Texte intégral
Le Parlement réuni en Congrès à Versailles, était-ce, au fond, si important que cela ?
Oui, bien sûr ! Voir le président de la République s'exprimer au moment d'aborder la deuxième étape de son quinquennat devant l'ensemble des députés et des sénateurs, c'était évidemment un rendez-vous très important et de grande tenue. En plus, il nous a tendu une perche en nous invitant à mettre en route un Parlement actif et dynamique. En nous demandant de travailler avec lui sur la réforme des retraites, le grand emprunt ou la question de la burqa, il montre que les temps ont bien changé depuis 1958.
En somme, à vos yeux, à l'hyper-président doit répondre l'hyper-Parlement ?
L'un implique l'autre à condition d'être dans un esprit positif au service des Français.
Au-delà des apparences, le remaniement n'a-t-il pas sonné le glas de la politique d'ouverture à gauche ?
Je vous fais d'abord observer que tous les ministres d'ouverture ont été confirmés. Le fait d'accueillir dans notre gouvernement des personnalités de gauche pour aider à la mise en oeuvre des réformes était une avancée majeure. Le temps est venu d'en proposer une seconde. Et cette seconde avancée, c'est de voir si on peut travailler sur des réformes importantes avec des hommes de gauche ouverts ¬ parce que c'est l'intérêt national ¬ mais désireux de rester dans leur camp au nom de leurs convictions. A la soirée de mon club Génération France mercredi soir, avec Jean-Pierre Raffarin, nous avons ainsi accueilli Manuel Valls. Il a dit des choses courageuses sur l'après-crise. Pour autant, il reste dans sa famille politique. Une nouvelle étape politique pourrait être construite sur cette base.
Approuvez-vous l'idée d'un grand emprunt national ?
Le président nous a demandé d'y travailler à ses côtés et nous allons le faire avec beaucoup d'enthousiasme. Parce que, derrière cela, il y a un grand enjeu : celui de l'équilibre des finances publiques. Un grand emprunt, c'est d'abord un rendez-vous politique avec les Français parce qu'il y a en réalité mille manières de financer les dépenses de l'Etat.
Choisir la voie d'un grand emprunt plutôt que celle des émissions obligataires sur le marché tous les jours, c'est lancer à l'ensemble des Français un appel politique au rassemblement face à la crise. En leur disant : « Est-ce que, dans cette période clé, nous pouvons nous retrouver ensemble pour faire face ? »
La France n'est-elle pas en train d'additionner les déficits dans une sorte de fuite en avant ?
C'est la raison pour laquelle, au-delà du grand emprunt, nous avons l'obligation de traquer les dépenses publiques inutiles. Les états généraux de la dépense publique ¬ que Gilles Carrez et moi avons organisés au nom du groupe UMP ¬ ont permis de réunir 15 000 contributions des Français, de toute nature. Et nous allons proposer dès le prochain budget 1 milliard d'économies.
Des économies sur quoi ?
Nous voulons, par exemple, fiscaliser les indemnités journalières des accidents du travail.
Les cotisations chômage des fonctionnaires sont aujourd'hui inférieures à celles des salariés du privé. On peut parfaitement imaginer, au nom de l'équité, de les augmenter légèrement. Nous voulons aussi ne pas remplacer deux départs à la retraite de fonctionnaires sur trois dans les organismes satellites de l'Etat. Au-delà, il y a une réforme de structure à laquelle je crois profondément : la fusion des départements et des régions. Nous pouvons conserver la double identité départementale et régionale mais, dans un délai raisonnable, nous devrons fusionner les élus, les services et les compétences. Il y aura à la clé des gains d'efficacité, de productivité et une baisse d'impôt pour les Français.
Où vous situez-vous entre François Fillon, qui a évoqué le début d'une sortie de crise, et Nicolas Sarkozy, pour qui la crise n'est pas finie ?
Je pense, comme le président, que la crise est loin d'être terminée. Nous sommes en plein dedans. C'est pour cela que j'approuve à 1 000 % les mesures prises pour relancer l'investissement et tenir l'emploi. Mais notre rôle ¬ à nous les députés, notamment ¬ est en même temps de préparer déjà la France de l'après-crise.
Le fameux « modèle social français » - tant vilipendé hier - n'est-il pas, finalement, un formidable amortisseur de crise ?
Oui. C'est parce que 30 % des revenus des Français sont des revenus sociaux (le plus gros pourcentage en Europe) que notre résistance à la crise est un petit peu meilleure. Cela dit, ce n'est pas le système social français qui est vilipendé, ce sont ses dérives, ses abus, son conservatisme. La critique reste donc justifiée.
