Lettre conjointe de MM. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, et David Miliband, son homologue britannique, adressée à M. Mahinda Rajapakse, président du Sri Lanka, sur la violation par les autorités sri lankaises de leur engagement à cesser les combats et la demande d'une trêve humanitaire, Paris le 15 mai 2009.

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Texte intégral

Nous vous sommes profondément reconnaissants du temps que vous nous avez consacré lorsque nous nous sommes rendus à Sri Lanka le mois dernier.
L'une des questions dont nous sommes entretenus portait sur l'annonce faite par le gouvernement sri lankais le 27 avril indiquant que les combats avaient cessé et que les forces de sécurité sri-lankaises avaient reçu pour instruction de ne plus utiliser d'armes lourdes, d'avions de combat et d'armes aériennes risquant de faire des victimes civiles. Nous nous en sommes félicités publiquement. Vous nous avez confirmé cet engagement.
Comme vous le savez, il ressort d'un certain nombre de rapports que vos forces de sécurité n'ont pas honoré ces engagements. Nous sommes particulièrement préoccupés par les informations que nous avons reçues de plusieurs sources dignes de foi (sans lien aucun avec les LTTE et leurs partisans) indiquant que la zone de conflit avait subi un bombardement aérien le week-end dernier. Ces informations s'ajoutent à plusieurs rapports indiquant que vos forces de sécurité continuent à utiliser d'autres armes lourdes.
Le recours aux bombardements aériens est une violation flagrante des engagements que vous et votre gouvernement avez pris tant en privé auprès de représentants de la communauté internationale qu'en public. Le déploiement de ces armes dans une zone où se trouvent de très nombreux civils provoque inévitablement des victimes innocentes. Il fait en outre un tort incalculable à votre réputation internationale et à celle de votre gouvernement.
Nous vous demandons instamment de faire cesser l'emploi de ces armes et d'accepter une trêve humanitaire afin de trouver un moyen d'acheminer l'aide humanitaire aux nombreux civils se trouvant encore dans la zone de conflit.
Il va de soi que vous ne pouvez pas être assimilé aux LTTE, organisation terroriste. Néanmoins, les regards du monde entier sont en ce moment braqués sur vous, votre gouvernement et l'armée sri-lankaise. La manière dont vous choisirez de mettre fin au conflit aura des conséquences durables dans les années à venir.
C'est à vous qu'il revient de décider si vous souhaitez transformer une probable victoire militaire en un succès politique durable, largement soutenu par la communauté internationale.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 mai 2009