Texte intégral
J.-P. Elkabbach.- M. Barnier, bonjour ! Vous pouvez témoigner et dire : "moi, M. Barnier, j'étais à Berlin et j'ai vu et entendu A. Merkel et N. Sarkozy". Et alors ?
Je n'étais pas tout seul, il y avait beaucoup d'autres membres du Gouvernement, des responsables politiques de la Junge Union, des jeunes de l'UMP. C'est la première fois, je crois, en remontant très loin que, à ce niveau-là, des deux chefs d'Etat, on engage ensemble le débat européen. Et c'est un signal, ce n'est pas chacun pour soi, ce ne sont pas des débats juxtaposés indifférents les uns aux autres, c'est un débat européen. Et la Chancelière allemande A. Merkel, qui est une femme de tempérament, N. Sarkozy, dont on sait le rôle dans les mois passés à la tête de l'Europe, engagent ensemble, pas les uns à côté des autres... Et j'ajoute qu'ils sont dans la tradition, souvenez-vous : de Gaulle- Adenauer ; souvenez-vous : Mitterrand et Kohl. Cette complicité, cette amitié entre les deux chefs d'Etat, elle n'est pas suffisante, mais elle est nécessaire. Et c'est cela qui est important, nous montrons qu'on va s'en sortir ensemble.
Donc, les deux exécutifs français et allemand ont fini de se chamailler, "Angela" et "Nicolas", comme ils disent, font assaut de séduction. Mais est-ce que c'est pour la photo ou pour le fond, pour de vrai ?
Si vous écoutez bien ce que et A. Merkel et N. Sarkozy ont dit devant des milliers de jeunes hier à Berlin, à quelques mètres de l'endroit où se trouvait Le mur, et nous sommes 20 ans - 20 ans ! - devant des milliers de jeunes qui étaient nés juste après la chute du mur de Berlin. Je pense que c'est vraiment du fond qu'il s'agit. Comment on s'en sort ensemble dans cette crise ? Puisqu'il s'agit de cela ; l'angoisse des gens, l'inquiétude des gens, c'est : est-ce qu'on s'en sort mieux ensemble ou chacun pour soi, chacun chez soi ? Evidemment dans la crise, qui n'est pas seulement d'ailleurs une crise financière et économique, qui est aussi une crise écologique, et ils en ont parlé, on s'en sortira mieux en étant ensemble, entre Européens, vis-à-vis des Américains, des Russes ou des Chinois.
On verra ce que ça changera, à la fois pour l'Europe et pour l'après-crise. Mais par exemple, je prends 2 ou 3 cas : est-ce qu'ils sont d'accord sur plus du tout de soldats supplémentaires en Afghanistan ? Est-ce qu'ils sont d'accord sur les frontières et les valeurs des frontières et par conséquent sur la Turquie ? Sur la taxe carbone qui a été proposée par N. Sarkozy pour protéger et renforcer le marché communautaire européen ? Est-ce qu'il y a accord concret ?
Prenons les cas un par un. S'agissant de l'Afghanistan, c'est une opération de l'OTAN, chaque pays est libre, tout en étant solidaire. Mais cela prouve aussi ou cela plaide pour une défense européenne et donc, une politique étrangère européenne. Sur la Turquie oui, clairement, il faut que l'Europe ait des frontières et des limites, c'est d'ailleurs l'une des leçons de l'échec du référendum. Moi, je conduis une liste en Ile-de-France avec R. Dati et avec J.-M. Cavada et d'autres, dont plusieurs membres ont voté "non", et pas des moindres sur ma liste. Donc nous avons dépassé ce clivage du "oui" ou du "non". Et le "non," il a été provoqué par quoi en partie ? J'ai écouté les gens, c'est parce qu'il y avait ce sentiment d'une fuite en avant, l'Europe ne peut pas être une fuite en avant et doit avoir des frontières et des limites. Et donc à la Turquie, nous proposons d'être partenaires et non pas adhérents de l'Union. Et sur le carbone oui, il s'agit de protéger les Européens et même sur d'autres sujets à la frontière de l'Europe, par exemple la qualité des produits sanitaires, la protection sanitaire des Européens. Comment on se protège contre tous les pathogènes émergents, contre les produits avariés venant de Chine ou d'ailleurs ? C'est en étant ensemble, en mettant à nos frontières des politiques rigoureuses. Et la taxe carbone que propose N. Sarkozy - il l'a dit à Nîmes la semaine dernière -, c'est simplement pour que la concurrence soit loyale dans le monde. Il y a des tas de produits qui ne peuvent pas rentrer en Europe alors qu'ils ne respectent pas les mêmes normes écologiques que celles qu'on impose à nos produits.
