Texte intégral
Q - Bonjour, Monsieur Védrine. Pourquoi cette visite bilatérale prévue pour être conjointe avec votre homologue britannique est-elle devenue bilatérale ?
R - Nous avions prévu, Robin Cook et moi, de poursuivre l'action que nous menons depuis déjà quelques années dans l'esprit de Saint-Malo parce qu'à Saint-Malo on n'avait pas simplement parlé de défense européenne, on avait également parlé de coopération franco-britannique en Afrique et, dans cet esprit, nous avions, déjà fait un voyage en commun, en Afrique, puisque nous avions été ensemble au Ghana et en Côte d'Ivoire, en rassemblant d'ailleurs les ambassadeurs français et britanniques d'une grande partie de l'Afrique. Nous avions prévu de continuer et d'aller ensemble au Mali et au Nigeria. D'ailleurs, Charles Josselin et son homologue britannique, ont également fait des voyages communs, c'est donc une politique qui se développe dans la durée. Il y a eu le changement de gouvernement, le remaniement. M. Cook a changé de fonction, son successeur, M. Straw, doit s'occuper de beaucoup de choses en arrivant. Il n'était donc pas commode pour lui de faire ce voyage immédiatement. En ce qui me concerne, j'ai décidé de maintenir ce voyage parce que, de toute façon, il y a longtemps que je voulais aller au Nigeria et au Mali, et cela présente un grand intérêt, pour moi au titre de la France, et je ferai, un autre moment, un autre voyage avec M. Straw, mais nous n'avons pas encore arrêté le programme, mais on le fera.
Q - Pourquoi le Nigeria et le Mali ?
R - Parce que cette région de l'Afrique de l'Ouest est très importante pour la France et pour la Grande-Bretagne à tout point de vue, pour des raisons humaines, pour des raisons économiques et aussi en raison des troubles et des conflits dans cette région. C'est une des régions d'Afrique où on peut faire progresser concrètement l'harmonisation et la convergence des politiques française et britannique. Nous, en France, nous avons profondément modifié notre politique par rapport à l'Afrique ces dernières années, mais nous n'avons pas changé notre engagement. Nous ne sommes pas passés d'une politique africaine active à une politique d'abandon et de désintérêt. Notre intérêt est très grand, notre engagement est total, simplement il se fait sous d'autres formes, des formes plus modernes, avec une ouverture sur des pays qui ne sont pas que des pays francophones, ce sont des partenaires extérieurs qui sont très nombreux. Nous devons faire ce travail en profondeur et quand on regarde cette région de l'Afrique de l'Ouest, quand on voit, il y a la Côte d'Ivoire bien sûr où je me suis déjà rendu et ou je retournerai, mais le pays qui est évidemment central à tout point de vue, c'est le Nigeria. Je souhaite m'y rendre pour cette raison. La présence française au Nigeria était encore faible il y a quelques années, elle ne cesse de se développer maintenant. Le président du Nigeria le souhaite et l'encourage. Quant au Mali, c'est un pays clé de cette région, ses relations avec la France sont très étroites. Il y a des problèmes d'immigration qui sont connus et que nous cherchons à gérer ensemble, intelligemment, dans un esprit de co-développement. Il y a donc toutes les raisons d'aller dans ces deux pays. Et pour moi, cela complète une politique de voyage systématique, je vais dans des pays les uns après les autres.
Q - Un des credo de la nouvelle politique africaine de la France est la normalisation. En plus de 4 ans maintenant à la tête de la diplomatie française, avez-vous l'impression d'avoir changé quelque chose dans le fond des relations franco-africaines ?
R - Oui, je crois que le gouvernement de Lionel Jospin a vraiment imprimé sa marque à cette politique de la France par rapport à l'Afrique. Cela s'est vu d'une part à travers la fusion entre le ministère des Affaires étrangères et l'ancien ministère français de la Coopération. Il n'y a plus qu'un ministère maintenant, le ministère des Affaires étrangères. Cela veut dire que l'on veut traiter le problème africain de façon moderne, normal. Mais cela ne traduit évidemment pas un désintérêt, tout au contraire, je dirai. D'autre part, depuis quatre ans, à chaque fois qu'il y a des problèmes ou des crises en Afrique dans des pays historiquement liés à la France, nous avons respecté strictement les principes de non-ingérence, c'est-à-dire que nous n'avons pas cherché à interférer avec des problèmes intérieurs que nos amis Africains doivent régler eux-mêmes, par ces procédures démocratiques. Vous avez vu la Côte d'Ivoire par exemple, c'était typique.
