Déclaration de Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, sur le rôle important des PME dans les échanges commerciaux, les mesures de soutien à l'exportation et à l'emploi des jeunes dans ce secteur, Paris le 16 juin 2009.

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Circonstance : Atelier international de Planète PME, à Paris le 16 juin 2009

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Messieurs les Présidents,
Monsieur le vice-président,
Monsieur le Directeur Général,
Mesdames, Messieurs les chefs d'entreprises,
C'est un plaisir d'être parmi vous pour cette nouvelle édition de Planète PME. Je garde un très bon souvenir de la dernière qui s'est tenue à Marseille, quelques semaines avant la réunion Euromed Commerce, premier événement de la Présidence française de l'Union européenne qui avait rassemblé les Ministres du commerce de l'Union pour la Méditerranée.
Je tiens à remercier M. Jean-François Roubaud pour son invitation ainsi que M. Marc Hoffmeister, Président de Classe Export, pour l'organisation du volet international de cette journée.
Evidemment, le contexte international est difficile. Et si les chiffres sont mauvais, ce n'est pas parce que la France est mauvaise, encore moins parce que vous seriez mauvais, mais c'est parce que la demande est mauvaise en Europe et sur la plupart des marchés mondiaux, à quelques rares exceptions près. Pourtant, nous avons décidé de tout faire pour garder les marchés ouverts, et de tout faire pour que le commerce international reprenne le plus vite possible. Les prévisions pour 2009 font malheureusement état de la plus forte baisse du commerce mondial depuis 1945, entre -9% et -10%. Au G20, les grandes puissances économiques se sont engagées à s'abstenir de toute mesure protectionniste. Le G20 a réaffirmé sa volonté de voir aboutir le cycle de Doha en parvenant rapidement à un accord ambitieux, global et équilibré. Lutter contre le protectionnisme, c'est notre intérêt, nous Français, et c'est votre intérêt, vous entreprises. On ne rappellera jamais assez que nous sommes l'un des premiers exportateurs mondiaux, et que l'exportation représente entre 20 et 25% de nos emplois.
Parce qu'aujourd'hui, plus que jamais, le monde a besoin de coopération internationale, qu'il s'agisse de coopération en matière de commerce international, en matière de financement du commerce international, mais aussi dans d'autres domaines, comme l'a exprimé le Président de la République hier à la Conférence Internationale du Travail : la finance, le social, l'environnement.
Nous sommes pour la concurrence, vous êtes pour la concurrence. Pour une concurrence loyale, saine et fondée sur la réciprocité afin de lutter contre le dumping monétaire, social ou environnemental.
La crise est internationale, l'après-crise sera international, ne nous y trompons pas. Je vous remercie donc d'avoir fait de l'international le premier atelier de Planète PME. J'y vois un signe de votre engagement et de votre hauteur de vue. J'ai tenu à ouvrir personnellement cet « Atelier international », pour vous adresser un message de confiance, confiance dans votre mobilisation et votre capacité à réussir à l'international.
Savez-vous que les PME représentent 82% des entreprises exportatrices ? Vous comprendrez que vous soyez ma préoccupation principale ! Vous êtes évidemment ma priorité. Et cela tombe bien car depuis le début de l'année, je constate que jamais les PME françaises n'ont été aussi dynamiques à l'international. Ubifrance a enregistré une croissance de près de 30% des entreprises qui ont recouru à ses services au cours des 5 premiers mois de 2009.
Quand j'emmène 70 entreprises en Angola et 50 entreprises au Brésil, j'y vois le signe de votre courage et de votre esprit d'entreprise. Mais vous me permettrez d'y voir aussi le signe de l'efficacité des mesures que j'ai prises l'an dernier, qu'il s'agisse du doublement du taux de subvention pour vous permettre de participer plus nombreux aux salons internationaux, ou plus généralement de la reconfiguration de notre dispositif d'accompagnement des entreprises à l'international.