Alors M. Barnier, votre programme pourtant n'est ni apparemment clair ni convaincant, B. Kouchner ne trouve pas son compte. Vous avez noté que, d'ailleurs au-delà de la personne de B. Kouchner, le ministre des Affaires étrangères de N. Sarkozy a le coeur qui balance entre le PS, les Centristes, les Verts, l'UMP, c'est pour le moins ambigu, saugrenu, est-ce que vous comprenez son indécision et est-ce qu'elle est cohérente ?
Je ne crois pas que le coeur de B. Kouchner balance puisqu'il a choisi depuis 2 ans, et il a sa place et elle est importante, d'être dans la majorité et dans le Gouvernement. Dans un gouvernement, on ne cherche pas à se ressembler J.-P. Elkabbach, on se rassemble, ce qui est assez différent, et chacun vient avec ses sensibilités...
Vous voulez dire que c'est la logique de la...
Non, je veux dire que nous devons respecter le parcours...
L'ouverture sarkozyste ?
...la sensibilité. Oui, et elle continuera cette ouverture parce que...
Mais il y a un effet boomerang, c'est le cas...
Parce qu'en ce moment, dans la crise, nous avons besoin de rassembler tous les Français, c'est ce que nous faisons sur nos listes c'est ce que le président fait en parlant à tous les Français. Quant à B. Kouchner, je lui ai fait porter il y a près de trois jours le projet de la majorité présidentielle, il y retrouve beaucoup d'idées qui sont les siennes en matière de politique étrangère...
C'est vous qui l'avez découragé alors ?
Non, je pense...
Non mais est-ce que vous comprenez son indécision ?
Je pense qu'à la lecture de ce programme et surtout en faisant une comparaison avec l'absence de programme du Parti socialiste, qui n'a comme seul projet que de critiquer, je pense qu'il n'aura pas beaucoup à attendre pour s'engager avec nous. Et j'espère qu'il aura dans ce programme des raisons de voter pour la liste que je conduis...
A partir de quand sort-on de la solidarité gouvernementale ?
Je ne crois pas qu'il soit sorti de la solidarité gouvernementale. Je pense que vous n'aurez pas beaucoup à attendre de temps pour voir l'engagement de B. Kouchner à nos côtés...
Ce matin, qu'est-ce que vous lui demandez justement ?
Non, mais je suis sûr qu'il s'engagera, je suis sûr que... il est le ministre des Affaires étrangères et européennes depuis deux ans, il est solidaire de l'action du Président. Il y a des raisons d'être fiers, nous avons des raisons d'être fiers d'être derrière le président de la République, quand on voit comment il a prouvé que la politique reprenait le dessus, comment dans les crises de Géorgie, financières, l'Europe a été là, sans demander de permission...
D'accord, mais il faut le rappeler à B. Kouchner.
Mais je n'ai pas besoin de lui rappeler, c'est lui qui s'exprimera au moment qu'il choisira et je suis sûr qu'il sera avec nous dans cette campagne électorale.
Hier, sur Europe 1, F. Bayrou, lui, s'est livré à un double réquisitoire contre la présidence et l'idéologie Sarkozy contre l'Europe actuelle. Il veut une alternance à la tête de la Commission, il veut qu'on se débarrasse de monsieur Barroso qui symbolise pour lui tous les travers et les insuffisances de l'Europe. Est-ce que monsieur Barroso, d'abord, est-ce qu'il est soutenu par la France aujourd'hui, si le parti est majoritaire, le PPE ? Et est-ce qu'on peut écarter monsieur Barroso, comme le souhaite F. Bayrou ?
