Texte intégral
Monsieur le secrétaire général de la présidence
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,
Monsieur le directeur de l'IRIC,
Mesdames et Messieurs,
et si vous me le permettez, chers amis,
Je voudrais vous dire le très grand plaisir que j'ai de pouvoir m'exprimer à l'Institut des relations internationales du Cameroun, si je peux la qualifier ainsi, cette « doyenne » des écoles de diplomatie au sud du Sahara, qui contribue depuis 1971 à former l'élite du corps diplomatique camerounais, mais aussi de nombreux diplomates étrangers de toute la région.
C'est pour moi une grande joie et un grand honneur d'effectuer au Cameroun mon premier déplacement en Afrique subsaharienne depuis ma nomination à la tête du Gouvernement français.
Je viens de le dire au Président BIYA durant le long entretien que nous avons eu, il y a entre nos deux pays une relation ancienne, mais une relation ancienne qui ne cesse de s'enrichir, de gagner en maturité, parce qu'elle est faite de proximité, d'amitié et de respect. Et mon déplacement est l'occasion de développer et de renouveler cette relation.
J'ai été heureux de pouvoir participer hier à la célébration de la fête nationale du Cameroun, avec le Président BIYA. Et nous avons ensemble assisté, il y a quelques instants, à la signature de plusieurs accords importants, entre nos deux pays, en matière de sécurité, en matière de santé, de flux migratoires et de co-développement.
L'Afrique est un continent d'avenir : c'est une évidence, c'est pour moi une intime conviction. Dans la mondialisation, dans le mouvement du monde, l'Afrique est loin d'être restée inerte. Depuis quelques années, elle change à une très grande vitesse. Dans tous les domaines, elle innove, elle expérimente, elle évolue.
La France a toujours cru en l'Afrique, la France croit en l'Afrique. Elle veut s'engager avec elle dans un nouveau partenariat, qui prenne en compte les évolutions de la société africaine.
L'Afrique est aujourd'hui un moteur de la croissance mondiale. Depuis dix ans elle a connu une croissance économique spectaculaire, supérieure à 5 % en moyenne. Elle est aujourd'hui relativement moins frappée par le cataclysme financier qui a fragilisé les économies développées.
L'endettement des Etats africains diminue : le service de leur dette est passé de 28 % du PIB à 8 % en moins de dix ans.
Le continent va garder une croissance moyenne relativement élevée dans les prochaines années, alors même que l'Europe et les Etats-Unis sont en récession.
Le revenu moyen par habitant, après avoir diminué dans les années 80 et stagné dans les années 90, progresse désormais. Dans un nombre croissant de pays, la vie quotidienne de millions d'Africains s'améliore.
Les télécommunications, pour ne prendre que cet exemple, connaissent un essor fantastique : dans les pays les moins favorisés, le taux d'équipement en téléphonie mobile est désormais de 25 %, alors que toutes les prévisions étaient encore, il y a quelques années, à 1 %. La conséquence de tout cela, c'est l'émergence d'une véritable classe moyenne, qui représente environ un tiers des 900 millions d'Africains.
Le continent connaît un élan démographique extraordinaire. Et pour la première fois, cet élan n'est plus considéré comme un handicap mais au contraire comme un atout pour le continent. La population africaine va doubler en une génération : d'ici 2050, son poids dans la population mondiale va augmenter de façon très nette. Elle représentera 21 % de l'humanité contre 14 % aujourd'hui.
Bien sûr, il ne s'agit pas de dresser un tableau idyllique de la situation. Il ne s'agit pas de céder à une sorte d'optimisme qui serait complètement déconnecté des réalités difficiles qu'il faut encore surmonter.
L'Afrique reste fragilisée par de graves conflits qui entretiennent pour une large part la pauvreté et le malheur. Elle se trouve au carrefour des nouveaux dangers de la mondialisation, les risques sécuritaires, les trafics de tous ordres, les risques environnementaux.
Mais je crois qu'on peut dire, on peut affirmer que fondamentalement, l'Afrique est dans une dynamique positive. La démocratie se développe. Les instances régionales sont en train de se renforcer. Ce sont des atouts considérables pour la pacification et pour le développement. Et l'Afrique dispose toujours, en plus de son inestimable richesse humaine, dont je parlais à l'instant, de richesses naturelles immenses.