Q - Justement, en ce qui concerne la Côte d'Ivoire, que répondez-vous aux partis politiques qui reprochent à la France de s'ingérer dans les affaires intérieures ivoiriennes et à ces ONG qui estiment que la France est en train d'inoculer les germes d'un autre Rwanda en Afrique ?
R - Cela me paraît délirant, pour parler simplement comme type de commentaire. Je crois que les seules actions de la France concernant la Côte d'Ivoire consistent à aider la Côte d'Ivoire à se stabiliser, à surmonter les difficultés, à agir dans l'intérêt de la Côte d'Ivoire et d'ailleurs, je crois, de toute l'économie de la région au sein de l'Union européenne, pour que l'Union européenne reprenne une coopération graduelle et progressive, ce qu'elle vient de décider d'ailleurs. Et nous n'agissons que dans le sens des solutions, dans un sens constructif. En plus, notre politique est très claire, elle est très transparente, elle est expliquée constamment par les autorités françaises, il n'y a rien de mystérieux. Ce que vous me citez, cela me paraît des commentaires à l'ancienne. Notre politique africaine a évolué plus vite que les critiques, et plus vite que les stéréotypes.
Q - Est-ce qu'en prenant fait et cause pour le socialiste Laurent Gbagbo après avoir demandé l'ouverture politique lors des élections passées, vous n'êtes pas en train de ne pas contribuer à apaiser la situation en Côte d'Ivoire ?
R - D'abord, ce n'est pas une position française. Deuxièmement, ce n'est pas le "socialiste" Gbagbo. Je ne sais pas pourquoi vous utilisez cette étiquette alors que vous ne chercheriez peut-être pas les étiquettes concernant d'autres présidents de la région. Pourquoi spécialement cette étiquette à son sujet ? Il s'agit du président élu de la Côte d'Ivoire, dans des conditions difficiles, mais cela venait après de nombreux événements liés, au fond globalement, à la succession de Félix Houphouet-Boigny, au sens large du terme, qui a donné lieu à de nombreux soubresauts pendant plusieurs années. Et même si tout le monde, y compris la France, aurait pu souhaité que les élections se passent dans des conditions encore plus incontestables, la réaction de bon sens des Africains et des Européens, la réaction responsable des gens qui ne veulent pas jouer avec le feu et qui ne veulent pas pratiquer la politique du pire, c'est de dire, il y a des responsables politiques en Côte d'Ivoire, il faut travailler avec eux pour que ce pays se relève. Cela paraît une politique de bon sens où alors que je ne sais pas ce qui inspire ceux qui peuvent contester cette approche et celle de l'Union européenne qui n'est pas spécialement et uniquement celle de la France. Cela me paraît la situation d'aujourd'hui.
Q - N'empêche que 40 ans après les indépendances, on a l'impression que la France porte toujours l'Afrique à bout de bras. On vous sollicite pour le redressement d'Air Afrique, on vous fait appelé pour intercéder auprès de l'Union européenne en faveur de la Côte d'Ivoire. L'émancipation africaine ne serait-elle qu'un vain mot ?
