l'hôpital, on est en train de voir quelque chose d'assez curieux sur l'université, puis hier on apprend, par exemple, qu'un projet qui ne paraît pas hyper sensible, le projet de la réforme du statut de La Poste, par exemple, même ça s'est reporté en septembre, nous dit-on - et ça semble confirmé au sein du Gouvernement, chez Monsieur Falco.
Non, le projet de réforme de La Poste n'est ni abandonné, ni reporté. C'est un projet très important.
Ça sera bien examiné avant l'été ?
Qui a fait l'objet d'une longue négociation dans le cadre de la Commission Ailleret et avec l'ensemble des partenaires. Le projet de loi est en cours de finalisation. Nous avons encore un certain nombre d'arbitrages à rendre sur ce point. Et puis, nous sommes en train de travailler sur une évaluation de la présence territoriale de La Poste, vous savez le fait qu'on oblige La Poste d'être présente sur l'ensemble du territoire ça a un surcoût, c'est important qu'on puisse l'évaluer objectivement. Donc, c'est l'Inspection générale des finances et le Conseil général de l'Industrie (sic)...
... il n'y a pas de report de ce projet-là ?
Non, il n'y a pas de report parce que c'est une réforme qui est très importante pour La Poste. Il s'agit d'apporter des capitaux supplémentaires à La Poste, et il s'agit de la préparer à l'ouverture à la concurrence qui sera le 1er janvier 2011. Donc, nous continuons à travailler sur ce texte et lorsque nous serons prêts, il arrivera devant le Parlement. Avant l'été. Je ne peux pas encore vous donner de date parce que d'abord, un, comme je vous ai dit, le texte de loi est en cours de finalisation ; et puis, deux, il y a une phase de concertation légale très importante avec tout un tas d'organismes qui doivent être concertés, consultés, avant que le texte soit examiné au Parlement.
J'entends que vous reprenez en tout cas les mots qui ont conclu, hier, le discours du Président de la République, « continuons comme ça ». On marque une pause et on va nous aussi continuer comme ça avec le zapping. La pause c'est pour le rappel des titres, bien sûr.
[2ème Partie]
Notre invité politique c'est L. Chatel, secrétaire d'Etat à l'Industrie, porte-parole du Gouvernement, et qui nous disait « on va continuer comme ça », oui, comme l'a dit le Président hier, et même pas peur. Pas peur des manifestations, pas peur des manifestants, pas peur de la grogne ? Encore une fois, les syndicats dans la rue, vous dites « on verra en septembre » ?
Vous savez, le pire dans la vie politique c'est de ne pas regarder la réalité en face et c'est de ne pas accepter d'affronter les difficultés. Il y a un certain nombre de difficultés en France aujourd'hui qui sont liées à la crise économique, qui est d'une violence absolument inouïe, eh bien le meilleur moyen c'est d'en discuter avec les partenaires sociaux, c'est de les réunir. Nous le faisons très régulièrement. Le président de la République est sans doute celui qui reçoit le plus les partenaires sociaux.
Mais ne rien lâcher !
Non mais il ne s'agit pas de lâcher ou pas lâcher, il s'agit de travailler avec les partenaires sociaux pour trouver des solutions à la crise, et nous l'avons fait. J'observe que depuis six mois, nous avons apporté des réponses progressives à la montée en puissance de la crise, et à chaque fois nous avons pris en compte les propositions des partenaires sociaux. Regardez, ces derniers jours, nous avons mis en place, par exemple, le Fonds social qui va servir à améliorer la formation tout au long de la vie, à indemniser les salariés du chômage partiel, eh bien c'est une initiative et une proposition qui avait été émise par une organisation syndicale. Dans le domaine de l'automobile, par exemple, le pacte automobile, nous avons par exemple choisi de mettre en oeuvre, de renforcer les dispositions d'indemnisation du chômage partiel, en contrepartie nous avons exigé des entreprises qu'il y ait des jours de formation pour les salariés.
Et vous ferez plus si nécessaire, on l'entend et vous le répétez.
Oui, nous sommes prêts à faire plus si nécessaire, le Président l'a toujours dit et il a annoncé qu'il ferait une évaluation avec les partenaires sociaux avant l'été de toutes les mesures qui ont été prises.
Alors, écoutons les critiques qui se sont élevées après le discours du Président, hier, à Nîmes. Ça commence par celle de D. Cohn-Bendit, on a entendu le Président réclamer une Europe plus tonique, plus politique, plus dynamique, critiquer aussi l'Europe qui existe aujourd'hui. Mais ce sont celles de ses amis, dit le Vert D. Cohn-Bendit. (Extrait interview D. Cohn-Bendit - RTL)... L. Chatel.
D'abord, on voit qu'on est entré en campagne parce que j'avais trouvé un D. Cohn-Bendit beaucoup plus conciliant et parfois même soutenant des orientations de la présidence française, on est en campagne électorale, donc je vois que le discours a changé.
Enfin, ce n'est pas faux de dire que l'Europe actuelle et la présidence, par exemple, de la Commission européenne est assurée par Monsieur Barroso, que N. Sarkozy s'est engagé à reconduire.