Cette dynamique positive, acquise grâce à des réformes difficiles, eh bien nous devons faire en sorte qu'elle ne soit pas brisée par la crise économique mondiale que nous connaissons.
Cette crise n'est pas née en Afrique. Vos banques sont moins exposées. Mais naturellement le continent est durement touché par la baisse brutale de ses exportations et des entrées de capitaux.
Eh bien ensemble, nous devons tout faire pour éviter que cette crise ne provoque un retour en arrière, retour en arrière qui lui-même provoquerait une remise en question des réformes qui ont été accomplies ou qui sont en cours d'être réalisées.
Mesdames et Messieurs,
Le monde change, l'Afrique change. La France change aussi, je voudrais même vous dire que depuis deux ans elle change beaucoup. Et il est donc naturel que la relation entre la France et ses amis africains change elle aussi.
Cette nouvelle relation, nous voulons, avec le président de la République, qu'elle soit fondée d'abord sur la vieille amitié qui nous unit. Mais nous voulons aussi qu'elle se débarrasse des scories du passé, pour que nous puissions avancer ensemble, pour enrichir notre confiance réciproque.
Dans ce monde qui émerge, notre relation est un atout pour construire un avenir meilleur.
Nous voulons sortir des malentendus, nous voulons sortir des clichés, nous voulons sortir des caricatures. Nous voulons, entre la France et l'Afrique, une relation qui soit franche et qui soit respectueuse.
La France aime l'Afrique ! Cette relation affectueuse, nous la considérons comme un trésor, nous voulons l'entretenir, nous voulons la faire vivre, nous voulons la faire grandir.
Nous ne voulons pas nous ingérer dans les affaires africaines. Mais nous n'avons pas l'intention non plus de nous désengager, de fuir nos responsabilités, de trahir la confiance dont l'Afrique nous honore. En Afrique, nous sommes toujours entre deux risques : quand la France se montre présente, on la juge omniprésente ; quand elle se veut discrète, on fustige son désengagement. Eh bien, c'est à nous de lever cette contradiction parce que, que nous le voulions ou que nous ne le voulions pas, nos destins sont liés.
Nous voulons aider l'Afrique à se doter des moyens qui lui permettront d'abord de résoudre les conflits qui la déchirent. Et nous voulons ensuite que l'Afrique joue tout son rôle dans la mondialisation.
Il faut, par exemple, faire de l'Union pour la Méditerranéen une chance pour le rapprochement entre l'Afrique et l'Europe. Parce que l'une des clés de la construction de la paix dans le monde, c'est l'établissement d'ensembles régionaux qui sont capables de mettre en oeuvre des politiques de stabilité.
Au fond, c'est ce que nous avons fait, nous, Européens. Après nous être entretués pendant des siècles et des siècles, après la Seconde guerre mondiale, nous avons fini par comprendre que c'était en créant les conditions d'une grande coopération économique qu'on pourrait bâtir les conditions de la paix en Europe.
Eh bien c'est ce schéma-là, naturellement adapté aux conditions historiques, culturelles, politiques de chaque continent que nous voulons reproduire avec l'Union pour la Méditerranée.
Nous voulons, dans le même esprit, que l'Afrique soit représentée parmi les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU. C'est un combat que la France mène. La France considère que l'ensemble de la gouvernance mondiale doit évoluer pour tenir compte de la réalité du monde. Une grande partie de la gouvernance mondiale est inspirée de la situation qui prévalait au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Franchement, il s'est passé du temps et des choses depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Eh bien l'Afrique doit être représentée parmi les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies.
Quand le G8 se transforme en G14, ce qui est naturel, puisqu'il faut bien prendre en compte les puissances émergentes, il faut qu'il y ait, parmi les membres du G14, au moins un pays qui parle au nom de l'Afrique. Et quand c'est le G20 qui se réunit, naturellement nous devons faire en sorte qu'on donne une voix à l'Afrique au sein du G20.
La France veut ensuite aider la jeunesse africaine. Je veux vous dire qu'il n'y a jamais eu autant d'étudiants africains dans les universités françaises ; ils sont aujourd'hui 100.000 à faire des études supérieures en France.
