Texte intégral
M.-O. Fogiel.- Hier, un séminaire gouvernemental avait lieu autour du Premier ministre. La quasi-totalité des ministres était réunie pour évoquer, définir le champ d'action du grand emprunt national. On en parle depuis ce matin, on sait qu'il sera lancé en 2010 ; déjà est-ce qu'on a une idée du montant ? On parle de 80 à 100 milliards d'euros. Vous nous dites quoi ce matin ?
Non, non, pas du tout, nous n'avons aucune idée du montant. D'ailleurs, ce serait vraiment beaucoup trop tôt de définir ça, même pour définir d'ailleurs les modalités d'appel à l'emprunt. Ce qui compte, c'est de savoir ce que l'on fait avec ça. En fait, c'est un supplément d'activité que l'on va chercher au travers de l'investissement, préparer la France à l'avenir, investir plus. Donc la question est de savoir sur quoi investir, se mettre d'accord, travailler, dialoguer là-dessus, et puis après, mettre en place le financement.
On va y venir. Beaucoup de questions et beaucoup de réticences ce matin. On lit d'ailleurs dans la presse que les coulisses de la réunion d'hier, on a vu que F. Fillon a recadré certains ministres : R. Yade voulait financer des stades, L. Chatel des écoles et, vous, vous avez du freiner les ambitions de vos collègues, vous avez tapé sur les doigts de vos petits camarades ?
Chacun est dans son rôle. C'est bien naturel, si vous voulez, que les ministres fassent part des priorités qui sont les leurs. Moi, j'ai indiqué d'une façon précise ce qu'était une dépense d'investissement. Un emprunt, c'est quelque chose qui est fait une fois, qui n'est pas répété chaque année, ce n'est pas une recette fiscale. Donc évidemment, face à l'emprunt...
Vous avez donné des cours à vos ministres ?
Pas des cours, non, non, mais j'ai essayé d'expliquer très franchement ce que voulait dire le Président par "dépenses d'avenir". Il y a d'un côté des dépenses de fonctionnement, on doit les financer au contraire par... On doit éviter au fond les déficits de fonctionnement, première règle, et deuxième règle, on doit bien savoir ce que c'est qu'une dépense d'investissement ou d'avenir. C'est une dépense qui permet demain aux Français d'aujourd'hui et aux Français de demain d'avoir plus de pouvoir d'achat et d'avoir plus de compétitivité, plus d'emploi et tout ça. Et donc il faut être sélectif.
Mais est-ce que justement, dans la sélection une ou deux pistes précises, pas générales comme on l'a dit à sept heures, ont déjà été retenues ? Est-ce qu'il y a une ou deux choses précises que vous pouvez annoncer ce matin ?
Non, parce qu'il y a eu un exposé de J.-L. Borloo, il y a eu un travail également de C. Lagarde sur l'industrie, pour bien regarder quels sont les secteurs d'avenir. La France ne peut pas être dans tous les domaines, elle doit au contraire se concentrer sur toute une série de domaines, qui sont les vrais domaines de la compétitivité, donc des emplois. C'est le sujet de demain. Ce travail, en fait, va être continué, le séminaire c'était un coup de lancement de ce travail. C'est aussi une méthode, un calendrier.
Mais cela veut dire qu'on lance tout ça en l'air, mais on ne sait pas concrètement où on va, il n'y a pas des choses précises qui sont déjà arrêtées ?
Si. Vous savez, quand on regarde les secteurs d'activité industrielle dans lesquels il faut investir, il y a évidemment eu beaucoup de rapports. Donc il faut simplement aujourd'hui se mettre d'accord là-dessus ; ça [concerne] évidemment plein de sujets, vraiment. Je pense qu'il faut choisir. Il faut surtout faire en sorte qu'on puisse concentrer nos investissements... On se disperse, depuis des années on se disperse et depuis des années on perd des parts de compétitivité un peu partout, donc il faut les conserver.
