Texte intégral
Réussir, s'épanouir personnellement, professionnellement et socialement : cette aspiration est certainement la plus légitime, et la mieux partagée.
Elle conditionne notre confiance dans l'avenir, et en particulier, bien entendu, celle des plus jeunes d'entre nous.
Vous dont la vitalité et l'énergie déterminent en grande part le dynamisme de notre pays, vous le savez bien : les préjugés et les discriminations, qui trop longtemps ont forgé l'image d'une jeunesse passive et irresponsable, sont bien loin de la réalité.
La réalité, c'est celle d'une jeunesse ambitieuse et lucide, comme le montre l'enquête réalisée à l'occasion de ce forum.
La réalité, c'est celle d'adolescents qui se portent bien mieux qu'on ne le pense, et qui, plus que tout, aspirent au bien-être : « avoir un métier intéressant, être en bonne santé, avoir une vie de couple épanouie » sont autant de souhaits qu'explicitement vous formulez, et que, chacun, vous vous efforcez de réaliser.
Ces ambitions, il est de notre devoir de les écouter. Il est de notre devoir de les accompagner, de les faciliter.
Aussi, je suis particulièrement heureuse, en ouvrant ce 5e forum Adolescences, de saluer une démarche qui s'écarte résolument des discours moralisateurs et qui redonne aux jeunes la parole.
Je vous remercie, cher professeur Griscelli, d'organiser, avec l'ensemble des membres de votre fondation, de tels espaces de rencontre, qui, en associant adultes et adolescents, font tomber des barrières bien archaïques.
Si j'ai tenu à être à vos côtés aujourd'hui, c'est avant tout parce que ma politique de santé s'adresse à tous, et que pour s'adresser à tous, il lui faut s'adresser à chacun.
Les jeunes n'ont pas les mêmes besoins ni les mêmes attentes que leurs aînés. Ils n'ont pas la même façon d'appréhender leur santé.
Au cours de ce forum, vous aurez l'occasion d'exprimer votre propre conception de votre bien-être, et je lirai avec un grand intérêt les comptes-rendus de cette journée.
S'adresser à chacun, c'est aussi être attentive, au-delà d'un état de santé général très satisfaisant ? puisque plus de 85 % des jeunes se portent bien ?, aux difficultés psychologiques ou physiques éprouvées par certains.
Pourquoi le nier : les jeunes connaissent des problèmes de santé, trop souvent en lien avec des comportements à risque, et dont les conséquences peuvent être invalidantes, à plus ou moins long terme, sur le plan physique, psychique ou social.
Mon rôle, celui des pouvoirs publics, est de prévenir ces comportements et/ou de réduire leurs conséquences. Mon rôle est de promouvoir l'éducation pour la santé et l'activité physique et sportive. Il est de développer le repérage précoce des difficultés et le suivi des jeunes, en particulier des plus vulnérables.
C'est parce que je veux pleinement remplir cette mission que j'ai souhaité interdire la vente d'alcool aux mineurs.
Les chiffres sont là : 9 à 10 % des Français âgés de moins de 25 ans présentent des signes d'usage problématique de l'alcool ; les ivresses alcooliques des mineurs sont en hausse, les comas éthyliques aussi...
A cause de l'alcool, les jeunes continuent de payer un lourd tribut sur les routes. Les 15-24 ans représentent, en effet, 12,6 % de la population, mais 25,6 % des personnes tuées sur la route en 2007 !
Il est du devoir du gouvernement de mettre chacun devant ses responsabilités, et surtout les adultes qui vendraient de l'alcool aux mineurs.
Pour autant, ma politique de prévention n'est pas qu'une politique d'encadrement ou d'interdiction, loin s'en faut. Ce que je veux avant tout, c'est susciter l'autonomie. C'est inciter à une démarche volontaire, librement assumée.
Pour cela, il importe que chacun soit mieux informé.
J'ai ainsi souhaité rendre plus facile l'accès au « fil santé jeunes », le 3224, et au portail sante-jeunes.fr, qui fournissent toutes les informations liées à votre santé.
Mieux informer, c'est rappeler que des gestes simples, que des actions apparemment anodines peuvent très largement contribuer à améliorer notre santé ou à la préserver.
Hélas, beaucoup d'entre vous semblent penser qu'un rapport sexuel non protégé n'est pas dangereux. Comment puis-je l'accepter ? Je ne répèterai jamais assez l'absolue nécessité d'utiliser le préservatif.
En ce qui concerne la contraception, les campagnes menées en particulier par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, l'INPES, ont été renouvelées et mieux ciblées. C'est aussi la raison pour laquelle le projet de loi « Hôpital, patients, santé, territoires », actuellement discuté au Sénat, prévoit un accès facilité à la contraception.
Améliorer sa santé par des gestes élémentaires, ça peut être, tout simplement, aller voir son médecin, pour s'assurer que ses vaccins sont à jour, par exemple, ou pour régler un mal-être passager, grâce à l'écoute si particulière d'un tiers, d'un professionnel lié par le secret médical.
Dès la rentrée prochaine, les jeunes de 16 ans et de 25 ans qui n'ont pas consulté de professionnels de santé dans les derniers mois seront invités à le faire gratuitement, sans avance de frais.
Cette mesure sera ensuite évaluée, adaptée et, je l'espère, généralisée. Je compte beaucoup sur tous les jeunes, et en particulier ceux qui sortent du cursus scolaire, ou ceux qui sont en situation de précarité, pour qu'ils adhèrent à cette initiative absolument fondamentale.
Rencontrer son médecin généraliste, c'est exercer cette liberté de parole et de choix à laquelle, légitimement, vous aspirez.
Santé et bien-être, vous l'aurez compris, sont indissociables.
C'est pourquoi je ne peux admettre de laisser certains d'entre vous dans une situation de mal-être qui les ronge.
D'ici 2012, chaque département comptera au moins une maison des adolescents. 15nouveaux projets seront ainsi financés cette année.
Par ailleurs, pour lutter contre le suicide et le mal-être des jeunes, mes services travaillent actuellement à des mesures visant, notamment, à mieux repérer les risques et à mieux former les professionnels de santé à la prise en charge de ces jeunes en difficulté.
Je crois beaucoup, également, dans le développement des réseaux d'entraide.
En outre, il m'a semblé que la découverte de sa sexualité était un moment important, et j'ai porté mon attention sur la souffrance psychique du jeune qui découvre son homosexualité.
Nous avons lancé, en octobre dernier, un concours de courts métrages sous l'autorité d'un grand cinéaste, AndréTéchiné. Les synopsis retenus sont actuellement en cours de réalisation ; ils seront diffusés fin juin sur Canal+, puis au cinéma.
Mieux vous informer, mieux vous associer aux campagnes de prévention et aux actions des professionnels, pour que vous viviez mieux : tel est le sens de mon action.
Et c'est d'abord, je crois, en changeant notre regard et en apprenant à davantage communiquer que nous pourrons, ensemble, y parvenir.
C'est dans cet esprit que le 24 septembre prochain sera organisée la 1ère conférence biennale sur l'état de santé des jeunes en France.
Ce sera ainsi l'occasion de prolonger les échanges qui se tiendront aujourd'hui et que je sais, par avance, particulièrement fructueux, responsables et enthousiastes.
Je vous remercie.
Source http://www.sante-sports.gouv.fr, le 15 mai 2009