Bien sûr !
Ou a aidé à reconduire tout en le critiquant hier soir.
Oui, mais je ne peux pas laisser dire D. Cohn-Bendit qui dit « N. Sarkozy n'aborde pas les vrais sujets ». Hier, il a fait des propositions qui sont majeures pour les prochaines années en Europe. L'idée d'avoir une gouvernance économique... écoutez, c'est quand même lui le premier qui a réuni les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Eurogroupe avec le président de la Banque Centrale Européenne et le président de la Commission. Ça n'avait jamais été fait depuis sept ans.
La préférence communautaire aussi ça été beaucoup commentée.
Donc, l'idée d'avoir une gouvernance économique européenne c'est un vrai sujet. L'idée qu'on ait une vraie politique énergétique, c'est-à-dire qu'on se dote d'une centrale d'achat de gaz, c'est un vrai sujet stratégique pour l'Europe. L'idée qu'on ait une philosophie sur ce que sont nos frontières en se disant qu'il y a des frontières naturelles de l'Europe et donc derrière ces frontières, il y a des pays qui ont vocation à avoir un partenariat privilégié...
... on y vient, je ne vous interromps pas, on va y revenir, mais P. Moscovici va ponctuer ce que vous venez de dire de ce qu'il pense notamment de l'annonce du Président sur la Turquie. (Extrait interview P. Moscovici - France Info).
Il faut que P. Moscovici il se réveille. Ça fait plusieurs années que N. Sarkozy défend cette idée que la Turquie ça n'est pas l'Europe. Ce n'est pas pour ça qu'on ne doit pas avoir des relations privilégiées, particulières, avec la Turquie. Simplement, à un moment, si vous construisez un espace économique mais aussi un espace politique, eh bien il faut qu'il ait une cohérence, et cette cohérence ce sont les frontières naturelles de l'Europe. La Russie ce n'est pas l'Europe. La Turquie ce n'est pas l'Europe. Eh bien, avec ces pays, ces voisins qui sont de grands alliés, nous devons construire autre chose, c'est-à-dire des relations privilégiées. Nous l'avons fait avec les pays du sud de la Méditerranée, avec l'Union pour la Méditerranée. Eh bien réfléchissons - et c'est la proposition de N. Sarkozy - à ce que nous pourrions bâtir avec la Turquie, avec l'Ukraine, avec la Russie, pour avoir un partenariat privilégié mais qui dépasse, qui soit au-delà de ce qu'est l'Union européenne.
Troisième volet, l'économie et c'est H. Désir qui porte le fer dans la plaie. (Extrait interview H. Désir - Canal+). Une question sur la baisse de la TVA et les nouvelles baisses promises par le Président, hier, sur le disque et le DVD, on peut continuer comme ça ? Ca coûte de l'argent aux caisses de l'Etat français.
D'abord, H. Désir dit : « je veux, donc je peux ». Oui, effectivement, très bon exemple : la TVA à 5,5 dans la restauration, le Président de la République l'a voulue, il s'y était engagé, il a repris une promesse de son prédécesseur et il l'a obtenue et c'est donc un engagement très fort qui est mis en oeuvre aujourd'hui. Donc, quand nous voulons...
...le disque et le DVD demain, même si ça coûte...
...oui.
... même si on est en temps de crise, même si les caisses sont vides ?
Oui, parce que nous pensons que ce sont des biens qui nécessitent une incitation fiscale. Aujourd'hui, la sur-taxation sur le disque, par exemple, n'est plus justifiable au moment où on a le fameux débat de téléchargement et l'accès sur internet. Donc, c'est un objectif que nous nous fixons.
Un dernier mot, il est pour X. Bertrand, et puis vous le commenterez si vous le souhaitez : « Qui est l'opposant n° 1 à N. Sarkozy ? » lui demandait-on ce matin, sur Europe 1. (Extrait interview X. Bertrand - Europe 1). Celui que vous craigniez le plus c'est F. Bayrou ou c'est M. Aubry ?
Non, où je rejoins X. Bertrand c'est que ce qui est frappant dans une campagne européenne où je dirais chacun devrait faire partager un peu sa philosophie de l'Europe, sa vision à moyen-long terme -et c'est ce que nous faisons, c'est ce que N. Sarkozy a fait hier soir...
Depuis hier soir !
...Non mais, il l'a fait, donnez-lui acte, prenez-lui acte, je veux dire, il l'a fait pendant toute la présidence française de l'Union, il a une vraie vision de ce qu'est l'Europe et il l'a démontré pendant six mois. Eh bien, en face nous n'avons que des partis, des postures qui sont contre. En gros, on veut sanctionner Sarkozy, on est contre l'Europe de Sarkozy, mais quelles sont les vraies propositions du Parti socialiste, de Monsieur Bayrou, sur l'Europe, leur vision à moyen-long terme, les projets qu'il faut mettre en commun, les frontières de l'Europe, les projets qu'il faut porter au niveau international par l'Europe ? Tout cela nous ne l'entendons pas, alors que c'est ça l'objet de la campagne qui va s'ouvrir maintenant.
Merci L. Chatel.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 14 mai 2009