Déclaration de Mme Fadela Amara, secrétaire d'Etat à la politique de la ville, sur le programme national de rénovation urbaine, Bordeaux le 8 juin 2009.

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Circonstance : Journées d'échange des acteurs de la rénovation urbaine à Bordeaux les 8 et 9 juin 2009

Texte intégral

Monsieur le Premier Ministre, Cher Alain,
Monsieur le Président, Cher Gérard HAMEL,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs les professionnels de la politique de la ville,
Mesdames, Messieurs,
En premier lieu, je souhaiterais particulièrement remercier Alain Juppé pour son accueil chaleureux.
Bordeaux et son agglomération développent, avec le soutien de l'État, des projets exemplaires dans l'ensemble des champs de la politique de la Ville, dans le domaine de la rénovation urbaine, mais aussi en matière de désenclavement et dans les domaines sociaux, éducatifs, culturels et associatifs. J'ai eu l'occasion de le constater ce matin sur le terrain, à Benauge, à Lormont et en utilisant le tramway qui dessert le quartier « des Aubiers ».
Je suis très heureuse d'être parmi vous, professionnels et acteurs de la Rénovation Urbaine, pour échanger sur ce sujet qui nous tient à coeur. La rénovation urbaine est un outil stratégique pour réduire les inégalités sociales et territoriales. La rénovation urbaine est un instrument efficace placé au coeur du plan de relance à travers un engagement sans précédent de l'État.
Permettez moi aussi de saluer, et il sait l'estime que je lui porte, Gérard HAMEL, Président de l'ANRU qui fait un travail remarquable, ainsi que les équipes de l'ANRU qui animent et traduisent au quotidien la volonté politique du changement de nos quartiers populaires.
* Le PRNU
Mesdames, Messieurs, L'Agence Nationale de Rénovation Urbaine a fait la démonstration qu'elle était un instrument efficace au service de la rénovation de nos quartiers.
Le grand chantier national lancé en 2004 entraîne une modernisation et une dynamisation économique des territoires et des créations d'emplois dans les quartiers.
Le Programme national de rénovation urbaine est la concrétisation palpable du retour de la République dans des quartiers qui ont trop longtemps été laissés à l'abandon.
Vous le savez, la majorité des opérations de rénovation porte sur les quartiers urbanisés après-guerre. A l'époque, ces grands ensembles, comme on les appelle pudiquement aujourd'hui, ont répondu à une réelle attente, et quoiqu'on dise ont représenté un réel progrès voire une révolution pour ceux qui sortaient des bidonvilles et qui découvraient l'eau courante et le chauffage.
Mais aujourd'hui, ces habitats sont vétustes, inadaptés, obsolètes, et ne permettent plus de construire du lien, de la solidarité et de la mixité sociale. Nous devons aujourd'hui sortir de cette fracture héritée d'une vision passéiste des territoires qui oppose les quartiers ouvriers industrielles aux quartiers bourgeois et tertiaires.
Le Président de la République a affirmé avec force à propos du projet du Grand Paris que le défi de notre siècle est bien la construction de cette ville qui est « faite pour donner de la qualité de vie » et pour « rendre la vie plus facile », de cette ville qui est « faite pour l'Homme », de cette ville « qui unit au lieu d'exclure».
La construction de cette ville qui offre à tous la possibilité de vivre dans un cadre de qualité, la construction de cette ville qui intègre, qui fait bénéficier de toutes les opportunités économiques et sociales et qui offre un cadre propice à la citoyenneté, est au coeur du projet républicain.
C'est pourquoi avec Brice Hortefeux, nous sommes attentifs à la construction de cette ville durable pour une citoyenneté durable.
Mesdames et messieurs, la rénovation urbaine est donc un enjeu central pour le projet républicain et la cohésion sociale. Elle doit également être conçue pour une gestion durable des quartiers en adéquation avec les conclusions du Grenelle de l'environnement sur le bâti.
Ce sont toutes ces raisons qui motivent l'engagement du PNRU doté de 12 milliards d'euros, qui est un investissement stratégique autour des collectivités locales pour l'avenir de la France.
Ce partenariat réunit, l'Etat l'UESL (Union économique et sociale du logement), la CGLLS (Caisse de garantie du logement locatif social) les bailleurs et la CDC (la caisse des dépôts et des consignations).
