Texte intégral
Mesdames et messieurs les combattants du Débarquement, Monsieur le secrétaire d'Etat américain aux Anciens Combattants, général Eric Ken SHINCEKI [chinnsèqui], Monsieur le sous-secrétaire d'Etat britannique à la Défense, Kevan JONES, Monsieur le secrétaire d'Etat, cher Jean-Marie, Monsieur le chef d'état-major des armées, Messieurs les chefs d'état-major d'armées, Monsieur le directeur général de la gendarmerie, Messieurs les officiers généraux, Mesdames et messieurs, Nous sommes réunis, dans le recueillement, par le double mouvement de la mémoire et de la reconnaissance. L'une et l'autre sont nécessaires à notre peuple et nous rassemblent dans l'hommage que la France rend à ceux qui rétablirent notre liberté. Demain, les chefs d'Etat, les anciens, le peuple de France se rassembleront pour célébrer une grande page de l'Histoire de la liberté.
Il y a soixante-cinq ans, les Alliés de la France ont consenti le sacrifice de leur jeunesse au nom d'une certaine idée de la Liberté, au nom du combat contre la barbarie. Il y a soixante-cinq ans, 200 000 jeunes gens, venus de France, du continent européen, d'outre-manche et d'outre-atlantique, ont bravé les plus grands dangers pour libérer notre patrie. Aujourd'hui la France se souvient avec émotion des anciens combattants du Débarquement. Elle se souvient de ce qu'ils furent et de ce qu'elle leur doit. En décorant aujourd'hui de la plus haute distinction de notre République des vétérans de cette épopée de la liberté, la France redit sa gratitude et son respect devant tant de courage. La France redit qu'elle n'oubliera jamais l'audace de ceux qui ont porté nos valeurs communes jusqu'au sacrifice ultime. C'est grâce à vous, combattants de la liberté, grâce à la clairvoyance de vos dirigeants et notamment de Franklin ROOSEVELT et de Winston CHURCHILL, grâce au général DE GAULLE et grâce à la Résistance, que la France a pu retrouver son honneur. C'est grâce à vous que l'espoir a pu renaître sur notre territoire.
C'est grâce à la conviction et à l'engagement de jeunes gens qui avaient la vie devant eux, de jeunes gens dont certains avant leur engagement n'auraient même pas su placer sur une carte du monde les plages de Normandie que le camp de la liberté a pu entamer sa marche triomphale. Ce 6 juin 1944, dans une journée pareille à celle-ci, des centaines de milliers d'hommes affrontaient la plus dure des batailles. Ils combattaient la tyrannie, l'injustice, l'oppression. Pour beaucoup d'entre eux, ce fut le dernier jour. Ce 6 juin 1944, ils avaient à l'esprit ces mots du général EISENHOWER : « Vous êtes sur le point de vous embarquer pour la plus grande croisade vers laquelle ont tendu tous nos efforts pendant de longs mois. Les yeux du monde sont fixés sur vous. Les espoirs, les prières de tous les peuples épris de liberté vous accompagnent. Avec nos valeureux alliés et frères d'armes des autres fronts, vous détruirez la machine de guerre allemande, vous anéantirez le joug de la tyrannie que les Nazis exercent sur les peuples d'Europe et vous apporterez la sécurité dans un monde libre. Votre tâche ne sera pas facile. Votre ennemi est bien entraîné, bien équipé et dur au combat. Il luttera sauvagement. (...) Nous n'accepterons que la victoire. Bonne chance à tous.»