Mais vous personnellement, vous si vous aviez tout seul le choix vous investiriez dans quoi ?
Ce n'est pas à moi de le faire, surtout pas au ministre du Budget. Moi, je ferai en sorte que véritablement, en face de cet emprunt, il y ait vraiment des dépenses qui soient incontestablement, incontestablement des dépenses d'avenir, des dépenses qui profitent aux générations futures, qui ont un rendement élevé pour les générations futures. Rendement en terme d'emploi, rendement en terme de pouvoir d'achat. Bref que la France soit complètement compétitive.
A quel taux ? Parce que ce matin, P. Marini le rapporteur du Budget au Sénat...
Pour moi, c'est des modalités.
...Evoque un taux de 2 à 2,5 %.
Les parlementaires peuvent s'exprimer bien sûr, mais le Gouvernement ne s'exprimera pas sur les modalités de l'emprunt avant d'en avoir fixé, en réalité, le but. Ce qui compte c'est l'objectif, ce qui compte c'est la démarche. Et je vous rappelle d'ailleurs que le président de la République n'a pas dit que cela ; il a dit, un, je veux qu'il y ait un équilibre financier sur les dépenses de fonctionnement, équilibre, pas de déficit de fonctionnement, on y travaille évidemment d'une façon très, très forte. Et puis, il y a dit, deux, nous pouvons accepter des déficits pour les dépenses d'avenir et d'investissement. Une fois qu'on a fixé ces dépenses, on fixe les modalités de financement.
Sauf que 82 % des Français sauf que 82 % des Français ne veulent pas y souscrire. Vous avez entendu l'ancien Premier ministre E. Balladur qui a émis des réserves sur le placement du futur emprunt, à la fois auprès des particuliers et des marchés ; D. de Villepin est dubitatif ; pour M. Sapin c'est carrément un contresens. Vous répondez quoi ce matin ?
J'ai entendu M. Sapin, mais enfin le Parti socialiste, je ne sais pas si on est à contresens, ils sont à sens unique.
E. Balladur et D. de Villepin ne travaillent pas au Parti socialiste...
Le sens unique c'est l'augmentation des impôts pour le Parti socialiste. E. Balladur a dit qu'il était favorable à l'emprunt, il était favorable à ce mode de financement pour financer des dépenses d'investissement, des dépenses d'avenir pour le pays...
C'est le fait qu'il soit mixte...
Il s'est exprimé sur les modalités. Les modalités, elles sont totalement ouvertes, totalement ouvertes. Nous verrons ce qui est préférable de faire, nous verrons comment on s'adresse aux Français là-dessus. Et quand je vois un certain nombre de...
Rien n'est arrêté en fait ?
Au fond, ça n'a pas d'importance aujourd'hui, puisqu'on n'a pas fixé les objectifs. Les Français, ils réagiront aux objectifs. Ils s'associeront, ils achèteront d'une certaine façon au travers de l'emprunt des objectifs futurs pour eux-mêmes et pour leurs enfants.
Hier, pour terminer, sur cette antenne, J. Dray parlait de manipulation dans l'enquête qui le visait. Il sous-entendait que le Gouvernement avait cherché à faire diversion au moment où les jeunes étaient dans la rue. Tracfin dépend de vous, Tracfin donc c'est cet organisme du ministère des Finances français chargé de la lutte contre le blanchiment d'argent, vous répondez quoi ? Vous avez cherché à manipuler ?
J. Dray se trompe. Il assume sa défense, rien que de très naturel là-dessus. Tracfin a fait son métier, des éléments extraordinairement convergents, des éléments qui amenaient Tracfin à tout naturellement transmettre à la justice ce dossier. Tracfin agit comme si c'était n'importe quel Français ou particulier.
Et le dossier est lourd ?