Permettez-moi à ce titre de dresser un rapide bilan. A ce jour :
- Ce sont 347 Projets de Rénovation Urbaine engagés qui représentent 36,7 milliards d'euros d'investissements et une mobilisation de subventions ANRU à hauteur de 10,3 milliards d'euros.
- Ces projets concernent 466 quartiers repartis sur l'ensemble du territoire national et 3,2 millions d'habitants.
Au niveau physique, cela représente :
- 129 000 déconstructions et presque autant de constructions de logements sociaux.
- 280 000 réhabilitations de logements et 300 000 améliorations des espaces extérieurs des logements.
* Le plan de relance
Mesdames et messieurs, la crise qui nous frappe aujourd'hui nous donne l'occasion d'aller plus loin et plus vite.
Comme le disait le Général de Gaulle : «la politique la plus coûteuse, la plus ruineuse, c'est d'être petit ». Aujourd'hui, nous nous devons d'être audacieux et ambitieux. Nous ne pouvons plus laisser se dégrader des quartiers qui n'en peuvent plus. Des quartiers où les populations sont les premières touchées par la crise économique, à commencer par les jeunes y compris les plus diplômés.
Le Président de la République a donc décidé d'exploiter toutes les potentialités de la rénovation urbaine en tant qu'outil de relance économique par une dotation complémentaire de 350 millions d'euros en autorisation d'engagement. Cet effort considérable a impulsé un véritable effet de levier en entraînant 4,3 milliards d'euros de travaux.
4,3 milliards d'euros de travaux, cela signifie une accélération visible des chantiers, mais aussi du travail pour les entreprises et la préservation de l'emploi dans nos quartiers.
Le plan de relance a permis d'engager concrètement la réalisation d'actions de toutes natures au bénéfice des habitants des quartiers, tels que la construction de 12 000 logements sociaux, la réhabilitation de 23 000 logements, la rénovation ou la reconstruction d'une centaine d'équipements publics.
Une attention particulière est apportée à l'accession sociale, facteur de mixité et à l'ingénierie, facteur d'efficacité opérationnelle.
Comme je l'ai souhaité, le plan de relance permet d'irriguer l'ensemble du territoire national : les projets concernent toutes les régions françaises, les 3/4 des départements, avec un effort spécifique pour les départements les plus défavorisés, y compris l'ensemble des départements d'Outre Mer.
Le premier coup de pioche est déjà lancé ou sera lancé dans les prochaines semaines pour 1/3 de ces travaux, la moitié des chantiers à la fin du 3e trimestre et la totalité avant la fin de l'année.
Je tiens à remercier l'ensemble des partenaires pour leur mobilisation exceptionnelle, et notamment les Préfets et leurs équipes, l'ANRU, les porteurs de projets, les bailleurs, bien sûr, et tous les acteurs de la Politique de la Ville.
Les avenants simplifiés « Plan de relance » sont en cours de signature, permettant aux maîtres d'ouvrage d'établir leurs premières demandes de subvention. Tout en réalisant ce travail intense et continu, l'agence a également oeuvré à la simplification de ses procédures. Nous avons aujourd'hui encore des marges de progrès pour faire plus et mieux en ce domaine.
Mesdames et messieurs, je souhaiterais aujourd'hui insister sur un point particulier. Je vous demande de veiller à ce que tous les programmes lancés portent une attention toute particulière au respect réel et palpable des clauses d'insertion. Parce que nous ne pouvons pas intervenir dans les quartiers sans donner des gages tangibles que nous contribuons à l'insertion professionnelle et à la formation des habitants des quartiers qui sont plus que jamais notre première priorité.
Vous le savez, la mise au norme du parc des ascenseurs représente un chantier considérable. Je souhaite réunir les professionnels du secteur des ascensoristes pour étudier les possibilités d'un plan d'action ambitieux en faveur de la formation et de l'emploi des jeunes des quartiers dans ce secteur.
Je suis déterminée à mettre en oeuvre une politique de la ville efficace et durable qui repose sur les deux piliers complémentaires de la rénovation urbaine et de la rénovation sociale et en particulier des politiques en faveur de l'emploi.
* Le désenclavement
Vous le savez, la rénovation est indissociable du désenclavement des quartiers pour corriger cette rupture d'égalité devant la mobilité, l'accès aux emplois, aux commerces et activités sociales et culturelles.
C'est pour cette raison que j'ai mis en place un programme spécifique doté de 500 Millions d'euros pour les projets de Transports en Commun en Site Propre dans le cadre de la « Dynamique Espoir banlieues ».