Il ne se trompait pas. Ce 6 juin 1944, l'armada de la liberté a vécu l'apocalypse. Martin WAARVICK, l'un des vôtres, dira : « Si je pouvais rassembler tous les orages que j'ai entendus dans ma vie, je ne pourrais obtenir autant de fracas que celui qui me parvint aux oreilles ». Ou encore Harry PARLEY : « Quand la rampe s'abaissa, je devins un visiteur de l'enfer ». Ce 6 juin 1944, il fallait un courage inouï pour tenter la plus formidable opération de débarquement que le monde ait connu, il fallait aussi la ferveur d'une jeunesse prête à tout sacrifier au nom de son idéal. Ce 6 juin 1944, sous un déluge de feu, se jouait sur les plages de Normandie le destin de notre continent, l'avenir du monde libre. Ce 6 juin 1944, grâce à votre engagement sans limite, la victoire a choisi son camp, celui de la liberté et de la paix. Cette cérémonie nous rappelle tout ce qu'il peut en coûter de reconquérir la paix et la liberté. Elle nous rappelle que rien n'est jamais acquis, que nous devons rester intransigeants face à tout ce qui menace nos valeurs.
Elle nous rappelle l'exigence de la construction européenne, ce modèle unique au monde qui a su dépasser les compétitions - mortelles, suicidaires - entre les Etats pour bâtir un système de coopération solidaire entre les nations. Système unique qui doit inspirer le monde en construction. Cette cérémonie nous rappelle ce lien si particulier qui unit nos peuples à jamais. Entre le caporal Emile BOUETARD, le premier mort du Débarquement parachuté le 5 juin avec les SAS, et les milliers de morts de la bataille de Normandie, entre ce jeune breton et ces garçons de Pennsylvanie ou d'Hawaï, d'Ontario ou des Midlands, il y a une profonde et silencieuse fraternité. Cette fraternité a fécondé notre sol et ennobli notre Histoire. La bravoure des jeunesses du monde venues défier la peur et le danger au nom d'une certaine idée de la démocratie et de la liberté nous oblige. Cette bravoure est pour toutes les femmes et tous les hommes épris de liberté un exemple, elle est pour nos démocraties une exigence de chaque instant.
En célébrant la mémoire des combattants du Débarquement, en rappelant la dette et la gratitude de la France envers tous ceux qui combattirent pour sa liberté, nous faisons bien plus que nous souvenir : nous éclairons l'avenir pour les générations futures. Puisse la jeunesse d'aujourd'hui, dans le regard qu'elle porte sur ce sacrifice, entendre et retenir l'exigeante leçon d'une liberté portée par le courage et par l'audace. Puisse-t-elle rendre à ceux qui ont laissé là le dernier moment de leur vie l'hommage qu'évoquait SAINT-EXUPERY lorsqu'il parlait de tous ces jeunes gens morts « comme des graines enfouies dans le silence de la terre ».
source http://www.defense.gouv.fr, le 11 juin 2009
Il y a soixante-cinq ans, les Alliés de la France ont consenti le sacrifice de leur jeunesse au nom d'une certaine idée de la Liberté, au nom du combat contre la barbarie. Il y a soixante-cinq ans, 200 000 jeunes gens, venus de France, du continent européen, d'outre-manche et d'outre-atlantique, ont bravé les plus grands dangers pour libérer notre patrie. Aujourd'hui la France se souvient avec émotion des anciens combattants du Débarquement. Elle se souvient de ce qu'ils furent et de ce qu'elle leur doit. En décorant aujourd'hui de la plus haute distinction de notre République des vétérans de cette épopée de la liberté, la France redit sa gratitude et son respect devant tant de courage. La France redit qu'elle n'oubliera jamais l'audace de ceux qui ont porté nos valeurs communes jusqu'au sacrifice ultime. C'est grâce à vous, combattants de la liberté, grâce à la clairvoyance de vos dirigeants et notamment de Franklin ROOSEVELT et de Winston CHURCHILL, grâce au général DE GAULLE et grâce à la Résistance, que la France a pu retrouver son honneur. C'est grâce à vous que l'espoir a pu renaître sur notre territoire.