Prenons les choses dans l'ordre. D'abord, F. Bayrou, que je connais bien, quand on l'écoute en ce moment, on se dit qu'il se trompe d'élection, que ce n'est pas ça qui l'intéresse, ce n'est pas l'élection du 7 juin, c'est peut-être la suivante, l'élection présidentielle. Il y a une sorte d'obsession des uns et des autres, et je crois que les Français sont plus intelligents que ça. Les Français, ils ont en ce moment envie de comprendre pourquoi l'Europe peut les protéger, pourquoi on a besoin d'être ensemble dans la crise, pourquoi il faut changer l'Europe. C'est ça le sujet, ce n'est pas l'élection présidentielle. Je ne crois pas que ce soit le dénigrement ou l'attaque permanente contre N. Sarkozy qui suffisent à faire un programme et un projet européen. Pas plus que d'être anti-Barroso ne fait un projet européen. Soyons justes avec J.M. Barroso, je pense qu'il est un bon président de la Commission, il l'a prouvé dans des sujets importants, comme le programme sur l'énergie et le climat...
Mais alors, il faudrait changer la Commission ?
Mais la Commission...
Ou les commissaires ?
La Commission, ce n'est pas seulement monsieur Barroso, il y a au sein du collège de la Commission 27 personnes, dont plusieurs sont des militants socialistes. Le commissaire à l'Emploi est socialiste, le commissaire au Commerce extérieur est socialiste, le commissaire à l'Economie est socialiste. Donc c'est un collège.
D'accord, mais l'addition de ces commissaires ne fait pas une Commission forte, elle est plutôt médiocre et on l'a vu pendant la crise, tout le monde le dit...
Ça c'est vous qui le dites. J'ai vu d'autres circonstances, où la Commission a fait son travail. L'addition de ces commissaires fait une ligne politique collégiale, dont monsieur Barroso est le porte-parole, mais ce n'est pas seulement... Et puis j'ajoute, à l'intention de F. Bayrou et d'autres, attendons les élections ! La composition de la Commission, le choix du président dépend du vote des électeurs. Ce n'est pas une formalité, l'élection du 7 juin ! Il faut que les Français et les Européens votent, et ensuite, on choisira la Commission et son président.
Est-ce qu'il est vrai qu'on vous propose d'être ministre des Affaires étrangères de l'Europe en remplacement J. Solana ? Est-ce que vous êtes tenté ?
Je suis très touché qu'on cite mon nom ici ou là, mais ce n'est pas le sujet d'aujourd'hui. Le sujet aujourd'hui pour moi, c'est de m'engager pour les cinq ans qui viennent, comme je l'ai promis, dans l'action uropéenne, d'être candidat aux élections européennes. Et puis ensuite, on verra, ce sera l'affaire des chefs d'Etat et de gouvernement, du Parlement de décider...
Quand on dit « on est favorable à une Europe qui protège », en quoi elle protège les agriculteurs ? En quoi elle protège les marins pêcheurs, obligés de réduire leur flotte et leurs sorties en mer ? En quoi l'Europe protège-t-elle ceux qui risquent de perdre ce matin leur emploi ?
Mais elle les protège avec des protections aux frontières, avec des contrôles, avec une politique agricole...
Du protectionnisme... ?
Non, de la protection, pas de naïveté. Pourquoi on s'excuserait d'être européens, alors que les Américains ne s'excusent pas d'être américains et de protéger leurs producteurs ? Nous avons des politiques communes pour l'agriculture, pour la pêche. On va les garder et on va les améliorer.
Il reste à convaincre une seule personne, une seule personne, l'électeur...