65 % des 200.000 étrangers qui s'installent chaque année dans notre pays viennent de votre continent. C'est un atout pour nous et c'est un atout pour eux. Mais dans l'intérêt de tous, il faut que l'immigration soit mieux régulée, il faut qu'elle ne soit pas anarchique, il faut qu'elle respecte les droits fondamentaux de chacun. Et c'est le sens de l'accord que nous avons signé ce matin dans ce domaine.
Nous prônons un nouveau partenariat en matière de développement. Nous avons obtenu un accroissement très substantiel des ressources du Fonds monétaire international qui va profiter à l'Afrique. Et qui sera un des instruments lui permettant de surmonter la crise que nous rencontrons.
Nous maintiendrons quant à la politique du gouvernement français, notre engagement financier en faveur du développement. Il faut que cet engagement contribue à l'émergence d'entreprises africaines fortes, qui créeront des emplois.
Le Cameroun, au sein de cet ensemble, est l'un des pays qui reçoit le plus d'aide publique au développement en Afrique sub-saharienne. En 2006, il a bénéficié d'une annulation de dette de 3,4 milliards de dollars de la part des créanciers du Club de Paris. Dans cette opération, la France, qui détient 40 % de la dette camerounaise, a mis en oeuvre un dispositif nouveau, dont chacun s'accorde à reconnaître qu'il est un grand succès : c'est le contrat de désendettement pour le développement, qui permet de réinjecter dans l'économie camerounaise environ 100 millions d'euros par an. L'accord que nous avons signé ce matin en matière de santé, s'inscrit justement dans le cadre de ce dispositif qui est le plus important de cette nature que nous n'ayons jamais mis en oeuvre en Afrique.
Notre relation avec l'Afrique, nous voulons aussi la faire évoluer en matière de sécurité. Et je voudrais insister sur cet aspect qui est justement l'objet de l'accord de défense que nous avons signé ce matin.
La paix est évidemment la condition sine qua non de la poursuite du développement africain. Il n'y aura pas développement africain si nous ne trouvons pas ensemble les moyens de construire une paix durable. Chacun peut le comprendre ; les investisseurs n'aiment pas investir dans les zones qui ne sont pas stables et où la paix n'est pas assurée. Or aujourd'hui, malgré les progrès qui ont été faits, trop de menaces et trop de déséquilibres perdurent.
Il est vrai que les grands conflits lourds, interminables, ont enfin été résolus, comme en Angola, au Burundi, en Sierra Leone ou au Liberia. Mais la situation reste fragile dans la région des Grands lacs. La Corne de l'Afrique reste un foyer majeur d'instabilité. Le dramatique conflit du Darfour menace la stabilité régionale ; la bande sahélienne se fragilise d'est en ouest, de la Mauritanie à l'Erythrée. En Somalie, le gouvernement d'union dirigé par Cheik Sharif, tente de rétablir la paix dans des conditions extrêmement difficiles face aux groupes d'extrémismes qui, sur beaucoup de territoires de son pays, ont pris le pouvoir. Enfin, des pays apparemment apaisés comme le Kenya sont affectés par des tensions politiques lourdes.
Il y a aujourd'hui 55.000 Casques bleus en Afrique, répartis dans cinq pays. L'Afrique subsaharienne accueille les deux tiers des effectifs des opérations de maintien de la paix dans le monde. Cette région représente 60 % des travaux du Conseil de sécurité. C'est dire l'effort que la communauté internationale consacre à l'Afrique, et c'est dire l'effort qu'il reste à accomplir pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés.
Nous sommes évidemment déterminés à continuer à prendre toute notre part dans l'effort en faveur de la paix, mais nous voulons le faire dans des conditions profondément renouvelées.
Nous voulons d'abord agir dans la transparence et dans la confiance. Et pour agir dans la transparence et dans la confiance, nous pensons qu'il faut construire notre politique de sécurité en réponse à des demandes qui nous sont adressées par nos amis africains.
Notre but, c'est d'aider l'Afrique à bâtir son propre système de sécurité collective.
