Interview de M. Luc Chatel, secrétaire d'Etat à l'industrie et à la consommation, porte-parole du gouvernement, à "Europe 1" le 22 juin 2009, sur le contexte de l'intervention du président de la République devant le Congrès.

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Média : Europe 1

Texte intégral

M.-O. Fogiel.- Vous êtes le porte-parole du Gouvernement, secrétaire d'Etat chargé de l'Industrie et de la Consommation. N. Sarkozy donc cet après-midi à Versailles, devant le Congrès pour la première fois depuis 1848. La Une du Parisien ce matin : "la retraite à 60 ans, cette fois c'est fini". N. Sarkozy va annoncer qu'il va repousser l'âge de la retraite, L. Chatel ?

Cet après-midi, le président de la République va tracer un peu les perspectives, dans une période à la fois où ça fait deux ans que le Gouvernement a engagé des réforme en profondeur, nous avons une crise qui frappe le pays depuis près d'un an, qui est sans précédent, et on vient d'avoir un débat européen qui a été majeur et sur lequel les Français se sont prononcés.

Mais concrètement est-ce que le président de la République va être justement concret sur l'âge de la retraite, les Français qui vous écoutent ce matin sont intéressés, est-ce que le président de la République va repousser l'âge légal de la retraite ?

Le président de la République sur ce sujet comme sur les autres, il va replacer les choses dans leur contexte, il va fixer un cap, il va expliquer le pourquoi et le comment de son action, c'est ça l'objectif du discours de cet après-midi. Donc la fin de vie, la question de l'allongement de la durée de la vie, eh bien ça fait partie des sujets que les Français se posent, et donc...

C'est justement la question ce matin : est-ce qu'il va repousser l'âge de départ à la retraite ?

Eh bien vous me permettrez d'attendre le discours cet après-midi M.-O. Fogiel. Vous ne m'avez pas invité pour que je vous fasse le discours du président de la République ce matin, je pense.

Pourquoi pas ? Quand le président de la République parle cet après-midi, est-ce que vous diriez qu'il a besoin de solennité, il a besoin un peu à nouveau d'endosser les habits du Président ?

Vous savez, je crois que la nouvelle Constitution a mis fin à une hypocrisie. Jusqu'à présent le président de la République pouvait s'exprimer devant le Congrès, devant le Parlement, mais par personne interposée. Donc il y avait une vraie hypocrisie, je crois que les parlementaires ont voulu, et la commission Balladur qui avait travaillé sur la réforme de la Constitution a voulu qu'on reviennent à un système transparent, ou comme dans d'autres pays, le chef de l'exécutif vient devant les parlementaires, donc devant la représentation nationale, donc à travers eux, devant les Français s'exprimer, et fixer les grandes orientations.

Alors ils ne seront pas tous là, est-ce que vous craigniez qu'il soit chahuté, vous entendiez dans le journal tout à l'heure de C. Carré, certains parlent de simulacre de démocratie digne d'une République bananière. Est-ce que vous craignez qu'il soit chahuté tout à l'heure à Versailles ?

Ecoutez moi j'en appelle à la responsabilité et à l'esprit républicain de l'ensemble des parlementaires. Vous savez, je suis un peu surpris que l'on puisse à la fois demander davantage de débats et refuser le temps qui nous est imparti pour un débat. Quand on a des choses à dire, on prend son temps de parole, on s'exprime, on fait des contre propositions. C'est ça qu'attendent les Français. Les Français ce qu'ils attendent c'est que le président de la République leur fixe un cap, leur explique un petit peu les horizons qu'il veut tracer, puis en même temps c'est qu'en face ceux qui sont porteurs d'une éventuelle alternative, d'une éventuelle alternance puissent également présenter leurs idées. C'est regrettable qu'ils n'utilisent pas le temps qui leur est imparti pour le faire cet après-midi.

Alors vous, vous êtes secrétaire d'Etat en charge de l'Industrie, est-ce que la page des plans sociaux, en deux mots est terminée, est-ce que vous en craignez de nouveaux pendant l'été ou à la rentrée, vous, personnellement ?

Vous savez nous avons une crise qui est très violente avec des secteurs d'activités qui continuent à être en recul, et nous avons une situation économique qui est un peu paradoxale, c'est-à-dire que nous avons des secteurs dont on commence à percevoir un petit frémissement, ce qui est notamment lié à l'action que nous menons depuis 9 mois - je pense par exemple au secteur automobile -, et puis il y a d'autres secteurs qui continue à être dans des situations économiques difficiles et on voit des restructurations industrielles. Donc oui la crise a des conséquences sur la santé de certaines entreprises et donc sur l'emploi.

Donc de nouveaux plans sociaux...

Et c'est pour cela que nous avons mis en place des moyens sans précédent, comme par exemple le chômage partiel, l'accompagnement personnalisé dans les bassins de vie les plus touchés, on est totalement mobilisé sur ces situations les plus difficiles.

Hier, E. Woerth annonçait un déficit public à 7 % environ pour l'année 2009. Vous confirmez ce matin, il n'y aura pas d'austérité, pas de hausse d'impôt, vous pouvez le dire clairement ce matin ?

Je le dis d'autant plus clairement que ce serait un contresens. Si aujourd'hui on asphyxiait l'économie, on est sûr de l'effet immédiat et on est sûr d'accélérer la récession. Ce qui aujourd'hui permet à la France d'encaisser mieux le choc, même si je sais que c'est difficile à entendre de la part de nos concitoyens, mais encaisser mieux le choc que nos voisins européens, eh bien c'est notamment parce qu'elle a un système de redistribution qui est lié à la sphère publique qui est plus important qu'ailleurs.

Donc pas de hausse d'impôt, pas d'austérité ce matin.

Non le président de la République a été clair, et ça ne m'étonnerait pas que cet après-midi il soit également clair à nouveau sur ce sujet.

Le remaniement c'est pour quand ce soir ou demain ?

Ecoutez vous n'êtes pas obligé de mettre le président de la République dans une seringue comme ça, il a tout son temps.

On ne met personne dans une seringue, on vous pose des questions, L. Chatel, ce matin.

Il y a des ministres qui vont quitter le Gouvernement puisqu'ils ont été élus au Parlement européen. Le président de la République a jusqu'au moment où ces ministres vont siéger au Parlement européen pour se décider et pour faire avec le Premier ministre des propositions au réaménagement de son Gouvernement.

Et vous vous allez à l'Agriculture ?

Mais ça vous adorez fantasmer les uns, les autres sur ces sujets. Moi j'ai en charge une mission, vous l'avez rappelé tout à l'heure, qui est difficile, l'Industrie, j'y suis totalement dévoué et maintenant je suis à la disposition du président de la République, c'est lui et lui seul qui est en charge... il y a une nouvelle constitution mais c'est le président sur proposition du Premier ministre qui continue à nommer les membres du Gouvernement, ce n'est pas le porte-parole.

Oui sauf qu'on sait que les ministres généralement demandent quand même, mais ils ne le disent pas à la radio, ils le disent généralement dans les couloirs. Merci L. Chatel.

Merci à vous.

Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 22 juin 2009