Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur les relations entre la France et le Zimbabwe, Paris le 25 juin 2009.

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Circonstance : Point presse avec M. Morgan Tsvangirai, Premier ministre du Zimbabwe, à Paris le 25 juin 2009

Texte intégral

Mesdames et messieurs, j'ai été très heureux de recevoir aujourd'hui monsieur Morgan Tsvangirai. La France l'avait accueilli en novembre dernier. Il était alors président du Mouvement pour le changement démocratique, parti qui a gagné les élections législatives de mars 2008, et je suis aujourd'hui heureux d'accueillir le Premier ministre du gouvernement d'union nationale.
Je veux saluer son courage ; je veux saluer sa détermination. Monsieur le Premier ministre, vous avez fait le pari de la paix au nom du peuple, et vous devez savoir que, sur ce pari, la France vous soutient. Avec le Premier ministre, nous avons évoqué la politique économique nouvelle qu'il a engagée. Le Gouvernement a fait des choix difficiles, notamment celui d'utiliser les devises étrangères pour faire redémarrer l'économie. Il a obtenu des résultats spectaculaires, notamment en mettant fin à l'hyper inflation.
La libéralisation des prix a permis de mettre un terme aux pénuries ; le plan d'urgence a convaincu et a conduit le Fonds monétaire international à reprendre son assistance technique. Il importe aussi que cette volonté de réforme s'applique en matière politique, qu'il s'agisse de la tenue d'élections libres, qui sont prévues dans l'accord de septembre 2008, ou qu'il s'agisse de l'adoption d'une nouvelle constitution qui soit respectueuse des libertés fondamentales.
Nous savons que cela prendra du temps, mais ces réformes doivent être engagées dès maintenant. La tournée européenne que vous avez faite, monsieur le Premier ministre, a permis de relancer à Bruxelles le dialogue politique entre l'Union européenne et le Zimbabwe. L'Union européenne est déterminée à accompagner le rétablissement de l'Etat de droit et la reprise de l'activité économique au Zimbabwe.
Il s'agira bien sûr d'un processus progressif, mais ce dialogue est nécessaire et j'ai indiqué au Premier ministre que la France userait de toute son influence au sein de l'Union européenne pour faire en sorte qu'il aboutisse dans les meilleurs délais. Enfin, l'Union européenne et la France poursuivront leur aide en faveur de la population du Zimbabwe, population qui est très durement affectée par la situation économique.
L'Union européenne restera le premier bailleur du Zimbabwe, avec une aide annuelle à la population d'environ 80 millions d'euros via le Fonds européen de développement, dont la France est le premier contributeur. Au titre de nos relations bilatérales, la France a concentré son aide dans deux domaines, celui de l'alimentation et celui de la lutte contre le sida.
Depuis le début de 2008, notre aide s'est élevée à environ 9 millions d'euros. J'ai indiqué au Premier ministre que nous la poursuivrions, et nous avons décidé d'examiner ensemble toute une série de secteurs prioritaires sur lesquels le Premier ministre du Zimbabwe demande le soutien de la France. Monsieur Joyandet aura l'occasion, dans les prochaines semaines, de répondre à ces demandes prioritaires. Voilà, je résumerai en une phrase le sens des entretiens que nous avons eus : la France a confiance dans le Premier ministre Tsvangirai et son Gouvernement pour rétablir l'Etat de droit au Zimbabwe.
La France est attentive à ce que des résultats rapides soient obtenus, mais la France est derrière le Gouvernement du Zimbabwe pour lui permettre d'engager et de réussir la réconciliation nécessaire qu'attend le peuple du Zimbabwe.
Réponse du Premier ministre français à la question sur la position de la France sur "le soutien concret au Zimbabwe" : "vous avez donné un accord de principe pour soutenir le Zimbabwe dans les différentes priorités qui vont être définies dans les mois qui viennent. Est-ce que des montants ont été évoqués ou est-ce que cela va se décider au cas par cas, selon les projets qui vous seront présentés ? Comment ça va se passer ?
François Fillon : J'ai indiqué au Premier ministre d'abord que nous maintiendrons le niveau de l'aide que la France apporte aujourd'hui au Zimbabwe, mais que nous discuterons ensemble de l'affectation de cette aide à des priorités exprimées par le Premier ministre. J'ai indiqué ensuite que la France était décidée à renégocier la dette du Zimbabwe dans le cadre des règles du Club de Paris, mais avec une offre spécifique de la France, qui consiste à transformer cette dette en projets de développement que la France financerait au Zimbabwe. Et enfin, j'ai indiqué que la France soutiendrait toutes les initiatives qui vont être prises dans le cadre du dialogue entre l'Union européenne et le Zimbabwe pour accroître l'aide européenne au Zimbabwe au fur et à mesure que nous enregistrerons des progrès, que le Premier ministre lui-même souhaite avec son Gouvernement, dans le domaine du rétablissement de l'Etat de droit au Zimbabwe. Donc, c'est un processus qui va dérouler tout au long des prochains mois, où chacun doit avancer et tenir ses engagements, et c'est cette discussion que nous avons décidée aujourd'hui d'engager.
Source http://www.gouvernement.fr, le 30 juin 2009