Il n'y a pas eu de différence de traitement, il fallait transmettre, Tracfin a transmis. On est dans une République et c'était bien naturel que de le faire. Que J. Dray cherche à se défendre, là aussi rien que de très naturel. Mais Tracfin a fait ce que Tracfin devait faire.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 29 juin 2009
Non, non, pas du tout, nous n'avons aucune idée du montant. D'ailleurs, ce serait vraiment beaucoup trop tôt de définir ça, même pour définir d'ailleurs les modalités d'appel à l'emprunt. Ce qui compte, c'est de savoir ce que l'on fait avec ça. En fait, c'est un supplément d'activité que l'on va chercher au travers de l'investissement, préparer la France à l'avenir, investir plus. Donc la question est de savoir sur quoi investir, se mettre d'accord, travailler, dialoguer là-dessus, et puis après, mettre en place le financement.
On va y venir. Beaucoup de questions et beaucoup de réticences ce matin. On lit d'ailleurs dans la presse que les coulisses de la réunion d'hier, on a vu que F. Fillon a recadré certains ministres : R. Yade voulait financer des stades, L. Chatel des écoles et, vous, vous avez du freiner les ambitions de vos collègues, vous avez tapé sur les doigts de vos petits camarades ?
Chacun est dans son rôle. C'est bien naturel, si vous voulez, que les ministres fassent part des priorités qui sont les leurs. Moi, j'ai indiqué d'une façon précise ce qu'était une dépense d'investissement. Un emprunt, c'est quelque chose qui est fait une fois, qui n'est pas répété chaque année, ce n'est pas une recette fiscale. Donc évidemment, face à l'emprunt...
Vous avez donné des cours à vos ministres ?
Pas des cours, non, non, mais j'ai essayé d'expliquer très franchement ce que voulait dire le Président par "dépenses d'avenir". Il y a d'un côté des dépenses de fonctionnement, on doit les financer au contraire par... On doit éviter au fond les déficits de fonctionnement, première règle, et deuxième règle, on doit bien savoir ce que c'est qu'une dépense d'investissement ou d'avenir. C'est une dépense qui permet demain aux Français d'aujourd'hui et aux Français de demain d'avoir plus de pouvoir d'achat et d'avoir plus de compétitivité, plus d'emploi et tout ça. Et donc il faut être sélectif.
Mais est-ce que justement, dans la sélection une ou deux pistes précises, pas générales comme on l'a dit à sept heures, ont déjà été retenues ? Est-ce qu'il y a une ou deux choses précises que vous pouvez annoncer ce matin ?
Non, parce qu'il y a eu un exposé de J.-L. Borloo, il y a eu un travail également de C. Lagarde sur l'industrie, pour bien regarder quels sont les secteurs d'avenir. La France ne peut pas être dans tous les domaines, elle doit au contraire se concentrer sur toute une série de domaines, qui sont les vrais domaines de la compétitivité, donc des emplois. C'est le sujet de demain. Ce travail, en fait, va être continué, le séminaire c'était un coup de lancement de ce travail. C'est aussi une méthode, un calendrier.
Mais cela veut dire qu'on lance tout ça en l'air, mais on ne sait pas concrètement où on va, il n'y a pas des choses précises qui sont déjà arrêtées ?
Si. Vous savez, quand on regarde les secteurs d'activité industrielle dans lesquels il faut investir, il y a évidemment eu beaucoup de rapports. Donc il faut simplement aujourd'hui se mettre d'accord là-dessus ; ça [concerne] évidemment plein de sujets, vraiment. Je pense qu'il faut choisir. Il faut surtout faire en sorte qu'on puisse concentrer nos investissements... On se disperse, depuis des années on se disperse et depuis des années on perd des parts de compétitivité un peu partout, donc il faut les conserver.
Mais vous personnellement, vous si vous aviez tout seul le choix vous investiriez dans quoi ?