R - Il faut savoir si on en fait trop, ou pas assez. On est toujours accusé. Je pense que nous sommes au bon point d'équilibre. La France est un des pays en Europe qui a une vraie politique par rapport à l'Afrique. Je crois que c'est bien. Je crois qu'après ce qui s'est passé historiquement entre la France et l'Afrique, cela serait vraiment tout à fait absurde, y compris sur le plan humain, que de vouloir couper ce lien. Simplement, il faut qu'il soit vécu de façon moderne, responsable et démocratique. Il m'arrive souvent dans les réunions européennes d'entendre la Grande-Bretagne plaider pour certains pays africains, je trouve cela très bien, d'entendre le Portugal plaider pour certains pays africains, et il me semble que ce travail que nous faisons, au niveau de l'Europe, au niveau du G7, au niveau des Nations unies, n'est pas du tout passéiste, n'est pas spécialement français, et n'est pas tourné vers le passé, c'est tourné vers l'avenir. Par exemple, vous n'allez pas regretter, j'imagine, que les Nations unies consacrent une session spéciale à la question du SIDA essentiellement concentrée sur l'Afrique. Ce n'est donc pas tourné vers le passé, il faut trouver, y compris dans les critiques et dans les commentaires, un point d'équilibre. Je crois que notre réponse, à nous, c'est le maintien de l'engagement, par rapport à l'Afrique, mais je répète, d'une façon moderne. Nous ne nous intéressons pas qu'aux pays francophones, la preuve, le voyage que je fais, et cette coopération qui se développe avec la Grande-Bretagne, - mais c'est aussi avec les pays de langue portugaise - et nous ne voulons pas que ce ne soit qu'une politique française. Mais, elle est de plus en plus concertée avec nos amis européens et même, en ce qui concerne le maintien de la paix, avec les Etats-Unis. Cela fait plusieurs signes d'ouverture. Je vois d'ailleurs que depuis des années, ce sont tous les pays africains qui veulent participer aux rencontres franco-africaines.
Q - Un dossier que vous aborderez sans doute, celui des conflits des pays riverains du fleuve Mano, Liberia, Guinée et Sierra Leone, lors de la visite conjointe du ministre délégué à la coopération M. Charles Josselin et de Mme Claire Short en charge du développement international dans le cabinet Blair, on a cru entendre des divergences entre Français et Anglais sur la gestion de ces différents conflits. Que veut ou que fait exactement la France ?
R - Ce voyage a été, je crois, très utile. C'était la mise en uvre de cette politique que j'avais lancée avec Robin Cook dont nous parlions tout à l'heure. Cela fit apparaître sur le terrain, en effet, une certaine différence d'approches mais je parlerais plutôt de différence que de divergence notamment en ce qui concerne le traitement de la question des réfugiés. Mais il faut reconnaître que c'est une question sacrément compliquée et qu'il n'y a pas de bonne solution à cause de la nature de ce conflit. Et précisément, le voyage a permis d'harmoniser les positions, c'était donc l'occasion d'un progrès
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 juillet 2001)
R - Nous avions prévu, Robin Cook et moi, de poursuivre l'action que nous menons depuis déjà quelques années dans l'esprit de Saint-Malo parce qu'à Saint-Malo on n'avait pas simplement parlé de défense européenne, on avait également parlé de coopération franco-britannique en Afrique et, dans cet esprit, nous avions, déjà fait un voyage en commun, en Afrique, puisque nous avions été ensemble au Ghana et en Côte d'Ivoire, en rassemblant d'ailleurs les ambassadeurs français et britanniques d'une grande partie de l'Afrique. Nous avions prévu de continuer et d'aller ensemble au Mali et au Nigeria. D'ailleurs, Charles Josselin et son homologue britannique, ont également fait des voyages communs, c'est donc une politique qui se développe dans la durée. Il y a eu le changement de gouvernement, le remaniement. M. Cook a changé de fonction, son successeur, M. Straw, doit s'occuper de beaucoup de choses en arrivant. Il n'était donc pas commode pour lui de faire ce voyage immédiatement. En ce qui me concerne, j'ai décidé de maintenir ce voyage parce que, de toute façon, il y a longtemps que je voulais aller au Nigeria et au Mali, et cela présente un grand intérêt, pour moi au titre de la France, et je ferai, un autre moment, un autre voyage avec M. Straw, mais nous n'avons pas encore arrêté le programme, mais on le fera.
Q - Pourquoi le Nigeria et le Mali ?