Oui, c'est l'électeur qui doit être convaincu. Et le premier combat que nous devons mener tous, c'est le combat contre l'abstention, il faut que les Français aillent voter le 7 juin. C'est aussi important d'élire un député européen que d'élire un député national.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 15 mai 2009
Je n'étais pas tout seul, il y avait beaucoup d'autres membres du Gouvernement, des responsables politiques de la Junge Union, des jeunes de l'UMP. C'est la première fois, je crois, en remontant très loin que, à ce niveau-là, des deux chefs d'Etat, on engage ensemble le débat européen. Et c'est un signal, ce n'est pas chacun pour soi, ce ne sont pas des débats juxtaposés indifférents les uns aux autres, c'est un débat européen. Et la Chancelière allemande A. Merkel, qui est une femme de tempérament, N. Sarkozy, dont on sait le rôle dans les mois passés à la tête de l'Europe, engagent ensemble, pas les uns à côté des autres... Et j'ajoute qu'ils sont dans la tradition, souvenez-vous : de Gaulle- Adenauer ; souvenez-vous : Mitterrand et Kohl. Cette complicité, cette amitié entre les deux chefs d'Etat, elle n'est pas suffisante, mais elle est nécessaire. Et c'est cela qui est important, nous montrons qu'on va s'en sortir ensemble.
Donc, les deux exécutifs français et allemand ont fini de se chamailler, "Angela" et "Nicolas", comme ils disent, font assaut de séduction. Mais est-ce que c'est pour la photo ou pour le fond, pour de vrai ?
Si vous écoutez bien ce que et A. Merkel et N. Sarkozy ont dit devant des milliers de jeunes hier à Berlin, à quelques mètres de l'endroit où se trouvait Le mur, et nous sommes 20 ans - 20 ans ! - devant des milliers de jeunes qui étaient nés juste après la chute du mur de Berlin. Je pense que c'est vraiment du fond qu'il s'agit. Comment on s'en sort ensemble dans cette crise ? Puisqu'il s'agit de cela ; l'angoisse des gens, l'inquiétude des gens, c'est : est-ce qu'on s'en sort mieux ensemble ou chacun pour soi, chacun chez soi ? Evidemment dans la crise, qui n'est pas seulement d'ailleurs une crise financière et économique, qui est aussi une crise écologique, et ils en ont parlé, on s'en sortira mieux en étant ensemble, entre Européens, vis-à-vis des Américains, des Russes ou des Chinois.
On verra ce que ça changera, à la fois pour l'Europe et pour l'après-crise. Mais par exemple, je prends 2 ou 3 cas : est-ce qu'ils sont d'accord sur plus du tout de soldats supplémentaires en Afghanistan ? Est-ce qu'ils sont d'accord sur les frontières et les valeurs des frontières et par conséquent sur la Turquie ? Sur la taxe carbone qui a été proposée par N. Sarkozy pour protéger et renforcer le marché communautaire européen ? Est-ce qu'il y a accord concret ?
Prenons les cas un par un. S'agissant de l'Afghanistan, c'est une opération de l'OTAN, chaque pays est libre, tout en étant solidaire. Mais cela prouve aussi ou cela plaide pour une défense européenne et donc, une politique étrangère européenne. Sur la Turquie oui, clairement, il faut que l'Europe ait des frontières et des limites, c'est d'ailleurs l'une des leçons de l'échec du référendum. Moi, je conduis une liste en Ile-de-France avec R. Dati et avec J.-M. Cavada et d'autres, dont plusieurs membres ont voté "non", et pas des moindres sur ma liste. Donc nous avons dépassé ce clivage du "oui" ou du "non". Et le "non," il a été provoqué par quoi en partie ? J'ai écouté les gens, c'est parce qu'il y avait ce sentiment d'une fuite en avant, l'Europe ne peut pas être une fuite en avant et doit avoir des frontières et des limites. Et donc à la Turquie, nous proposons d'être partenaires et non pas adhérents de l'Union. Et sur le carbone oui, il s'agit de protéger les Européens et même sur d'autres sujets à la frontière de l'Europe, par exemple la qualité des produits sanitaires, la protection sanitaire des Européens. Comment on se protège contre tous les pathogènes émergents, contre les produits avariés venant de Chine ou d'ailleurs ? C'est en étant ensemble, en mettant à nos frontières des politiques rigoureuses. Et la taxe carbone que propose N. Sarkozy - il l'a dit à Nîmes la semaine dernière -, c'est simplement pour que la concurrence soit loyale dans le monde. Il y a des tas de produits qui ne peuvent pas rentrer en Europe alors qu'ils ne respectent pas les mêmes normes écologiques que celles qu'on impose à nos produits.