1. Equipe de France.
Les nombreuses entreprises françaises que je rencontre lors de mes déplacements en France et à l'étranger me font des retours très positifs sur cette réorganisation. Elles me disent y voir plus clair dans une organisation, qui était encore un peu foisonnante il y a quelques mois encore.
Je suis également très satisfaite de la nouvelle impulsion qui a été donnée au portage avec le lancement en mars dernier de Pacte PME International. Nous avons la chance en France d'avoir de très grandes entreprises, leaders dans leurs secteurs. Profitons-en pour faire des opérations gagnant-gagnant avec nos PME. Je pense en particulier à la formation d'écosystèmes technologiques regroupant des entreprises travaillant main dans la main. J'ai pu le constater il y a un mois dans la filière nucléaire en Afrique du Sud ou hier au salon du Bourget dans le secteur aéronautique, où des dizaines de PME apportent leur expertise et leur capacité d'innovation à l'ensemble de la filière.
L'emploi des jeunes constitue également un sujet crucial auquel vous contribuez et sur lequel le gouvernement est, comme vous le savez, très mobilisé. Je vois un double intérêt à l'emploi des jeunes à l'international. A court terme, il permet de contribuer au plan pour l'emploi des jeunes, qui est la priorité absolue du gouvernement, François FILLON vous le dira certainement cet après-midi. Dans la perspective de l'après-crise, il permet d'intensifier la formation des jeunes à l'international, et cela permet à nos entreprises de former des personnes ouvertes, portées sur les langues et sur l'étranger.
Nous sommes donc en train d'étudier plusieurs pistes :
- d'abord pour permettre aux PME de recourir aux VIE, nous allons mettre en place ce que j'appelle des "VIE multi-carte" qui travailleront pour le compte de plusieurs PME ou d'une filière, sous le pilotage du chef de la Mission économique. Ces VIE seront payés par le dispositif public et non par les entreprises. Cette mesure sera transitoire, afin de soutenir les PME pendant la crise.
- J'ai aussi proposé que les VIE entrent dans le décompte des formations en alternance pour le calcul de la taxe d'apprentissage.
Enfin, il faut que les entreprises utilisent toutes les potentialités des aides des régions pour engager un VIE. De nombreuses régions subventionnent le recours à un VIE à plus de 50%. Ces aides sont souvent très généreuses mais parfois méconnues.
2. Innovation.
Je n'insisterai jamais assez sur le lien entre commerce extérieur et innovation.
Avec le Crédit Impôt Recherche, le Gouvernement a mis en place l'un des systèmes parmi les plus incitatifs dans le monde et les entreprises en sont conscientes. Lors de mes visites, toutes me disent à quel point elles en sont satisfaites.
Dans ce domaine, nous pouvons également compter sur les pôles de compétitivité qui doivent servir de catalyseurs entre entreprises, universités, grandes écoles et laboratoires de recherche. Je souhaiterais toutefois, à propos des pôles de compétitivité et de l'innovation faire une parenthèse, et vous dire très amicalement, attention à la protection de la propriété intellectuelle. Je sais ce que cela représente de déposer et de faire protéger des brevets. J'ai souhaité que l'INPI se développe, y compris en région désormais, afin que les stratégies de développement de nos entreprises innovantes à l'international s'accompagnent systématiquement de mesures de précaution en matière de propriété intellectuelle.
Je crois aussi qu'il faut aujourd'hui identifier et soutenir les secteurs qui seront exportateurs demain. Nos avons plusieurs de nombreux champions cachés, ces PME qui sont positionnées sur des marchés de niches et qui sont leader mondial de leur secteur. Nous en possédons notamment dans le secteur de l'environnement. Je suis très sensible aux opportunités liées à la croissance verte : au cours de mes voyages, de l'Inde au Brésil, en passant par la Chine, tout le monde me parle des projets dans ce domaine. Cette demande forte est liée à notre engagement politique dans ce domaine, largement reconnu au niveau international. J'ai engagé dans cette perspective une véritable mobilisation des eco-entreprises à l'international. A ma demande, Ubifrance a mis en place un programme personnalisé d'accompagnement à l'international pour les éco-entreprises (Green Pass) et signé un partenariat renforcé avec l'ADEME.
