Texte intégral
Mesdames, messieurs les Présidents,
Mesdames, messieurs les Recteurs,
Mesdames, messieurs les professeurs,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis brésiliens,
Permettez-moi dabord dexprimer mon émotion de me trouver aujourdhui "en présence" dune assemblée de personnalités incarnant, chacune dans leur domaine, les efforts de vingt années dintense coopération universitaire entre la France et le Brésil. Je dis bien "en présence", car le miracle des nouvelles technologies, dont jai, comme vous le savez, dans mon pays, la responsabilité, me permet ce tour de force, qui consiste à parler devant vous avant même de prendre lavion qui me conduira, physiquement, dans quelques heures parmi vous. Ce miracle, qui est le propre de nos sociétés modernes vivant à lheure de la mondialisation, nest pas un artifice utilisé pour compenser le malheureux contretemps qui ma empêché dassister à votre colloque anniversaire. Jai voulu le retourner à notre avantage, et, quel que soit le regret que jéprouve de ne pas me trouver parmi vous aujourdhui, jai souhaité lintégrer au message que je vous adresse au nom de la France : plus que jamais, le Brésil est pour nous un pays important, et les nouveaux modes de communication, surtout dans les domaines culturels et scientifiques, permettent de conforter notre proximité et notre amitié, déjà ancienne.
Les liens historiques qui nous unissent ont dabord été ceux dune grande proximité intellectuelle. Les nouvelles technologies de la communication, lutilisation des satellites, doivent être, en ce qui nous concerne, au service de nos échanges scientifiques et éducatifs ; elles vont les démultiplier et les renforcer.
On entend souvent dire que les échanges entre la France et le Brésil sont principalement axés autour des lettres et des sciences humaines. Ceci est vrai mais réducteur. Je nignore pas que notre coopération universitaire a débuté par les sciences humaines et naturelles, domaines qui exigeaient des études in situ, à des époques où la recherche allait de pair avec lexploration ; mais je constate quelle sest formidablement développée dans tous les secteurs scientifiques, quelle est particulièrement intense aujourdhui dans les sciences de lingénieur et les technologies avancées, quelle est relativement équilibrée entre lagronomie, les sciences de la terre et celles du vivant, que vous développez de plus en plus des projets interdisciplinaires qui vont dans le sens de lintérêt commun du développement de nos sociétés : lenvironnement, les politiques urbaines, le développement rural, la santé, lespace, et cetera.
En réalité, la coopération universitaire et scientifique entre la France et le Brésil est bien plus ancienne que les accords entre la CAPES et le COFECUB. Mais on doit son succès et sa vitalité à la structuration que ces accords ont permis, depuis vingt ans, et qui a créé un cadre dévaluation de nos programmes et les conditions de leur perpétuation à travers divers financements.
Depuis lépoque de la création de lécole des Mines dOuro Preto, en 1875, qui sinspirait de notre Ecole des Mines de Saint Etienne, depuis celle de la fondation, en 1897, de votre Académie des Lettres, sur cadette de la nôtre, les liens intellectuels entre la France et le Brésil ne se sont jamais affaiblis. Georges Dumas collaborait dans les années trente à la création de la faculté de philosophie de lUniversité de Sao Paulo, où des intellectuels français, comme Claude Lévi-Strauss, Fernand Braudel, Roger Bastide ont enseigné. Je sais tout lintérêt que vous avez manifesté au mouvement des idées en France, et quel accueil nos penseurs et nos savants ont toujours trouvé ici. Vous nignorez pas, à linverse, le succès de votre littérature dans notre pays et la fascination exercée sur la France par votre culture. Sur ces fondements quun long passé de coopération nous procure, il faut définir ensemble des grand axes pour notre futur commun. Je compte beaucoup sur vous, qui êtes les acteurs de cette coopération CAPES-COFECUB, pour aider les hommes politiques à repérer les enjeux fondamentaux de notre collaboration et à renforcer les liens qui unissent nos deux pays. Vous pouvez aussi aider les entreprises françaises à assurer leur implantation au Brésil, en formant leurs cadres, par exemple, en repérant les besoins, en les faisant bénéficier des résultats de vos recherches : vous savez sans doute quen quelques années le nombre de firmes françaises installées au Brésil a doublé. Ce pays est en train de devenir une des destinations privilégiées de linvestissement français hors dEurope et la France est ici, depuis deux ans, le deuxième investisseur direct. Nest-ce pas là aussi un signe de confiance qui va beaucoup plus loin encore que les déclarations damitié et les grands coups de cur réciproques qui parsèment notre histoire ?