Alors M. Barnier, votre programme pourtant n'est ni apparemment clair ni convaincant, B. Kouchner ne trouve pas son compte. Vous avez noté que, d'ailleurs au-delà de la personne de B. Kouchner, le ministre des Affaires étrangères de N. Sarkozy a le coeur qui balance entre le PS, les Centristes, les Verts, l'UMP, c'est pour le moins ambigu, saugrenu, est-ce que vous comprenez son indécision et est-ce qu'elle est cohérente ?
Je ne crois pas que le coeur de B. Kouchner balance puisqu'il a choisi depuis 2 ans, et il a sa place et elle est importante, d'être dans la majorité et dans le Gouvernement. Dans un gouvernement, on ne cherche pas à se ressembler J.-P. Elkabbach, on se rassemble, ce qui est assez différent, et chacun vient avec ses sensibilités...
Vous voulez dire que c'est la logique de la...
Non, je veux dire que nous devons respecter le parcours...
L'ouverture sarkozyste ?
...la sensibilité. Oui, et elle continuera cette ouverture parce que...
Mais il y a un effet boomerang, c'est le cas...
Parce qu'en ce moment, dans la crise, nous avons besoin de rassembler tous les Français, c'est ce que nous faisons sur nos listes c'est ce que le président fait en parlant à tous les Français. Quant à B. Kouchner, je lui ai fait porter il y a près de trois jours le projet de la majorité présidentielle, il y retrouve beaucoup d'idées qui sont les siennes en matière de politique étrangère...
C'est vous qui l'avez découragé alors ?
Non, je pense...
Non mais est-ce que vous comprenez son indécision ?
Je pense qu'à la lecture de ce programme et surtout en faisant une comparaison avec l'absence de programme du Parti socialiste, qui n'a comme seul projet que de critiquer, je pense qu'il n'aura pas beaucoup à attendre pour s'engager avec nous. Et j'espère qu'il aura dans ce programme des raisons de voter pour la liste que je conduis...
A partir de quand sort-on de la solidarité gouvernementale ?
Je ne crois pas qu'il soit sorti de la solidarité gouvernementale. Je pense que vous n'aurez pas beaucoup à attendre de temps pour voir l'engagement de B. Kouchner à nos côtés...
Ce matin, qu'est-ce que vous lui demandez justement ?
Non, mais je suis sûr qu'il s'engagera, je suis sûr que... il est le ministre des Affaires étrangères et européennes depuis deux ans, il est solidaire de l'action du Président. Il y a des raisons d'être fiers, nous avons des raisons d'être fiers d'être derrière le président de la République, quand on voit comment il a prouvé que la politique reprenait le dessus, comment dans les crises de Géorgie, financières, l'Europe a été là, sans demander de permission...
D'accord, mais il faut le rappeler à B. Kouchner.
Mais je n'ai pas besoin de lui rappeler, c'est lui qui s'exprimera au moment qu'il choisira et je suis sûr qu'il sera avec nous dans cette campagne électorale.
Hier, sur Europe 1, F. Bayrou, lui, s'est livré à un double réquisitoire contre la présidence et l'idéologie Sarkozy contre l'Europe actuelle. Il veut une alternance à la tête de la Commission, il veut qu'on se débarrasse de monsieur Barroso qui symbolise pour lui tous les travers et les insuffisances de l'Europe. Est-ce que monsieur Barroso, d'abord, est-ce qu'il est soutenu par la France aujourd'hui, si le parti est majoritaire, le PPE ? Et est-ce qu'on peut écarter monsieur Barroso, comme le souhaite F. Bayrou ?