3. Assurance prospection.
Les entreprises françaises doivent élargir leurs horizons : Inde, Chine, Brésil, et ne pas se cantonner à l'Europe. Les pays émergents doivent en effet être prioritaires. Prioritaires dans le niveau de subventionnement, dans le type d'aide que nous apportons aux entreprises, et lorsque cela se justifie, par une politique Coface ouverte et dynamique pour accompagner les projets sur ces différents marchés.
Une première vague de réformes en février 2008 a permis de dynamiser la procédure de l'assurance prospection, qui a connu un véritable succès en 2008 avec une croissance de près de 25 % des entreprises bénéficiaires. Sur les 4 premiers mois de l'année 2009, ce succès ne se dément pas.
Je voudrais vous annoncer un certain nombre de dispositions que j'ai prises pour améliorer encore ce dispositif de l'assurance prospection.
A partir d'aujourd'hui, les entreprises de taille intermédiaire, c'est-à-dire celles dont le chiffre d'affaires est inférieur à 500 millions d'euros, peuvent bénéficier de l'assurance prospection. Evolution majeure, qui s'intègre évidemment dans la politique générale que François FILLON nous a demandé de développer en faveur des entreprises de taille intermédiaire. En nous inspirant du modèle allemand, nous souhaitons que ce soient ces entreprises qui puissent tirer la capacité d'innovation et la capacité d'investissement dont nous avons besoin pour exporter.
Les deux autres mesures concernant l'assurance prospection, je les ai prises en réponse aux demandes exprimées par la CGPME. Comme vous le souhaitiez, j'ai réduit la prime de l'assurance prospection d'un tiers. La prime passe ainsi aujourd'hui de 3% à 2% du budget annuel garanti.
Par ailleurs, les délais d'instruction des dossiers seront considérablement réduits. Les demandes inférieures à 50 000 euros, c'est à dire une demande sur deux, seront traitées en 48 heures.
Enfin, je souhaite poursuivre l'effort de distribution de l'assurance prospection par les réseaux les plus larges possibles, afin de véritablement passer à un stade industriel. Les banques offrent en particulier l'avantage de pouvoir coupler l'assurance prospection avec un préfinancement, relais de trésorerie immédiatement disponible. Nous devons en effet passer à un stade industriel.
Je me réjouis enfin de l'accord conclu ce matin entre la Coface et l'OSCI dans ce domaine pour une meilleure diffusion du produit.
Nous avons aussi entendu à Bercy les messages que nous ont transmis les entreprises sur les questions d'assurance-crédit export. Sachez que nous y travaillons avec Christine LAGARDE et que ce sujet fait l'objet d'une grande attention politique de la part du Gouvernement dans son ensemble. Le Premier Ministre a retenu notre proposition, qui est aussi la votre, d'étudier la possibilité de mettre en place un programme CAP et CAP+ spécifique à l'export.
Mesdames et Messieurs les chefs d'entreprises, l'avenir sera à l'international, l'avenir sera à des PME internationales. Même en France, surtout en France. L'avenir sera à des PME internationales innovantes, en particulier dans les domaines du développement durable.
Je crois qu'il y a une prise de conscience en France et à travers le monde, que l'emploi, l'innovation, le lien social passent par les PME. Avec des très grands pays comme la Chine. Avec des pays plus petits mais avec lesquels nous entretenons des relations très suivies, comme le Maroc. Avec ces deux types de pays, nous mettons maintenant les PME comme un chapitre de notre coopération. Parce que partout dans le monde, et pas simplement à Planète PME, on sait que l'avenir international est largement entre vos mains, et je vous en remercie.
Source http://www.exporter.gouv.fr, le 19 juin 2009