Ce n'est pas à moi de le faire, surtout pas au ministre du Budget. Moi, je ferai en sorte que véritablement, en face de cet emprunt, il y ait vraiment des dépenses qui soient incontestablement, incontestablement des dépenses d'avenir, des dépenses qui profitent aux générations futures, qui ont un rendement élevé pour les générations futures. Rendement en terme d'emploi, rendement en terme de pouvoir d'achat. Bref que la France soit complètement compétitive.
A quel taux ? Parce que ce matin, P. Marini le rapporteur du Budget au Sénat...
Pour moi, c'est des modalités.
...Evoque un taux de 2 à 2,5 %.
Les parlementaires peuvent s'exprimer bien sûr, mais le Gouvernement ne s'exprimera pas sur les modalités de l'emprunt avant d'en avoir fixé, en réalité, le but. Ce qui compte c'est l'objectif, ce qui compte c'est la démarche. Et je vous rappelle d'ailleurs que le président de la République n'a pas dit que cela ; il a dit, un, je veux qu'il y ait un équilibre financier sur les dépenses de fonctionnement, équilibre, pas de déficit de fonctionnement, on y travaille évidemment d'une façon très, très forte. Et puis, il y a dit, deux, nous pouvons accepter des déficits pour les dépenses d'avenir et d'investissement. Une fois qu'on a fixé ces dépenses, on fixe les modalités de financement.
Sauf que 82 % des Français sauf que 82 % des Français ne veulent pas y souscrire. Vous avez entendu l'ancien Premier ministre E. Balladur qui a émis des réserves sur le placement du futur emprunt, à la fois auprès des particuliers et des marchés ; D. de Villepin est dubitatif ; pour M. Sapin c'est carrément un contresens. Vous répondez quoi ce matin ?
J'ai entendu M. Sapin, mais enfin le Parti socialiste, je ne sais pas si on est à contresens, ils sont à sens unique.
E. Balladur et D. de Villepin ne travaillent pas au Parti socialiste...
Le sens unique c'est l'augmentation des impôts pour le Parti socialiste. E. Balladur a dit qu'il était favorable à l'emprunt, il était favorable à ce mode de financement pour financer des dépenses d'investissement, des dépenses d'avenir pour le pays...
C'est le fait qu'il soit mixte...
Il s'est exprimé sur les modalités. Les modalités, elles sont totalement ouvertes, totalement ouvertes. Nous verrons ce qui est préférable de faire, nous verrons comment on s'adresse aux Français là-dessus. Et quand je vois un certain nombre de...
Rien n'est arrêté en fait ?
Au fond, ça n'a pas d'importance aujourd'hui, puisqu'on n'a pas fixé les objectifs. Les Français, ils réagiront aux objectifs. Ils s'associeront, ils achèteront d'une certaine façon au travers de l'emprunt des objectifs futurs pour eux-mêmes et pour leurs enfants.
Hier, pour terminer, sur cette antenne, J. Dray parlait de manipulation dans l'enquête qui le visait. Il sous-entendait que le Gouvernement avait cherché à faire diversion au moment où les jeunes étaient dans la rue. Tracfin dépend de vous, Tracfin donc c'est cet organisme du ministère des Finances français chargé de la lutte contre le blanchiment d'argent, vous répondez quoi ? Vous avez cherché à manipuler ?
J. Dray se trompe. Il assume sa défense, rien que de très naturel là-dessus. Tracfin a fait son métier, des éléments extraordinairement convergents, des éléments qui amenaient Tracfin à tout naturellement transmettre à la justice ce dossier. Tracfin agit comme si c'était n'importe quel Français ou particulier.
Et le dossier est lourd ?
Il n'y a pas eu de différence de traitement, il fallait transmettre, Tracfin a transmis. On est dans une République et c'était bien naturel que de le faire. Que J. Dray cherche à se défendre, là aussi rien que de très naturel. Mais Tracfin a fait ce que Tracfin devait faire.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 29 juin 2009