R - Parce que cette région de l'Afrique de l'Ouest est très importante pour la France et pour la Grande-Bretagne à tout point de vue, pour des raisons humaines, pour des raisons économiques et aussi en raison des troubles et des conflits dans cette région. C'est une des régions d'Afrique où on peut faire progresser concrètement l'harmonisation et la convergence des politiques française et britannique. Nous, en France, nous avons profondément modifié notre politique par rapport à l'Afrique ces dernières années, mais nous n'avons pas changé notre engagement. Nous ne sommes pas passés d'une politique africaine active à une politique d'abandon et de désintérêt. Notre intérêt est très grand, notre engagement est total, simplement il se fait sous d'autres formes, des formes plus modernes, avec une ouverture sur des pays qui ne sont pas que des pays francophones, ce sont des partenaires extérieurs qui sont très nombreux. Nous devons faire ce travail en profondeur et quand on regarde cette région de l'Afrique de l'Ouest, quand on voit, il y a la Côte d'Ivoire bien sûr où je me suis déjà rendu et ou je retournerai, mais le pays qui est évidemment central à tout point de vue, c'est le Nigeria. Je souhaite m'y rendre pour cette raison. La présence française au Nigeria était encore faible il y a quelques années, elle ne cesse de se développer maintenant. Le président du Nigeria le souhaite et l'encourage. Quant au Mali, c'est un pays clé de cette région, ses relations avec la France sont très étroites. Il y a des problèmes d'immigration qui sont connus et que nous cherchons à gérer ensemble, intelligemment, dans un esprit de co-développement. Il y a donc toutes les raisons d'aller dans ces deux pays. Et pour moi, cela complète une politique de voyage systématique, je vais dans des pays les uns après les autres.
Q - Un des credo de la nouvelle politique africaine de la France est la normalisation. En plus de 4 ans maintenant à la tête de la diplomatie française, avez-vous l'impression d'avoir changé quelque chose dans le fond des relations franco-africaines ?
R - Oui, je crois que le gouvernement de Lionel Jospin a vraiment imprimé sa marque à cette politique de la France par rapport à l'Afrique. Cela s'est vu d'une part à travers la fusion entre le ministère des Affaires étrangères et l'ancien ministère français de la Coopération. Il n'y a plus qu'un ministère maintenant, le ministère des Affaires étrangères. Cela veut dire que l'on veut traiter le problème africain de façon moderne, normal. Mais cela ne traduit évidemment pas un désintérêt, tout au contraire, je dirai. D'autre part, depuis quatre ans, à chaque fois qu'il y a des problèmes ou des crises en Afrique dans des pays historiquement liés à la France, nous avons respecté strictement les principes de non-ingérence, c'est-à-dire que nous n'avons pas cherché à interférer avec des problèmes intérieurs que nos amis Africains doivent régler eux-mêmes, par ces procédures démocratiques. Vous avez vu la Côte d'Ivoire par exemple, c'était typique.
Q - Justement, en ce qui concerne la Côte d'Ivoire, que répondez-vous aux partis politiques qui reprochent à la France de s'ingérer dans les affaires intérieures ivoiriennes et à ces ONG qui estiment que la France est en train d'inoculer les germes d'un autre Rwanda en Afrique ?
R - Cela me paraît délirant, pour parler simplement comme type de commentaire. Je crois que les seules actions de la France concernant la Côte d'Ivoire consistent à aider la Côte d'Ivoire à se stabiliser, à surmonter les difficultés, à agir dans l'intérêt de la Côte d'Ivoire et d'ailleurs, je crois, de toute l'économie de la région au sein de l'Union européenne, pour que l'Union européenne reprenne une coopération graduelle et progressive, ce qu'elle vient de décider d'ailleurs. Et nous n'agissons que dans le sens des solutions, dans un sens constructif. En plus, notre politique est très claire, elle est très transparente, elle est expliquée constamment par les autorités françaises, il n'y a rien de mystérieux. Ce que vous me citez, cela me paraît des commentaires à l'ancienne. Notre politique africaine a évolué plus vite que les critiques, et plus vite que les stéréotypes.
Q - Est-ce qu'en prenant fait et cause pour le socialiste Laurent Gbagbo après avoir demandé l'ouverture politique lors des élections passées, vous n'êtes pas en train de ne pas contribuer à apaiser la situation en Côte d'Ivoire ?