C'est grâce à la conviction et à l'engagement de jeunes gens qui avaient la vie devant eux, de jeunes gens dont certains avant leur engagement n'auraient même pas su placer sur une carte du monde les plages de Normandie que le camp de la liberté a pu entamer sa marche triomphale. Ce 6 juin 1944, dans une journée pareille à celle-ci, des centaines de milliers d'hommes affrontaient la plus dure des batailles. Ils combattaient la tyrannie, l'injustice, l'oppression. Pour beaucoup d'entre eux, ce fut le dernier jour. Ce 6 juin 1944, ils avaient à l'esprit ces mots du général EISENHOWER : « Vous êtes sur le point de vous embarquer pour la plus grande croisade vers laquelle ont tendu tous nos efforts pendant de longs mois. Les yeux du monde sont fixés sur vous. Les espoirs, les prières de tous les peuples épris de liberté vous accompagnent. Avec nos valeureux alliés et frères d'armes des autres fronts, vous détruirez la machine de guerre allemande, vous anéantirez le joug de la tyrannie que les Nazis exercent sur les peuples d'Europe et vous apporterez la sécurité dans un monde libre. Votre tâche ne sera pas facile. Votre ennemi est bien entraîné, bien équipé et dur au combat. Il luttera sauvagement. (...) Nous n'accepterons que la victoire. Bonne chance à tous.»
Il ne se trompait pas. Ce 6 juin 1944, l'armada de la liberté a vécu l'apocalypse. Martin WAARVICK, l'un des vôtres, dira : « Si je pouvais rassembler tous les orages que j'ai entendus dans ma vie, je ne pourrais obtenir autant de fracas que celui qui me parvint aux oreilles ». Ou encore Harry PARLEY : « Quand la rampe s'abaissa, je devins un visiteur de l'enfer ». Ce 6 juin 1944, il fallait un courage inouï pour tenter la plus formidable opération de débarquement que le monde ait connu, il fallait aussi la ferveur d'une jeunesse prête à tout sacrifier au nom de son idéal. Ce 6 juin 1944, sous un déluge de feu, se jouait sur les plages de Normandie le destin de notre continent, l'avenir du monde libre. Ce 6 juin 1944, grâce à votre engagement sans limite, la victoire a choisi son camp, celui de la liberté et de la paix. Cette cérémonie nous rappelle tout ce qu'il peut en coûter de reconquérir la paix et la liberté. Elle nous rappelle que rien n'est jamais acquis, que nous devons rester intransigeants face à tout ce qui menace nos valeurs.
Elle nous rappelle l'exigence de la construction européenne, ce modèle unique au monde qui a su dépasser les compétitions - mortelles, suicidaires - entre les Etats pour bâtir un système de coopération solidaire entre les nations. Système unique qui doit inspirer le monde en construction. Cette cérémonie nous rappelle ce lien si particulier qui unit nos peuples à jamais. Entre le caporal Emile BOUETARD, le premier mort du Débarquement parachuté le 5 juin avec les SAS, et les milliers de morts de la bataille de Normandie, entre ce jeune breton et ces garçons de Pennsylvanie ou d'Hawaï, d'Ontario ou des Midlands, il y a une profonde et silencieuse fraternité. Cette fraternité a fécondé notre sol et ennobli notre Histoire. La bravoure des jeunesses du monde venues défier la peur et le danger au nom d'une certaine idée de la démocratie et de la liberté nous oblige. Cette bravoure est pour toutes les femmes et tous les hommes épris de liberté un exemple, elle est pour nos démocraties une exigence de chaque instant.
En célébrant la mémoire des combattants du Débarquement, en rappelant la dette et la gratitude de la France envers tous ceux qui combattirent pour sa liberté, nous faisons bien plus que nous souvenir : nous éclairons l'avenir pour les générations futures. Puisse la jeunesse d'aujourd'hui, dans le regard qu'elle porte sur ce sacrifice, entendre et retenir l'exigeante leçon d'une liberté portée par le courage et par l'audace. Puisse-t-elle rendre à ceux qui ont laissé là le dernier moment de leur vie l'hommage qu'évoquait SAINT-EXUPERY lorsqu'il parlait de tous ces jeunes gens morts « comme des graines enfouies dans le silence de la terre ».
source http://www.defense.gouv.fr, le 11 juin 2009