Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, lors de la conférence de presse conjointe avec M. Ehud Barak, ministre israélien de la défense, sur les perspectives du processus de paix au Proche-Orient, la dénonciation par l'opposition iranienne du truquage de l'élection présidentielle et les manifestations contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, Paris le 15 juin 2009.

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Circonstance : Visite en France de Ehud Barak et entretien avec Bernard Kouchner à Paris le 15 juin 2009

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
J'ai reçu le ministre de la Défense d'Israël, Ehud Barak ainsi que sa délégation. Nous avons surtout parlé de la situation au Proche-orient ainsi que de la déclaration - après la visite de George Mitchell - et après le discours de Benjamin Netanyahou.
M. Barak et moi-même, nous nous connaissons depuis longtemps. Je sais les efforts qu'il a faits et qu'il a toujours faits en faveur d'une paix négociée et, comme la France le demande, de la création à côté d'Israël, vivant en paix et en sécurité, d'un Etat palestinien.
J'ai donc salué l'avancée que constituent les mots du Premier ministre, M. Netanyahou, à propos de l'existence de cet Etat palestinien et, en complément, j'ai dit combien il était nécessaire - et que c'était toujours la position de la France, comme l'a déclaré le président de la République à la Knesset - que cesse la colonisation.
Il faut que le statut de Jérusalem, capitale des deux Etats, soit précisé et que les pourparlers de paix, comme l'a déjà déclaré M. Netanyahou aux Etats-Unis en présence du président Obama, reprennent avec l'Autorité palestinienne.
Nous avons échangé tous ces aspects ainsi qu'un certain nombre de dossiers, comme par exemple le résultat des élections législatives au Liban mais également le danger que représenterait la possession d'une arme atomique entre les mains iraniennes - vous avez vu qu'aujourd'hui, dans les rues de Téhéran, des jeunes gens courageux et une population entière a manifesté.
Nous avons également parlé rapidement la situation en Afghanistan et de la situation à Gaza ainsi que de la nécessité de la libération de Gilat Shalit.
Q - Des centaines de milliers de personnes manifestent actuellement à Téhéran contre des élections, selon elles, truquées. Je souhaitais donc vous demander à tous les deux si vous avez des indications permettant de penser que ces élections ont effectivement été truquées ? Si c'était le cas, quelles conclusions en tireriez-vous ?Aujourd'hui selon vous, le président Ahmadinejad est-il un président légitimement et démocratiquement réélu ?
R - Nous n'avons pas d'indications formelles mais nous sommes attentifs. Nous considérons que les arguments de l'opposition, de ceux qui se sont présentés et qui dénoncent le truquage de ces élections doivent être écoutés avec respect parce qu'ils risquent beaucoup. Nous avons demandé ce matin au Conseil Affaires générales de l'Union européenne à Luxembourg que des investigations au moins nationales soient menées.
Ce que nous savons et que nous dénonçons, c'est qu'il n'y a pas de liberté d'information et que la presse ne peut pas elle-même se livrer à cette enquête pour le moment.
Ce que nous savons aussi, c'est qu'aujourd'hui, des centaines de milliers de personnes ont manifesté et qu'elles se sont heurtées aux forces de l'ordre. Nous sommes très attentifs à cela et nous sommes très respectueux de la manière dont les Iraniens au moins, se livrent à cette démonstration qui, elle, tend vers la démocratie.
Nous espérons que la répression cessera au plus vite. Nous nous consultons, je vous l'ai dit ce matin, au niveau de l'Union européenne pour que cela puisse être entendu comme une expression de révolte et une expression justement démocratique.
Laissez-moi vous rappelez, puisque nous parlions de l'Iran, que c'est également avec la Russie et la Chine que nous avons travaillé, les 3+3, ce fut cela et il faut continuer.
L'initiative du président Obama a bien sûr reçu tout notre soutien. La façon dont ce dialogue pourra s'établir entre les Etats-Unis d'Amérique et l'Iran, nous ne la connaissons pas, mais nous avons, nous les Français, beaucoup essayé avec les trois Européens, avant les trois autres qui sont venus, au fil des années, s'ajouter.
Nous avons essayé, nous avons établi ces contacts depuis deux ans et hélas, les résultats n'ont pas été à la hauteur de nos espérances. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas parler avec l'Iran, mais cela complète un peu la réponse que j'ai faite tout à l'heure à propos des manifestations dans les rues de Téhéran et d'ailleurs.
Q - (Inaudible)
R - Oui, nous avons parlé avec le ministre de la Défense, de la reconstruction de l'hôpital à Gaza. Nous avons toujours cette perspective.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 juin 2009