Je veux vous dire que nos forces armées n'ont pas vocation à rester éternellement sur le continent africain. Il viendra bien un jour - et il faut souhaiter ardemment que ce jour soit le plus tôt possible - où leur présence ne sera plus utile à l'Afrique. Ce n'est pas du tout le signe d'une indifférence de notre part, bien au contraire ! Nous avons d'ailleurs réorganisé nos propres forces armées pour les consacrer davantage à la coopération. Au cours des deux dernières années, les armées françaises ont formé 15.800 militaires africains. 10.200 d'entre eux, issus de 13 pays différents, ont servi dans une opération de maintien de la paix en Afrique. Et 5.600 autres ont été formés au profit de la « Force Africaine en Attente », dans 27 pays.
A cet égard, Monsieur le Premier ministre, je voudrais remercier le Cameroun pour les facilités accordées à notre mission logistique de transit entre Douala et le Tchad et la République centrafricaine. Ce concours est absolument déterminant dans le soutien que nous apportons aux troupes engagées dans ces pays au service de la paix.
Nous avons des accords de défense avec plusieurs pays africains, comme le Sénégal, le Togo, la Côte-d'Ivoire, le Gabon, les Comores, Djibouti, la République centrafricaine, et bien entendu, le Cameroun.
Mais tous ces textes datent d'une époque qui est complètement révolue. Le texte passé avec le Cameroun date de 1974 ! Eh bien il faut adapter ces accords de défense aux défis d'aujourd'hui, et il faut les adapter à notre nouvel état d'esprit commun.
Cette démarche d'actualisation a déjà permis de signer un premier nouvel accord de défense, il y a deux mois, avec le Togo. Et j'ai eu le plaisir d'assister ce matin à la signature du deuxième, avec le Cameroun.
C'était très important pour la France de renouveler cet accord de défense.
D'abord parce que vous êtes notre premier pays de coopération militaire, sur le plan financier comme en nombre d'hommes. Ensuite, parce que de par son histoire, de par sa situation géographique et sa culture, le Cameroun est un pays clé dans la région, qui, sous l'impulsion du Président BIYA, assume totalement ses responsabilités au niveau régional. Je veux, dans cet esprit, saluer son implication dans les opérations de maintien de la paix, notamment au sein de la MICOPAX en Centrafrique, seule opération africaine actuellement déployée par une organisation sous-régionale dans un pays en crise.
Ce nouvel accord que nous venons de signer constitue un grand progrès. D'abord, mesdames et messieurs, c'est un texte intégralement public : cela prouve la transparence que nous voulons dans ce domaine. Et d'ailleurs, cet accord, contrairement aux précédents, sera validé par le Parlement français. Il synthétise en un seul document divers dispositifs qui étaient autrefois fragmentés. Il implique une véritable réciprocité entre le Cameroun et la France. On y parle désormais de « partenariat ». Eh bien, je vais vous dire que ce n'est pas un détail sémantique, c'est la traduction d'un véritable changement d'état d'esprit. Et enfin, il s'inscrit directement dans la volonté de la France d'être en appui des dispositifs régionaux que les pays africains mettent eux-mêmes en place.
Je voudrais insister sur ce point, parce qu'il est absolument fondamental. Je crois qu'aujourd'hui, la priorité, c'est d'aider les pays africains à s'organiser pour faire face ensemble aux défis de sécurité qui les concernent. Les mécanismes de sécurité collective sont plus nécessaires que jamais. Je pense en particulier aux progrès qui ont été réalisés par l'Union africaine, qui a su se doter d'instruments efficaces en faveur de la paix. L'Union africaine joue maintenant systématiquement un rôle clé dans la gestion des crises. Et son action est complétée par celle des organisations infrarégionales, qui jouent aussi un rôle en matière de maintien de la paix, comme on l'a vu, en Sierra Leone ou en Centrafrique. Signe extrêmement positif et prometteur : désormais, le Conseil de Sécurité de l'ONU agit en lien étroit avec l'Union africaine et avec ses organisations sous-régionales.
De plus en plus, ce sont donc des solutions politiques africaines qui sont recherchées et non pas des solutions politiques imaginées ailleurs et imposées à l'Afrique ; ce sont des solutions politiques qui s'imposent naturellement, ce sont des solutions adaptées, ce sont des solutions qui sont spécifiques à chaque situation. La voie de l'avenir, c'est donc une véritable « africanisation » du règlement des conflits. Hier, en Côte d'Ivoire et au Kenya, demain au Darfour, aux Comores, au Zimbabwe : ce sont aux acteurs régionaux et aux Etats voisins de faire la différence ; et c'est à eux de trouver la voie de la concertation et de la paix.
