Déclaration de M. Bruno Le Maire, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, sur l'Université franco-allemande, à Berlin le 26 mai 2009.

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Circonstance : Déplacement en République fédérale d'Allemagne à l'occasion du 10ème anniversaire de l'Université franco-allemande, le 26 mai 2009

Texte intégral

Sehr geehrte Damen und Herren, liebe Freunde,
heute ist ein besonderer Tag und ich freue mich, bei Ihnen zu sein.
Die deutsch-französische Hochschule feiert ihren 10. Geburtstag. Geburtstage feiert man bekanntlich nicht alle Tage und wir feiern heute nicht nur einen runden sondern auch einen besonders zeichenhaften Geburtstag. Also ein doppelter Grund zu feiern.
Der Geburtstag der deutsch-französischen Hochschule steht stellvertretend für die Erfolgsgeschichte der deutsch-französischen Beziehungen: er steht zunächst für die Vision, die am Anfang jeder Erfolgsgeschichte steht, dann für den Mut, den es braucht, um diese Vision umzusetzen. Er steht auch für die Fähigkeit, über den eigenen Tellerrand zu sehen und sich in die Lage des anderen zu versetzen, woraus letztlich Vertrauen entstehen kann. Er steht für persönliches Engagement und den langen Atem bei Durststrecken. Und er steht für den Willen, sich auch vom ersten Erfolg nicht blenden zu lassen und stetig auf der Spur zu bleiben... Bei all diesen Vorzeichen ist klar: wir können alle stolz sein auf den bisher bewältigten Parcours; die Hochschule hat noch eine glänzende Zukunft vor sich und wir dürfen uns auf die nächsten zehn Jahre freuen.
Ihnen, den Gründern, Wasserträgern und Schutzpatronen der Hochschule ganz herzlichen Dank und meine Anerkennung -stellvertretend für ganz Frankreich.
Le dixième anniversaire de l'UFA me donne l'occasion de rappeler pourquoi la France est particulièrement attachée à la coopération avec l'Allemagne dans le domaine de l'enseignement supérieur et de la recherche et ce que cet exemple de coopération franco-allemande peut offrir à l'Europe.
A cet égard l'UFA illustre parfaitement l'image d'une maison franco-allemande à trois étages que j'ai présentée dans le discours que j'ai prononcé à Nuremberg le 15 mai dernier :
1. Le premier étage de cette maison est celui de la coopération bilatérale : de ce point de vue l'UFA est une institution exemplaire :
La jeunesse a toujours été au coeur du projet franco-allemand : dès la signature du traité de l'Elysée en 1963, la mise en place de l'OFAJ a permis aux jeunes Français et Allemands de se rencontrer, d'apprendre la langue et découvrir le pays de l'autre.
La création de l'UFA en 1999 marque une nouvelle étape dans ce processus et constitue à ce jour l'exemple le plus abouti en Europe d'intégration de deux systèmes universitaires.
Pour l'année universitaire 2008/2009 l'Université Franco-Allemande a ainsi soutenu 145 cursus intégrés entre établissements d'enseignement supérieur français et allemands. L'UFA coopère avec 169 établissements d'enseignement supérieur répartis sur l'ensemble de nos deux pays et compte actuellement environ 4.600 étudiants. Sous son égide sont délivrés tous les ans plus de 1 000 doubles diplômes franco-allemands.
Plus important encore : les doubles diplômes sont reconnus et prisés par les entreprises comme le démontre le succès du Forum franco-allemand Etudiants-Entreprises-Universités organisé chaque année à Strasbourg sous l'égide de l'UFA.
Dix ans après la création de l'UFA les cursus organisés sous son égide représentent un tiers des échanges universitaires entre la France et l'Allemagne. A cet égard, l'UFA constitue assurément le projet le plus important, le plus visible et le plus novateur dans le domaine de la coopération universitaire bilatérale en Europe.
2. Le deuxième étage que j'assigne à la maison franco-allemande est justement celui de la construction européenne :
Le dixième anniversaire de l'UFA coïncide avec les dix ans du processus de Bologne.
En matière d'harmonisation des cycles d'enseignement supérieur, l'UFA est devenue un véritable laboratoire puisqu'elle conseille et bien souvent entraîne les établissements d'enseignement supérieur. Elle facilite ainsi la mise en oeuvre du processus de Bologne et contribue à la construction d'un véritable espace européen de l'enseignement supérieur.
Sous sa Présidence de l'Union européenne, la France s'est fortement engagée en faveur de la mobilité des jeunes Européens. Nous avons avec le soutien de l'Allemagne fait avaliser à 27 l'objectif selon lequel les périodes d'apprentissage à l'étranger devaient devenir la règle et non plus l'exception. Ainsi, en 2020, 20 % des diplômés de l'enseignement supérieur en Europe devront avoir accompli une période de mobilité à l'étranger.