Quelques questions et quelques vux pour finir, et revenir à notre anniversaire :
Il faudrait quà lissue de ce colloque, qui est loccasion de faire un bilan, une étape et un progrès significatif aient pu être marqués. Que nous puissions répondre ensemble à de grandes questions, comme : quelles sont aujourdhui, dans nos pays respectifs, les finalités de lenseignement supérieur ? Quels grands objectifs devons-nous nous fixer pour que cet enseignement soit adapté à la demande de sociétés en perpétuelle et rapide mutation ? Faut-il nous concentrer sur les besoins des entreprises (formation professionnelle, par exemple) ? Faut-il rechercher plutôt à travers léducation lépanouissement des individus ? Les deux sans doute ? Comment unir nos efforts et bénéficier de nos expériences respectives, pour occuper ensemble notre place dans la compétition mondiale de lintelligence qui caractérisera le XXIe siècle ? Sur quelles valeurs et quelles priorités recentrer nos collaborations et nos échanges ? Comment traduire la mondialisation en termes de coopération intellectuelles ? Y a t-il un marché commun de lesprit ? Va t-on donner aux intellectuels et notamment aux enseignants les moyens de créer une culture universelle, certes non uniforme mais multiple et mutuellement enrichie ?
Lexistence dun cadre formalisé déchanges comme laccord entre nos deux organes de coordination doit permettre à nos actions de sappuyer sur une évaluation régulière, sur le repérage de nos faiblesses et lidentification de nos forces. Cest sur cette base que nous pourrons donner un élan nouveau et durable à la coopération entre nos deux pays qui sont déjà historiquement mêlés et qui occupent chacun une place de poids dans deux ensembles mondiaux dont les destins sont et seront de plus en plus liés.
Bon anniversaire ! et longue vie à la coopération franco-brésilienne !
(Source http ://www.education.gouv.fr, le 16 avril 1999)
Mesdames, messieurs les Recteurs,
Mesdames, messieurs les professeurs,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis brésiliens,
Permettez-moi dabord dexprimer mon émotion de me trouver aujourdhui "en présence" dune assemblée de personnalités incarnant, chacune dans leur domaine, les efforts de vingt années dintense coopération universitaire entre la France et le Brésil. Je dis bien "en présence", car le miracle des nouvelles technologies, dont jai, comme vous le savez, dans mon pays, la responsabilité, me permet ce tour de force, qui consiste à parler devant vous avant même de prendre lavion qui me conduira, physiquement, dans quelques heures parmi vous. Ce miracle, qui est le propre de nos sociétés modernes vivant à lheure de la mondialisation, nest pas un artifice utilisé pour compenser le malheureux contretemps qui ma empêché dassister à votre colloque anniversaire. Jai voulu le retourner à notre avantage, et, quel que soit le regret que jéprouve de ne pas me trouver parmi vous aujourdhui, jai souhaité lintégrer au message que je vous adresse au nom de la France : plus que jamais, le Brésil est pour nous un pays important, et les nouveaux modes de communication, surtout dans les domaines culturels et scientifiques, permettent de conforter notre proximité et notre amitié, déjà ancienne.
Les liens historiques qui nous unissent ont dabord été ceux dune grande proximité intellectuelle. Les nouvelles technologies de la communication, lutilisation des satellites, doivent être, en ce qui nous concerne, au service de nos échanges scientifiques et éducatifs ; elles vont les démultiplier et les renforcer.
On entend souvent dire que les échanges entre la France et le Brésil sont principalement axés autour des lettres et des sciences humaines. Ceci est vrai mais réducteur. Je nignore pas que notre coopération universitaire a débuté par les sciences humaines et naturelles, domaines qui exigeaient des études in situ, à des époques où la recherche allait de pair avec lexploration ; mais je constate quelle sest formidablement développée dans tous les secteurs scientifiques, quelle est particulièrement intense aujourdhui dans les sciences de lingénieur et les technologies avancées, quelle est relativement équilibrée entre lagronomie, les sciences de la terre et celles du vivant, que vous développez de plus en plus des projets interdisciplinaires qui vont dans le sens de lintérêt commun du développement de nos sociétés : lenvironnement, les politiques urbaines, le développement rural, la santé, lespace, et cetera.