Vous réjouissez-vous que la France redécouvre les chemins de l'intégration à la française et s'éloigne du communautarisme anglo-saxon ?
Je ne suis pas satisfait de la manière dont fonctionne notre modèle d'intégration. Pour le vivre en tant que maire de Meaux, je peux témoigner que, si la politique de la ville nous a permis de gros progrès, nous ne sommes pas au clair avec notre diversité. Il y a des fragilités majeures, et cela nous renvoie à un débat essentiel pour les dix années à venir sur l'identité française. Qu'est-ce que c'est qu'être français aujourd'hui ? Comment peut-on retrouver la volonté de vivre ensemble alors que, dans notre pays, tant de gens ne se connaissent pas, ne se parlent pas, ne se respectent pas ? Comment enrayer ce phénomène dans lequel la nation française se dissout en silence ?
Doit-on tolérer en France la burqa au nom de la liberté religieuse ?
Le port de la burqa est profondément choquant, d'abord du point de vue du respect des femmes. Et parce que c'est profondément choquant, ce n'est pas acceptable.
Cela étant dit, et fermement dit, la réponse ne pouvait pas être une loi faite à la va-vite, dans l'émotion. Sous cet angle, notre République progresse. Constituer une mission d'information dans laquelle des députés de tout bord vont écouter, consulter, faire débattre, voilà la bonne manière d'avancer. Des intégristes veulent tester notre République ? On va leur répondre. J'animerai moi-même au sein de l'UMP le groupe de travail sur cette question.
Un succès du FN aujourd'hui à Hénin-Beaumont (Nord) serait-il grave ?
Toute remontée du FN doit être, pour nous, un signal d'alarme. Or l'analyse des élections européennes amène à constater que, sur certaines terres, le FN est subrepticement remonté.
Votre projet personnel est-il toujours de faire valoir votre « différence » ?
Mais ce n'est pas mon but dans la vie ! Mon objectif, c'est d'accomplir le parcours qui doit être le mien, et qui ne peut se faire que dans la réussite du projet politique porté par le président de la République.
Faire en sorte que la totale loyauté dont notre majorité fait preuve à l'égard du président s'accompagne en parallèle d'une totale liberté de débat et d'initiative au sein de notre majorité. Avec un seul but : servir la France.
Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 3 juillet 2009
Oui, bien sûr ! Voir le président de la République s'exprimer au moment d'aborder la deuxième étape de son quinquennat devant l'ensemble des députés et des sénateurs, c'était évidemment un rendez-vous très important et de grande tenue. En plus, il nous a tendu une perche en nous invitant à mettre en route un Parlement actif et dynamique. En nous demandant de travailler avec lui sur la réforme des retraites, le grand emprunt ou la question de la burqa, il montre que les temps ont bien changé depuis 1958.
En somme, à vos yeux, à l'hyper-président doit répondre l'hyper-Parlement ?
L'un implique l'autre à condition d'être dans un esprit positif au service des Français.
Au-delà des apparences, le remaniement n'a-t-il pas sonné le glas de la politique d'ouverture à gauche ?
Je vous fais d'abord observer que tous les ministres d'ouverture ont été confirmés. Le fait d'accueillir dans notre gouvernement des personnalités de gauche pour aider à la mise en oeuvre des réformes était une avancée majeure. Le temps est venu d'en proposer une seconde. Et cette seconde avancée, c'est de voir si on peut travailler sur des réformes importantes avec des hommes de gauche ouverts ¬ parce que c'est l'intérêt national ¬ mais désireux de rester dans leur camp au nom de leurs convictions. A la soirée de mon club Génération France mercredi soir, avec Jean-Pierre Raffarin, nous avons ainsi accueilli Manuel Valls. Il a dit des choses courageuses sur l'après-crise. Pour autant, il reste dans sa famille politique. Une nouvelle étape politique pourrait être construite sur cette base.
Approuvez-vous l'idée d'un grand emprunt national ?
Le président nous a demandé d'y travailler à ses côtés et nous allons le faire avec beaucoup d'enthousiasme. Parce que, derrière cela, il y a un grand enjeu : celui de l'équilibre des finances publiques. Un grand emprunt, c'est d'abord un rendez-vous politique avec les Français parce qu'il y a en réalité mille manières de financer les dépenses de l'Etat.
Choisir la voie d'un grand emprunt plutôt que celle des émissions obligataires sur le marché tous les jours, c'est lancer à l'ensemble des Français un appel politique au rassemblement face à la crise. En leur disant : « Est-ce que, dans cette période clé, nous pouvons nous retrouver ensemble pour faire face ? »
La France n'est-elle pas en train d'additionner les déficits dans une sorte de fuite en avant ?