R - D'abord, ce n'est pas une position française. Deuxièmement, ce n'est pas le "socialiste" Gbagbo. Je ne sais pas pourquoi vous utilisez cette étiquette alors que vous ne chercheriez peut-être pas les étiquettes concernant d'autres présidents de la région. Pourquoi spécialement cette étiquette à son sujet ? Il s'agit du président élu de la Côte d'Ivoire, dans des conditions difficiles, mais cela venait après de nombreux événements liés, au fond globalement, à la succession de Félix Houphouet-Boigny, au sens large du terme, qui a donné lieu à de nombreux soubresauts pendant plusieurs années. Et même si tout le monde, y compris la France, aurait pu souhaité que les élections se passent dans des conditions encore plus incontestables, la réaction de bon sens des Africains et des Européens, la réaction responsable des gens qui ne veulent pas jouer avec le feu et qui ne veulent pas pratiquer la politique du pire, c'est de dire, il y a des responsables politiques en Côte d'Ivoire, il faut travailler avec eux pour que ce pays se relève. Cela paraît une politique de bon sens où alors que je ne sais pas ce qui inspire ceux qui peuvent contester cette approche et celle de l'Union européenne qui n'est pas spécialement et uniquement celle de la France. Cela me paraît la situation d'aujourd'hui.
Q - N'empêche que 40 ans après les indépendances, on a l'impression que la France porte toujours l'Afrique à bout de bras. On vous sollicite pour le redressement d'Air Afrique, on vous fait appelé pour intercéder auprès de l'Union européenne en faveur de la Côte d'Ivoire. L'émancipation africaine ne serait-elle qu'un vain mot ?
R - Il faut savoir si on en fait trop, ou pas assez. On est toujours accusé. Je pense que nous sommes au bon point d'équilibre. La France est un des pays en Europe qui a une vraie politique par rapport à l'Afrique. Je crois que c'est bien. Je crois qu'après ce qui s'est passé historiquement entre la France et l'Afrique, cela serait vraiment tout à fait absurde, y compris sur le plan humain, que de vouloir couper ce lien. Simplement, il faut qu'il soit vécu de façon moderne, responsable et démocratique. Il m'arrive souvent dans les réunions européennes d'entendre la Grande-Bretagne plaider pour certains pays africains, je trouve cela très bien, d'entendre le Portugal plaider pour certains pays africains, et il me semble que ce travail que nous faisons, au niveau de l'Europe, au niveau du G7, au niveau des Nations unies, n'est pas du tout passéiste, n'est pas spécialement français, et n'est pas tourné vers le passé, c'est tourné vers l'avenir. Par exemple, vous n'allez pas regretter, j'imagine, que les Nations unies consacrent une session spéciale à la question du SIDA essentiellement concentrée sur l'Afrique. Ce n'est donc pas tourné vers le passé, il faut trouver, y compris dans les critiques et dans les commentaires, un point d'équilibre. Je crois que notre réponse, à nous, c'est le maintien de l'engagement, par rapport à l'Afrique, mais je répète, d'une façon moderne. Nous ne nous intéressons pas qu'aux pays francophones, la preuve, le voyage que je fais, et cette coopération qui se développe avec la Grande-Bretagne, - mais c'est aussi avec les pays de langue portugaise - et nous ne voulons pas que ce ne soit qu'une politique française. Mais, elle est de plus en plus concertée avec nos amis européens et même, en ce qui concerne le maintien de la paix, avec les Etats-Unis. Cela fait plusieurs signes d'ouverture. Je vois d'ailleurs que depuis des années, ce sont tous les pays africains qui veulent participer aux rencontres franco-africaines.
Q - Un dossier que vous aborderez sans doute, celui des conflits des pays riverains du fleuve Mano, Liberia, Guinée et Sierra Leone, lors de la visite conjointe du ministre délégué à la coopération M. Charles Josselin et de Mme Claire Short en charge du développement international dans le cabinet Blair, on a cru entendre des divergences entre Français et Anglais sur la gestion de ces différents conflits. Que veut ou que fait exactement la France ?
R - Ce voyage a été, je crois, très utile. C'était la mise en uvre de cette politique que j'avais lancée avec Robin Cook dont nous parlions tout à l'heure. Cela fit apparaître sur le terrain, en effet, une certaine différence d'approches mais je parlerais plutôt de différence que de divergence notamment en ce qui concerne le traitement de la question des réfugiés. Mais il faut reconnaître que c'est une question sacrément compliquée et qu'il n'y a pas de bonne solution à cause de la nature de ce conflit. Et précisément, le voyage a permis d'harmoniser les positions, c'était donc l'occasion d'un progrès
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 juillet 2001)