En réalité, la coopération universitaire et scientifique entre la France et le Brésil est bien plus ancienne que les accords entre la CAPES et le COFECUB. Mais on doit son succès et sa vitalité à la structuration que ces accords ont permis, depuis vingt ans, et qui a créé un cadre dévaluation de nos programmes et les conditions de leur perpétuation à travers divers financements.
Depuis lépoque de la création de lécole des Mines dOuro Preto, en 1875, qui sinspirait de notre Ecole des Mines de Saint Etienne, depuis celle de la fondation, en 1897, de votre Académie des Lettres, sur cadette de la nôtre, les liens intellectuels entre la France et le Brésil ne se sont jamais affaiblis. Georges Dumas collaborait dans les années trente à la création de la faculté de philosophie de lUniversité de Sao Paulo, où des intellectuels français, comme Claude Lévi-Strauss, Fernand Braudel, Roger Bastide ont enseigné. Je sais tout lintérêt que vous avez manifesté au mouvement des idées en France, et quel accueil nos penseurs et nos savants ont toujours trouvé ici. Vous nignorez pas, à linverse, le succès de votre littérature dans notre pays et la fascination exercée sur la France par votre culture. Sur ces fondements quun long passé de coopération nous procure, il faut définir ensemble des grand axes pour notre futur commun. Je compte beaucoup sur vous, qui êtes les acteurs de cette coopération CAPES-COFECUB, pour aider les hommes politiques à repérer les enjeux fondamentaux de notre collaboration et à renforcer les liens qui unissent nos deux pays. Vous pouvez aussi aider les entreprises françaises à assurer leur implantation au Brésil, en formant leurs cadres, par exemple, en repérant les besoins, en les faisant bénéficier des résultats de vos recherches : vous savez sans doute quen quelques années le nombre de firmes françaises installées au Brésil a doublé. Ce pays est en train de devenir une des destinations privilégiées de linvestissement français hors dEurope et la France est ici, depuis deux ans, le deuxième investisseur direct. Nest-ce pas là aussi un signe de confiance qui va beaucoup plus loin encore que les déclarations damitié et les grands coups de cur réciproques qui parsèment notre histoire ?
Quelques questions et quelques vux pour finir, et revenir à notre anniversaire :
Il faudrait quà lissue de ce colloque, qui est loccasion de faire un bilan, une étape et un progrès significatif aient pu être marqués. Que nous puissions répondre ensemble à de grandes questions, comme : quelles sont aujourdhui, dans nos pays respectifs, les finalités de lenseignement supérieur ? Quels grands objectifs devons-nous nous fixer pour que cet enseignement soit adapté à la demande de sociétés en perpétuelle et rapide mutation ? Faut-il nous concentrer sur les besoins des entreprises (formation professionnelle, par exemple) ? Faut-il rechercher plutôt à travers léducation lépanouissement des individus ? Les deux sans doute ? Comment unir nos efforts et bénéficier de nos expériences respectives, pour occuper ensemble notre place dans la compétition mondiale de lintelligence qui caractérisera le XXIe siècle ? Sur quelles valeurs et quelles priorités recentrer nos collaborations et nos échanges ? Comment traduire la mondialisation en termes de coopération intellectuelles ? Y a t-il un marché commun de lesprit ? Va t-on donner aux intellectuels et notamment aux enseignants les moyens de créer une culture universelle, certes non uniforme mais multiple et mutuellement enrichie ?
Lexistence dun cadre formalisé déchanges comme laccord entre nos deux organes de coordination doit permettre à nos actions de sappuyer sur une évaluation régulière, sur le repérage de nos faiblesses et lidentification de nos forces. Cest sur cette base que nous pourrons donner un élan nouveau et durable à la coopération entre nos deux pays qui sont déjà historiquement mêlés et qui occupent chacun une place de poids dans deux ensembles mondiaux dont les destins sont et seront de plus en plus liés.
Bon anniversaire ! et longue vie à la coopération franco-brésilienne !
(Source http ://www.education.gouv.fr, le 16 avril 1999)