Déclaration de M. François Sauvadet, président du groupe parlementaire Le Nouveau Centre à l'Assemblée nationale, sur le projet du Nouveau Centre pour l'Europe, dans la perspective des élections européennes de juin 2009, Versailles le 7 mars 2009.

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Circonstance : Convention nationale du Nouveau Centre sur l'Europe, à Versailles le 7 mars 2009

Texte intégral

Je suis très heureux d'accueillir et d'échanger avec :
- Giuseppe Pizza, Secrétaire d'État à la recherche, même parcours politique
- Jacques Barrot, Commissaire européen, ancien ministre, ancien président de groupe
- Jean-Marie Cavada, journaliste, avec un regard qui reste nouveau sur la politique
Ce qu'on souhaite nous au Nouveau Centre, c'est que ces élections européennes soient une vraie occasion de parler d'Europe. Nous avons une vraie responsabilité au centre. C'est un défi et ça doit être une vraie occasion de parler de notre avenir collectif.
Allons-nous nous donner les moyens d'avoir des politiques nouvelles ?
De préserver un modèle auquel nous sommes attachés ?
Vision sociale, modèle équilibré ?
À pratiquement 100 jours des élections, le compte à rebours a commencé, c'est le coup d'envoi de la campagne.
Et ce débat s'annonce dans une situation paradoxale. On a une crise sans précédent, personne ne peut dire aujourd'hui l'ampleur qu'elle prendra. La bulle financière n'a pas fini d'exploser, et les conséquences sur l'économie réelle ne font que commencer.
Tout le monde sent bien que dans cette crise, ce ne sont pas simplement des réponses nationales qui nous en sortiront. Et dans le même temps, chaque nation continue d'y aller de son propre plan. Et je redis qu'il ne faudra pas trop laisser filer les déficits !
Il y a un repli national, et le sommet européen de dimanche dernier est très décevant. Pas de réponses aux pays d'Europe centrale, si ce n'est « on verra au cas par cas ». Et chaque pays qui essaie de faire avaliser par l'Europe son propre plan. Va-t-on régler la crise automobile par des réponses franco-françaises ?
On observe aussi que l'Europe a, à chaque fois, avancé dans les crises.
Cette crise et les élections européennes doivent être l'opportunité de rechercher des nouvelles voies de travail, plus efficaces. L'Europe s'est créée juste après le drame de la guerre. Elle a franchi une étape très importante juste après le premier choc pétrolier, à la fin des années 70.
Face aux tentations du repli national, il faut aussi qu'on s'appuie sur les grandes réussites, qu'on les valorise. On est quand même tous responsables d'avoir désigné l'Europe comme systématiquement la responsable de tous nos maux.
Ça a été dit ce matin, que seraient nos économies sans l'euro et sans le bouclier de la banque centrale européenne ? Le soi-disant responsable de la vie chère.
La PAC, ça a été une des plus grandes réussites, nous permettant de parvenir à la souveraineté alimentaire.
Il y a eu l'embryon d'une politique industrielle avec Airbus, d'une politique de défense. Et qu'est ce qui n'a pas marché et qui nous a valu un refus au traité constitutionnel ? C'est le fait que l'Europe est apparue comme tatillonne. L'Europe de la réglementation et de la dérégulation. L'Europe qui ne protégeait pas, sur fond de délocalisation.
Nouvelle étape :
Robert Schuman disait dans sa déclaration de 1950 : « il n'est plus question de vaines paroles, mais d'un acte, d'un acte hardi, d'un acte constructif ». C'est cet élan des Pères fondateurs qu'il nous faut aujourd'hui retrouver afin de doter l'Europe d'un nouvel horizon.
C'est précisément ce que nous devons engager. Face à la crise, il faut une refondation européenne, autour de 2-3 ambitions.
Innovation et la recherche, stratégie de Lisbonne, il faut la mettre en oeuvre, c'est l'économie de la connaissance.
Fonds de stratégie industrielle. On l'a dit ce matin, l'environnement, l'énergie et la défense. Et puis, l'action internationale pour la paix. Quand l'Europe est unie, elle pèse. On l'a vu dans la crise. L'Europe fait bouger les lignes. Elle a un devoir moral de participer au règlement négocié des conflits qui éclatent ou se réveillent dans sa périphérie immédiate ou plus lointaine. On l'a vu dans l'intervention dans le conflit russo-géorgien. Et bien je vous le dis mes amis, nous nous sentons une responsabilité particulière pour contribuer au destin des 500 millions d'Européens. Et c'est même une obligation politique et morale vis-à-vis de nos enfants. On ne le fera pas seuls, on le fera avec d'autres qui partagent le même idéal. C'est ça qui nous a conduit à prendre cette initiative avec Giuseppe Pizza et Cyril Svoboda. L'initiative que nous avons lancée à Rome, puis la réunion de Paris, puis Prague le 21 mars prochain, c'est de faire progresser une vision partagée de l'Europe. Pour répondre aux défis mais en s'appuyant sur des valeurs qui sont celles que nous portons.
- Le respect des libertés
- Un modèle social qui n'entrave pas la marche des plus enthousiastes mais qui protège aussi les plus faibles
- Un modèle d'économie sociale de marché, remettre à leur juste place tous les facteurs de la croissance
- Un meilleur partage de la valeur ajoutée
- Politique aussi de l'éducation, c'est ça aussi que nous voulons pour l'Europe, pas simplement un espace d'échange, mais un espace de paix, et de progrès social, fondé sur l'innovation pour assurer la prospérité économique.
Notre vision de l'Europe, c'est d'en faire la puissance d'un nouvel ordre mondial. Et on voit la pertinence de la diplomatie d'influence, lorsque les Européens sont unis et capables de peser.
Et la question de la gouvernance nous est très clairement posée. Mais celle des moyens est tout aussi clairement posée. Est-ce qu'on pourra demander plus à une Europe modernisée sans consacrer à ces politiques européennes plus de moyens ? On ne pourra pas demander durablement plus à l'Europe sans lui donner plus !
Une gouvernance et des moyens financiers, qui ne peuvent pas rester plafonnés autour de 125 milliards d'euros.
Pour conclure notre projet sur l'Europe, c'est que l'Europe s'impose comme un nouvel acteur global. Est-ce qu'on peut le faire en menant ce combat avec d'autres et notamment avec nos partenaires de l'UMP ? Pour ma part, je le pense, et pour une raison simple, c'est qu'on ne pèse dans le débat politique qu'en participant à l'action politique. Le bon choix pour notre formation politique, c'est d'avoir des élus à Strasbourg.
Et notre choix pour notre famille politique, c'est de ne pas renoncer à proposer à nos compatriotes un formidable dessein pour l'Europe, là où certains nous opposerons au principe de réalité. Mais c'est ça le message des Pères fondateurs de l'Europe.
Source http://nouveaucentre.eu, le 25 mai 2009