La France et l'Allemagne doivent maintenant veiller à ce que l'Union européenne fasse vivre cet objectif et que chacun se les approprie. Pour cela, nous savons qu'il faut changer la donne en Europe. Comme sur beaucoup d'autres sujets, nous devons tirer les leçons de la crise que nous traversons et offrir de nouvelles perspectives :
- Avec de nouveaux accords de reconnaissance mutuelle et d'échanges de crédits dans les domaines de la formation et de l'enseignement professionnels.
L'UFA contribue déjà à cet objectif sur le plan quantitatif, mais aussi qualitatif, puisqu'elle propose une mobilité diplomante et de haut niveau. Plus que jamais, elle doit apporter sa contribution, par le développement de son action en direction des jeunes chercheurs, par le renforcement de ses relations avec les milieux économiques, par une ouverture vers d'autres partenaires.
- Nous devons aussi identifier à l'échelle européenne les nouveaux métiers dont les relations franco-allemandes et l'Europe auront besoin :
Le dialogue que l'UFA a initié avec les entreprises devrait lui permettre d'identifier ces futurs métiers et de proposer des cursus en conséquence. Ce dialogue favorisera également l'insertion des stagiaires, étudiants et doctorants, dans les entreprises du pays partenaire.
- Nous devons rapprocher les efforts de recherche entre nos deux pays.
Je souhaite donc que l'UFA continue à jouer ce rôle de précurseur en matière de mobilité étudiante en Europe et continue à susciter des formations conjointes dans des domaines qui visent à répondre aux défis du futur. Le dernier Conseil des ministres franco-allemand l'a montré : la France et l'Allemagne ont un rôle central à jouer dans la réponse européenne à la crise qui frappe notre continent. Que ce soit en matière d'énergies propres ou dans le secteur automobile, de nouvelles technologies restent à inventer qui supposent un effort de recherche qui aille bien au-delà de ce que prévoit l'actuelle stratégie de Lisbonne. Seule une coopération accrue entre nos deux pays, qui commence par le rapprochement entre les milieux de recherche français et allemand permettra de surmonter ces défis.
3. Le troisième vise à dépasser le cadre strictement européen pour s'inscrire dans une échelle mondiale.
Le défi que je lance à l'UFA pour les années à avenir est d'inscrire son action dans un réseau plus large afin que les étudiants français et allemands qui auront déjà une expérience dans le pays du partenaire puissent poursuivre ensemble leur cursus dans un troisième pays et donner ainsi l'image d'une coopération franco-allemande ouverte sur le monde.
L'UFA a posé les premiers jalons à travers des coopérations tri-nationales avec la Russie et le Canada par exemple.
Grâce à l'UFA, la France et l'Allemagne ont ouvert la voie à la mobilité étudiante et la coopération entre nos deux pays est devenue un modèle dans l'espace européen d'enseignement supérieur.
Je le dis avec beaucoup de force : l'éducation est le sujet majeur des dix prochaines années en Europe : nous devons y consacrer toute notre énergie en France et en Allemagne et, je le redis en allemand : Das Thema Bildung wird in den nächsten zehn Jahren in Europa das Schlüsselthema sein und wir, Franzosen und Deutsche, müssen die Ärmel hochkrempeln und uns mit voller Kraft an die Arbeit machen.
Au-delà de la promotion de la mobilité étudiante, la France et l'Allemagne ont en effet un rôle majeur à jouer pour la relance d'investissements massifs dans l'enseignement supérieur européen. C'est la condition de la réussite européenne dans l'économie de la connaissance et de notre compétitivité future. Cette mobilisation en faveur de nos universités est au coeur des priorités politiques des gouvernements de nos deux pays.
La démarche entreprise dans le cadre de l'UFA doit nous servir d'exemple pour agir ensemble, avec nos partenaires européens, pour redonner à l'Europe des universités un rayonnement mondial.
Vous l'aurez compris, à mes yeux l'Université franco-allemande est bien plus qu'une institution instrument de coopération bilatérale, c'est un rouage vertueux instrument de la construction européenne, au service des générations à venir.
Devant d'aussi bons résultats, je veux rendre hommage au travail de l'UFA, son président Pierre Monnet, et vice-président Dr. Otta Iancu, ses équipes et instances et à vous, Mesdames et Messieurs les présidents d'université, Mesdames et Messieurs les enseignants-chercheurs dont l'engagement en tant que responsables de programmes est fondamental.
In diesem Sinne der deutsch-französischen Hochschule herzlichen Glückwunsch zum Geburtstag und Ihnen allen alles Gute. Vielen Dank.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 mai 2009