Eh bien, mesdames et messieurs, cette tendance de fond, la France veut l'accompagner et elle veut la soutenir. Nous voulons contribuer à renforcer les capacités africaines, notamment en insistant sur la formation et sur l'entraînement. Nous soutenons par exemple les 14 écoles nationales à vocation régionale ou continentale situées dans 8 pays africains, dont votre Cours Supérieur Interarmées de Défense (CSID) est l'un des fleurons.
Je veux en profiter pour saluer l'initiative du Cameroun de créer une Ecole internationale des forces de sécurité (EIFORCES) qui permettra de développer le potentiel d'intervention des forces africaines. La France soutient totalement cette initiative, comme elle soutient la volonté du Cameroun de contribuer au développement des outils africains de gestion de crise.
Un des domaines clés d'ailleurs, où nos deux pays peuvent aller beaucoup plus loin dans la coopération militaire, c'est celui de la sécurité en mer. On a beaucoup parlé, ces derniers temps, de la piraterie au large de la Somalie. Mais vous savez bien que des problèmes préoccupants se développent aussi le long des côtes camerounaises et dans l'ensemble du Golfe de Guinée.
Le Cameroun est victime d'un pillage illégal de ses ressources halieutiques, de phénomènes de banditisme, de contrebande, de trafics d'armes et de drogues par voie de mer. Avec, comme conséquence, des coûts de sécurisation non négligeables, et une menace pour de la compétitivité de son industrie pétrolière, qui représente 50 % de ses exportations. Vous avez donc un intérêt vital à sécuriser vos eaux territoriales et votre zone économique exclusive.
Je pense que le Cameroun peut être un acteur de premier plan pour la sécurité dans le Golfe de Guinée. Et d'ailleurs, à l'initiative du Président BIYA, il a déjà été mis en place des instruments utiles, notamment avec vos partenaires de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale. Le Cameroun dispose d'une législation complète dans le domaine de l'action de l'Etat en mer.
De notre côté, nous avons une expérience et des outils reconnus que nous sommes prêts à mettre à votre disposition. La France veut travailler avec le Cameroun, par exemple dans le domaine des moyens de communication, de formation dans le domaine des transmissions, de la maintenance des équipements, de la constitution de moyens d'audit et d'assistance. Nous ne pouvons pas laisser se développer des zones de non droit au regard de nos côtes. On a trop longtemps fermé les yeux sur la piraterie au large de la Somalie. C'est la raison pour laquelle c'est aujourd'hui aussi difficile de la combattre. Si elle avait été combattue depuis longtemps, elle n'aurait pas pris l'ampleur qu'elle a prise, et surtout, il ne se serait pas développé au large de la Somalie, une sorte d'économie parallèle qui ne fonctionne qu'avec la piraterie.
Je veux d'ailleurs faire remarquer qu'il y a peu de temps que la Communauté internationale a choisi de réagir à ces actes de piraterie. La France y a pris une part importante. Mais nous avons dû convaincre, y compris les armateurs, qu'il était nécessaire d'intervenir militairement et de ne pas laisser se développer cette situation. C'est comme si, au fond, chacun avait admis un mode de fonctionnement illégal pour lequel tout le monde avait trouvé des moyens de vivre avec.
Dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres, le nouvel accord que nous avons signé hier sera un outil très précieux pour rendre notre coopération militaire encore plus efficace.
Mesdames et Messieurs,
Dans la renaissance africaine, le Cameroun a un rôle clé à jouer. Je veux vous dire que la France sera heureuse d'y contribuer, en apportant tout son soutien à votre pays. Le dynamisme, l'énergie, le talent que j'ai perçus, ici au Cameroun, sont vos atouts. C'est à vous de les valoriser, mais c'est à nous de les reconnaître. Alors, ensemble, je vous propose que nous rassemblions nos forces, que nous unissions nos idéaux, que nous mettions notre amitié au service de l'Afrique.
Et permettez-moi de dire : Vive l'Afrique, vive le Cameroun, vive la France !
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 25 mai 2009