Prenons les choses dans l'ordre. D'abord, F. Bayrou, que je connais bien, quand on l'écoute en ce moment, on se dit qu'il se trompe d'élection, que ce n'est pas ça qui l'intéresse, ce n'est pas l'élection du 7 juin, c'est peut-être la suivante, l'élection présidentielle. Il y a une sorte d'obsession des uns et des autres, et je crois que les Français sont plus intelligents que ça. Les Français, ils ont en ce moment envie de comprendre pourquoi l'Europe peut les protéger, pourquoi on a besoin d'être ensemble dans la crise, pourquoi il faut changer l'Europe. C'est ça le sujet, ce n'est pas l'élection présidentielle. Je ne crois pas que ce soit le dénigrement ou l'attaque permanente contre N. Sarkozy qui suffisent à faire un programme et un projet européen. Pas plus que d'être anti-Barroso ne fait un projet européen. Soyons justes avec J.M. Barroso, je pense qu'il est un bon président de la Commission, il l'a prouvé dans des sujets importants, comme le programme sur l'énergie et le climat...
Mais alors, il faudrait changer la Commission ?
Mais la Commission...
Ou les commissaires ?
La Commission, ce n'est pas seulement monsieur Barroso, il y a au sein du collège de la Commission 27 personnes, dont plusieurs sont des militants socialistes. Le commissaire à l'Emploi est socialiste, le commissaire au Commerce extérieur est socialiste, le commissaire à l'Economie est socialiste. Donc c'est un collège.
D'accord, mais l'addition de ces commissaires ne fait pas une Commission forte, elle est plutôt médiocre et on l'a vu pendant la crise, tout le monde le dit...
Ça c'est vous qui le dites. J'ai vu d'autres circonstances, où la Commission a fait son travail. L'addition de ces commissaires fait une ligne politique collégiale, dont monsieur Barroso est le porte-parole, mais ce n'est pas seulement... Et puis j'ajoute, à l'intention de F. Bayrou et d'autres, attendons les élections ! La composition de la Commission, le choix du président dépend du vote des électeurs. Ce n'est pas une formalité, l'élection du 7 juin ! Il faut que les Français et les Européens votent, et ensuite, on choisira la Commission et son président.
Est-ce qu'il est vrai qu'on vous propose d'être ministre des Affaires étrangères de l'Europe en remplacement J. Solana ? Est-ce que vous êtes tenté ?
Je suis très touché qu'on cite mon nom ici ou là, mais ce n'est pas le sujet d'aujourd'hui. Le sujet aujourd'hui pour moi, c'est de m'engager pour les cinq ans qui viennent, comme je l'ai promis, dans l'action uropéenne, d'être candidat aux élections européennes. Et puis ensuite, on verra, ce sera l'affaire des chefs d'Etat et de gouvernement, du Parlement de décider...
Quand on dit « on est favorable à une Europe qui protège », en quoi elle protège les agriculteurs ? En quoi elle protège les marins pêcheurs, obligés de réduire leur flotte et leurs sorties en mer ? En quoi l'Europe protège-t-elle ceux qui risquent de perdre ce matin leur emploi ?
Mais elle les protège avec des protections aux frontières, avec des contrôles, avec une politique agricole...
Du protectionnisme... ?
Non, de la protection, pas de naïveté. Pourquoi on s'excuserait d'être européens, alors que les Américains ne s'excusent pas d'être américains et de protéger leurs producteurs ? Nous avons des politiques communes pour l'agriculture, pour la pêche. On va les garder et on va les améliorer.
Il reste à convaincre une seule personne, une seule personne, l'électeur...
Oui, c'est l'électeur qui doit être convaincu. Et le premier combat que nous devons mener tous, c'est le combat contre l'abstention, il faut que les Français aillent voter le 7 juin. C'est aussi important d'élire un député européen que d'élire un député national.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 15 mai 2009