C'est la raison pour laquelle, au-delà du grand emprunt, nous avons l'obligation de traquer les dépenses publiques inutiles. Les états généraux de la dépense publique ¬ que Gilles Carrez et moi avons organisés au nom du groupe UMP ¬ ont permis de réunir 15 000 contributions des Français, de toute nature. Et nous allons proposer dès le prochain budget 1 milliard d'économies.
Des économies sur quoi ?
Nous voulons, par exemple, fiscaliser les indemnités journalières des accidents du travail.
Les cotisations chômage des fonctionnaires sont aujourd'hui inférieures à celles des salariés du privé. On peut parfaitement imaginer, au nom de l'équité, de les augmenter légèrement. Nous voulons aussi ne pas remplacer deux départs à la retraite de fonctionnaires sur trois dans les organismes satellites de l'Etat. Au-delà, il y a une réforme de structure à laquelle je crois profondément : la fusion des départements et des régions. Nous pouvons conserver la double identité départementale et régionale mais, dans un délai raisonnable, nous devrons fusionner les élus, les services et les compétences. Il y aura à la clé des gains d'efficacité, de productivité et une baisse d'impôt pour les Français.
Où vous situez-vous entre François Fillon, qui a évoqué le début d'une sortie de crise, et Nicolas Sarkozy, pour qui la crise n'est pas finie ?
Je pense, comme le président, que la crise est loin d'être terminée. Nous sommes en plein dedans. C'est pour cela que j'approuve à 1 000 % les mesures prises pour relancer l'investissement et tenir l'emploi. Mais notre rôle ¬ à nous les députés, notamment ¬ est en même temps de préparer déjà la France de l'après-crise.
Le fameux « modèle social français » - tant vilipendé hier - n'est-il pas, finalement, un formidable amortisseur de crise ?
Oui. C'est parce que 30 % des revenus des Français sont des revenus sociaux (le plus gros pourcentage en Europe) que notre résistance à la crise est un petit peu meilleure. Cela dit, ce n'est pas le système social français qui est vilipendé, ce sont ses dérives, ses abus, son conservatisme. La critique reste donc justifiée.
Vous réjouissez-vous que la France redécouvre les chemins de l'intégration à la française et s'éloigne du communautarisme anglo-saxon ?
Je ne suis pas satisfait de la manière dont fonctionne notre modèle d'intégration. Pour le vivre en tant que maire de Meaux, je peux témoigner que, si la politique de la ville nous a permis de gros progrès, nous ne sommes pas au clair avec notre diversité. Il y a des fragilités majeures, et cela nous renvoie à un débat essentiel pour les dix années à venir sur l'identité française. Qu'est-ce que c'est qu'être français aujourd'hui ? Comment peut-on retrouver la volonté de vivre ensemble alors que, dans notre pays, tant de gens ne se connaissent pas, ne se parlent pas, ne se respectent pas ? Comment enrayer ce phénomène dans lequel la nation française se dissout en silence ?
Doit-on tolérer en France la burqa au nom de la liberté religieuse ?
Le port de la burqa est profondément choquant, d'abord du point de vue du respect des femmes. Et parce que c'est profondément choquant, ce n'est pas acceptable.
Cela étant dit, et fermement dit, la réponse ne pouvait pas être une loi faite à la va-vite, dans l'émotion. Sous cet angle, notre République progresse. Constituer une mission d'information dans laquelle des députés de tout bord vont écouter, consulter, faire débattre, voilà la bonne manière d'avancer. Des intégristes veulent tester notre République ? On va leur répondre. J'animerai moi-même au sein de l'UMP le groupe de travail sur cette question.
Un succès du FN aujourd'hui à Hénin-Beaumont (Nord) serait-il grave ?
Toute remontée du FN doit être, pour nous, un signal d'alarme. Or l'analyse des élections européennes amène à constater que, sur certaines terres, le FN est subrepticement remonté.
Votre projet personnel est-il toujours de faire valoir votre « différence » ?
Mais ce n'est pas mon but dans la vie ! Mon objectif, c'est d'accomplir le parcours qui doit être le mien, et qui ne peut se faire que dans la réussite du projet politique porté par le président de la République.
Faire en sorte que la totale loyauté dont notre majorité fait preuve à l'égard du président s'accompagne en parallèle d'une totale liberté de débat et d'initiative au sein de notre majorité. Avec un seul but : servir la France.
Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 3 juillet 2009