Cette enveloppe se décompose de la manière suivante :
- En Île-de-France, quatre projets structurants de désenclavement et d'amélioration de lignes de bus ont été abondés de 240 Millions d'euros pour accélérer leur réalisation.
- En province, ce sont 260 Millions d'euros qui s'ajoutent au 540 Millions d'euros déjà consacrés par Jean-Louis BORLOO au titre du Grenelle de l'environnement. Ainsi, 37 projets participants au désenclavement des quartiers ont bénéficié de cette enveloppe. Ces projets représentent environ 6 milliards d'investissement et 60 000 emplois annuels directs et autant d'emplois indirects.
L'agglomération de Bordeaux a présenté des projets exemplaires. Je citerai en particulier l'extension des lignes de tramway qui participeront au désenclavement de nombreux quartiers relevant de la politique de la ville, que j'ai décidé de soutenir en apportant 8,52 Millions d'euros au titre de « Dynamique Espoir Banlieues ».
En complément de ce programme structurant, des projets « légers » qui seront sélectionnés en septembre viendront renforcer une offre de déplacements diversifiés en régions. (Nota : Bordeaux présente un dossier)
Vous le savez, la Rénovation Urbaine permet aussi de conforter les pôles commerciaux, en liaison avec l'EPARECA, et de développer la gestion urbaine de proximité.
Ce sont tous ces efforts conjugués en faveur de la qualité du cadre de vie et du désenclavement qui permettront de renforcer l'attractivité des territoires qui est essentielle pour nos entreprises.
Qu'on le veuille ou non, nous sommes dans une logique de compétition des territoires et c'est le rôle de la politique de la ville de réduire les inégalités territoriales et donner aux territoires qui en ont le plus besoin le maximum de chances pour garder leurs entreprises et en attirer de nouvelles.
Enfin, je vous le disais, la rénovation urbaine est le symbole du retour de la République dans les quartiers. Cela signifie qu'elle est un outil efficace de reconquête des territoires que nous n'avons pas le droit de laisser livrés à l'insécurité et aux trafics en tout genre. Car la sécurité, le droit à l'intégrité physique et morale est le premier droit fondamental sans lequel les autres droits et l'émancipation économique et sociale ne peuvent exister.
* Conclusion
Mesdames et messieurs, je vous remercie pour les débats nourris que vous aller mener en atelier pendant ces journées. Je compte sur vos échanges et sur votre expertise pour nourrir la Dynamique Espoir Banlieues, une dynamique qui doit se nourrir des bonnes pratiques et de l'implication de tous les acteurs de la politique de la ville.
Pour alimenter les idées et lancer des débats, je voudrais vous faire part de quelques réflexions personnelles, et je sais que je peux compter sur le soutien d'Alain Juppé sur ces thèmes. Nous devons aujourd'hui réfléchir ensemble à la construction d'une nouvelle étape pour la rénovation urbaine, ainsi qu'au rôle et aux champs de compétence à venir de l'ANRU.
La rénovation urbaine doit être un outil efficace au service d'une véritable mixité sociale et fonctionnelle accompagnée par une politique de transports moderne.
Dans la conduite des nouvelles opérations, nous devrons intégrer de nouvelles préoccupations, la Ville Durable, la Ville de l'après-Kyoto, le Grenelle de l'Environnement.
Ce programme doit permettre la diffusion de nouvelles technologies, au bénéfice de l'emploi et de l'activité de nos entreprises, en matière de constructions économes, énergétiquement efficace et privilégiant les matériaux renouvelables. Nous devrons en particulier encourager les expériences d'éco - constructions dans des éco - quartiers.
Enfin, cet urbanisme appliqué aux quartiers devra exiger la qualité esthétique. Car nous ne pouvons plus tolérer que la laideur urbanistique et architecturale soit le lot des plus pauvres.
La beauté d'une ville est une part du bonheur de ceux qui l'habitent.
Nous devons rechercher la beauté dans ce que nous construisons car la civilisation commence aussi quand le politique se préoccupe d'esthétisme.
Mesdames et messieurs,
Toutes ces nouvelles tâches nous attendent, enthousiasmantes, à la hauteur des enjeux. Je vous souhaite des débats fructueux et intenses.
Je sais que nous sommes tous animés par un seul et unique objectif : le retour de la République dans les quartiers populaires et la réduction des écarts entre les territoires pour toujours plus de justice.
Je vous remercie.Source http://www.ville.gouv.fr, le 15 juin 2009